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norable Sourniama, & non pas Sou nou, dont je me fuis fervi dans ma permiere Lettre. Sounou eft fon petit nom qui n'est emploié que par l'Empereur, ou par ceux qui parlent de lui à Sa Majefté. Ses enfans ont auffi des noms Tartares, mais comme je ne parlerai gueres que de ceux qui font Chrétiens, je continuerai à leur donner le nom du Saint qu'ils ont reçû au Baptême. Les Mantcheoux entretiennent dans Fourdane quatre mille hommes de garnifon avec un General, & grand nombre d'Offciers fubalternes. Ce General eft en même-tems Gouverneur de la Ville, & de toutes les petites places d'alentour, où il y a garnison. On compte dans Fourdane cinquante mille habitans. Ce font tous ou des ouvriers; ou des Négocians qui commer

cent avec les Montgoux. La Police y eft adminiftrée par des Mandarins de Lettres.

Il y a encore deux chofes que je vous prie d'obferver, la premiere, que parmi les Domestiques qui fuivirent ces Princes dans leur exil, il y en avoit de deux fortes; les uns font proprement efclaves de leur maifon; les autres font des Tartares ou Chinois Tartarifés, que l'Empereur donne en grand ou petit nombre, à proportion de la dignité dont il honore les Princes de fon Sang. Ces derniers font l'équipage du Regulo, & on les appelle communément les gens de fa porte. Il y a parmi eux des Mandarins confiderables, des Vice-rois & des Tfongtou; * quoiqu'ils ne foient

Nom d'un grand Mandarin, qui a la furintendance de deux Provinces & qui eft au deffus des Vice rois.

pas Efclaves comme les premiers, ils font prefque également foumis aux volontés du Regulo, tant qu'il conferve fa dignité; ils paffent après fa mort au fervice de fes enfans, s'ils font honorés de la même dignité. Si le pere pendant fa vie vient à décheoir de fon rang, ou fi le confervant jusqu'à la mort, il ne paffe point à d'autres de fes enfans, cette efpece de Domeftiques eft mife en reserve, & on les donne à quelque autre Prince du Šang lorsqu'on fait fa maifon, & qu'on l'éleve à la même dignité.

La feconde que c'est une coûtume établie parmi les Manttheoux, que lorsqu'un Domeftique prend la fuite, en quelque endroit que foit fon Maître, foit en fon Palais, soit à la guerre ou même en exil, il eft obligé

d'en informer le Tribunal, & de defigner le nom, l'âge, la figure, & les traits du visage du fugitif; fans quoi il feroit refponfable des mauvaises actions dont il fe rendroit coupable. Le Tribunal chargé de cette forte d'affaire, fait les perquifitions les plus exactes des deferteurs, & les punit feverement. On leur imprime à la jouë une marqué ineffaçable, & on les rend à leurs Maîtres.

Ce petit éclairciffement m'a paru néceffaire pour l'intelligence de ce que j'ai à vous dire dans la fuite de cette Lettre. Auffitôt donc que ces illuftres exilez furent arrivés au Fourdane, chacun d'eux fongea à fe loger avec fa famille les habitans du lieu perfuadés que ces Princes étoient fort riches, & abufant de la néceffité preffante où ils fe trou

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voient, mirent le loüage de leurs maisons à un prix exceffif, enforte que le Prince Paul, & un de fes freres jugeant bien qu'ils feroient là un long féjour, prirent le parti d'acheter un terrain, & de fe bâtir des maifons, plûtôt que de fe mettre en fi gros frais pour un fimple loüage. Un Licentié habitant de Fourdane qui avoit reçû autre-fois des graces de Sourniama, lui offrit fa maison. Le Prince accepta fon offre, & l'acheta dans la fuite.

Cependant toute communication avec Pekin étoit abfolument interdite à Sourniama. L'Empereur lui avoit défendu d'y envoïer aucun de fes Domeftiques. Ce n'étoit que de là néanmoins que lui, & les Princes fes enfans pouvoient tirer les fecours néceffaires à leur fubfiftance. Le Licentié fut tous

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