Soyez foumis aux grands fans aucune bassesse; Prêtez de bonne grace, avec difcernement; noître. Compatiffez toujours aux difgraces d'autrui ; Ne reprochez jamais les plaifirs que vous faites; Et faites toujours cas de ce que l'on vous donne. * LIVRE III, ENIGMES, LOGOGRYPHES, Epitaphes, Devifes, Chanfons morales de Collége, Cantiques, Noëls & quelques Hymnes de çois. ENIGME I L'ABEILLE. Préféntée à Madame Baland de Saint A l'homme je fers de leçon: Ceffe d'éclairer de fes feux De tous leurs feftins magnifiques; Et tendre envers le miférable, Aux pauvres je fournis un mêts délicieux; Mêts exquis, mêts plus doux que le nectar des Dieux. ENIGME II. L'ABEILLE. Préfentée à Monfieur & à Madame Milin; par Charuel, Prêtre. 1766. Q UAND la terre a perdu fa verdure & fes fleurs ; Et que, des aquilons j'éprouve les rigueurs, Dans un fombre manoir l'affreux hiver m'entraîne Triftes jours de ma vie, où je fubfifte à peine ; Mais lorsque le foleil, en fuperbe vainqueur, Calme des vents du nord la rage & la fureur Ce bel aftre du jour par la douce influence Vient alors me tirer d'une morne indolence: Abandonnant bientôt mon repos ennuyeux, Je reprends mon travail, charme & plaifir des yeux; Avec tous mes outils me mettant en campagne, Je vole en mille Heux, où l'ardeur m'accom pagne; Et faifant aux humains le préfent le plus doux, Malheur, à qui d'entr'eux, me fait mettre en courroux; Mon ouvrage, à la Cour & jufqu'au Sanctuaire ENIGM E III L'ORGUE. Dédiée à M. d'Aquin, Organifie du Roi, par N... 1756. T JE fuis fait pour parler, & non pour autre chofe, Hélas! s'il me falloit penser, Que j'aurois fouvent bouche clofe! Ainfi quand on m'écoute, on doit m'en dispensér, D'autres pour moi s'en donneront la peine. que fournit l'haleine. Qu'on me touche du bout du doigt; La langue auffi-tôt me fretille Il n'eft que de jafer tant Comme Nonnain fait à la grille; C'eft fon ufage, & moi je le dis, c'eft mon droit, Il m'eft commun avec tous ceux de ma famille, Mais d'où vient, diras-tu, cette démangeaifon; Surtout lorfqu'en partage on n'a pas la raifon? Que veux-tu, cher Lecteur, je ne fçaurois qu'y faire, Quand on eft plein de vent, comment pouvoir Le taire, Si pour toi mon babil ne peut avoir d'appas, Je te plains; mais pour moi je ne changerai pas, ENIGME IV. LE SERPENT, Inftrument de Mufique. 1744 D'UN fameux perfonnage Grand ennemi de la vertu, De doux baifers, mais innocent Mais il faut pour cela que lui-même en perfonne, En me fermant la bouche, ouvre & ferme mes yeux, |