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CAN.

J. Bos- Bofcan n'eft nullement inferieur à ceux des Italiens qui ont le plus contribué à la perfection de la Poëfie Italienne,.fi l'on confidere la majefté de fon ftile, fon heureuse fecondité, la fubtilité de fes penfées, la facilité & la force de fes expreffions. Il ajoûte que c'est même le fentiment de Louis Dolce dans fon Apologie pour l'Ariofte.

Bofcan après la mort de la Vega fon ami, prit foin de recueillir fes Poëfies, & y joignit les fiennes dans le deffein de les faire imprimer ensemble; mais il mourut avant que de l'avoir executé, c'eft-à-dire avant l'an 1543.

Elles parurent dans la fuite sous ce titre.

Obras de Bofcan y Garcilaffo de la Vega. Medina 1544. in-4°. It. Salamanca 1547. in-12. It. Venecia 1553. in-12.

Il a fait encore la traduction fuivante en Prose.

El Cortefano del Conde Baltazar Caftellon a Miffer Alfonso Ariofte, traduzido per Bofcan. Amberes 1544. in-8°. Nicolas Antonio n'a pas mar.

qué

qué cette édition. It. Toledo 1559. in-4°. It. Amberes 1561. in-8°.

V. Nicolas Antonio, Bibl. Hifpan.

GARCILASSO DE LA VEGA.

GA

ARCIAS-LASO, ou com- G.: me on dit plus communé- V1 ment, Garcilaffo de la Vega, naquit à Tolede l'an 1500. d'un pere de même nom, Confeiller d'Etat du Roi Ferdinand, & fon Ambaffadeur auprès du Pape Alexandre VI. & de Sancia Gufman de Batres.

Il commença dès fa premiere jeu neffe à s'adonner à la Poëfie Espagnole, pour laquelle il fe fentoit naturellement du goût; mais perfuadé que c'étoit faire tort à la nature, que de ne point employer l'art pour cultiver les difpofitions qu'il paroiffoit y avoir, il s'appliqua fortement à la lecture des meilleurs d'entre les Poëtes Latins & Italiens, & il fe forma fort heu-: reufement fur le modele des anciens, & de quelques-uns d'entre les modernes.

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G. DE LA
VEGA.

Voyant que Jean Bofcan avoit réuffi dans les peines qu'il s'étoit données pour faire paffer la mefure & la rime des Italiens dans les Vers Efpagnols, il abandonna cette forte de Poëfie, qu'on appelle ancienne, & qui eft propre à la Nation Efpagnole, pour embraffer la nouvelle, qu'elle a imitée des Italiens.

Il quitta donc les Couplets & les Redondilles, qui répondent à nos Stances Françoifes, fans vouloir retenir ceux de douze fyllabes, qui étoient fort eftimez dans les commencemens, c'eft-à-dire, du tems de Jean de Mena,qui paffe dans l'efprit de plufieurs perfonnes pour en être l'Auteur.

Il renonça même aux Villanelles, qui répondent à nos Ballades, aux Romances, aux Seguidilles & aux Glofes, pour faire des Endecafyllabes à l'Italienne, qui confiftent en des Octaves, des Rimes tierces, des Sonnets, des Chanfons & des Vers. libres.

Il compofa heureufement en toures ces fortes de Poëfies. nouvelles, & réuffit particulierement en Rimes

tierces, qui font des Stances de G. DE LA trois Vers, dont le premier rime VEGA. avec le troifiéme, le fecond avec le premier de la Stance fuivante, & ainfi jufqu'à la fin, où l'on ajoûte un Vers de plus dans la derniere Stance, pour fervir de derniere rime; ou bien dont le premier Vers eft libre, & les deux autres riment enfemble.

Cette nouvelle forme de Poëfie fut d'abord trouvée fi étrange, que quelques-uns fe mirent en devoir de la ruiner & de rétablir l'ancienne, comme étant particuliere & naturelle à l'Espagne. C'eft ce qu'entreprit particulierement Chriftophe de Caftillejo. Mais ni lui ni les autres ne purent empêcher qu'elle ne s'établit enfin fur les ruines de l'autre à la gloire de la Vega & de Bofcan.

Au refte les Ouvrages de la Vega font animez par tout de l'efprit & du feu Poëtique, felon Nicolas Antonio, qui ajoûte, qu'ils font accompagnez d'une majefté naturelle, & fans affectation, & qu'on y trouve de la fubtilité jointe avec beau

G. DE LACoup de facilité. Paul Jove ne fait VEGA. pas même difficulté de dire que fe Odes ont la douceur de celles d'Ho

race.

L'application qu'il donna à la Poëfie, ne lui fit pas negliger les exercices qui conviennent à un jeune homme de naiffance. Quand il fut en âge de porter les armes, il entra dans le fervice, & il accompagna en 1529, l'Empereur CharlesQuint à fon expedition contre Soliman Empereur des Turcs, & en 1535. à celle de Tunis, où il reçut deux bleffures, une au vifage, & l'autre au bras droit. De retour en Italie, il demeura quelque tems en garnifon à Naples.

L'année fuivante 1536. l'Empereur le fit paffer avec quelques troupes en Provence, où une cinquantaine de Payfans, qui s'étoient enfermez dans une tour, qui est арparemment celle de Muy près de Frejus, arrêterent l'armée de l'Empereur. La Vega voulant s'y diftinguer aux yeux de fon Maître, s'avança près de cette tour, & alla le premier à l'efcalade, malgré fes

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