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mille perfonnes avec lui, qui avoient fon nom " &le nom de fon pere écrit fur leurs fronts: " J'entendis alors une voix qui venoit du Ciel, " qui étoit comme un bruit de grandes eaux, “ &comme le bruit d'un grand tonnerre; &

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cette voix étoit comme le bruit de plufieurs " joueurs de harpes qui touchent leurs har ". pes, & ils chantoient comme un Cantique ". nouveau devant le trône, & devant les "f quatre animaux & les vieillards, & nul ". ne pouvoit chanter ce Cantique que ces cent«. quarante quatre mille qui ont été rachetez de toute la terre: Ce font ceux qui ne Je font point fouillez avec les femmes, parce› qu'ils font vierges; ceux-là fuivent l'A-›‹‹ gneau par- tout où il va. Où eft-ce donc dit faint Auguftin en parlant aux vier- " ges; où eft ce que va cet Agneau, puif- " qu'il n'y a que vous qui puiffiez aller avec lui? Où va-t-il, cet Agneau celeste › ‹ en quel bois, en quelles prairies? Je " croi, pour moi, que d'eft en un lieu où " l'on goûte des délices ineffables. Ce ne " font point les joyes vaines, ni les plaifirs fades & trompeurs de ce fiecle, ni les dé- “ lices mêmes que goûteront dans le Ciel " ceux qui ne font pas vierges. Les délices & la joye des vierges de Jefus-Christ, se.« ront de le réjouir de Jefus Chrift, en " Jefus-Chrift, par Jefus-Chrift, avec Jefus- "

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,, Chrift, pour Jesus-Chrift, & cela d'une » autre maniere que les autres Saints. Ceuxci auront auffi leur joye, mais elle ne fera ›› pas comme la vôtre: Vous suivrez l'A,, gneau, parce que la chair de l'Agneau eft ,, vierge. Les autres Fideles qui n'ont pas ", cette vertu, fuivent l'Agneau, non pas partout où il va, mais jufqu'où ils peuvent; c'eft à dire, par-tout, excepté lorsqu'il marche dans la beauté & dans l'éclat de la virginité.

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Je ne finirois point, fi je voulois tranfcrire ici tout ce que ce Pere & les autres ont dit à la louange des vierges: il suffit de fçavoir qu'ils les ont appellez les Anges de la terre, & qu'ils ont regardé leur état comme le plus faint & le plus beau de la Religion de Jefus-Chrift. Voyons maintenant quelles précautions on doit prendre avant que de s'y engager.

CHAPITRE. XIX.

Où l'on montre qu'on ne doit pas s'engager legerement par un vau perpetuel dans l'état de la virginité.

Cex

Omme cet état eft tres-élevé & tresexpofé à l'envie du demon qu'il faut un grand courage pour y entrer, une vertu heroïque pour y perfeverer, Je

&

fus

fus-Chrift ne l'a commandé à perfonne; il s'eft contenté d'en découvrir l'excellence & la beauté, & d'en proposer à ses Difciples la récompenfe; laillant à leur liberté de s'y engager, ou de paffer à celui du mariage. Tous, dit-il dans l'Evangile, Matth. ne font pas capables de cette réfolution, 19. 11. mais ceux-là feulement à qui il a été donné d'en-haut. Quant aux vierges, dit faint 1.Cor.15. Paul, je n'ai point reçû de commandement & Juiva du Seigneur, qui oblige à la virginité; mais voici le confeil que je donne comme étant fidele miniftre du Seigneur, par la mifericorde qu'il m'en a faite. Je croi donc qu'il eft avantageux à l'homme de ne fe point marier. Celui qui fe marie fait bien;mais celui qui ne fe marie pas, fait encore mieux.

Il s'enfuit de là, que que l'on ne doit pas s'engager legerement ni facilement dans un état fi difficile, & pour lequel on a befoin d'un don particulier de Dieu; mais qu'il faut s'éprouver long-temps, pour voir fi on aura la force de foûtenir tous les combats que le demon livre à ceux qui embraffent cet état. Qui eft celui ruc. 14. d'entre vous, dit l'Evangile, qui voulant 8. bâtir unetour, ne fuppute pas auparavant en repos & à loifir, le dépense qu'il faudra faire, pour voir s'il aura de quoi l'achever, de pear que s'il n'en venoit pas à bout, on ne fe

Hh

1.Tim. 5.11.

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macquât de lui, en difant : Cet homme avoit
commencé à bâtir, mais il n'a pû achever.
Quand on eft jeune, & qu'on a un
peu de pieté
on fe porte ailément au
deffein d'entrer en Religion, ou de faire
vœu de continence on fe figure qu'on
fentira toute la vie la même ferveur, &
le même courage; mais il s'en faut bien
que cela foit ainsi : on juge en enfant
fans lumiere & fans experience; & à
mefure qu'on avance en âge & en folidi-
té d'efprit, on reconnoît fon erreur lorf-
qu'il n'eft plus temps de la reparer. Il eft
vrai que l'Eglife approuve les vœux qui
fe font à feize ans accomplis; mais elle
n'ordonne à qui que ce foit de s'engager
dans un âge fi tendre, où la fagesse a si
peu de part aux réfolutions que l'on for-
me. On peut dire même qu'elle ne con-
feille pas
pas de s'engager de fi bonne heure,
& qu'elle fouhaitte que ceux qui fe fentent
portez à cet état, examinent long-temps
fi c'eft l'Efprit de Dieu qui les pouffe, ou
la chaleur d'une devotion prématurée
dont le feu s'éteint auffi ailément qu'il
s'allume. Saint Paul ne vouloit pas qu'on
reçût les jeunes veuves au rang de celles
qui s'engageoient par vœu au fervice de
l'Eglife: il n'y recevoit les veuves qu'à l'âge
de foixante ans, & vouloit que les jeunes

moins avancé

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■fe remariaffent plûtôt que de s'engager imprudemment à une vie trop difficile, de laquelle il ne les jugeoit pas capables. Saint Leon Pape ordonna qu'on ne donneroit le voile aux vierges qu'à l'âge de quarante ans. Les loix civiles ne permettent aux enfans qui font fous puiflance de peres & de meres, ou de tuteurs, de fe marier fans eux qu'à l'âge de vingt-cinq ans, & caffent les mariages qui fe font dans un âge fans leur confentement. Tout cela fait voir que la raifon même demande qu'on n'aille pas fi vîte, quand il s'agit de fe priver pour toûjours de fa liberté, & qu'il y faut penfer plus d'une fois, parce que quand la parole eft prononcée, c'eft pour toûjours; & il eft difficile d'apporter un remede qui ne foit pas pire que le mal. Dieu dans l'ancienne Loi, avoit donné aux peres le pouvoir de caffer les vœux de leurs enfans, lorfqu'ayant été faits fans leur participation, ils s'y oppofoient auffi-tôt qu'ils en avoient connoiffance. Il avoit donné le même droit aux maris à l'égard de leurs femmes, & Dieu recommandoit à fon peuple de bien peser les vœux qu'il vouloit faire; parce qu'étant faits il falloit s'en acquitter. Vous pouvez fans peché, disoit-il, ne rien pro- Deuter. mettre; mais fi vous promettez, tout ce que

Hhij

25. 22.

23.

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