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1661.

lui-même, avec les compagnons, par
cette maifon; & il en étoit grand
temps, car la
de la fienne, brisée,
tomba en morceaux.

porte

Dans ce moment, arriva le fieur Defmarets, Sergent-major du Fort du Pollet, avec un détachement de feize foldats de fa petite garnifon; mais il fut mal reçu par les mutins, & fut forcé de fe retirer au plus vite. La Dame de Montigny eut la générofité de venir, en l'abfence de fon mari, leur représenter le tort qu'ils fe faifoient à eux-mêmes, & les punitions qui s'en fuivroient. Cette populace n'entendoit plus raifon : elle eut cependant affez d'égards, puisque, fans faire aucune infulte à cette Dame, les féditieux lui crièrent qu'elle n'avoit point d'autre parti à prendre, que de monter promptement à fon château.

Les Officiers municipaux, en corps, Le préfentèrent alors à cette populace, & lui commandèrent de fe féparer fur le champ, finon qu'ils fe verroient forcés, malgré eux de les y contraindre par les armes. En effet, il arrivoit dans le marché, deux compagnies bourgeoifes, auxquelles Les Echevins avoient commandé de

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prendre les armes; mais la populace
fans refpect pour fes Magiftrats, &
fans crainte de ces deux compagnies
fous les armes, n'écoutoit plus que le
plaifir barbare de fe venger de ceux à
qui elle attribuoit fa misère. Les mutins
injurièrent leurs Officiers municipaux,
en leur reprochant qu'ils n'étoient que
des gueux,
qui n'aimoient pas leur de-
voir, & qui avoient été affez lâches
pour n'avoir ofé s'oppofer aux man-
geries qui les avoient épuisés.

Les Échevins virent, avec chagrin, qu'il falloit employer la force pour appaifer cette fédition: ils commandérent aux deux compagnies, de fe préfenter, en ferrant bien leurs rangs, afin de pouffer devant elles, cette populace, en épargnant leur fang le plus qu'ils le pourroient.

Ces deux compagnies gagnèrent peu-à-peu du terrain, parce que le peuple ne fut pas affez téméraire pour leur faire face; mais il courut dans la rue des Cordonniers, enfoncer la maison du Receveur des droits fur le poiffon: il pilla fes meubles, & enleva quelques facs d'argent qu'il y trouva. Les deux compagnies bourgeoifes avoient bien fuivi ces mutins, mais elles ne l'avoient

1661.

1661. pu faire que lentement, parce que les féditieux s'étoient fait comme une arrière-garde, qui fe faifoit pouffer pas-à-pas, tandis que les premiers

avoient couru à la maifon de ce Receveur du poiffon. Enfin, dès que les deux compagnies y arrivèrent, cette populace, en la plus grande partie, courut à la porte du Pont, où elle pilloit déjà le bureau des droits d'entrée & de fortie, quand les deux compagnies parvinrent fur ce pont. Celui des deux Capitaines qui commandoit, comme plus ancien, ordonna à l'autre d'aller avec fa compagnie, chaffer les mutins de ce bureau, tandis qu'avec la fienne, il alloit garder le pont, de manière qu'aucun d'eux ne pourroit rentrer dans la ville. Les féditieux n'attendirent pas l'attaque de la feconde compagnie des bourgeois, ils s'enfuirent; & voyant le pont bien gardé, les uns fe fauvèrent dans les maifons du Pollet qui étoient de leur connoiffance, & les autres dans les villages voifins.

Le Capitaine commandant de ces deux compagnies avoit fait prendre ceux qui avoient marqué plus d'effronterie, & qui avoient fait réfiftance;

entr'autres, un nommé Peltier, connu 1661. pour mauvais fujet. L'Hôtel-de-Ville le fit pendre le jour même, & en fit fouetter trois autres des plus mal-famés d'entre ceux qui avoient été arrê tés. On inftruifit le procès de ceux qui avoient volé dans les bureaux des Commis; & comme ils étoient en fuite, ils furent contumacés, & enfuite condamnés à être pendus en effigie.

Suivant l'Ordonnance de l'Intendant de la Généralité, l'Hôtel-de-Ville rendit, des fonds de la Communauté, les fommes que les Commis déclarèrent leur avoir été prifes, & pava la valeur des dommages que les mutins avoient faits à leurs meubles; & cette fédition n'eut point de fuites plus fâcheufes.

Après la mort de M. le Duc de Longueville, le Roi donna ie gouvernement de notre Province à M. le Duc de Montaufier. Ce Seigneur fit à ce titre, fon entrée dans Dieppe, le 18 Juillet 1665.

Le 27 Octobre 1667, le Roi en fon 1667. Confeil, rendit un Arrêt qui confirme la compétence de la police, à l'Hôtelde-Ville de Dieppe, & qui règle en même temps, la préféance de ce Corps fur tous les autres, ainfi que le nombre

1667.

1668.

& la qualité de ceux qui doivent com-
pofer cette jurifdiction; ensemble l'or-
dre à tenir dans les élections & les
affemblées générales.

Le 12 Mars 1668, intervint un
Arrêt du Confeil, qui maintient les
bourgeois & pêcheurs en leur droit
d'hotage, liberté & franchife de ven-
dre leur poiffon dans Dieppe, rapporté
dans le Recueil ci-après.

Le Roi, par Lettres-patentes du 18 Janvier 1668, rapporté dans ledit Recueil, ordonna l'établiffement d'un Hôpital Général dans Dieppe. Sa Majefté donne, pour principal motif de cet établiffement, la commifération que méritent les matelots âgés, & l'a. vantage de bien élever leurs enfants. En voici les termes :

« Et comme il eft de tout temps » forti de notre bonne ville de Dieppe, » les plus expérimentés Capitaines, & » Pilotes les plus habiles, & les plus >> hardis navigateurs de l'Europe; que » ceux de ce lieu-là ont fait les pre»mières découvertes des pays les plus » éloignés; ce que les habitants d'icelle >> defirent continuer & conserver cette bonne réputation & notre eftime

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