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foûmettoit aux épreuves du fer chaud & du duel, A N. 1171. dans en excepter les évêques: enfin on les frapoit & on les tuoit impunément.

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D'ailleurs les femmes corrompuës faifoient perir les enfans qui étoient le fruit de leur débauche, d'autres commettoient des inceftes ou des beftialitez. Il y avoit des prêtres qui employoient à la meffe de la lie de vin ou des miettes du pain trem→ pées dans du vin. Quelques laïques quoique Chrétiens, fe marioient fans meffe & fans bénediction du prêtre : ce qui produifoit souvent des divorces, & des mariages illicites. Le pape exhorte les évêques de Suede à corriger tous ces abus; & remarque que l'ignorance en étoit la principale caufe; car elle eft ordinairement plus grande dans les pays les plus éloignez de la fource de la religion & des études. C'est pourquoi il infere dans ces deux lettres les autoritez de l'écriture, des décretales des peres de l'églife les plus precises fur chaque matiere. Il or donne aux meres qui auront fait perir leurs enfans bâtisez, trois ans de penitence, & cinq ans s'ils n'étoient pas bâtifez; & veut que l'on envoye à Rome ceux qui feront coupables de ce crime ou des autres abominations qu'il a marquées, afin que la fatigue du voyage faffe partie de la pénitence. C'eft le commencement des referves au pape de certains cas plus atroces.

ep. 22

Par une autre lettre adreffée à l'archevêque p. 25. d'Upsal, à ses suffragans & au duc Gutherme, il dit avoir appris, que quand les Finlandois fe trouvent pressez par les armées de leurs ennemis, ils pro

mettent d'embraffer la foi Chrétienne & deman

AN. 1171. dent avec empreflement des miffionnaires pour les instruire mais fi-tôt que l'armée s'eft retirée ils renoncent à la foi & maltraitent les miffionnaires. C'est pourquoi le pape exhorte ce duc & ces évêques à ne plus expofer le Chriftianisme à une telle dérifion à fe faire livrer les places des Finlandois, ou prendre fi bien d'ailleurs leurs furetez, que ces peuples ne puiffent plus les tromper, & foient contraints de garder la foi Chrétienne quand ils l'auront une fois embraffée.

Au retour de la cour de Rome l'évêque Foul ques demeura quelque tems à Reims avec l'abbé Pierre, que Farchevêque Henri allant à Rome avoit laiffé fon vicaire general. Il retint donc Foulques pour exercer dans le diocefe de Reims les fonctions épifcopales, & pour profiter plus long-tems Pet: Cell. vi. lui-même d'une occafion de le voir, qu'il n'efperoit plus de retrouver. C'eft ainfi qu'il en écrit au roi de Suede & à l'archevêque, & en le renvoyant il le recommanda à Efquil archevêque de Lunden, qui l'avoit ordonné évêque, & affifté de ses liberalitez, principalement dans fes voyages.

opp 8. 15..

XXXVI:

'Egypte.

742.788..

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En Orient Saladin fi fameux dans nos. hiftorSaladin fultan res, devint maître de l'Egypte la même année 1171. Hi Salad mf Il étoit de la nation des Courdes, repandue dans Bibl. Orient. Ples montagnes qui feparent la Syrie de la Perfe, & fe nommoit proprement Salah-eddin Jousef. Il vint avec fon oncle Siracou au service de Nouradin Sultan d'Alep: à qui Aded Calife d'Egypte ayant demandé du fecours contre les Francs, Nou

"

tadin lui envoya l'oncle & le neveu. Ils fe rendi- AN. 117г. rent l'un & l'autre fi puiffans en Egypte, qu'aprés la mort de Siracou, le Calife fut obligé de faire Saladin son Vizir ; & ce prince étant malade à l'extrêmité, Sâladin n'attendit pas qu'il fut mort pour ôter fon nom de la priere publique, & y mettre celui de Mouftadi Calife Abbafide qui refidoit à Bagdad. Aded mourut incontinent aprés, fans favoir ce changement; & en lui finirent les Califes Fatimites d'Egypte l'an de l'hegire 567. de Jefus-Chrift 1171. aprés avoir regné deux cens huit ans depuis la conquête de Moez. Saladin prit feulement le titre de Sultan, & reçût folemnellement l'inveftiture du Calife de Bagdad.

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Une des reformes qu'il fit au commencement de fon regne, fut pour diminuer le credit des Chrétiens & des Juifs. Depuis plus de deux cens ans les uns & les autres étoient employez dans les recettes & les fermes des revenus publics, ou dans les fonctions de notaires & d'écrivains du Divan; & ils recherchoient plus ces dernieres places, parce qu'elles leur attiroient plus d'autorité. Comme elles donnoient accés auprés des Vizirs, & fouvent auprés des Sultans mêmes, les Chrétiens fe fervoient du credit de ceux qui exerçoient fes fonctions pour: obtenir des évêchez & d'autres dignitez ecclefiaf-tiques, malgré les patriarches, qu'ils faifoient fou-vent déposer à force d'argent ; & les patriarches n'avoient pas de juftice à efperer, s'ils ne donnoient des fommes immenfes, qu'ils amaffoient des ordinations fimoniaques & par d'autres •voyes

par

Sup. liv. 1v111.

19.

AN. 1171.

criminelles. It arrivoit quelquefois que pour évìter la peine de leurs crimes, ils renonçoient à la foi & faifoient enfuite de grands maux à l'églife. Les Juifs de leur côté, abufant du pouvoir de leurs charges, fuppofoient des crimes aux Chrétiens : de forte que les tribunaux d'Egypte étoient continuellement occupez de ces fortes d'affaires. Les Califes & les Vizirs qui en profitoient feuls par les amendes & les confifcations, avoient entretenu ces defordres de tout leur pouvoir; & cette facilité d'enlever aux Chrétiens & aux Juifs ce qu'ils avoient amaffé en plufieurs années, faifoit qu'il les employoient plus volontiers que les Mufulmans, aufquels ils n'ofoient faire des injuftices auffi groffieres.

Saladin dont les fentimens étoient plus nobles, ordonna que les Chrétiens & les Juifs feroient à l'avenir incapables de tous ces emplois, & que ceux qui en étoient pourvûs feroient obligez de les quitter au moins dans un certain tems. Ce reglement fut confideré comme une rude perfecution; & plufieurs Chrétiens aimerent mieux renoncer à leur religion qu'à dès emplois fi lucratifs. Saladin obligea auffi les Chrétiens à fe diftinguer par leur habit: le portant plus court que les Musulmans, avec une ceinture par deffus & quelque difference au turban. Or ces Chrétiens avoient une extrême averfion pour la ceinture, & avoient fouvent donné de grandes fommes pour en être exemtez. Saladin défendit encore aux Chrétiens d'aller par la ville fur des chevaux ou fur des mu

les, de boire du vin en public, de faire hors des AN. 1171.. églifes la proceffion du dimanche des Rameaux, de chanter trop haut à l'office divin, & de sonner les cloches. fit ôter toutes les croix du haut des églifes, qu'il fit enduire de noir avec défense de les blanchir.

339.

La ceinture nommée en Arabe zonnar, diftin- Bibl. Orient p. gue les Chrétiens & les Juifs d'avec les Mufulmans. Le premier qui les obligea à la porter fut le Calife Moutevaquel dixiéme des Abbaffides, l'an 235. 849. & cet usage est resté en Syrie & en Mefopotamie, où les Neftoriens & les Jacobites la portent ordinairement. Ce qui les fait nommer Chrétiens de la ceinture. Ils s'en font fait un honneur & ont prétendu prouver par l'écriture & par les peres, que tout Chrétien la doit porter, & que les prieres faites fans cette marque de religion ne font pas agréables à Dieu. Une ceremonie de l'excommunication étoit autrefois de couper la ceinture au coupable publiquement.

XXXVII.

Le R. d'Angl. en Irlande.

Le roi Henri ayant appris la refolution du pape de lui envoyer des legats, fe preffa de passer en Angleterre ; & donna ordre de garder foigneufement Geru. p. 1419. les ports tant deçà que delà la mer; fi quelqu'un fe trouvoit chargé de lettres d'interdit, de l'arrêter & le mettre en prifon, & de ne laiffer pafier aucun clerc, qu'il ne jurât de n'avoir aucun mauvais deffein contre le roi & le royaume. Le roi arriva à Portsmouth le troifiéme jour d'Août, & affembla une armée confiderable pour paffer en Irlande, où il étoit appellé pour en être reconnu fouverain.

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