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'Ifidore, cité par Pline, que Voffius confond avec celui-ci,eft tout à fait différent. Celui dont il s'agit ici, fut, au rapport de Suidas, un Mathématicien trèshabile. Il avoit écrit fur les corps réguliers, & fon difciple Hypfide paroît avoir emprunté de lui une partie des deux livres qu'il donna fur ce fujet, & qu'on voit à la fuite des treize d'Euclide.

ISIEIS. (a) terme qui fe lit dans les Abraxas. On croit que ce mot aura été mis pour celui de Jéfus.

ISIES, Ifia. Voyez lfées. ISIONDA, Ifionda, (b) ville de l'Afie mineure dans la Pamphylie, felon Tite-Live. Ceux de Termeffe, après s'être rendu maîtres de cette ville, faifoient le fiege de la fortereffe, l'an 189 avant J. C. Les habitans, qui n'efpéroient d'ailleurs aucun fecours, envoyerent des Ambaffadeurs au Conful Cn. Manlius pour lui demander fa protection, & lui repréfenter qu'enfermés dans cette place avec leurs femmes & leurs enfans, il n'y avoit point de jour où ils ne fuffent expofés à périr ou par la faim, ou par le fer de

(a) Antiq. expl. par D. Bern. de Montf. Tom. II. pag. 371.

(b) Tit. Liv. L. XXXVIII. c. 15. (c) Tacit. Annal. L. XIII. c. 37. Crév. Hift. des Emp. Tom. II. p. 291. (d) Juven. Satyr. XII. v. 93. Diod. Sicul. pag. 7. & feq. Herod. L. II. c. 41, 59, 156. L. IV. c. 186. Plut. T. 1. P 941, 90. Tom. II. pag. 341. & feq. Myth. par M. P'Abb. Ban. Tom. I. p. 29, 178, 179, 323, 332. Tom. II. p.

leurs ennemis. Le Conful qui ne cherchoit que l'occafion d'entrer dans la Pamphylie, alia faire lever le fiege d'lfionda, & accorda la paix aux Termeffiens, moyennant la fomme de cinquante talens qu'ils lui comp

terent.

Cette ville d'Ifionda eft fans doute la même que quelqu'une de celles que les Notices nomment Ifindi.

ISIONDENSES, Ifiondenfes, les habitans d'Ifionda. Voyez fionda.

ISIQUES, Ifichi, (c) nation Afiatique, felon Tacite. Cette nation n'avoit point encore été alliée des Romains, l'an de Jefus-Chrift 63. Ce fut cette année qu'elle fe mit pour la première fois à ravager les cantons de l'Arménie les plus inaccessibles. Ainfi, il faut chercher les Ifiques quelque part

vers cette contrée.

ISIS, Ifis, '615, (d) déeffe des Egyptiens. Comme les Grecs voulcient ramener toute l'Antiquité à leur Hiftoire, ils n'ont pas manqué de publier que la fable d'lis étoit originaire de la Grece; & pour cela ils ont confondu cette Déeffe

292. & (niv Antiq. expl. par D. Bern. de Montf. Tom. I. p. 156, 311. Toin. II. p. 271. & fuiv. Tom. III. p. 39, 53, 58 73. Mém. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. I. p. 200. Tom. III. pag. 123. & fuiv. Tom. IV. pag. 31. de fuiv. Tom. V. pag. 63, 64. & fuiv. T. IX. pag. 23. Tom. XII. p. 27. Tom. XIV. pag. 7. & fuiv. Tom. XVI. p. 28, 53, 64, 82, 83, 99.

avec Io, fille d'Inachus, roi d'Argos. Ovide, qui avoit recueilli dans fes Métamorphofes la plupart des anciennes traditions des Grecs, raconte ainfi cette fable, que nous ne ferons pourtant qu'abréger, parce que nous l'avons racontée dans un plus grand détail fous l'article d'lo.

Jupiter devint amoureux de cette Princeffe, & pour éviter la fureur de Junon, jaloufe de cette intrigue, il la changea en vache. Junon, qui parut touchée de la beauté de cette vache, la lui ayant demandée, & Jupiter n'ayant ofé la lui refufer, de peur d'augmenter fes foup,çons, elle la donna en garde à Argus qui avoit cent yeux, lui ordonnant d'employer tous fes foins, pour empêcher qu'elle ne lui fût enlevée. Mais, Jupiter envoya Mercure, qui, ayant endormi le vigilant gardien par les doux accens de fa flûte, lui coupa la tête & délivra lo. Junon irritée envoya une Furie pour perfécuter cette malheureufe Princeffe, qui fur fi agitée des remords qu'elle lui infpira, qu'ayant traverfé la mer, elle alla d'abord dans l'Illyrie, paffa le mont Hémus, arriva en Scythie, & dans le païs des Cimmériens; & après avoir erré dans différens autres païs, elle s'arrêta enfin fur les bords du Nil, où Jupiter ayant appaifé Junon, fa première figure lui fut rendue. Ce fur-là qu'elle accoucha d'Epaphus; & étant morte quelque tems après,

les Égyptiens l'honorerent fous le nom d'Ifis.

Il eft aifé de voir que c'eftlà une véritable Hiftoire, défigurée par les fictions qu'on y a mêlées; mais, il est très-difficile d'en bien découvrir la vérité. Il y a trois opinions fur la fameufe Io.

La première eft celle de prefque tous les Grecs, qui pour fe faire honneur d'une déeffe fi renommée, ont publié qu'elle étoit fille d'Inachus, premier roi d'Argos; que Jupiter l'enleva, & l'emmena dans l'isle de Crete; qu'il en eut un fils, nommé Epaphus, roi d'Égypte, pere de Libye; qu'elle paffa enfuite en Égypte, où elle époufa Ofiris. Les mêmes Auteurs difent que cet Ofiris étoit le même qu'Apis, fils de Phoronée, fecond roi d'Argos, qui ayant laiffé le royaume à Égialée fon frere, alla s'établir en Égypte, où il se rendit fi fameux pendant fon regne, qu'il mérita d'être mis après la mort au rang des Dieux, fous le nom de Sérapis.

Suivant cette idée, on explique fort bien la fable d'Ovide, en difant qu'lo, Prêtreffe de Junon, fur aimée de Jupiter Apis, roi d'Argos; que Niobé fa femme, qui s'appelloit auffi Junon, en ayant conçu de la jaloufie, la mit fous la garde de fon oncle Argus, homme très-vigilant, ce qui lui a fait donner par les Poëtes ce grand nombre d'yeux; qu'Apis le fir mourir pour ravoir sa maîtreffe;

que celle-ci pour éviter la vengeance de Niobé, s'emba¶qua fur un vaiffeau qui portoit la figure d'une vache fur fa proue, ce qui donna lieu à fa métamorphofe; & qu'elle accoucha d'Epaphus dont elle étoit grofle. Mais, il ne faut pas s'imaginer, comme quelques Auteurs l'ont cru, qu'elle paffa en Égypte, & qu'après avoir changé de nom, les Égyptiens l'honorerent comme une déeffe, qu'en un mot elle foit la même qu'Ifis.

La feconde opinion au fujet d'lo, eft celle de Paufanias, qui a cru que cette Princesse étoit véritablement originaire de Grece, mais qu'elle étoit moins ancienne que celle dont nous venons de parler. Elle n'étoit pas fille d'Inachus, mais d'Ifaus, fils de Triopas, feptième roi d'Argos; & en effet fi Danaüs & Egyptus fes petits-fils, ne vécurent que vers l'an 1420 avant Jefus-Christ, qui eft le tems auquel le premier de ces deux Princes paffa en Grece, Io n'a dû vivre que long-tems après Inachus. On peut ajoûter, pour confirmer ce fentiment ce que dit Hérodote, qu'lo fut enlevée par des marchands

Phéniciens à Argos, ville floriffante; car, outre que cette ville ne prit ce nom que d'Argus, fon quatrième Roi, pouvoit-elle être floriffante du tems d'Inachus fon fondateur ?

On convient qu'il y eut dans la Grece une Princeffe nommée Io, foir qu'elle fût fille d'Ina

chus, ou d'Ifaüs; qu'elle fuc aimée d'un Prince qui portoit le nom de Jupiter, & que c'eft celui-là même que l'ancienne mythologie a appellé le Jupiter d'Argos. On eft d'accord même avec Hérodote, qui dit au commencement de fon hiftoire, que cette Princeffe fut enlevée, par des marchands Phéniciens, en repréfailles de ce qu'on avoit autrefois enlevé Europe, fille d'Agénor, roi de Phénicie ; mais, elle ne paffa jamais en Égypte, & on ne peut pas la confondre avec Ifis, plus ancienne qu'elle de plufieurs fiecles, fans renverfer toutes les traditions des Égyptiens. Io fut perfécutée par Junon, qui lui fit parcourir toute la terre; lfis, qui le fut par fon beau-frere Typhon, ne fortit jamais d'Égypte. L'une, après avoir été la maîtreffe d'un roi d'Argos, fut enfuite enlevée par des étrangers; l'autre eut pour époux fon frere Ofiris, & vécut avec lui dans une grande union. Ifis apprit aux Égyptiens plufieurs arts utiles à la vie; on ne raconte rien de pareil d'Io. Qu'est-ce qui peut donc avoir donné lieu aux Grecs de confondre ces deux perfonnes? Nous répondons que ce fut l'introduction du culte d'Ifis dans la Grece, fur-tout dans la ville d'Argos. Car, comme le remarque judicieufement Hérodote, l'introduction du culte de quelque Dieu dans un païs étranger, étoit regardée comme la naiffance de ce même Dieu dans

le lieu où ce culte étoit établi. Inachus apprit aux Grecs à honorer lis; les Grecs la regarderent comme sa fille. Cécrops dans la fuite porta dans l'Autique le culte de Minerve, honorée à Saïs fa patrie; on publia de même que cette déeffe, que les Grecs nommoient Athéné, étoit la fille de ce Prince. On voit par-là combien est juste la réflexion d Hérodcte, & en même tems qu'il ne faut pas chercher d'autre origine à cette fable.

Pour ce qui regarde les perfécutions de Junon, qu'Ovide raconte dans un fi grand détail, on peut dire avec beaucoup de vraisemblance, que ce Poëte a fait allusion à la jaloufie de la femme du roi d'Argos, qui peut-être fit fouffrir bien des maux à fa rivale; & que fi le mari portoit le nom de Jupiter, la femme pouvoit fort bien fe faire appeller Junon. Mais, il eft tems de rapporter la véritable hiftoire d'Ifis.

Les Égyptiens, au rapport de Diodore de Sicile & de Plutarque, affuroient que cette Princeffe étoit née dans leur païs ; qu'elle épousa Ofiris; que celui-ci vivoit avec elle dans une parfaite union, & qu'ils s'appliquoient l'un & l'autre à polir leurs fujets, à leur enfeigner l'agriculture, & plufieurs autres arts néceffaires à la vie. Diodore de Sicile ajoûte qu'Oliris ayant formé le deffein d'aller jufques dans les Indes pour les conquérir, moins par

la force des armes que par la douceur, leva une armée compofée d'hommes & de femmes; & qu'après avoir etabli Ifis régente de fon royaume, & laiffé près d'elle Mercure & Hercule, dont le premier étoit chef de fɔn corfeil, & le fecond, intendant des provinces, il partit pour fon expédition, où il fut fi heureux, que tous les païs où il alla, se soumirent a fon Empire.

Ce Prince, étant de retour en Égypte, trouva que fon frere Typhon avoit fait des brigues contre le gouvernement, & s'étoit rendu redoutable. Julius Firmicus ajoûte même qu'il avoit fuborné fa belle - fœur Ifis. Oûris, qui étoit ua Prince pacifique, entreprit de calmer cet efprit ambitieux; mais, Typhon, bien loin de fe foumettre à fon frere, ne fongea qu'à le perfécuter, & à lui dreffer des embûches. Plutarque nous apprend de quelle manière enfin il lui fit perdre la vie. Typhon, dit-il, l'ayant invité à un fuperbe feftin, propofa après le repas aux conviés, de fe meturer dans un coffre d'un travail exquis, promettant de le donner à celui qui feroit de même grandeur. Oliris s'y étant mis à fon tour, les conjurés fe leverent de table, fermerent le coffre,& le jetterent dans le Ni'.

Ifis, informée de la fin tragique de fon époux, fe mit en devoir de chercher fon corps; & ayant appris qu'il étoit dans la Phénicie, caché fous un ta

marin, où les flots l'avoient jetré, elle alla à la cour de Byblos, où elle fe mit au fervice d'Aftarté, pour avoir plus de commodité de le découvrir. Enfin, après des peines infinies, elle le trouva, & fit de fi grandes lamentations, que le fils du Roi de Byblos en mourut de regret ; ce qui toucha fi fort le Roi fon pere, qu'il permit à Ifis d'enlever ce corps & de fe retirer en Égypte. Typhon, informé du deuil de fa belle-feur, ouvrit le coffre, mit en pièces le corps d'Ofiris, & en fit porter les membres en différens endroits de l'Égypte. Ifis ramaffa avec foin fes membres épars, les enferma dans des cercueils, & confacra les repréfentations des parties qu'elle n'avoit pu trouver; de-là l'ufage du Phallus devenu fi célebre dans toutes les cérémonies religieufes des Égyptiens. Enfin, après avoir répandu bien des larmes, elle le fit enterrer à Abyde, ville fituée à l'occident du Nil. Que fi les Anciens placent le tombeau d'Ofiris en d'autres endroits, c'eft qu'Ifis en fit élever un pour chaque partie du corps de fon mari, dans le lieu même où elle l'avoit trouvée.

Cependant, Typhon fongeoit

em

à affermir fon nouvel pire; mais, lis ayant donné quelque relâche à fon affiction, fit promptement affembler fes troupes, & les mit & les mit fous la conduite d'Orus fon fils. Ce jeune Prince pourfuivit le tyran, & le vainquit

dans deux batailles rangées.

Il est peu de divinites, dont il nous refte autant de monumens, qu'il nous en refte d'Ifis; il en eft auffi peu fur lesquelles les Sçavans de tous les âges aient plus exercé leur imagination, qu'ils l'ont fait au fujer de cette déeffe. Plutarque a fait un livre d'lfis & d'Ofiris; mais, on ne peut que s'étonner que la fureur des étymologies ne fe foit pas étendue fur le nom d'une divinité célebre. Ces recherches fouvent plus curieufes que d'autres fur lefquelles quelques Sçavans fe font exercés, n'auroient cependant pas laiffé de répandre un certain jour fur la nature de cette divinité, & par-là même fur le culte faftueux & prefque univerfel qui lui étoit rendu.

Une ancienne racine arabe ifcia, fignifie exifter invariablement, avoir une existence propre, fixe, & durable; de-là ¿vía des Grecs, effentia, étudia, poteftas, facultas; & chez les Latins, ces anciens mots du fiecle d'Ennius, incorporés par nos Grammairiens modernes dans le verbe auxiliaire fum, es, eft, eftis, effe. On ett bien convaincu aujourd'hui que les langues Phéniciennes & Egyptiennes étoient des dia

lectes d'une autre ancienne langue; d'où l'on peut conclure fans trop hazarder, que le mot Ifis eft un dérivé d'Iscia, & marquoit dans fon origine l'effence propre des chofes, la nature; ce qui, pour le dire en paffant, juftifieroit cet ancien culte

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