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naire d'hiftoire naturelle, à l'article mufcade.

Les magafins que les Hollandois ont de précieux aromates, font immenfes & d'une richelle très- confidérable. Ils en ont actuellement chez eux la récolte de feize années; ils ne diftribuent point à l'Europe la derniere récolte, mais la plus ancienne. En 1760, ils vendoient la provifion de 1744. Quand ils ont trop de girofle, de mufcade, &c. dans leurs magafins, ils ne les jettent pas à la mer comme on le dit communément, mais ils les brûlent. Le 10 juin 1760, j'en ai vu à Amsterdam, près de l'Amirauté, un feu dont la matiere étoit eftimée huit millions argent de France; on en de voit brûler autant le lendemain. Les pieds des fpectateurs baignoient dans l'huile effentielle de ces aromates; mais il n'étoit permis à perfonne d'en ramaffer, & encore moins de prendre les épices qui étoient dans le feu. Quelques années auparavant, un pauvre particulier, qui, dans un semblable incendie, ramaffa quelques noix mufca

des qui avoient roulé du foyer, & fe fut arrêté, difpofa à les emporter,

condamné à être pendu & exécuté sur le champ.

DE L'ISLE CELEBES OU MACASSAR.

Cette Ifle, fituée à l'eft de Borneo, a environ quatre-vingt lieues des Moluques, s'étend depuis la ligne équinoxiale à un dégré & demi du côté du nord,& environ à fix dégrés vers le fud. Suivant cette pofition, fa longueur du fud au nord eft à-peu-près de cent foi xante lieues, & fa largeur comprise entre le cent trente-cinquiéme & le cent trente-neuvieme dégré de longitude, n'a pas moins de foixante lieues. Un canal, dont la largeur commune eft de quarante lieues, la fépare de Borneo, & porte le nom de détroit de Màcaffar.

La fituation de cette ifle étant au milieu de la zone torride, on pense aifément qu'il y regne une extrême chaleur; peut-être feroit-elle inhabitable, fi les ardeurs n'étoient modérées par des pluies abondantes, & fi les vents

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de nord qui foufflent une bonne partie de l'année, ne purifioient l'air des fuites de ce mêlange de chaleur & d'humidité auxquelles fe joignent encore des vapeurs malignes qu'exhalent les mines d'or & de cuivre qui font en affez grand nombre dans le pays. Auffitôt que les vents viennent à manquer, le pays eft défolé par des maladies contagieufes; mais ces accidens font rares; & les Macaffars jouiffent en général d'une fanté vigoureufe qui les fait parvenir jufqu'à l'âge de cent à cent vingt ans.

L'intérieur de cette grande ifle est peu connue, & les différens voyageurs qui l'ont vifitée, ne s'accordent pas fur le nombre des royaumes qui la divifent; mais ils conviennent que les plus puiffans des Princes qui gouvernent, font ceux de Celebes & de Macaffar, deux états confidérables qui ont autrefois partagé l'empire de l'ifle, d'où il eft arrivé qu'elle a emprunté leurs roms, & que les navigateurs l'ont appellée indifféremment ifle Celebe ou Macaffar, fuivant l'endroit où ils prea noient terre.

Productions naturelles de l'ifle de Célébes.

Les voyageurs Hollandois (a) nous apprennent que tous les fruits des Indes croiffent admirablement dans cette ifle, & que de ceux d'Europe elle ne produit que des noix. L'hiftorien des voyages fait une peinture charmante du royaume de Macaffar. De toutes les provinces qui le compofent, il n'en eft aucune que la nature n'ait diftinguée par quelque faveur particuliere qui la rend néceffaire à toutes les autres. Celles qui ne font compofées que de rochers & de montagnes inacceffibles, contribuent à la richeffe du pays par leurs carrieres & par leurs mines d'or, de cuivre & d'étain, tandis que d'autres fourniffent toute forte de bois odoriférans, de charpente, de menuiserie & de marine.

D'autres ne femblent formées que pour le plaifir de leurs habitans. Quantité de petites rivieres dont elles font

[a] Recueil des Voyages, &c. déjà cité tome 3 page 171.

arrofées, fourniffent d'excellens poiffons, & fervent à embellir des payfages délicieux. Leur variété eft infinie, & leur afpect admirable. Ce font des collines couvertes de palmiers, de citroniers & d'orangers; des campagnes plantées de cotoniers ou de riz, remplies d'arbres toujours verds; de fruits & de fleurs en toute faifon, & d'oifeaux qui ne ceffent jamais de chanter. Entre le jafmin & les tubereufes, les œillets & les roses, & nombre d'autres fleurs que la terre produit d'ellemême, on en trouve une particuliere à Rifle Celebes; elle approche du lys mais fon odeur eft infiniment plus douce, & fe répand beaucoup plus loin. Les Infulaires en tirent une effence dont ils fe parfument pendant leur vie, & qui fert à les embaumer après leur mort.

,

Cette ifle n'eft pas moins abondante en beftiaux que l'Europe. Il s'y trouve des chevaux, des buffles, des cerfs & des fangliers, mais point de tigres, de lions, ni d'éléphans. Les finges y font comme en poffeffion de l'empire de l'ifle, autant par leur grandeur & leur

force

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