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aux hommes par fon exemple à les méprifer? Nous n'arriverons jamais aux vrais biens, qu'en fuivant cette voie. L'amour des faux biens eft un obftacle invincible à la poffeffion des biens véritables. C'eft ce que Jefus Chrift nous apprend par l'état de fa naissance.

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Les hommes conçoivent mal l'humilité de Jefus-Chrift dans fa naissance & dans les autres circonstances qui l'accompagnent,s'ils lui attribuent les mêmes fertimens qu'ils auroient dans un pareil état, & s'ils fuppofent que ces abandonnemens &ces rebuts des hommes lui étoient pénibles comme ils le feroient à eux mêmes. Cat comme ces fentimens naîtroient en nous de l'amour que nous aurions pour les objets de notre concupifcence, il eft impoffible qu'ils ayent été de la même forte dans Jefus-Chrift. Nous fentons le rabaiffement à proportion de notre of gueil, la pauvreté à proportion de l'amour que nous avons pour les richelles, la privation des plaifirs & des aifes du corps à proportion du defir que nous en avons. Tous ces fentimens font indignes de Jefus-Chrift; parcequ'il n'aimoit rien de tout cela. Il fentoit feulement les incommodités réelles; mais il étoit abfolument insensible aux maux d'imagination..

Il n'avoit donc pas ces fortes de maux, mais il en avoit d'autres que nous reffentons bien peu. Tous les pechés des hom. mes lui étoient préfens, leur ingratitude, leur malice, la corruption de leur cœur, l'aveuglement de leur efprit. Il reflentoit tout cela à proportion de l'amour qu'il avoit pour la fainteté de Dien. Ceft ce qui a occupé fon esprit dès la naissance: & c'eft ce qu'il a pu confiderer dans le mauvais traitement qu'il a reçu des hommes. Heureux ceux qui reffentent les injuftices des hommes par rapport à Dieu, & non par rapport à eux! Elles ne font rien par rapport à eux, puifqu'elles ne les privent que de biens qu'ils ne doivent point aimer: mais elles font infinies par rapport à Dieu, parcequ'elles bleffent la jultice de Dieu qui eft infinie.

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JESUS, MARIE, JOSEPH dans la grote.

I

IL n'y a point de contemplation plus douce que de confiderer en ce tems facré ces trois perfonnes dans la grote. Toute la rerre vit dans un profond oubli de ce qu'ils y font, & ne pense pas même qu'ils foient au monde. Mais Dieu &

fes Anges regardent ce facré ternaire, comme tout ce qu'il y a de grand & d'excellent dans la terre, & regardent au contraire tout le reste du monde comme un néanr. Marie & Jofeph oublient parfaitement le monde, & font occupés uniquement de ce Dieu préfent à leurs yeux. Ce n'eft point par des paroles, ni par des cris d'allegreffe que leur facrécommerce s'exerce. La Parole éternelle réduite au filence par l'ordre de Dieu, ne parle qu'au cœur de Marie & de Jofeph. Et Marie & Jofeph voyant devant leurs yeux le filence de cette Parole éternelle, n'ofent le troubler par les leurs, & fe contentent de demeurer devant lui dans une admiration interieure en fuivant les mouvemens qu'ils reffentent, & s'y laillant conduire fans réfiftance.

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L'homme s'imagine quelquefois qu'il ne fait rien quand il ne fe remue pas, & qu'il ne produit pas au-dehors des actions éclatantes de zele & d'amour. Mais la parfaite pureté du cœur ne va pas à faire en tout tems de grandes chofes pour Dieu. Elle va à faire précisément ce qu'il veut de nous dans l'état où il nous met.. On ne voit point dans la fainte Vierge de raviffemens ni d'extafes Ce font des états ou Dieu met certaines ames qui

ont encore quelque chofe à affujettir & à domter: mais rien ne refiftoit dans la fainte Vierge à l'impreffion de Dieu. Elle agit felon qu'il la remue, fans faire aucune avance plus loin. Et rien ne nous peut mieux fervir que la confideration de la perfection de fon état & de fon repos, pour retrancher la mauvaife activité & les empreflemens de l'amour

HI.

propre.

On demande fouvent des méthodes d'oraison proportionnées aux mysteres que nous honorons. En voici une qui ne peut être plus convenable. Il n'y a qu'à fe tenir en efprit dans un coin de cette grotte en jouillant du fpectacle de ce qui s'y paffe. Jefus, Marie, Jofeph y vivent dans un commerce muet & tout interieur. Adorons auffi en efprit les difpofitions du Verbe incarné, & prions le qu'il verfe dans nos cœurs quelque goutte de cette abondance de graces qu'il a verfées dans le cœur de Marie & de Jofeph. Oublions tout le refte du monde, comme Marie & Jofeph l'oublierent: & prions les qu'ils en éreignent l'amour & le fouvenir dans nos cœurs, en nous obtenant d'être attachés uniquement à Jefus-Chrifl. Pour cela il n'eft point néceffaire de parler. Il n'y a qu'à fe tenir dans cette grote en filence en la présence de

JESUS. Il verra bien ce qu'il nous faut, & il connoît bien mieux nos befoins que nous.

LA CIRCONCISION.

I.

ESUS-CHRIST fans peché reçoit par la Circoncifion la marque du peché. Ceft une humiliation prodigieufe pour un Dieu qui eft la pureté même. Mais il falloit qu'il s'y foumit pour marquer qu'il s'étoit chargé des pechés des hommes, & qu'il étoit venu pour les répaparer, non par puiflance, mais par juftice, en prenant fur lui la peine qu'ils méritoient. Que fi Jesus-Christ a dû se revêtir de ces marques du peché, combien fommes nous plus obligés à nous en revêtir nous mêmes, c'eft-à dire, à nous reconnoître fincerement pécheurs? Ceft-là le fondement de l'humilité, de la pénitence, & de la patience chrétienne; & all contraire tout l'orgueil, toute l'impénitence, & toute l'impatience des hommes ne viennent que de ce qu'ils oublient qu'ils font pécheurs, & qu'un pécheur comme pécheur doit fe juger digne de toutes fortes de miferes & d'ignominies, felon qu'il eft dit: Impro

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