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qu'il est fut reçu avec un tel applaudiffement, que. AN. 1176. pendant trois cens ans il a été regardé comme le corps de la theologie positive, & mis en parallelle avec le livre des fentences de Pierre Lombard, & le decret de Gratien: ce qui peut avoir donné occafion à la fable cruë pendant long-tems que ces trois auteurs étoient freres. Pierre Comeftor aprés avoir été doïen de l'église de Troïes fut chancelier de l'église de Paris en 1164., & ayant gouverné quelque tems l'école de theologie il fe retira à Rob. S. Maria: S. Victor, & mourut en 1179. laiffant par fon te- Hemer. de Acad. ftament aux pauvres, & aux églises tout ce qu'il avoit de bien. Il fut enterré à S. Victor où on lit encore fon épitaphe..

Autis. an. 1179.

Par. p 113.

LXI. Concile d'Albi,

to. x ep. 1470. Reger. Houend.p.

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Catel Langued

L'an 1176. l'archevêque de Narbone, & plufieurs évêques de fa province tinrent une affemblée, où Manichéens. furent jugez des heretiques, qui fe faifoient nommer les bons-hommes; & qui étoient foûtenus par la nobleffe de Lombers petite ville à deux lieuës d'Albi depuis ruinée: qu'il ne faut pas confondre p350. avec Lombés en Gafcogne depuis érigée en évêché. Ce jugement fut prononcé par Giraud évêque d'Albi, fuivant l'avis des juges nommez de part & d'autre, & en prefence de l'archevêque de Narbone, des évêques de Nifmes, de Toulouse, d'Agde, & plufieurs abbez & perfonnes diftinguées ecclefiaftiques & feculieres; avec un grand peuple d'Albi, de Lombers & d'autres lieux.

Gaucelin évêque de Lodeve, un des juges choifis interrogea ces prétendus Bon-hommes, par ordre de l'évêque d'Albi, qui avoit l'autorité com

AN. 1176. me diocefain; & leur demanda premierement s'ils recevoient la loi de Moïfe, & les autres livres de l'ancien teftament. Ils répondirent devant tous les affiftans qu'ils ne les recevoient point, mais feulement les évangiles, & le refte du nouveau testament. En second lieu, il les interrogea fur leur foi les invitant à l'expofer. Ils répondirent, qu'ils ne le feroient point s'ils n'y étoint contraints. En troiziéme lieu il leur demanda s'ils croïoient que les enfans fuffent fauvez par le bâteme. Ils répondirent qu'ils ne s'expliqueroient point fur cet article, mais qu'ils répondroient par les évangiles & les épîtres. Le quatriéme article fut touchant le corps, & le fang de N. S. Il leur demanda où il étoit confacré, par qui, qui le recevoit; & s'il étoit également confacré par un bon, & par un mauvais miniftre. Ils répondirent, que ceux qui le recevoient dignement étoient fauvez, ceux qui le recevoient indignement s'atiroient leur damnation; & ajoûterent, que tout homme de bien tant clerc que laïque le confacroit: prétendant toûjours ne devoir point être contraints à répondre fur leur foi.

Le cinquième article fut ce qu'ils penfoient du mariage; & fi l'homme & la femme, ufant de la liberté qu'il donne, fe pouvoient fauver. Ils ne vou lurent repondre autre chofe, finon que cette liberté eft accordée à caufe de la fornication: fur quoi ils citerent S. Paul. Le fixiéme article fut de la pe. Cor. v11. 2. nitence, fi elle étoit falutaire à la fin de la vie fi les gens de guerre blessez à mort pouvoient se sau

ver par ce moyen; fi on devoit confeffer fes pe- AN. 1176. chez aux prêtres ou aux laïques indifferemment; & de qui parle faint Jacques, quand il dit: Confeffez vos pechez les uns aux autres. Ils repondirent, Jac. v. 16. qu'il suffisoit aux malades de fe confesser à qui ils .voudroient ; & ne voulurent rien dire fur les gens de guerre, parce que faint Jacques ne parle que des malades. L'évêque leur demanda encore fi la contrition du cœur & la confeffion de la bouche fuffifoient, & s'il n'étoit pas neceffaire d'y ajoûter la fatisfaction par les jeûnes, les macerations & les aumônes. Ils répondirent que faint Jacques ne parloit que de la confeffion, qu'ils ne vouloient pas être meilleurs que cet apôtre, ni rien ajoûter du leur, comme font les évêques.

Jac. v. 12.

Ils dirent encore beaucoup de chofes furquoi on Matt v.34 ne les interrogeoit point: favoir qu'on ne doit faire aucun ferment, fuivant ce que dit J. C. dans l'évangile & S. Jacques dans fon épître. Que S. Paul marque les qualitez que doivent avoir les évêques & les prêtres. Si on ne les ordonne pas tels ; ce ne font ni des évêques ni des prêtres, mais des loups raviflans, des hypocrites, & des feducteurs, qui aiment les falutations & les premieres places, & fe font appeller docteurs & maîtres contre le precepte de J. C. portant des habits blancs & des anneaux Matth. xx111. », d'or aux doigts, ce qui n'a pas ordonné. A quoi ils ajoûtent plufieurs autres reproches injurieux, concluant qu'on ne devoit point leur obéir, parce n'étoient que des mercenaires & des prêtres femblables à ceux qui livrerent J. C. Ces dif

ce que ce

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AN. 1276. Cours furent refutez par l'archevêque de Narbone, l'évêque de Nifme, l'abbé de Sendras & l'abbé de Fontfroide ; qui citerent plufieurs autoritez du nouveau testament ; & aprés que l'on eut oui ce qui avoit été dit de part & d'autre, on fit silence, & l'évêque de Lodeve prononça ainsi la sentence defiuitive.

Matt. v. 17.
Jo. v. 46.

Luc. XXIV. 27.

Rom. x. 10.

1. Pet. 111.15.

Matt. XVI. 15.

fan. 11. 27.

Moi Gaucelin évêque de Lodeve, par ordre de l'évêque d'Albi & de fes affeffeurs, je juge que ces prétendus Bons-hommes font heretiques ; & je condamne la fecte d'Olivier & de fes compagnons, qui eft celle des heretiques de Lombers quelque part qu'ils foient. Enfuite il raporta les autoritez du nouveau teftament par lesquelles ils étoient convaincus d'herefie, dont voici les principales. Sur le premier article J. C. dit: Je ne fuis pas venu obolir la loi mais l'accomplir. Si vous croyez à Moïfe vous me croiriez auffi. Et encore: Il leur expliquoit les écritures, commençant par Moïfe. Dans la transfiguration Moïfe & Elie parurent avec lui, pour lui rendre témoignage. Sur le fecond article l'évêque prouva la necessité de confesser la foi, parce que faint Paul dit: On croit de cœur pour la justice, & on confesse de bouche le falut; & faint Pierre veut que nous soyons toûjours prêts à rendre compte de nôtre esperance à quiconque nous le demande. Aussi quand J.C. lui demanda & aux autres apôtres ce qu'ils difoient de lui, il répondit au nom de tous: Vous étes le Chrift le fils du Dieu vivant ; & fainte Marthe interrogée sur sa foi fit une femblable réponse.

pour

Par

1. Tim. 11. 41

Par-là on convainquoit de menfonge ces hereti- AN. 1176. ques, qui fe vantoient de ne point mentir; car c'eft une espece de menfonge que de fe taire quand on doit parler. Sur le troifiéme article qui étoit du bâtême des enfans, S. Paul dit: Dieu veut que tous les hommes foient fauvez; or ils ne le peuvent être fens le batême, puisque J. C. dit; Si quelqu'un n'est pas regeneré par l'eau & le faint Efprit, il n'en- Joan. III. 5trera point dans le royaume des cieux; donc exclure les enfans du batême,c'eft les exclure du falut, contre la volonté de Dieu. Il est vrai qu'il eft impoffi- Hebr. 11. Gi ble de plaire à Dieu fansla foi, mais fi on demande

par

la foi de qui les enfans font fauvez, nous difons que c'est par la foi de l'églife ou de leurs parains comme le paralitique fut gueri par la foi de ceux qui le prefentoient, & la fille de la Cananée par la foi de la mere. Sur le quatrième article de l'eucariftie. Elle eft confacrée par la vertu des paroles de N. S. Ceci est mon corps, ceci eft mon fang; sa confecration ne dépend donc point du merite ou de la dignité du miniftere. Or il paroît par plufieurs paffages de faint Paul que les évêques, les prêtres & les diacres font dans l'église des miniftres de la parole & des facremens.

Quant au cinquiéme article du mariage: J. C. a Joan. 11. honoré les nôces de fa prefence & de fon premier Matt. x1x. 6. miracle, & il a dit, que l'homme ne doit point

feparer ce que Dieu a joint. Saint Paul a dit, que 1. Cor. VII. 38. celui qui marie sa fille fait bien ; & a défendu aux mariez de fe refufer le devoir conjugal. Il dit encore: Je veux que les jeunes veuves fe marient & 1. Tim. v. 41

Tome XV.

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