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ne s'étoient pas trouvés dans l'occafion d'être ennoblis comme les autres, devinrent jaloux de la diftinction de ces nouveaux nobles, qu'ils avoient regardés, de père en fils, comme leurs égaux. Ces négociants ne purent étouffer une paffion qui dévore & terraffe les ames les plus fortes, & ils tournèrent leurs vues fur des charges qui leur donnoient la même diftinction. Par cette défertion, la navigation & le commerce furent encore privés do leurs fonds & de leur induftrie. Enfin, du côté du moral, l'émigration de ces bons citoyens fit encore un grand préjudice à la ville; puifqu'elle n'en reçut plus les exemples de vertu, qui auroient porté au bien, les autres ci

toyens.

1650.

M. le Duc de Longueville rentra en grace, & le Roi lui rendit le gouvernement de Normandie. Ce Seigneur fe rendit à Dieppe le 21 Juin 1651:165 les bourgeois fe mirent fous les armes, & tâchèrent, par les honneurs qu'ils lui rendirent, de lui faire oublier la difgrace que Madame de Longueville avoir eue dans leur ville. Ce Prince n'y refta que deux jours; & comme à fon arrivée M. Dupleffis-Bellières s'étoit

1653. retiré du Château, retiré du Château, il y laiffa le fieur de Dampierre pour y commander, en attendant le fieur de Montigny, qui y arriva peu de jours après.

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Le Parlement ayant en 1653 condamné au feu, un livre contre le Jubilé, dont Fouguebergue, Miniftre des Calviniftes de Dieppe, étoit l'auteur celui-ci prit la fuite, pour ne pas voir brûler fon ouvrage dans la place du marché, & par crainte qu'on ne fe faisît de fa perfonne.

Privés de leur Pafleur, les Protestants follicitèrent fi fort M. de Longueville en fa faveur, que ce Prince obtint du Roi que ce Miniftre ne feroit point pourfuivi pour fa faute, à la condition néanmoins qu'il comparoîtroit en l'audience du Bailliage d'Arques, & qu'il y reconnoîtroit fon livre pour mauvais & erroné; & qu'il fe foumettroit à fubir tel fupplice qu'il appartiendroit, s'il retomboit en pareille faute. Ce Miniftre fatisfit à cette humiliante condition, & reprit fes fonctions dans Dieppe. Cette année 1653, la Cour des Aides rendit un Arrêt, qui condamna les Bouchers du Poller à payer, comme ceux de Dieppe, J'octroi fur leurs fuifs.

Le 24 Avril 1659, Meffieurs les 1659. Comtes de Dunois & de Saint-Paul, jeunes fils de M. de Longueville, arrivèrent dans Dieppe avec leur gouverneur. Les habitants s'emprefsèrent de leur donner des témoignages de l'attachement & de la reconnoiffance dont ils étoient pénétrés pour leurs ancêtres: enfin ils voulurent prouver à ces jeunes Princes, qu'il n'y avoit eu que la fidélité qu'ils devoient au Roi, qui eût pu les empêcher de rendre, à Madame leur mère, le service qu'elle avoit exigé d'eux.

Le fieur d'Ablon, quoique très-âgé, s'étoit chargé, comme plus ancien Echevin, du foin de faire les honneurs de cette réception; mais ce vieillard, qui avoit trop pris fur fes forces, mourut environ douze heures après avoir complimenté ces jeunes Princes.

Le fieur de Montigny avoit été inftruit, plufieurs mois avant, de ce voyage des jeunes Seigneurs ; & ce Gouverneur de Dieppe, pour marquer aux fils, la reconnoiffance des obligations qu'il devoit à leur père, avoit fait orner très-élégamment une petite frégate, armée de fix canons, dont il leur fit préfent. Ces jeunes Princes s'y

1659. embarquèrent, & furent fe promene fur la mer. A peine avoient-ils fait un lieue, qu'ils virent venir de loin as brigantin, qui s'approcha de leur fre gate pour la reconnoître. Celle-ci lâcha fa bordée, ce qui obligea petit navire, portant pavillon Tu de fe replier fur cinq gros vaiffea. arborant le même pavillon, qui ar

voient à toutes voiles.

Cette apparition furprit beauce les jeunes Princes, qui n'en avoic pas été prévenus: ils difoient au ca.. taine de leur frégate, qu'il étoit d. prudence de rentrer dans le port, 16 qu'ils en virent fortir cinq gros v.. feaux, qui vinrent couvrir leur pet. frégate, & livrer combat à l'Efcad Ottomane: il dura deux heures, pe dant lefquelles on fit toutes les m nœuvres d'un véritable combat, q ne finit que par la prife à l'abordag des vaiffeaux Turcs. Les deux jeun Princes marquèrent aux habitants, plus grande fatisfaction du fpectac qu'ils venoient de leur donner.

pris

Les Miniftres de la province avoier une grande part à la difgrace d leur confrère Fouguebergue, don nous avons parlé: ils crurent que pou

le retirer, & 1660. ; ainfi qu'à rver l'ordre a paix, fous ndroit con

les écoliers

curs claffes, ouvert leur jeunes Calurs étourdis prévaloient Montigny ient accornt dans une llége, afin heure qu'ils y infulteles faire curs, s'ils Ix vivre. -ci le ren

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ent part,
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