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L'an 870.

L'an 878.

vinces de la Chine. Tche-fin avec fes Turcs fe joignit aux Généraux Chinois & les aida à appaiser les troubles. Li-koue Après J. C. Ces fervices lui valurent de nouvelles dignités & furtout tchar le nom de famille Li, qui étoit celui de la Dynastie des Empereurs des Tam; l'Empereur y ajouta le nom de Koue tchang. Depuis ce tems Che-fin n'eft plus appellé par les Hiftoriens Chinois que Li-koue-tchang. On le plaça enfuite avec fes sujets à Kuei-hoa-tching ou Kou-kouho-tun dont il eut le gouvernement; il abusa bientôt de L'an 872la confiance que les Chinois avoient en lui, & tua quelques-uns de leurs Officiers; mais ce premier mouvement de Li-koue-tchang ne fut rien en comparaifon de ce que fon fils Li-ke-yong fit dans la fuite. Il y avoit alors dans la Chine un fameux rebelle nommé Hoang - tchao (a). Ces troubles & la difette porterent deux Officiers qui commandoient quelques troupes des Cha-to à former le projet d'engager Li-ke-yong å se mettre à leur tête. Un d'eux le vint trouver, lui fit connoître ce que la plupart des troupes penfoient en fa faveur, s'affura de ceux de la Nation dont on pouvoit fe défier; Li-ke-yong rassembla dix mille hommes,& alla joindre fon parti. La revolte n'étoit encore entiére,Li-ke-yong ne fouhaitoit que d'obtenir quelques nouveaux grades, & furtout d'être confirmé dans le pofte dont il venoit de s'emparer; il l'envoya demander à l'Empereur qui le refufa, quoique la fituation de l'Empire eût dû engager ce Prince à fermer les yeux fur ce qui venoit de fe paffer. Li-koue-tchang demanda la même grace pour fon fils à l'Empereur & promit que jamais la tendreffe paternelle ne lui feroit rien entreprendre contre l'Empire,fi Li-ke-yong s'écartoit de fon devoir, & qu'il feroit le premier

pas

(a) Maloudi qui parle de ce rebelle le nomme Baichou. Voyez les anciennes Relations des Indes & de la Chine par l'Abbé Renaudot. Cet Hiftorien Arabe rapporte que le rebelle marcha d'abord vers Canfou (c'eft aujourd'hui Kouam-tcheou ou Canton) où tous les Marchands Arabes abordoient; s'étant rendu maître de cette ville il fit paffer au fil de l'épée tous les habitans; il périt dans ce maffacre fix vingt mille Mahométans, Juifs, Chrétiens & Parfis ou Ghebres qui demeuroient dans la Ville pour leur négoce. Le rebelle s'ampara enfuite de Cumdam ou Si-gan-fou, alors l'Empereur demanda du fecours au Roi de Tagazgaz dans le Turkeftan. Les Tagazgaz que l'on appelle auffi Bagargar font les Turcs Cha-to qui fecoururent les Chinois.

Li koue

à marcher contre lui; mais l'Empereur en perfiftant à ne pas Après JC. accorder ie pardon à Li-ke - yong, voulut donner à Likoue-tchang le gouvernement de Ta-tong-fou; celui-ci le refusa, alla se joindre à fon fils, & ils remporterent enfemble une victoire fur les Généraux Chinois.

tchang.

L'an 880.

L'an 883.

Dans la fuite Li-koue-tchang entra par le détroit de Yen-muen - kouan (a) & vint ravager le pays de Hintcheou (b) & de Tai-tcheou (c); il affiegea la ville de Tcinyam (d). Les troupes chinoifes vinrent à fa rencontre & Kao-ven-tçi qui commandoit dans Tço - tchecu pour Like-yong leur remit cette place. Ce contre-tems obligea Li-ke-yong de venir faire le fiège de cette place; mais il fut battu par les Chinois qui allerent auffi-tót affiéger Goeitcheou (e). Li-koue-tchang éprouva le même fort que fon fils; toutes les troupes furent difperfées, & il se fauva avec fon fils dans le nord, chez les Ta-ta ou Ta-tche, Hordes des Mo-ko qui demeuroient alors dans la montagne Inchan. Les Chinois firent demander à ces Tartares les deux chefs des Turcs alors Li-ke-yong, dans la crainte que les Ta-ta ne le livraffent, fe retira avec les plus braves de fes amis dans les forêts où il fe forma un parti; mais quelque tems après, dans un feftin qu'il leur donna, il avoua fon crime envers l'Empereur, & parut souhaiter de rentrer en grace. Il offrit de prendre le rebelle Hoamtchao qui s'étoit retiré dans le nord; c'étoit par-là qu'il vouloit mériter fon pardon; mais les Ta-ta ne paroiffant pas être difpofés à armer en fa faveur, il s'adreffa à quelques Officiers Chinois qui firent connoître fes fentimens à l'Empereur : fes fervices furent acceptés, & il vint joindre avec fes troupes celles des Chinois qui marchoient contre le rebelle Hoang-tchao. Il avoit quarante mille hommes qui étoient tous habillés de noir. Il rendit de grands fervices à l'Empereur, battit les troupes du rebelle en plu

(a) Proche Tai-tcheou dans le Chanfi.

(b) Aujourd'hui Sicou-yong-hien dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.
(c) Aujourd'hui Tai-tcheou-fou dans le Chanfi.

(d) Aujourd'hui Ta yuen-hien dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.
(e) Aujourd'hui Ta tong-fou dans le Chanfi,

koue.

Après J. C.

keurs rencontres, s'avança jufqu'à Si-gan-fou où il remporta une nouvelle victoire au midi de la riviere Kuei, tchang. & obligea Hoam-tchao à prendre la fuite; pour récompenfe de tant de services, l'Empereur Hi -tçung lui donna le titre de Kong de Long-si: Li-ke-yong étoit alors, âgé de Kam mo.

28 ans.

Lie-tai-ki

Su.

L'an 884.

Dans la fuite ce Chef des Turcs fe rendit à Pien-tcheou (a) dans le Ho-nan; un des pricipaux Officiers de l'Empire nommé Tciuen-tchong l'ayant engagé dans un feftin, ces Généraux s'enyvrerent tellement qu'ils en vinrent aux invectives. Pendant la nuit Tciuen-tchong fit mettre le feu à la maifon dans laquelle logeoit Li-ke-yong; ce dernier courut un grand danger dans cette occafion; mais il fut affez heureux pour échapper; il s'en retourna à Tcin-yam & fit demander à l'Empereur la permiffion d'aller attaquer Tciuen-tchong. L'Empereur Hi-tçong s'efforça de l'appaifer, & lui donna le titre de Roi; mais ces deux Officiers garderent toujours l'un pour l'autre une haine qui n'éclatta dans la fuite qu'au défavantage de l'Empire. Quelque-tems après Li-ke-yong perdit fon pere Li-koue- L'an 886. tchang.

L'an 890.

youg.

Tçiuen-tchong cherchoit alors à s'emparer de toutes les villes voisines de fon gouvernement, & Li-ke-yong avoit levé des troupes pour s'oppofer aux progrès de ce rebelle. Li-keCette guerre fe faifoit fans la participation de l'Empereur dont l'autorité étoit alors peu refpectée. Lorfque Tchaotçong fut monté fur le thrône imperial les ennemis de Like-yong & principalement Tçiuen-tchong fe réunirent tous & folliciterent l'Empereur de dépofer Li-ke-yong & d'envoyer des troupes contre lui. Ils repréfenterent ce chef · des Turcs comme un rebelle qui cauferoit la ruine de l'Empire. L'Empereur qui n'avoit pas oublié tous les fervices que Li-ke-yong avoit rendus aux Chinois, ne vouloit pas permettre que l'on opprimât cet Officier; mais trop foible pour réfifter aux follicitations de fes Miniftres, & trop aveugle pour ne pas voir que ceux-ci ne cherchoient

(4) Aujourd'hui Cai-fong-fou dans le Honan, & la même que Ta-leam,

Tome II,

E

Après J. C.

qu'à vanger leurs querelles particuliéres aux dépens de l'Empire, confentit à dépouiller Li-ke-yong de toutes fes Li-ke-yong dignités, & envoya fes armées contre lui. Tchang-sun, un des principaux auteurs de cette guerre, s'empara de Loutcheou (a); mais cette ville fut prefque auffi-tôt affiégée par les troupes de Li - ke - yong. Le gouverneur fut pris dans une ambuscade & conduit à Li-ke-yong qui lui offrit un gouvernement; l'Officier Chinois répondit qu'étant né fujet de l'Empereur il devoit mourir à fon fervice; il ne voulut jamais fe foumettre & on le fit mourir. Li-ke-yong remporta plufieurs avantages. Tchang - fun & les autres généraux de l'Empereur furent battus. Les troupes de Like-yong prirent Tcin-tcheou (b) & Kiang-tcheoù (c) dans le Chanfi, où elles firent un grand butin.

L'an 891.

L'an 894.

Li-ke-yong qui n'attribuoit tous ces défordres qu'aux Miniftres de l'Empereur, qui étoit fincérement attaché à ce Prince, & qui ne cherchoit qu'une occafion favorable pour le tirer de l'efclavage dans lequel il gémiffoit depuis long-tems fous l'autorité de fes Miniftres & de fes Eunuques, lui écrivit pour lui demander fon rappel à la Cour. L'Empereur le lui accorda, dépofa les auteurs de cette guerre & lui rendit fes titres en lui en donnant de nouveaux. Čes Généraux ne laiffoient pas de fe faire la guerre & d'enlever des places où ils s'attribuoient toute l'autorité, Li-keyong étoit obligé de fe défendre contre leurs entreprises. Il trouva auffi des ennemis dans le fein de fa famille, Li-tfunhiao,fon fils adoptif, avoit quitté fon parti pour fe jetter dans celui de Tciuen-tchong qui lui avoit donné le gouvernement de Hing-tcheou (d). Il ofa foutenir un fiège contre fon pere; mais il ne put empêcher que la ville qui manquoit de provifions ne fût prife & Li-ke- yong le fit mourir ; quoique tous fes Généraux demandaffent fa grace. Sieho-tan un des chefs Turcs qui étoit attaché à Li - tfunhiao fe tua lui-même, dans la crainte qu'on ne découvrît dans la fuite fes liaisons avec les ennemis. La perte de

(a) Aujourd'hui Cham tam-hien, proche Pim-yam-fou dans le Chanf.

(b) Aujourd'hui Pim-yam-fou dans le Chan..

(c) Aujourd'hui Tchim-pim-hien dépendante de Pim-yam-fou.

(d) Aujourd'hui Chun-tc-fou dans le Percheli.

que

Après J. C.

ces deux Officiers fit beaucoup de tort à Li-ke-yong, fon parti s'affoiblit & celui de Tciuen-tchong n'en devint plus redoutable. Li-ke-yong battit enfuite les Tou-ko- Like-yong. hoen dont il tua le chef nommé He-lien-to qui s'étoit toujours déclaré contre lui auprès de l'Empereur. De-là il marcha_contre Li-kuam-tcheou qui faifoit des courfes dans les Provinces de fon gouvernement; il détruifit Voutcheou ou Kou-kou-hotun, affiégea Sin - tcheou (a) qu'il prit, après avoir battu les troupes que Li-kuam-tcheou avoit envoyées pour la défendre; il mit en fuite ce Général dans une feconde action & vint attaquer Yeou-tcheou ou Pe-kim où il entra au commencement de l'année fuivante.

L'entreprise hardie de quelques Officiers de l'Empereur qui s'étoient mis à la tête des troupes fans aucun ordre, & qui paroiffoient vouloir difpofer à leur gré du gouvernement de l'Empire, obligea de nouveau Li-ke - yong d'offrir fes fervices à l'Empereur Chao-tçong. On peut juger, par l'indépendance dans laquelle étoient la plupart de tous ces Généraux, de la véritable fituation de l'Empire de la Chine. Li-ke- yong s'avança aussi - tôt jusqu'à Kiang-tcheou dans leChanfi dont il s'empara. Les Généraux rebelles n'eurent pas plûtôt appris fa marche qu'ils fe retirerent vers Si-gan-fou, où s'efforçant de faire paffer Like-yong pour un rebelle, ils voulurent engager l'Empereur à quitter cette Capitale, pour fe retirer dans Fongfiang-fou ou dans quelqu'autre place; il y eut beaucoup de troubles à cette occafion dans Si-gan-fou, tout le peuple étoit fous les armes, le trop foible Empereur, qui mettoit toute fa confiance dans fes propres ennemis, crut devoir aller fe renfermer dans la fortereffe de Che-muen. Les troupes de Li-ke-yong qui s'approchoient de la Capitale défirent celles de Vam-him-yu un des rebelles, & envoyerent à l'Empereur un officier qui avoit été fait prifonnier. Alors Li-meou-tchin, autre rebelle que cet éxemple effraya, fit couper la tête à fon fils adoptif Li-ki-pong & l'envoya à l'Empereur afin d'obtenir fa grace. L'empe

(4) Aujourd'hui Pao-gan-tcheou.

L'an 895.

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