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brement propofer fes plaintes ou fes doutes ; & qu'ainfi il prioit l'empereur d'envoyer au plutôt ses ambaffadeurs qui puffent affifter à l'ouverture du concile, & de feconder par fon autorité & par ses confeils fes bonnes intentions.

AN. 1561.

III.

leurs demandes

4.

Pallavicin. ibid.

L'empereur après avoir entendu les nonces, les L'empereur les pria de lui donner leurs demandes par écrit ; c'é- prie de donner toit précisément ce qu'ils avoient ordre de ne point par écrit. faire. Le pape pour ne point s'attirer differentes ut fuprà n. 3. réponses qu'on auroit réitérées de part & d'autre, & qui feroient devenues dans la fuite des femences de divisions, leur avoit expreffément enjoint de ne produire par écrit que fa bulle & fes lettres. Mais l'empereur perfiftant conftamment dans sa demande, quelques raifons que les nonces pussent lui alleguer pour fe difpenfer de la lui accorder, ils délibererent entr'eux fur ce qu'ils devoient faire, & ayant confidéré qu'un refus opiniâtre pouvoit aliéner l'esprit de l'empereur, & faire échouer cette grande affaire; ils produifirent un écrit fort dans lequel ils expofoient le zéle du pape & fon affection paternelle à l'égard de tous les Chrétiens même éloignés & féparés de l'églife, aufquels il avoit souvent envoyé fes nonces, afin de les attirer plus promptement. Ils ajoutoient que le reste étoit affez amplement exposé dans la bulle du saint pere, dans fes lettres à l'empereur, & dans d'autres qu'on lui avoit communiquées.

court

mandes.

IV.

L'empereur répondit à cet écrit, qu'il approu- Réponse de l'emvoit fort le deffein du pape, dont les deux nonces pereur à ces del'avoient informé; qu'il leur proteftoit qu'il feroit Pallavicin. ut toujours dans l'obéiffance & dans le refpect qu'il fuprà cap. 2. n. 4.

Commend. ut fuprà.

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devoit au faint fiége, & qu'il rendroit en cette occaAN. 1561. fion tous les bons offices qu'on pouvoit efpérer de Gratiani in vitâ lui. Qu'à l'égard des princes catholiques, il croyoit qu'ils n'avoient pas befoin de nouvelles exhortations pour être attirés au concile. Quant aux Proteltans, il leur dit que ces princes avoient déja été informés de la réfolution que le pape avoit prise de convoquer le concile, qu'ils avoient d'abord résolu de s'affembler eux-mêmes, pour conférer ensemble de leurs affaires, & qu'ils devoient se rendre le quatorziéme jour de Janvier à Naümbourg dans la Mifnie; que comme il paroiffoit qu'ils ne voudroient point confentir au concile qu'à certaines conditions très-dures, que les nonces n'ignoroient pas, il leur confeilloit d'aller trouver ces princes affemblés, de les exhorter tous en général, & de reconnoître ce qu'il y avoit à espérer de chacun en particulier; de fe fouvenir fur-tout qu'il falloit agir avec douceur & avec adreffe, de peur d'aigrir par une févérité indifcrete des efprits qui n'étoient déja que trop révoltés. Il les affura qu'il envoyeroit des gens capables de les fervir dans les occasions; & il leur conTeilla de partir en diligence, parce que le tems de la conférence de Naümbourg approchoit, & qu'elle devoit être terminée en peu de jours. Il leur recommanda de voir en paffant le prince Ferdinand fon fils, qui étoit à Prague, qui leur donneroit des nouvelles certaines fur lefquelles ils pourroient se regler; & les pria de l'informer promptement de la réponse des princes, afin de prendre les mesures convenables pour conduire l'affaire à un heureux fuccès, & procurer l'avantage de la religion.

Commendon n'étoit pas d'avis qu'on entreprît ce voyage; il prévoyoit qu'il ne feroit pas aisé d'aborder ces princes, & de traiter avec eux en particulier pendant qu'ils feroient assemblés. Ils fçavoit que le feul moyen de les réduire étoit de les défunir, ce qu'il étoit impoffible de faire dans une affemblée où ils étoient tous ligués pour des intérêts communs, & dans laquelle ils ne fe propofoient que le même but : néanmoins les confeils de l'empereur & les bonnes intentions du roi de Bohême fon fils, les déterminerent à partir, d'autant plus qu'ils n'avoient pas affez de tems pour confulter là-dessus le pape, & que d'un autre côté ils fçavoient qu'un des principaux articles que ces princes devoient examiner à Naümbourg, étoit, s'il falloit se rendre au concile & à quelles conditions.

Outre ce qui étoit contenu dans la réponse par écrit de l'empereur, ce prince les avoit encore averti en particulier. 1. D'empêcher que les princes Proteftans ne cruffent que le pape voulût continuer le concile. 2. Que le tems pour cette convocation étoit bien court, ayant été abrégé en faveur du roi de France. 3. Que les Proteftans demanderoient un fauf-conduit des plus amples. 4. Enfin, que la coutume de ces pays-là étoit de traiter des affaires par écrit, & qu'il falloit la fuivre. La réponse de Commendon fut que fans parler de continuation du concile, il n'étoit venu en Allemagne que pour y inviter les princes, & non pas difputer avec eux. Qu'à l'égard du tems, le pape ne fe hâtoit que pour remédier plus promptement au mal. Qu'on donneroit aux Proteftans un sauf-conduit tel qu'ils

AN. 1561.

V.

tent de Vienne

Naumbourg.

lib. 28. n. 8.

n. 6.

Gratiani in vitâ Commend. lib. 2. cip. 2.

le fouhaiteroient; mais que pour le dernier article, AN. 1561. ils ne pourroient l'exécuter, le pape leur ayant expreffément défendu de traiter des affaires par écrit. Les nonces partirent donc de Vienne le quatorLes nonces par- ziéme de Janvier, & l'empereur leur donna pour Pour fe rendre à les accompagner Othon comte d'Eberstein, Felix De Thou. in hift. Bogiflas baron d'Affenstein, & Guillaume Meela, garde des fceaux du royaume de Bohême. Le sepPallav. ut fuprà tiéme jour de leur voyage ils arriverent à Prague, où ils furent très bien reçus de l'archiduc Ferdinand, fecond fils de fa majefté impériale; & après avoir traversé les forêts de Bohême au milieu des néges & des glaces, ils arriverent à Naümbourg le vingt-huit du même mois de Janvier dans une faifon fort incommode. Les princes qui y étoient tous affemblés, à l'exception de Jean-Frederic de Saxe duc de Weymar qui en étoit parti, n'envoyerent point au-devant d'eux, & ne leur rendirent aucun devoir d'hofpitalité ni même de civilité. Après avoir paffé deux jours pour connoître la fituation des affaires, ils envoyerent demander une audience par

ticuliere au comte Palatin du Rhin & au duc de Saxe, tous deux électeurs ; mais la réponse qu'ils en reçurent, fut qu'étant affemblés pour des intérêts communs, ils ne pouvoient rien réfoudre en particulier; qu'ils rapporteroient la chofe dans leur affemblée, & qu'ils feroient fçavoir aux nonces ce qu'on y auroit arrêté ; cela dura jufqu'au quatriéme de Février. Ce jour on leur fit dire que le lendemain matin on leur accorderoit une audience publique dans l'aflemblée, & qu'ils y feroient entendus. Les deux nonces délibérerent quelque tems

:

s'ils accepteroient cette audience publique ; mais craignant de n'être pas reçus des autres princes d'Al- AN. 1561. lemagne, s'ils avoient négligé de traiter avec ceux

ci, ils ne jugerent pas à propos de refuser le parti qu'on leur propofoit.

V I.

les écoutent pu

Gratiani ut fu

Ainfi le matin cinquiéme de Février, le Palatin & Les Proteftans qui l'électeur de Saxe envoyerent quatre de leurs confeil- y font affemblés, lers avec une compagnie des gardes, pour conduire bliquement. les nonces dans le lieu de l'affemblée. Ils monterent Pallavicin. ibidans le caroffe qu'on leur avoit préparé; mais les dem cap. 2. n. 10. confeillers ne voulurent pas s'y mettre, & marche- prà lib. 2. cap. 2. rent devant à pied. Quand ils furent arrivés, on les introduifit dans une falle affez petite où il y avoit un poêle, felon la coutume du pays, & où fe trouvoient les princes, leurs enfans, les fecrétaires, & les chanceliers, & quelques autres perfonnes de remarque. Les nonces ne reçurent d'abord aucun témoignage d'amitié ni même de politesse, on ne leur préfenta point la main, on les laiffa quelque tems debout & découverts. Les deux premiers électeurs étoient affis fur un petit fiége: après eux un peu plus loin étoit l'ambaffadeur de l'électeur de Brandebourg; & tous les autres ambaffadeurs de fuite chacun felon fon rang fur différens fiéges. Les nonces leur rendirent les lettres du pape, & des copies de la bulle pour la convocation du concile. Quand ils eurent donné ces lettres, & qu'ils fe furent affis, le nonce Delfino commença le premier à parler.

VII. Difcours du

Il rapporta en peu de mots ce qui étoit contenu dans la bulle, & les motifs qui engageoient le pape nonce Delfino à à affembler le concile. Il ajouta que le Pie IV. avoit Pallav. lib. 15. toujours chéri d'une maniere particuliere la nation cap. 3. n. 1.

cette Diette.

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