ÄN. 1176. Matt. XVI. 19. 1. Tim. YB. I. qu'elles ayent des enfans. Sur l'article de la peni- que les pretendus Bons-hommes étoient de ces seducteurs ignorans & indociles que S. Paul avoit predit . Ils répondirent que c'étoit l'évêque lui-même qui étoit un heretique , un hypocrite & un faux pasteur , & qu'ils étoient prêts de le montrer par l'évangile & les épitres. L'évêque de son côté solltint que sa sentence étoit juridique, & qu'il étoit prêt de le prouver dans la Cour du pape Alexandre, en celle du roi de France Louis, en celle de Raimond comte de Touloufe, ou de Constance son épouse soeur du roi Loüis qui étoit presente , & en celle de Trincavel vicomte de Beziers qui étoit aussi present. Les pretendus Bons-hommes së voyant ainsicondamnez , s'adresserent au peuple ; & firent une profeffion de foi qui étoit catholique , declarant expressement qu'il faut croire de coeur & confesser le de J. C. ne doit être reçu. l'on doit recevoir la penitence du prêtre. Mais quand l'évêque de Lodeve leur demanda s:ils vouloient jurer que telle fut leur croyance: ils répondirent, qu'absolument ils ne jureroient point: de bouche ; que Dieu jura par Philip. 1.8 VI. 13• Gal. 1. 20, parce que ce seroit contrevenir à l'évangile, & aux An. 1176. epîtres. Sur quoi l'évêque prononça de nouveau qu'ils étoient heretiques en cet article même; & qu'étant diffamez, & notez d'heresie, ils devoient s'en purger par serment : s'ils vouloient rentrer dans l'unité de l'église. Il montra ensuite que le ferment est permis: par ce qui est dit dans l'apocalypse, que l'ange jura par celui qui vit dans les spot.z. . Hobi Siecle des fiecles; & S. Paul dit que Dieu jura par lui-même, n'aïant personne plus grand que lui par lequel il pût jurer ; & l'apotre lui même prend louvent Dieu à témoin, ce qui est un serment. Les heretiques dirent, que l'évêque d'Albi leur avoit promis de ne les point contraindre à jurer: mais ille nia. Alors cet évêque se leva, & dit : Je confirme, & j'aprouve la sentence que vient de prononcer Gaucelin évêque de Lodeve, comme donnée par mon ordre; & je défends aux chevaliers de Lombers de proteger ces heretiques en vertu du traité qu'ils ont fait avec moi. L'abbé de Castres, & trois autres qui avoient été choisis pour juges confirmerent aussi la sentence: enfin elle fut souscrite par les assistans, & nommément par Pons archevêque de Narbonne, Arnaudévêque de Nismes, Gaucelin de Toulouse, Guillaume d'Agde, Raimond ab bé de S. Pons, Henri abbé de Gaillac, & quelques autres ecclesiastiques distinguez. Entre les laïques Trincavel vicomte de Beziers, Constance comtesse de Toulouse, Sicard vicomte de Lautrec. Il est évident par ce recit tiré des actes originaux que ces heretiques nommez depuis Albigeois, étoient LXII. de Milan. 18. Apr. Boll. to. 10. Po 5954 AN 1176. des Manichéens: puisqu'ils rejettoient l'ancien tefs tament , & condamnoient le mariage. Il y en avoit aussi en Lombardie connus sous le Fin de S. Galdin nom de Cathares ; & ils s'étoient introduits & auVita S.. Gald. torisez à Milan pendant que cette ville étoit au pouvoir des schismatiques. Ils s'y maintenoient & y faisoient du progrés, même depuis qu'elle eut: été retablie , & donnerent une ample matiere au: zele de S. Galdin qui en étoit archevêque. Il prêchoit souvent contre eux, pour tirer son peuple de cette erreur insensée;. & les instruisoit ensuite des veritez de la foi. Cette année 1176, le dix-huitiémo d'Avril étoit le second dimanche aprés Pâques, & S. Galdin avoit été sacré archevêque à un pareil Sup: liv. Lx31. dimanche dix ans auparavant. Ce jour donc il alla celebrer l'office en l'église de sainte Tecle : mais se trouvant trop foible pour dire la messe , il la fio dire. par. Algise tresorier de fà cathedrale. Avant l'évangile il monta au jubé, & fit un trés-beau sermon contre ces heretiques, refutant. clairement prouvant: là foi catholique pas l'évangile, & par les peres. Aprés qu'il eut achevé de parler il se sentit si mal qu'il vit bien qu'il étoit prés de la fin: on le coucha doncement dans le jubé même, & aprés que la messe fut finie , il se recommanda par signe aux prieres des aslistans , & rendit l'esprit . Il fut enterré sous le même jubé & il se fit plusieurs miracles à son tombeau. L'église honore la memoire le jour de la mort. Son luc cesseur fut Algise de Pirouane tresorier & chance: lier de l'église de Milan, parent de l'archevêque. leurs erreurs, Marigr. R. 18. Apre AN. 1176. Ubert predecesseur de S. Galdin. Mais comme il y eut de la division dans le clergé de Milan, Algise ne fut élu que six semaines aprés, c'est-à-dire au commencement de Juillet.. LIVRE SOIXANTETREFSIEME, I. Frideric resola schirme Alex. ap. p. 140. Ers la fin du mois de Mai 1196. l'empereur Frideric ayant reçû les troupes qu'il atten- à quitter le doit d'Allemagna, commença à ravager les terres des Milanois, qu'il croïoit surprendre : mais ils Baron. 175. étoient si bien sur leurs gardes, qu'ils marcherent corio... par. contre lui le samedi quatriéme de Juin, & donnerent une sanglante battaille. L'empereur ayant eu son cheval tué sous lui disparut, & fut quelque tems orû mort : son armée fut entierement defaite, &le. butin immense. Cette victoire assura la liberté des villes de Lombardie, & ruina en Italie la puissance des empereurs Allemans. Frideric fut d'autant plus frapé de ce coup, que les seigneurs tant ecclesiastiques que seculieres qui l'avvient suivi jusques-là le menacerent de l'abandonner s'il ne faisoit sa prix avec l'église. Il resolut donc de se reconcilieri sincerement avec le pape Alexandre, & pour cet effet il envoïa Veremond archevêque de Magdebourg, Christien de Maien ce, Conrad élû évêque de Vormes & Veremond protonotaire de son royaume : qui étant venu jufques à Tibur manderent au pape qui étoit à Anagoi la cause de leur voyage, & ayant obtenu un Ggg iij 1 AN. 1176. Ckr In. Cek. .1176. sauf-conduit , ils furent reçûs par deux cardinaux & per les capitaines de Campanie , & conduits avec honneur à Anagni où ils arriverete le vingtuniéme d'Octobre. Le lendemain le pape leur donna audience en consistoire: ils se presenterent avec grand respect, & demeurant debout ils dirent: L'empereur notre maître desire ardemment de donner la paix à l'église Romaine, & à la ville de Rome : c'ést pourquoi il nous a envoïez vers vous avec un plein pouvoir: vous priant instamment que le traité qui fut commencé l'année passée , & demeura imparfait pour nos pechez, soit maintenant terminé. Le pape ravi de cet heureux changement répondit d'un visage tranquile: Nous avons une grande joïe de votre arrivée, & nous ne pouvons aprendre en ce monde de plus agreable nou«velle que celle de la paix : s'il est ainsi que nôtre empereur, que nous reconnoissons pour le plus grand entre les princes du monde, veüille nous la donner veritable. Mais afin qu'elle soit entiere, it faut qu'il la donne aussi à nos alliez , principalement au Roi de Sicile, aux Lombards , & à l'empereur de Conftantinople. Les envoïez louerent le discours du pape, & ajoû. terent: Nous avons ordre de l'empereur de conferer en secret avec vous, & avec les cardinaux : parce que nous savons que de part & d'autre il y a des gens mal intentionnez qui ne souhaitent pas la paix. Alors tous les assistans se retirerent, & le pape avec les cardinaux, & les envoïez passerent dans la chambre du conseil, ou ils entrerent en |