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Après J. C.
L'an 644.
Se-li-pi-
khan.

Tam-chou.

fadeur qui offrit fincerement des fecours pour la guerre de Corée, & qui fut bien reçu de l'Empereur.

Cependant le Khan des Turcs nommé Se-li-pi étoit campé au nord fleuve Hoam où il étoit expofé continuellement aux incurfions des Sie-yen-to; il commandoit à cent mille hommes, mais il ne pouvoit les gouverner = la plupart de fes fujets repafferent au midi du Hoam & l'Empereur les plaça entre les deux villes de Chingtcheou & de Hia-tcheou dans le pays d'Ortous: le Khan fe rendit à la Cour où il voulut demeurer, portant le titre de Capitaine des Gardes. Quelques Miniftres s'y oppoferent fous prétexte qu'il n'étoit pas à propos, dans le tems qu'on alloit marcher en Corée, d'introduire ainfi les Turcs dans l'Empire, ils vouloient que l'Empereur reftât à Lo-yam pendant que fes généraux commanderoient fes armées: mais Tai-tçung leur répondit que ces barbares étoient des hommes comme les Chinois, & qu'on devoit les gouverL'an 645 ner par des exemples de vertu. Se-li-pi-khan fuivit l'Empereur dans la Corée, où il fut blefié d'un coup de fléche. Tai-tçung pour lui donner une preuve de fon amitié vouloit fuccer fa bleffure: après cette expédition, le Khan mourut à Si-gan-fou. Le rebelle qui s'étoit rendu maître de la Corée, nommé Kou-fou-ven, voyant que toutes les armées Chinoifes conduites par l'Empereur lui-même alloient lui tomber fur les bras avoit cherché des fecours chez les Princes étrangers fes voifins, dont le plus puiffant étoit alors le Khan des Sie-yen-to. Il lui avoit envoyé un Tartare de la nation des Mo-ko pour lui propo fer de réunir fes forces aux fiennes ; mais le Khan Tchintchou qui craignoit l'Empereur n'ofa fe déclarer contre les Chinois. Il tomba malade dans cet intervalle, & mourut. Il avoit deux enfants, l'aîné nommé Ye-mam auquel il avoit donné le titre de Tou-li-che-khan avec le gouvernement des Provinces orientales; le fecond qui gouvernoit celles de l'occident étoit nommé Pa-cho, & avoit le titre de Su-che-hou-khan. Ye-mam ne s'étoit point fait aimer de fes fujets. Après la mort de fon pere comme il fe défioit de Pa-cho, il voulut emmener fes Hordes, mais Pa

Lie-tai-kiSu.

Kam-mo.

cho le poursuivit & le tua. Ce dernier devenu maître abfolu de tous les pays que poffedoient les Sie-yen-to prit Après J. C. le titre de Kie-li-kiu-li-fie-cha-to-mi-khan.

L'an 645.
Se-li-pi-

Lie-tai ki

Ce nouveau Khan profitant de l'occafion que l'Empe- khan. reur de la Chine étoit dans le Leao-tong vint faire une f. incurfion dans le pays d'Ortous, & ravagea les environs Kam-mee de Hia-tcheou, autrement Ning-hia dans le Chen-fy. L'Empereur avoit laiffé au nord de cette place un officier nommé Chi-che-fie-li avec des Turcs pour garder tout le pays. Les Sie-yen-to furent repouffés & pourfuivis à plus de fix cens li, & les Chinois pénétrerent jufqu'au nord du défert. Le Khan des Sie-yen-to après avoir levé de nouvelles troupes revint à Hia-tcheou. Alors Taotçung & plufieurs généraux raffemblerent toute la milice des environs, ce qui empêcha que le Khan qui en fut inftruit, ne pénétrât plus avant dans le midi.

Les Tartares orientaux qui avoient été foumis ancien- Lie-tai-ki nement aux Turcs étoient paffés fous la domination des fu. Się-yen-to, mais à l'occafion de la guerre de Corée ils s'étoient en quelque façon divifés, les uns avoient pris parti pour la Chine, les autres pour les Coréens. Les Tartares Kitans & les Ki au nord du Leao-tong avoient réuni leurs troupes à celles des Chinois, pendant que les Mo-ko qui habitoient proche le fleuve Amour au nord des Niu-che avoient armé pour la Corée. Telle étoit la fituation de cette partie orientale de l'Afie, l'Empire Turc étoit détruit ou au moins le Grand Khan n'étoit plus que le vaffal des Chinois. Les Sie-yen-to qui s'étoient établis fur les débris de l'Empire Turc s'affoiblifloient de plus en plus, & la plupart des peuples Tartares abandonnoient infenfiblement leur parti pour s'attacher aux Hoei-ke defcendus des anciens Huns qui étoient établis le long du Toula & du Selinga, où ils venoient de se revolter contre les Sie-yen-to. Ce fut là l'origine_d'un nouvel Empire qui abforba dans la fuite ceux des Turcs orientaux & occidentaux jufqu'à la mer Cafpienne. Pendant que le Khan des Sie-yen-to étoit occupé à Lie-tai-kifaire la guerre aux Chinois dans le pays d'Ortous où il

L'an 646.

fu.

Kam-me.

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avoit reçu déja plufieurs échecs, d'abord de la part des Turcs qui y étoient établis, & enfuite de la part des troupes Chinoifes que l'Empereur avoit envoyées, il apprit que toutes ces Hordes des Hoei-ke commandées par un chef nommé Tou-mi-tou avoient pris les armes. Il vola au fecours de fon pays, mais fa préfence n'arrêta pas le défordre les Hoei-ke mécontens de fon gouvernement battirent fes armées, le tuerent & s'emparerent. de fes Etats. Les Sie-yen-to furent obligés de paffer plus à l'occident vers les monts Altai où ils établirent un neveu de Cha-tou-mi-khan appellé Tou-mi-tchi en qualité de Khan. Ce Prince demanda à faire la paix avec les Chinois, & la permiffion de demeurer au nord de la montagne Yo-toukiun-chan (a) vers l'Orghon. L'Empereur y confentit & envoya un officier pour les y inftaller. Mais les Hoeike, en faveur defquels Tai-tçung s'étoit décidé, appréhenderent d'être inquiétés du côté du nord par ces peuples. Alors l'Empereur fe transporta lui - même jufqu'à Lingtcheou pour être plus à portée de rétablir la paix dans la Tartarie il envoya un général à la montagne Yotou-kiun-chan, & le Khan des Sie-yen-to avec les Hordes qui l'avoient fuivi fut obligé de fe rendre. On pourfuivit les autres dont on tua cinq mille hommes, on fit trente mille prifonniers, & on amena ce Prince à la Cour de la Chine où il eut une charge de Capitaine des gardes imperiales. Le général Tao-tçung avec un autre corps de troupes avoit paffé le défert & étoit tombé fur un corps de Sie-yen-to, commandé par un Tarkhan nommé Apo,

:

& les avoit battus.

La déroute de cette nation répandit la joye parmi les Hoei-ke, tous les chefs des Hordes envoyerent des ambaffadeurs à la Chine pour fe déclarer vaffaux de l'Empire; ils s'approcherent d'avantage du côté du midi jufqu'à la montagne O-lan- chan proche le pays d'Ortous.

Alors les Turcs fe releverent & femblerent vouloir fe rétablir, un Prince de la famille des Afena, né dans

(a) On l'appelle encore Ou-te-kiun. C'est Erdeni-tchao.

Après J. C.

khan.

Tam show.

les Hordes foumifes à Tou-li-khan & nommé Ho-po, autrement Tche-pi avoit porté long-tems le titre de petit Lan 646. Khan après la déroute de Kie-li-khan plusieurs Hordes Tche-piTurques l'avoient fuivi & avoient voulu le proclamer Kam-mo. Grand Khan; mais les Sie-yen-to l'avoient prévenu, I-nan Lie-tai-kiavoit reçu ce titre, & Ho-po qui n'étoit pas en état de fu lui résister avoit pris le parti de fe foumettre. Comme le nouveau Khan avoit réfolu de fe défaire de lui; pour conferver fa vie il avoit été obligé de fe fauver: on l'avoit poursuivi, mais il avoit eu le bonheur de vaincre ses ennemis & de gagner le nord des monts Altai, où il avoit rencontré une montagne efcarpée de toutes parts, & qui ne laiffoit qu'un fentier qu'il avoit pris; il étoit entré dans une belle plaine où il étoit cantonné avec les sujets qu'il avoit, prenant le titre d'Y-tchou-tche-pi-khan. Infenfiblement un grand nombre de Turcs vinrent chercher un afyle auprès de lui, & en peu de tems il fe trouva à la tête de trente mille hommes. Il foumit les peuples voi- L'an 647. fins & fit continuellement des courfes chez les Sie-yento. Après que ceux-ci eurent été détruits, il envoya fon fils Cha-po-lo vers l'Empereur de la Chine, avec des préfens pour demander la permiffion de s'y rendre en perfonne; ce n'étoit cependant pas fon deffein, il ne fongeoit, Lan 648 en faifant cette propofition qu'il ne croyoit pas qu'on ac- f. ceptât, qu'à fe procurer la protection de la Chine. Auffi ne répondit-il pas aux ambaffadeurs que l'Empereur lui envoya pour l'engager à venir à la Cour, non-feulement il le refufa, mais il tua même un des ambaffadeurs. Cette conduite avec la Chine ne fervit qu'à ruiner ses affaires dans la Tartarie. Les Chinois y étoient redoutés, plufieurs de fes fujets fe déciderent en leur faveur. Les Kie-kou autrement nommés Kien-kuen qui demeuroient au nord des fources du Selinga vers l'Obi, qui avoient été foumis aux Sie-yen-to, & enfuite à Tche - pi - khan leur envoyerent auffi des ambaffadeurs pour fe déclarer vaffaux de l'Empire. Ces peuples étoient grands de taille, avoient des chevaux roux. & les yeux bleus.

D'un autre côté l'Empereur de la Chine envoya dans la

L'an 619.

Tche-pikhan.

Lie-tai-kiSu.

Kam-mo.

L'an 650.

Après J.C. Tartarie le général Kao-kan à la tête des troupes Chinoifes & de celles que les Tartares Hoei-ke & Pou-koù fournirent. Cette armée ne fut pas plutôt entrée dans le Turkestan que les Hordes Turques fe foumirent. La plupart s'étoient revoltées contre leur Khan & il avoit été oblige de fuir; Tam-chou. les Chinois le poursuivirent, le firent prifonnier & l'amenerent à Si-gan-fou, où l'Empereur Kao - tçong qui regnoit alors, l'offrit dans le temple de fes ancêtres, & lui accorda la vie. On établit alors des officiers pour gouverner les Turcs on donna un titre au Khan & on le renvoya en Tartarie dépouillé de toute autorité. Ce grand échec que reçurent les Turcs en cette occafion procura à la Chine une paix de trente ans, pendant lefquels ces peuples n'y firent aucune incurfion.

Kam-mo.

L'an 664.

Su.

Kam-mo.
Tam-chi.

Il étoit refté dans les environs de Ta-tong-fou, dans Lie-tai-ki- la Chine, trois cens tentes de Turques; c'est-à-dire trois cens familles qui y avoient été tranfportées dans le tems que le Général Li-tcing défit ccs peuples. Elles étoient commandées par un chef nommé Ven-tchuen Afete, & s'y étoient multipliées confidérablement: elles voulurent alors être gouvernées par un homme qui portât le titre de Khan, elles le demanderent à l'Empereur qui choifit Ventchuen Afete; mais au lieu du titre de Khan, il lui donna celui de Tanjou que portoient anciennement les Empereurs des Huns. Elles ne furent pas long-tems en paix L'an 679 avec la Chine, Ce nouveau Tanjou avec deux Hordes fe révolta & donna le titre de Khan à Afena-ni-cho- fou : les chefs de toutes les autres Hordes fuivirent cet exemple, & mirent fur pied cent mille hommes. Les Géné raux Chinois qui furent envoyés pour arrêter leurs progrès eurent d'abord quelques avantages, mais ne s'étant point affez tenus fur leur garde, & d'ailleurs accablés par la grande quantité de neiges, ils furent battus & obligés de prendre la fuite, après avoir perdu la plus grande partie de leur monde, les Turcs entrerent dans la Chine par le Chanfy, s'avancerent jufqu'à Ting-tcheou dans le Petcheli, & prirent cette place par la trahifon de quelques L'an 610. Chinois. L'Empereur de la Chine donna le commande

Ni-cho-fou

khan.

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