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TIN.

An. 324.

ailleurs en Egypte, où, felon la defcription d'un auteur qui écrivoit fous CONSTAN Conftance, les temples étoient encore fuperbement ornés, les miniftres & les adorateurs des dieux en grand nombre, les autels toujours fumans d'encens, toujours chargés de victimes; où tout,en un mot,refpiroit l'ancienne fuperftition.

X.

Piété de

C. I, 24, L. 4. C. 18, 243

La religion entroit dans toute la conduite de Conftantin. Il s'attacha Conflantin. à combler de largeffes & de faveurs Euf. vit. l. 3. ceux qui fe diftinguoient par leur piété. Il n'en fallut pas davantage pour 29,31,54, étendre bien loin l'extérieur du Chriftianisme. Auffi Eufebe remarque-t-il, que par un effet de fa candeur naturelle il devenoit fouvent la dupe de l'hypocrifie, & que cette crédulité le fit tomber dans des fautes, qui font autant de taches dans une fi belle vie: peut-être Eufebe lui-même eft-il un exemple de la trop grande facilité de Conftantin à fe lailler éblouir par une apparence de vertu. Le prince aimoit à s'entretenir avec les évêques, quand les affaires de leur églife les attiroient à fa cour; il les logeoir

dans fon palais; il écrivoit fréquem

CONSTAN- ment aux autres. Il faifoit

TIN.

par lettres des exhortations aux peuples qu'il apAn. 314. peloit fes freres & fes conferviteurs; il fe regardoit lui-même comme l'évêque de ceux qui étoient encore hors de l'églife. Il donna une grande autorité dans fa maifon à des diacres & à d'autres éccléfiafliques dont il connoifloit la fageffe, la vertu, le défintéreffement, & qui dûrent y produire un grand fruit, s'ils ne s'occuperent que du miniftere fpirituel. Il paffoit quelquefois les nuits entieres à médiditer les vérités de la Religion.

XI.

de fa Cour.

Amm. Marc.

C. 30.

La piété du maître donnoit fans Corruption doute le ton à toute fa cour. Le vice Aurel. Via, n'ofoit s'y démafquer, mais il ne perZof. 2., doit rien de fa malice, & il favoit 1. 16. c. 8. bien, hors de la vûe du prince, se déEuf. vit. 1.4. dommager de cette contrainte. Au lieu de le punir, l'Empereur plaçoit fon zele dans des fonctions étrangeres à ce que fon rang exigeoit de lui: il compofoit des difcours & les prononçoit lui-même. On peut croire qu'il ne manquoit pas d'auditeurs. Il prenoit ordinairement pour tex te quelque

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An. 324.

quelque point de morale ; & quand fon fujet le conduifoit à parler des CONSTANmatieres de religion, alors prenant un air plus grave & plus recueilli, il combattoit l'idolatrie ; il prouvoit l'unité de Dieu, la Providence, l'Incarnation; il repréfentoit à fes courtifans la févérité des jugemens de Dieu, & cenfuroit avec tant de force leur avarice, leurs rapines, leurs violences, que les reproches de leur confcience, réveillés par ceux du Prince, les couvroient de confufion. Mais ils rougiffoient fans fe corriger. Quoique l'Empereur tonnât dans fes loix & dans fes difcours contre l'injuftice, fa foibleffe dans l'exécution donnoit l'effor à la licence & aux concuffions des officiers & des magiftrats. Les gouverneurs des provinces imitant cette indulgence laiffoient les crimes împunis; & fous un bon prince, l'empire étoit en proie à l'avidité de mille tyrans, moins puiffans à la vérité mais par leur acharnement & leur multitude, plus fâcheux peut-être que ceux qu'il avoit détruits. Auffi le plus grand reproche que lui faffe

Tome I.

R

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l'hiftoire, c'eft d'avoir donné fa conCONSTAN- fiance à des gens qui en étoient indignes; d'avoir épuifé le tréfor puAn. 324. blic par des libéralités mal placées; d'avoir laiffé libre carriere à l'avarice de ceux qui l'approchoient. Le prince, auffi bien que les peuples, gémiffoit de l'abus qu'on faifoit de fa bonté ; & prenant un jour par le bras un de ces courtifans infatiables: Eh! quoi, lui dit-il, ne mettrons-nous jamais de frein à notre cupidité? Alors décrivant fur la terre avec le bout de fa pique la mesure d'un corps humain : Accumulez, ajouta -t-il, fi vous le pouvez toutes les richeffes du monde acquérez le monde entier; il ne vous reftera qu'autant de terre que j'en viens de tracer, pourvû même qu'on vous l'accorde. Cet avertiffement, dit Eufebe, fut une prophétie : ce courtifan & plufieurs de ceux qui avoient abufé de la foibleffe de l'Empereur, furent maffacrés après fa mort & privés de la fépulture.

Il compofoit fes difcours en Latin XII. & les faifoit traduire en Grec. Il nous

Difcours de

Conftantin. en refte un,qu'il prononça dans le tems

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Sandtor. ca

de la paffion. On ne fait en quelle an-née. M. de Tillemont conjecture que CONSTAN ce fut entre la défaite de Maximin & celle de Licinius. Il eft adreffé à l'af- An. 324. femblée des Saints, c'est-à-dire, à l'E- Oratio. ad glife, & n'a rien de remarquable tum Eufeb. que fa longueur. Ce goût de Conf- Till, art. 87. tantin paffa à fes fucceffeurs. Il s'introduifit dans la cour de Conftantinople un mélange bifarre des fonctions éccléfiaftiques avec les fonctions impériales. C'étoit un article du cérémonial,que les Empereurs préchaffent leur cour dans certaines fêtes de l'année; & plufieurs d'entre eux étant tombés dans l'héréfie comme ils avoient la puiffance exécutrice que la foudre fuivoit leur parole, ils furent malgré leur incapacité de très redoutables & très dangereux prédi

cateurs.

&

XIII. Troubles de

'Arianifme. Euf. vir. l.

Conftantin avoit deffein de faire un voyage en Orient, c'eft-à-dire, en Syrie & en Egypte. Ces provinces nouvellement acquifes avoient besoin 2. c. 72. de fa préfence. Sur le point du départ une affligeante nouvelle l'obligea de changer d'avis, ne voulant pas

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