dissent les maîtres. En effet peu de tems après, les AN. 1533. Anabaptistes animez par Rotman , chafferent des églises Withermius, Wickius , Langerman & quelques autres ministres Luthériens, & pour se justifier , demanderent une conference. Le magistraty consentit, à condition que l'on conviendroit de personnes équitables & Içavantes pour arbitres & qu'on s'en tiendroit à leurs décisions : mais les Anabaptistes ne voulurent point accepter ce parti, & prirent une autre voye plus propre , pour établir leur doctrine. Un de leurs chefs nommé Kull, feignant d'être inspiré de Dieu, se mit à courir par la ville le vinge. huitiéme de Decembre 1933. criant : Faites peni.. » tence, ou sortez d'ici, impies , la colere de Dieu vous menace. » D'autres se joignirent à lui, & tous ceux qu'ils rebaptisoient crioienc de même par la ville. Par ce moyen ils attirerenr un grand nombre de perfonnes qui se firent rebaptiser les uns par simplicité, les autres par la crainte d'être pillez & malcraitez. Les Anabaptistes qui s'étoient cachez,ayant paru en même tems, toute cette multitude prit les armes , & se faifit de la place publique , criant qu'il falloit malfacrer ceux qui n'étoient pas rebaprisez. Les habitans qui ne se sentoient pas assez forts pour les arrêter, se retirerent dans un quartier de la ville, où ils se rese rendre maitres trancherent & fe mirent en défense : on fur trois jours sous les armes de part & d'autre, mais enfin Bleidan, ut fuprà. lès Anabaptistes désespérant de forcer les autres,pro poserent un accommodement qui fut conclu à condition que chacun demeureroit dans sa religion fans être inquiété, que l'on vivroit en paix à l'avenir , CX. de la ville de Mun. Iter. AN. 1533• CXII. Bucer continue la en obéissant aux magistrats. Les Anabaptistes, au Ce fut en cette année 1533. que Luther publia Luther publie sa 1 CXIII. au sénar de Frans gliens se jouent d'une maniere diabolique des paroAN. 1933. les de Jesus-Christ , que c'est un parti de à dou, ble parole, qui disent que le corps & le sang de Jesus-Christ sont veritablement dans la céne, mais qui en s'expliquant déclarent que c'est spirituellement & non corporellement, & qu'ils perseverent ainsi dans leur erreur , en n'admettant que du pain & du vin dans la céne. Il ajoute que si quelqu'un sçaic que son ministre eft Zuinglien, il vaut mieux demeurer toute sa vie sans sacremens, que de les recevoir de la main, & que les Zuingliens sont des archidiables qu'il faut fuir. Les ministres de Francfort firent une apologie contre cette lettre de Luther , dans laquelle ils se servirent des expressions de Bucer, en déclarant que les fideles recevoient dans la céne le vrai corps & le vrai sang de Jesus-Christ, qu'ils mangeoient & buvoient veritablement pour la nourritucure de leurs ames ; que quoique le pain & le vin ne changeassent pas de nature , on ne pouvoit pas dire qu'il n'y avoit rien dans la céne que du pain & du vin, mais que c'étoit le sacrement du vrai corps & du vrai sang que Dieu nous donnoit pour la nourriture des ames. Comme ces expressions paroissoient conformes aux sentimens des Luthériens, & étoient inventées de leur do&rinc. par Bucer pour se rapprocher d'eux, malgré l'équiSupràl. cxxx. voque qu'elles renfermoient , & que l'on a expliqué ailleurs, les Zuingliens le soupçonnerent de s'être éloigné de leur doctrine, de sorte que dans un voyage qu'il fit à Zurich au mois de Mai 1533. il fuc obligé de se justifier là-dessus, en les assurant qu'il étoit toujours dans les mêmes sentimens , qu'il avoit CXIV. Les Zuingliens soupçonnent Bucer de s'éloigner AN. 1533 noissant que défendus dans la conférence de Berne. Il ajouta qu'il le de Jesus-Christ étoit :mangé corporellement & substantiellement dans la céne, & en exhortant les autres à souscrire la confession d'Ausbourg & son apologie. Bucer repliqua que les villes impériales ne s'étoient point écartées dans l'afa semblée de Schwinfurt de la confession de foi qu'elles avoient présentée à la diéte d'Ausbourg , & qu'elles n'avoient point , en souscrivant la confession d'Ausbourg , approuvé la manducation corporelle , mais seulement promis qu'elles n'enseigneroient rien de contraire à cette confeffion, dont l'article sur la céne pouvoit s'accorder avec la doctrine de Zuin gle. Les ministres peu de tems après publierent un écrit, dans lequel'.ils marquerent les articles , sur lesquels d'Au bourg, en ils differoient des Luthériens , & sur lesquels ils con nent avec Luther venoient avec eux » Luther avoüer, disent-ils ; qu'il y a deux choses distinctes dans l'eucharistie , Iça.. voir le pain & le corps de Jesus-Christ, le vin & » son sang: nous disons la même chose. Il avoue --> que ces deux choses sont unies facramentalement', » parce que le corps : & ile fang nous sont donnez dans le lacrement : nous le reconnoissons aussi. Il croit qu'à cause de cette union sacramentale, on CXV. & en different. AN. 1933• peut attribuer au corps de Jesus-Christ ce qui con. vient au pain , comme d'être vû, d'être touché, » d'être mangé : nous l'avoüons aussi. Il dit en qua» triéme lieu, que notre Seigneur s'offre lui-même, & que le ministre nous présente le corps & le sang » de Jesus-Christ en prononçant les paroles & diftribuant le sacrement : nous pensons de même. Er voici la différence qu'ils mettent entre Luther & eux : c'est premierement qu'ils enseignent que personne ne reçoit le corps de Jesus-Christ, s'il n'elt fidéle & membre du fils de Dieu ; au lieu que Luther & ses sectateurs croyent, que les bons & les méchans , les fideles & les infidéles reçoivent le corps de Jesus-Christ. 20. En ce qu'ils font consister la man. ducation du corps de Jesus-Christ , & fa présence, dans l'union de la nature de Jesus Christ à nos ames; au lieu que Luther la fait consister dans la mandu. cation orale du corps de Jesus-Christ. 3. En ce que Luther dit nettement, que le corps & le sang de Jesus-Christ font mangés & bûs corporellement& oralement dans l'eucharistie ; termes dont ils ne veulent pas se servir sans explication. 4°. En ce que Luther ne veut pas admettre les explicacions qu'ils donnent, ni se contenter de leurs explications. Cependant ils proposent des moyens d'accommodement , & déclarent qu'ils sont perfuadez que Luther & eux sont d'accord dans le fond sur la doctrine de l'eucharistie. Les Bohêmiens aussi fondez sur des équivoques envoyerent dans le même tems à Luther leur confefhon do foi. Mais comme ils reconnoissoient qu'on recevoit dans la cénc le vrai corps & le vrai fang de Jesus-Chrift, sans tourefois admettre la préseau |