ENAP. H. que Dieu s'anéantisse ? Comment peut-on même s'imaginer qu'il s'a- que lorsque la divinité se ma- 3. On doit aussi convenir que lorfque la divinité consent à se priver de la gloire qui lui est dûe , & à supprimer cous les témoignages de sa préLence, elle les facrifie alors à fa mir féricorde & à son amour , & qu'elle Chap. II. leur préfere la compassion pour les hommes, & le dessein qu'elle a de les instruire & de les corriger par l'exemple & par le mérite d'un tel abaissement. Or c'est dans cette préference de la charité & de la compaffion du Verbe éternel pour les pecheurs à sa propre gloire, que conlifte l'humilité du Verbe. C'est dans le choix d'un moien qui nous est salucaire , mais qui couvre & qui obfcurcit fa majesté, que consiste son abaissement. C'est dans l'acceptation d'un état où le verbe sera caché, où sa charité ne sera pas connue, où la forine d'esclave paroîtra seule, & sera prise pour le seul objet exiftant, que consiste l'anéantissement du Verbe. Et l'on ne peut desavouer qu’une disposition fi admirable dans le Verbe, avant qu'il se fasse chair, ne soit un exemple d'humilité encore plus étonnant, que l'humiliation & l'obéissance du Verbe fait chair jusqu'à la mort de la croix. 4. Cette disposition incompréhensible du Verbe éternel, n'est pas seulement une preuve de la charité pour lui رو CHAP. 11. & de son humilité, selon l'explica tion que je viens de donner : inais elle eit , felon faint Paul, une démonstration de la parfaite égalité du Pere & du Fils dans l'essence divine. » JESUS-CHRIST, dit l'Apôtre, » ayant la forme & la nature de Dieu, » n'a point cru que ce fût » une usurpation d'être égal à Dieu ; s, mais il s'est anéanti lui-même, en » prenant la forme & la nature de » servireur. » C'est-à-dire que JESUSCHRIST n’a renoncé pour un tems à la gloire dûe à sa divinité, en s'anéantissant jusqu'à la forme de serviteur, que parce qu'il étoit certain de fon égalité avec son Pere ; car s'il en avoit été l'usurpateur , & qu'il n'y eût pas eu par sa naissance un droit érernel & nécessaire, il ne se feroit pas privé d'un éclat extérieur, qui auroit été son unique titre. En renonçant à cet éclat, il auroit tout perdu , puisque sa majesté n'auroit été qu'empruntée , ou plûtôt usurpée. Mais il sçavoit bien qu'il demeuroit sur le trône, en souffrant que la gloire du trône disparût. Il (çavoit bien qu'il étoit toujours le Fils pro 1 pre, naturel , & consubstantiel de son Chap. 17. Pere , quoiqu'il s'unît à la forme de serviteur, & que la forme de serviteur parût seule aux yeux des hoinmes. Il ajoutoit la gloire de l'humilité à celle de la divinité ; & ne pouvant devenir plus grand en s'élevant, il acqueroit une nouvelle grandeur par un abaissement volontaire , plus furprenant & plus capable de nous étonner, que la puissance & fa majesté naturelle. Mirabilior nobis fit in S. Leo , ferm. Deo bumilitas, quàm potestas. 11. de pall 5. Voilà notre modéle : Hoc fentite in vobis quod eo in Chrifto Jesu. JESUSCHRIST eft Dieu : il s'elt anéanti. JESUS-CHRIST eft homme : il s'est humilié jusqu'à la mort de la croix. C'est parce qu'il est égal à son Pere, qu'il s'est anéanti : c'est parce qu'il étoit le Roi de gloire , comme fils de l'homme, qu'il a expiré sur la croix. Rien ne paroissoit lui moins convenir que l'améantissement & Phumiliation; rien n'a été plus digne de lui que l'un & l'aurre : rien n'a plus fait éclarer fa bonté : rien n'a été plus propre à inftruire & à reformer l'homme: rien n'a mieux prouvé son con Char. II. que Jesus-CHRIST étoit Dieu , & le Seigneur de la gloire , que S. V. mais sans qu'aucun puisse at- 1. Un tel modéle est proposé à tous , mais sans qu'aucun de ses imi tateurs puisse atteindre jusqu'à la perfection de l'original. L'un le copie par un endroit ; l'autre tâche de l'exprimer par un autre. Sa croix l'étale aux yeux de tous : mais les vûës & les dispositions de ceux qui l'étudient pour le representer dans eux-mêmes, sont |