Voyage de Béotie, p. 317. dans les deux piéces pour placer le corps; il eft travaillé à No. II. N°. II. JE pofféde deux figures femblables à celle que j'ai fait plus haut que les Egyptiens plaçoient par magnificence, N°. III. CETTE tête, qui conjointement avec une des figures précédentes, m'a été envoyée d'Egypte par M. de Lironcour, eft un mafque qui, fuivant l'ufage des Egyptiens, avoit été mis à plat fur les bandelettes qui couvroient le visage d'un mort. Il eft de bois de fycomore, haut de cinq pouces quatre lignes, plat fur le derriére, & convexe dans la partie antérieure. La sculpture en est aussi mauvaise que la peinture; ni l'une ni l'autre ne fuppofe de goût pour ces beaux Arts. Il n'y a rien de plus célébre en Egypte que le bœuf Apis, & rien de plus fingulier que les marques qui le caractérifoient. Elien a prétend qu'elles étoient au nombre de vingt-neuf, mais il ne les fpécifie point. Hérodote b dit F fimplement que cet animal étoit noir, à l'exception d'une tache blanche & quarrée qu'il avoit fur le front; il ajoûte qu'on lui voyoit un aigle empreint fur le dos, un escarbot à la langue, & des poils doubles à la queue. Ces traits fuffifent pour faire juger que la figure gravée dans cette Planche, représente le bœuf Apis. N°. I. II. III. & IV. CETTE figure eft de bronze, & elle a quatre pouces fix lignes de hauteur, & fix pouces de longueur. Elle a été fondue d'un feul jet. Je puis affûrer qu'elle eft d'un beau travail, & qu'elle ne peut être mieux confervée dans toutes fes parties, à la réserve des cornes de l'animal qui font caffées, & de l'ornement qui étoit entre ces deux cornes. Le corps eft couvert d'une houffe richement brodée. On voit au N°. IV. fur le garrot, dont je donne le développement, un scarabée volant, fur la croupe un aigle dont les aîles font éployées ; un très-beau collier N°. III. & fur le front, ou le devant de la tête, qui eft deffinée féparément & de face au N°. II. un Delta, ou plûtôt un triangle bien marqué. Je vais examiner ces caractères diftinctifs, & les éclaircir autant que je le pourrai, en les rapportant aux témoignages des anciens Auteurs. Dans les représentations du boeuf Apis que j'ai examinées en plufieurs cabinets, ou qui ont été publiées, cet animal eft prefque toûjours couvert d'une houffe. C'eft une preuve qu'il avoit cet ornement lorsqu'on le faifoit paroître en public. L'aigle que l'on voit fur fa croupe, eft à la place que lui affigne Hérodote ; mais l'escarbot, qui, fuivant les Hiftoriens, fe trouve dans la bouche du boeuf Apis, est ici représenté fur le garrot. La feule raison que l'on puiffe donner de cette différence, c'eft que l'Artifte n'ayant pas voulu que ce fymbole fût caché, au lieu de le mettre dans la bouche de l'animal, a pris le parti de le reporter dans un lieu où il fût visible,&où il pût être placé avec fymmétrie par rapport à l'aigle. Pline & Ammien Marcellin difent Lib.8.c.46. Amm. que le boeuf Apis avoit au côté droit une figure du croiffant Marc.lib.22.c.13. de la Lune; & c'est ainsi qu'il eft représenté fur les médailles d'Hadrien & d'Antonin le Pieux, frappées en Egypte, & fur un marbre confervé dans le cabinet d'Odefcachi. Ce T. II. pl. 98, fymbole ne paroît point ici, apparemment parce qu'il eft caché fous la houffe; & d'ailleurs on y fupplée en plaçant le difque de la Lune entre les cornes de l'animal; car il faut obferver en premier lieu, qu'on voit fur la tête de celui-ci les traces d'un autre corps, indépendantes de la racine des cornes qui fubfifte encore : & en fecond lieu, que prefque toutes les figures du boeuf Apis qui font ornées de houffes, ont en même temps le difque de la Lune fur la tête. Il n'eft donc pas vraisemblable que l'on eût négligé d'enrichir celui-ci de cet ornement néceffaire, d'autant plus que les Egyptiens admettoient peu de variété dans les chofes qu'ils avoient une fois reçûes. Le difque de la Lune que l'on voit entre les cornes de celui-ci, étoit argenté & très-poli; ce qui joint à la couleur noire du bœuf, produifoit un effet brillant & majeftueux. Il s'accordoit d'ailleurs avec la tache blanche que celui que j'explique avoit fur le front. Hérodote dit que cette tache étoit quarrée; mais je crois qu'il s'eft gliffé une faute de Copiftes dans le texte de cet Historien, & qu'au lieu de dire que cette tache étoit quarrée, il faut dire qu'elle étoit triangulaire. La différence des mots Grecs qui expriment ces deux idées eft fi peu fenfible, que je ne crois pas cette correction trop hazardée; (a) elle est appuyée fur deux raifons la premiére eft que toutes les figures du bœuf Apis que j'ai vues, ont fur le front un triangle fimplement tracé par des lignes quelquefois incrustées d'argent, ou : (a) Voici le paffage d'Hérodote. Εὼν μέλας, ἐπὶ μὲν τῷ μετώπῳ λευκὸν λετράγωνον, ἐπὶ ἢ τα νώτα αετὸν sixaoor.A la place de ces deux mots 6.56. formées par une feuille du même métal qui rempliffoit la totalité du triangle. C'est en effet la tache blanche dont parle Hérodote : & il eft certain que dans ces fortes d'occafions, les monumens font les meilleurs commentaires des Hiftoriens. La feconde raison eft tirée de la De Ifid. & Ofivid. théologie des Egyptiens. Plutarque nous apprend qu'ils comparoient la nature divine à un triangle rectangle, dont un des côtés repréfentoit l'intelligence; le fecond la matiére, & le troifiéme l'ordre qui réfultoit du concours de l'intelligence avec la matiére. Le boeuf Apis étant, felon le même systême, le symbole d'Ofiris ; & Ofiris n'étant pas diftingué de cette intelligence qui avoit fécondé la matiére, & qui, conjointement avec elle, avoit produit l'ordre rien n'étoit plus fimple que de réunir ces grandes idées dans le boeuf Apis, & de placer fur fon front ce triangle mystérieux, plûtôt qu'une tache quarrée, dont la forme n'a aucun rapport connu avec les points fondamentaux de la théologie Egyptienne. : PLANCHES XIII. & XIV. N. I. LE Sphinx de bronze que l'on voit dans cette Planche, ne fçauroit être mieux confervé, eû égard à la longue fuite d'années qui fe font écoulées depuis le temps qui l'a vâ faire; s'il n'y manquoit quelques doigts, principalement à la main gauche, il feroit dans tout fon entier. Ii a dans fa plus grande longueur un pied quatre pouces huit lignes: fept pouces depuis le fommet de la tête jufqu'à l'endroit fur lequel il pofe, & trois pouces trois lignes de hauteur à la croupe. L'intention de l'ouvrier a été de le fondre creux, les feuls bras font maffifs; mais en faifant fon noyau & les cires, il paroît s'être peu foucié que le bronze füt par-tout d'une égale épaiffeur, puifqu'en certains endroits il a jusqu'à dix lignes, & que dans d'autres il n'en a que cinq. |