Imágenes de páginas
PDF
EPUB

trez de vous dire préfentement, qu'il me femble que vous vous eftomáquez à tort તે contre le Livre en queftion. Il ne peut vous faire aucun deshonneur dans le monde ; puisqu'il a été affez goûté pour parvenir à la quatrième édition. Le débit d'un Livre, répondit Matanafius, ne décide ni de fa bonté, ni du cas qu'on en doit faire. Quel débit n'ont point eu les Oeuvres de la Serre, & tant d'autres, dont à peine le nom nous eft refté? Combien d'éditions differentes n'a-t'on pas fait des Contes des Fées, & des Oeuvres de Dancourt? Il ne faut pas fe récrier après cela, fur les trois ou quatre éditions qu'on a faites des Remarques fur le ChefOeuvre d'un Inconnu. C'est une preuve du mauvais goût du ficcle, mais cela ne conclut rien en faveur de l'Ouvrage: Eûton débité chaque fois deux mille exemplaires de cet Ecrit, il ne fera jamais regardé par les honnêtes gens, que comme un amas d'impertinences & de mauvaises plaifanteries, qui ne font propres qu'à fervir d'amufement au Cocher de M. de Verta ont.

Il me paroît cependant, repris-je, que l'Auteur a affez bien. rempli la premiere idée que vous aviez eue de railler les Commentateurs. Grand Dieu ! s'écria

Matanafius, que dites-vous là ? Vous n'avez pas apparemment compris quel étoit mon deffein. Je vais m'expliquer plus clairement.

Je n'ai jamais eu envie de critiquer les Commentateurs en general: je ne fuis pas affez fou. Les Commentaires font utiles; ils font même abfolument néceffaires ; & fans les foins que les Sçavans fe font donnez, nous n'aurions pas l'intelligence d'une infinité de beaux endroits, dont les Auteurs anciens font remplis. Il a fallu nous donner des inftructions fur les mœurs, für l'Hiftoire, fur les expreffions; & c'eft ce qu'ils ont fait. Leurs Remarques font fçavantes & curieufes. Mais tous les Commentateurs ne font pas également judicieux, On n'en voit que trop qui font à l'égard des Auteurs qu'ils commentent, comme les Amans à l'égard de leurs Maîtreffes. Tout eft beauté pour eux. Chaque mot leur femble un Chef-d'œuvre. Les pensées, les expreffions les plus communes font quelquefois le fujet de leur admiration. Voilà le défaut le plus ordinaire des Commentateurs, & ceki que j'avois principalement en vûë de décou

vrir.

Lorsqu'on veut critiquer un Ouvrage, il frut en faifir le Ridicule & le faire

[ocr errors]

fentir. Votre Matanafius a-t'il rempli ce projet ? El introduit fur la fcene un Pé dant impertinent & ridicule, qui fait sur une chanfon ridicule & impertinente, un Commentaire encore plus impertinent & plus ridicule, qui d'ailleurs n'a aucun rapport avec les Commentaires qu'on nous a donnez jufqu'à prefent. Il cite à perte de vûe tout ce qui s'eft prefenté au hazard, fans choix, fans difcernement. Quelle confequence tirer de fes remarques tout fon Livre n'eft qu'un amas de réflexions triviales qui ne tombent fur rien, & qui n'expriment d'autre ridicule que celui de l'Auteur même des Remarques. Il femble que fon but ait été de cri tiquer en general tous les Commentaires & les Auteurs anciens. C'eft peut-êtreà cette idée qu'il doit le grand débit de fon Livre. Meffieurs nos Petits-maîtres en bel-cfprit ont été ravis de trouver un Livre qui fait fort bien l'apologie de leur ignorance & de leur pareffe en tâchant de prouver,

2

Que l'excellence d'un Auteur

Dépend de fon Commentateur.*

*C'eft la conclufion de la Differtation fur Ho mere Sur Chapelain, imprimée à la fuite des. Remarques fur le Chef-d'Oeuvre d'un Inconnu, & dont M. Vaneff qui fait feul à prefent le Journal Litteraire de la Hays cft l'Auteur.

De-là ils concluent avec plaifir, que l'étude des anciens Auteurs eft inutile, & fe congratulent de n'avoir pas perdu leur tems à les lire. Ils adoptent agréablement la raillerie qu'on fait des Sçavans qui les ont commentez. Fût-il jamais projet plus bizarre & plus extravagant ! L'execution y répond. Je vais vous faire voir que cet Ouvrage, comme je l'ai déja dit, n'eft qu'une bouffonnerie pédantefque, veritablement digne de la chanfon qu'on y commente, c'eft à dire du Pont-neuf.

L'Auteur remarque que,,De même t ,, que fon, fa fes, leurs, viennent du pro,, nom poffeffif Latin, fuus, fua, fuum; ainfi mon, ma mien ou mienne, viennent

[ocr errors]

دو

[ocr errors]
[ocr errors]

"

du "" pronom meus, mea, meum,comme on peut le voir dans Danet, Tachard, Calepin, &c. Ailleurs (a) il obferve que qui eft un de ces pronoms que les ,, Grammairiens appellent relatifs. QUI ajoûte-til, fe met fort bien pour lequel, laquelle, lefquels & lefquelles ; ainfi l'on ,, voit qu'il eft auffi bien en ufage pour le ,, feminin,que pour le mafculin & le neutre; » pour le nombre fingulier, que pour le nombre plurier. Il en donne après cela des exemples. Ailleurs encore il resnar t Page 107. de la 4, édition, (a) Pag. 114.

وو

دو

وو

,, que (a) que du verbe Latin tenere,teneo, ,, vient tenir, je tiens que MALADE (6), c'eft à dire, qui ne fe porte pas bien, ,, ou comme MM. de l'Académie Françoise le remarquent, qui fent quelque déreglement, quelque alteration dans fa fante que PAPA (c) eft un terme enfantin qui veut dire Pere: que SE COUCHA (d) eft la troifiéme perfonne du tems prefent, (il veut dire du préterit indéfini de l'Indicatif )du verbe coucher.

"

[ocr errors]

"

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

L'Auteur fait un Commentaire fur une Chanfon Françoife,où il explique Grammaticalement en François les termes les plus intelligibles; & croit par là turlupi ner lesCommentateurs des Auteurs Grecs& Latins, qui nous ont expliqué avec raifon les termes d'une Langue étrangère. Quel parallele peut-on faire de l'un à l'autre? Si un Chinois ou un Mofcovite, traduifoit en fa langue un Auteur Fran-çois, tel que Defpreaux, & qu'il y fit: un Commentaire, ne fe trouveroit-il pas obligé d'y faire entrer des Remarques: Grammaticales? Et fi quelque mauvaisPlaifent de fa nation s'avifoit pour le tourner en ridicule, de faire les mêmes. Remarques fur un Ouvage écrit en fa Lan-

(a) Pag. 34. (b) Pag. 10, 11 (6) Page 10.7%. (d) Pag. 21.

« AnteriorContinuar »