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Bliffement de la paix publique, dont le même Empereur Maximilien avoit jetté les fondemens à la Diéte de Wormes, en 1495. Tous les efforts de fes prédéceffeurs n'avoient pu faire ceffer l'Anarchie, qui défoloit l'Allemagne ; la négligence de Fréderic. III, pere de Maximilien, avoit encore redoublé la licence, Électeurs, Princes, Gentilshommes, Villes Municipales, Payfans, tout s'armoit, tout faifoit la guerre, & croyoit avoir droit de la faire`, pourvu qu'elle fût précédée d'un défi. Les Boulangers du Palatinat défioient les Villes voifines. Le Comte de Solms étoit défié par fon cuifinier & par fon marmiton. La France avoit auffi éprouvé autrefois les mêmes horreurs, mais elle avoit fçu s'en délivrer plutôt. En général le Gouvernement François, forti du même berceau que le Gouvernement Germanique c'eft-à-dire de la domination Carlovingienne, fut long-temps en proie aux mêmes abus, toute la différence ne confifte que dans les

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moyens tentés de part & d'autre pour parvenir à les corriger. L'évé¬ nement a fait voir que la France avoit pris la voie la plus sûre, en réuniffant toute l'autorité fur la tête de fes Rois, tandis que l'Allemagne partageant & diminuant fans. ceffe l'autorité de fes Chefs n'a fait qu'irriter fes maux par les remédes même qu'elle employoit pour les guérir. On a vu combien d'affociations & de ligues le projet de rétablir la paix publique avoit fait naître ; toutes ces ligues, néceffairement jalouses & ennemies, troùbloient fans ceffe la paix qu'elles prétendoient établir; tout le monde pouvoit faire du mal & tout le monde en faifoit, Les loix ofoient à peine faire entendre leur voix impuiffante & méprifée, Toutes les ordonnances pour le maintien de la paix publique, n'avoient jamais été portées que pour un temps fort court; on s'eftimoit trop heureux quand on pouvoit les faire obferver pendant quelques années; le Clergé de fon côté, en publiant

fa trève du Seigneur, n'ofoit rien enjoindre ni rien défendre, de peur de révolter des hommes indociles & violens, il fe contentoit d'exhorter avec douceur les brigands à modérer leurs excès; on ufoit de ménagement avec le crime, & le crime plus infolent se prévaloit de cette foiblesse.

Enfin le vœu de tous les Etats de l'Empire avoit produit fous Maximilien ce recès de la Diéte de Wormes, confirmé depuis par tant d'autres recès, & qui eft connu parmi les loix de l'Empire, fous le nom de la Paix publique ou de la Paix profane.

39.

Par ce recès les défis particuliers Puffendorf, furent abrogés & différentes peines chapit. . . prononcées contre les infracteurs ; on ôta même tout prétexte à l'infraction, un Tribunal fuprême fut érigé pour juger les différens qui naîtroient entre les Etats; c'eft ce Tribunal qu'on nomme la Chambre Impériale.

Dans cette même Diéte de Wormes, l'Empereur fit un acte de

foibleffe bien mémorable, en promettant de ne faire aucune alliance au nom de l'Empire fans le confentement des Etats. C'étoit la premiere fois que les Empereurs dépouillés de tant de droits, raffaffiés de tant d'outrages, avoient vu leur liberté restrainte à cet égard par une loi publique, depuis que P'Empire étoit forti de la Maifon Carlovingienne.

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Les Etats voulurent encore faire un autre affront à leur Chef, celui d'établir au milieu même de fa Cour un Confeil perpétuel de Régence, qui fût autorifé à faire tous les réglemens convenables au bien de l'Allemagne ; après beaucoup d'oppofitions de la part de l'Empereur & beaucoup d'inftances de la part des Etats, on fupprima le nom & on établit la chofe; on nomma huit Confeillers, chargés de fuivre la Cour Impériale & d'y veiller aux intérêts de l'Empire, c'eft ce qu'on appella le Confeil Aulique. C'étoient huit efpions donnés à l'Empereur, huit cenfeurs de fa conduite, huit

juges de fes actions; mais la Cour fit fur eux fon effet ordinaire, de féduire & de corrompre. Les Empereurs fçurent tourner à leur avantage & mettre dans leur dépendancé cet établissement injurieux & gênant qui s'étoit formé malgré eux. Ils l'ont même oppofé avec fuccès à la Chambre Impériale, & la concurrence qui s'eft élevée entre ces deux Tribunaux, a rendu quelque Jurif-diction aux Empereurs; mais en prenant le Confeil Aulique dans le temps que nous confidérons, c'està-dire à la mort de Maximilien, ce n'étoit qu'un nouveau Monument de la tyrannie exercée par les Etats fur les Empereurs.

RECAPITULATION.

EN refumant tout ce qui vient d'être remarqué fur les différentes Périodes du Gouvernement Germanique, on voit que depuis la décadence des Princes Carliens, & la tranflation de l'Empire en Allemagne jufqu'à la mort de Maximilien, la

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