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XXIX.

fes bénédictions. Les dons miraculeux des lan CHAPITRE gues, des guérifons, de prohétie, de révélation, d'inspiration, furent très - communs dans les commencements, & fe confervérent longGen. to. 5. temps. Le nombre infini de martyrs, dont le fang rendoit l'Eglife féconde; les folitaires qui leur fuccédérent après la paix de l'Eglife, & qui changérent des campagnes arides & brûlantes en un jardin de délices; les Evêques ilJuftres en fainteté, & remplis de lumière pour inftruire l'Eglife; la docilité & l'obéiffance des peuples pleins de refpect pour l'autorité des Pafteurs, & de religion pour nos mystéres, furent les fept années d'abondance, dont le fiécle des Apôtres étoit la premiére.

Gen. to. 5.

Sept années de famine.

La famine prédite par Jesus-Christ a fuccédé à cette abondance. La charité s'est réfroidie : la foi eft devenue rare : les bons

exemples ont été prefque étouffez par la multitude des fcandales: les ténébres de l'ignorance, ou d'une fauffe fcience, ont pris la place de la lumiére, je veux dire de cette haute connoiffance de Jefus-Chrift, fans laquelle tout le refte ne conduit à rien : on s'est contenté d'une dévotion fuperficielle, au lieu de la folide piété des anciens : l'Evangile a été négligé, les loix de la pénitence oubliées, & les régles des mœurs perverties.

Il y a du bled en Egypte, où Jofeph commande,

Mais au milieu d'une indigence fi générale, J. C. s'eft réfervé du bled pour fa famille. Ce bled, fous un nom fort fimple, couvre tout ce qui peut nourrir la foi & la piété. Les Ecritures, l'intelligence de ce pain célefte; les véritez ré

élées & pour le dogme & pour les mœurs;

les bons exemples dans chaque fiéccle; les Flûs CHAPITRE qui ne se sanctifient jamais hors de l'Eglife, & XXIX. qui feront toujours la principale richeffe ; les Sacrements, & les autres moyens de falut; enfin la grace intérieure, qui eft véritablement le pain de l'ame & du cœur font le bled que le véritable Jofeph a réservé dans des greniers pour les années de famine, comme un refte précieux des années d'abondance.

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Ce bled ne fe trouve que dans l'Eglife où régne Jefus-Chrift. Partout ailleurs la difette eft extrême, & tout y meurt de faim. L'Eglife de Jefus Chrift, dans les temps mêmes de la plus grande ftérilité, a du bled en réserve; & c'est le feul royaume où il y en ait. Il faut quitter toutes les autres fociétez, pour y venir chercher la nourriture & la vie.

Pharaon envoye à Jofeph tous ceux qui lui demandent du pain. Joseph vend le bled aux Egyptiens, comme aux autres.

Mais on ne peut rien obtenir, fi l'on ne s'adreffe à Jefus Chrift lui-même. C'est à

Jean. 6. 27

lui que le Pére célefte nous envoye: Celui-ci eft Luc. 9. 35. mon fils bien-aimé : écoutez-le. Nous-irions inutilement fans luilau thrône du Prince, pour demander grace. La premiére vérité falutaire, eft que fans le Fils on n'obtiendra rien. Il distribuc La nourriture qui fe conferve jusques dans la vie éternelle: & il eft lui-même cette nourriture: il 1bid. v. 33a eft le pain de Dieu qui vient du ciel, & qui donne la vie au monde. Perfonne ne vivra que par lui. Tous ceux qu'il n'aura pas nourris mourLont de faim; foit parce qu'ils ignorent où il a du bled, foit parce qu'ils refufent celui

qu'on leur offre, en s'imaginant qu'on le me CHAPITRE à un trop haut prix.

XXIX.

Liv. du Par.

Jof.., 7.

£fa. 55. 1.

Car il faut acheter ce bled, pour en avoir ; & Jefus-Chrift le vend aux hommes. Mais le prix qu'il en exige, dit S. Ambroife, n'est pas de l'argent: c'est la foi, & les fentiments d'une piété fincére. Or c'eft de lui-même que vient la foi & la piété. Ainfi il vend, & donne gratuitement tout enfemble,puifque lui-même donne de quoi achèter ce qu'il vend. Allons donc à lui, ajoute ce faint Docteur,pour acheter de quoi nous nourrir dans la faim qui nous preffe. Que perfonne ne foit arrêté par la vue de fa propre indigence. Que ceux qui n'ont point d'argent ne craignent point: ce n'eft pas avec de telles richeffes qu'il faut s'approcher de Jefus-Chrift,mais avec la foi,qui eft une monnoie tout autrement précieuse. Aussi le Prophéte Ifaie dit-il, Venez aux eaux vous tous qui avez foif;& vous qui n'avez point d'argent, accourrez, achetez, & mangez.

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An du M.

$297.

CHAPITRE XX X.

Enfants de Jacob en Egypte. Ils font traitez durement par Jofeph, & renvoyez enfuite avec du bled & leur argeent. Ordre d'amener Benjamin. Simeon demeure pour ôtage. Gen. 42.

J

ACOB ayant appris qu'on vendoit du bled en Egypte, commanda à fes enfants d'y aller. Ils partirent au nombre de dix. Car Jacob retint Benjamin

auprès

auprès de lui, de peur, dit-il, qu'il ne

lui arrive quelque accident fâcheux CHA P. dans le chemin.

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Etant arrivez en Egypte, ils parurent devant Jofeph, & l'adorérent. Jofeph les reconnut d'abord ; & en les voyant profternez devant lui, il fe fouvint des fonges qu'il avoit eu autrefois : mais il ne fe fit point connoître à eux. Il leur parla même fort durement. D'où venez-vous leur dit-il? Ils répondirent: Nous venons du pays de Chanaan pour acheter des vivres. Jofeph repartit: Vous êtes des efpions. Vous êtes venus pour reconnoître les lieux les moins fortifiez du pays. Non, mon Seigneur, répondirent-iis, vos ferviteurs font venus feulement pour acheter des vivres. Nous fommés douze frères, tous enfants d'un même homme, qui demeure dans le pays de Chanaan. Le dernier de tous eft avec notre pére, & l'autre n'eft plus. Hé bien, reprit Jofeph, je m'en vais éprouver fi vous dites la vérité. Vous ne partirez point d'ici, que votre plus jeune frére ne foit venu. Envoyez l'un de vous pour l'amener. En attendant vous demeurerez prifonniers : car affurément vous êtes des efpions. Il les fit donc mettre en prison pendant trois jours. Tome I.

T

XXX.

Le troifiéme jour il leur dit : Faites CHAP. ce que je vais vous dire, & vous viXXX. vrez car je crains Dieu. Si vous m'a

vez parlé felon la vérité, que l'un de vos frères demeure dans la prifon où vous avez été. Vous autres, allez-vousen emportez du bled pour le befoin de vos familles, & amenez-moi votre jeune frére. Il fallut y confentir: & ils fe difoient l'un à l'autre en leur langue : C'est avec juftice que nous fouffrons tout ceci, parce que nous avons péché contre notre frére. Nous le voyions accablé de douleur, lorfqu'il nous prioit d'avoir pitié de lui: mais nous ne voulûmes pas l'écouter. C'eft pour cela que ce malheur nous eft arrivé. Ruben l'un d'entre eux leur difoit: Ne vous le disje pas alors, Ne vous rendez point coupables d'un fi grand crime contre cet enfant. Cependant vous ne m'écoutâtes point. C'eft fon fang maintenant que Dieu vous redemande, En parlant ainfi, ils ne fçavoient pas que Jofeph les entendit, parce qu'il leur parloit par interpréte. Il fe retira pour un moment, & verfa des larmes puis il rentra pour leur parler. Alors il fit prendre Siméon, & le fit lier devant eux; puis il commanda fecrettement à ses officiers d'emplir leurs facs de bled,

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