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CONSTAN

TIN

An. 325.

XXXV.
Difcours de

Conftantin.
Euf. vit. la

» Mes vœux font accomplis. De toutes les faveurs dont le Roi du > ciel & de la terre a daigné me combler, celle que je défirois avec le plus d'ardeur, c'étoit de vous voir affemblés & réunis dans le même efprit. Je jouis de ce bonheur; graces en foient rendues au Tout-puif- 3. c. 129 fant. Que l'ennemi de la paix ne vienne plus troubler la nôtre. Après que par le fecours du Dieu Sauveur nous avons détruit la tyrannie de » ces impies qui lui faifoient une guerre ouverte,que l'efprit de malice n'o»fe plus deformais attaquer par la rufe & l'artifice notre fainte Religion. Je le dis du fond du cœur; les difcordes intestines de l'Eglife de Dieu font à mes yeux les plus périlleux de tous les combats. Victorieux de mes ennemis, je me flattois de n'avoir plus qu'à louer l'auteur de mes vic» toires, & à partager avec vous ma reconnoiffance & le fruit de mes fuccès. La nouvelle de vos divifions m'a plongé dans une douleur »amere. C'eft pour remédier à ce mal le plus funefte de tous, que je vous

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An.

325.

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ai affemblés fans délai, La joie que

CONSTAN-me donne votre préfence ne fera parfaite que par la réunion de vos cœurs. Miniftres d'un Dieu pacifi»que, faites renaître entre vous cet efprit de charité que vous devez infpirer aux autres; étouffez toute » femence de difcorde, affermiffez en » ce jour une paix inaltérable. Ce fera »l'offrande la plus agréable au Dieu » que vous fervez, & le préfent le plus précieux à un prince qui le fert avec vous ».

XXXVI.

Concile.

Ce difcours prononcé en latin par Liberté du l'Empereur, fut enfuite interprété en Euf. vit. 1. grec, la plupart des Peres du Concile 3, C. 13. n'entendant que cette langue. ConfSo. 1. 1. c. tantin les parloit toutes deux; mais Herm, vie de le latin étoit encore la langue régnanS. Athan. l. te, & la majefté impériale ne s'exprl

39.

2.

l.

moit point autrement. L'Empereur ne donna aucune atteinte à la liberté du concile: il la laiffa toute entiere aux Ariens avant que le jugement fût prononcé. Dans les vives conteftations qui s'éleverent entre eux & les Catholiques, le prince écoutoit tout avec attention & avec patience; il

fe prêtoit aux propofitions de part & d'autre ; il appuyoit celles qui lui paroiffoient propres à rapprocher les efprits; il s'efforçoit de vaincre l'opiniatreté par fa douceur, par la force de fes raifons, par des inftances preffantes & par des remontrances affaifonnées d'éloges.Il faut pourtant convenir que la présence du fouverain dans un concile étoit un exemple dangereux, dont Conftance abufa depuis dans les conciles d'Antioche & de Milan.

CONSTAN

TIN.

An. 325.

tialité du

nos.

Athan. epift. contra AriaTheod. l. 1. 7, 8. art. 9. Fleury Hift.

Till. Arian.

Les Ariens présenterent une pro- xxxvI. feffion de foi artificieufement com- Confubftanpofée. Elle révolta tous les efprits; Verbe. on fe récria; elle fut mife en pieces. On lut une lettre d'Eufebe de Nicomédie remplie de blafphêmes fi outrageans contre la perfonne du Fils de Dieu, que les Peres, pour ne les point entendre fe boucherent les oreilles on la déchira avec horreur. Les Catholiques vouloient dreffer un fymbole, qui ne fût fufceptible d'aucune ambiguité, d'aucune interprétation favorable au dogme impie d'Arius, & qui exclât abfolument de la perfonne de Jefus

Eccl. l. 11.c.

12.

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Chrift toute idée de créature. Les

CONSTAN Ariens au contraire ne cherchoient qu'à fortir d'embarras en fauvant l'erAn. 325 reur fous l'équivoque des termes. D'abord on exigea d'eux qu'ils reconnuffent, felon les faintes Ecritures, que Jefus-Chrift eft par nature Fils unique de Dieu, fon verbe, fa vertu, fon unique fageffe, fplendeur de fa gloire,caractere de fa fubftance: ils ne firent aucune difficulté d'adopter tous ces termes, parce que felon eux, ils n'étoient pas incompatibles avec la qualité de créature. Ils trouvoient moyen de pratiquer dans toutes ces expreffions un retranchement à l'erreur. Mais on les força tout à fait, quand en ramaffant dans un feul mot les notions répandues dans l'Ecriture touchant le Fils de Dieu, on leur propofa de déclarer qu'il étoit confubftantiel à fon Pere. Ce mot fut pour eux un coup de foudre; il ne laiffoit aucun fubterfuge à l'hérésie; c'étoit reconnoître que le Fils eft en tout égal à fon Pere & le même Dieu que lui. Auffi s'écrierent-ils que ce terme étoit nouveau, qu'il n'étoit point au

torifé
par les Ecritures. On leur répli-
qua que les termes dont ils fe fervoient
pour dégrader le Fils de Dieu ne fe
trouvoient pas non plus dans les livres
faints; que d'ailleurs ce mot étoit déja
confacré par l'ufage qu'en avoient
fait près de quatre-vingt ans aupa-
ravant d'illuftres Evêques de Rome
& d'Alexandrie ( c'étoient les deux
faints Denys) pour confondre les
adverfaires de la divinité de Jefus-
Chrift. Les Peres du concile fe tin-
rent conftamment attachés à ce ter-
me qui tranchoit toutes les fubtilités
d'Arius, & qui fut depuis ce tems le
fignal diftinctif des Orthodoxes &
des Ariens. Ce qu'il y a de remar-
quable, c'eft que ce glaive dont ils
égorgeoient l'héréfie, leur avoit été
fourni par l'héréfie même: on avoit
lû une lettre d'Eufebe de Nicomédie,
dans laquelle il difoit que reconnoî-
tre le Fils incréé, ce feroit le décla-
rer confubftantiel à fon Pere.

CONSTAN

TIN.

An. 325

Jugement

Tous les Orthodoxes étant d'ac- xxxvIII. cord fur la foi de l'Eglife, en fouf- du Concile. crivirent le formulaire dreffé par Athan, ad Ofius, & prononcerent l'anathême Solit.

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