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& il s'y fait fentir d'une maniere touchan. te & convainquante, & capable de diffiper les tenebres qui pourroient refter dans vôtre efprit; il ne les faut pas negliger; car la lumiere de la grace eft paffagere, & comme elle vient tout d'un coup, elle difparoft de même, quand on la méprife. La priere eft le moïen de la retenir, & Jefus - Christ qui frappe à la porte de vôtre cœur ne l'abandonnera point,fi vous vous donnez humblement à lui, & fi vous lui foumettez vôtre efprit, comme à celui qui eft le Docteur de la verité, & la verité même ; je le prie de tout mon cœur d'achever ce qu'il a commencé en vous, afin que ma joïe foit parfaite, Ut gaudium meum fit plenum, vous me pardonnerez bien ces mots de Latin, qui font de l'Apôtre, & vous croïrez que je fuis parfaitement.

LETTRE CLXI.

A Monfieur le Marquis de Cafaux. Il le congratule fur fon rappel.

MONSI

ONSIEUR,

Je pense que vous ne trouverez pas mau. vais que n'aïant plus ny tête ny jambes je ne porte pas à Graffe la moitié de moi-même pour vous aller témoigner la joïe que m'a

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donné la nouvelle de vôtre rapel; il eft vrai qu'elle eft mêlée d'un peu de trifteffe, nous privant de la prefence d'une perfonne auffi confiderable que vous, & pour qui j'ai tant de refpect & de paffion. Ce n'eft point un compliment que je vous fais, c'eft une veritable expreffion des fentimens de mon cœur, dans lequel je conferverai toûjours vôtre fouvenir, & un ardent defir, de vous pouvoir témoigner que je fuis trés- veritablement vôtre, &c.

LETTRE CLXII.

Au P. Provincial de la Doctrine Chrétienne; fur l'établissement des Peres de cette Congregation dans fon Diocéfe.

TRE'S REVEREND PERE,

Je vous écris pour vous avertir de la refolution derniere que j'ai faite de loger vos Percs à Nôtre-Dame de la Rat, au lieu de la place de faint Michel. J'ai confideré que la Chapelle eft toute faite, qu'elle eft meublée des ornemens neceffaires, que la devotion du peuple y eft établie, & que ceux qui voudront y venir fe confeffer le peuvent faire fans paffer par la Ville, ce qui eft fort commode & fort confiderable; d'ailleurs l'air eft meilleur qu'à faint Michel, & il

m'eft commode à caufe de la proximité de mon jardin, pour y bâtir une petite retraite, le logement eft prefque tout fait, & devant fix mois je verrai vos Peres logez, ce qui ne peut être en un autre lieu à caufe de la dépenfe qu'il faut neceffairement faire pour bâtir une Maison de fonds en comble & une Chapelle. Je fuis vieux & je ferai bien-aise de voir vîtement mon ouvrage achevé, & non pas le laiffer imparfait, ce qui mettroit toutes mes affaires domeftiques en defordre. Il n'y a perfonne,qui n'aprouve ce changement, & je vous crois trop raifonnable pour n'en être pas d'avis. Enfin c'eft ma refolution derniere & je ne puis faire autre chofe je crois que vous vous y accommoderez, & que vous ne me donnerez pas fujet de me plaindre de vous, & de me repentir du bien que j'ai voulu faire à la Congregation, laquelle j'ai preferé à toutes les autres, & à laquelle je continuerai toûjours ma bonne volonté, pourvû qu'elle ne s'en rende pas indigne. Je fuis de tout mon cœur.

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A Monfeigneur le Coadjuteur. Excellente penfee Jur le Sacre d'un Evêque.

M

ONS

ONSEIGNEUR,

Je n'ai point reçû de vos nouvelles par cet ordinaire, & je veux croire que vôtre Sacre vous aura empêché de m'écrire. On a publié par tout le Diocéfe l'Ordonnance pour les prieres publiques. J'efpere que Dieu les exaucera, & qu'il vous remplira de l'efprit Epif copal,comme on le lui demandera, &comme il vous eft neceffaire. Le Sacre d'un Evêque eft comme fa conception & comme fa naiffance: Et fi fes difpofitions fe trouvent faintes, elles continuent toute fa vie, & même s'augmentent jufqu'à le rendre, un homme parfait, c'eft à dire un homme de Dieu,comme le nomme l'Apôtre. Ufque ad menfuram ætatis plenitudinis Chrifti. Je fuis tout à vous.

Ce 26. Février 1672..

LET TRE CLXIV.

A Monfeigneur le Coadjuteur ; fentimens
d'humilité & de pieté.

MONSE

ONSEIGNEUR,

Nous avons joint dans le Diocéfe nos prie

res & nos Sacrifices avec vôtre Sacre, & nous nous promettons de la mifericorde de Dieu qu'elle vous fera un homme tout-à-fait nouveau pour la conduite de ce pauvre Diocefe. Il attend vôtre arrivée avec impatience, & pour moi j'en ai une que je ne vous puis exprimer ; car tous les jours je deviens plus impatient & plus inutile. Ce m'eft fans doute une grande mortification de me voir en l'état où je fuis, mais auffi m'eft-ce un fujet de patience & d'humilité fi j'en fçai bien ufer. Que l'homme eft peu de chofe? que l'efprit humain cft foible, & qu'il y a peu de fujet de fe glorifier de fes plus belles productions! Je me confolerai aifement de la perte de ces lumieres, pourvû que mon cœur ne perde pas la chaleur de l'amour de Dieu à qui je veux être toute ma

vie.

Mandez-moi des nouvelles particulieres 'de vôtre Sacre, & comment tout s'eft paffé; quels ont été vos confacrans, & où la ceremonie s'eft faite.

Avant que de partir, je vous prie de voir Madame la Ducheffe de Longueville, de recevoir fes commandemens. Adicu. Je fuis tout à vous.

A Vence le 27. Février 1672.

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