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No. 193. JANVIER 1813.

AVERTISSEMENT.

Toutes les personnes qui ont participé jusqu'à présent, ou qui voudraient participer par la suite, au Journal des Mines, soit par leur correspondance, soit par l'envoi de Mémoires et Ouvrages relatifs à la Minéralogie et aux diverses Sciences qui se rapportent à l'Art des Mines, et qui tendent à son perfectionnement, sont invitées à faire parvenir leurs Lettres et Mémoires, sous le couvert de M. le Comte LAUMOND, Conseiller d'État, Directeur-général des Mines, à M. GILLETLAUMONT, Inspecteur-général des Mines. Cet Inspecteur est particulièrement chargé, avec M. TREMERY, Ingénieur des Mines, du travail à présenter à M. le Directeur-général, sur le choix des Mémoires, soit scientifiques, soit administratifs, qui doivent entrer dans la composition du Journal des Mines; et sur tout ce qui concerne la publication de cet Ouvrage.

MÉMOIRE

Sur la Constitution géologique de la portion du département de la Côte-d'Or, dans laquelle doit se trouver le point de partage du canal de Bourgogne;

LE

Par M. P. X. LESCHEVIN.

E grand dessein d'unir les deux mers par un canal qui traversât la Bourgogne et le centre de la France, a été formé à des époques bien différentes, et remonte à une antiquité assez reculée. Conçu pour la première fois par

un général romain, sous l'empereur Néron (a), il a eté successivement reproduit et adopté par plusieurs de nos plus grands rois (2). Enfin, il était digne d'un monarque qui atteindra tous les genres de gloire, de l'accueillir et d'en assurer l'exécution. Il la recevra toute entière, n'en doutons pas, parce qu'il réunit la pompe à l'utilité.

Le canal de Bourgogne a été l'objet des recherches et des calculs d'un grand nombre d'écrivains, d'hommes d'états, d'ingénieurs distingués, à la tête desquels se trouve l'illustre Vauban. Mais, quoique d'importans travaux aient été exécutés à ses deux extrémités, et que récemment il ait été terminé en totalité du côté de la Saône, sur une grande étendue de territoire, cependant aucun des nombreux projets qui ont été présentés à l'administration depuis plus de deux siècles, ne paraît avoir été appuyé sur une masse de documens assez concluante pour mériter sa sanction définitive.

L'objet qui, dans l'adoption du projet d'un canal, exige la plus sérieuse considération, est le choix de l'emplacement le plus convenable pour l'établissement du point de partage. De ce choix dépendent presque entièrement la possibilité, le plus ou moins de facilité de son exécution, et la somme des avantages qui doivent en résulter. Aussi est-ce la détermination de ce point essentiel qui paraît avoir suspendu jusqu'à ce moment la décision de l'administration, et qui lui a fait désirer de nouvelles reconnaissances

(1) Lucius Vetus. Voy. Tacit. Annal., lib. XIII.
(2) François Ier, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV.

des lieux, et un nouvel examen de leur sol, afin de se mettre à portée de prononcer sur les divers projets qui lui sont soumis, et de juger quel est celui qui mérite le mieux de fixer son suffrage. Je me suis fait un plaisir d'aider, dans cette opération, M. Plagniol, ingénieur fort instruit, préposé, sous M. l'ingénieur en chef, à la confection du canal, et auteur d'un des derniers projets. Mais, pour bien saisir tous les rapports qui lient les différentes natures de terrains les unes aux autres, nous avons été contraints d'étendre nos recherches sur une plus grande surface que celle qu'il etait rigoureusement nécessaire de reconnaître. Le présent Mémoire offre le résultat de nos observations. Je le divise en deux parties, dont l'une est relative à la constitution géologique de la portion du département de la Côte d'Or, dans laquelle doit être placé le point de partage; et l'autre à l'infl ence que peut avoir la connaissance de cette constitution sur le choix de l'emplacement de ce même point.

PREMIÈRE PARTIE.

Observations générales.

La haute chaîne calcaire dont M. de Buffon a fait dresser une carte fort instructive (1), qui comprend plusieurs de nos départemens, et à

(1) Voyez cette carte, Histoire naturelle de Buffon Supplément, tome 9o, édition in-12 de l'Imprimerie royale et la quatrième Epoque de la nature.

laquelle il donne le nom de Montagne de Langres, n'a pas, comme l'a dit ce grand naturaliste, ses sommités les plus élevées aux environs de cette ville (1). A l'époque où il écrivait, il n'avait point été fait d'opérations de nivellement sur les divers points de la chaîne, et on ne pouvait juger des hauteurs relatives que par approximation. Des deux versans des sommités qui avoisinent Langres, partent, il est vrai, des sources dont les eaux aboutissent aux deux mers; mais ce fait, où le vulgaire croit trouver la preuve de la plus grande élévation, tient moins à la hauteur réelle de cette chaîne de montagnes qu'à sa direction (2), et s'observe sur une multitude de points, depuis les sources de la Saône jusqu'à celles de la Seine, sur une étendue de plus de seize myriamètres ( 40 lieues).

M. l'ingénieur Plagniol, s'étant trouvé dans l'obligation d'exécuter le nivellement, à partir de Dijon, de toute la ligne du canal jusqu'au sommet de la montagne de Sombernon, opération qu'il a répétée plusieurs fois avec une

été

(1) M. 'Ingénieur en chef des mines, Héricart de Thury, dont j'honore le savoir, et à l'amitié duquel j'attache beaucoup de prix, a reproduit, dans l'intéressant Mémoire intitulé: Essai potamographique sur la Meuse, qui inséré dans ce Journal, tom. 12, pag. 291, une partie des assertions de M. de Buffon. Il les rectifierait sans doute aujourd'hui que de bonnes observations ont fait connaître les véritables proportions des principales montagnes de cette

chaîne.

(2) Le château de Sombernon en fournit la preuve. Placé sur une des pentes de la montagne de ce nom qui ellemême n'est pas la plus élevée de celles des environs de Dijon, il envoie les eaux de ses toitures aux deux mers par des gouttières opposées.

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