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Hicr. de fcrip.

Iven. ap. Euf.

IV. C. 20.

lib.

tique, le feptiéme avant les calendes de May, le grand famedi à huit heures : c'eft-à-dire le vingtcinquiéme d'Avril à deux heures aprés midi. Ils ajoûtent: Il a été pris par Herode, fous le fouverain pontife Philippe de Tralles, & le proconful Statius Quadratus. A la fin de cette lettre on a trouvé ce qui fuit,dans les anciens exemplaires : Ceci a été tranfcrit fur la copie d'Irenée difciple de Polycarpe, par Gaïus quia vécu avec Irenée : & moi Socrate je l'ai écrit à Corinthe, fur la copie de Gaïus. La grace foit avec tous. Et moi Pionius, je l'ai écrit fur le precedent: aprés que je l'eus cherché, & que Polycarpe me l'eût fait connoître par revelation, comme je dirai ensuite, J'ai recueilli ceci déja presque gâté par le temps, afin que le Seigneur J. C. me recueille avec fes élûs. A lui la gloire avec le Pere & le S. Efprit dans les fiecles des fiecles. Amen.

Il ne nous refte de S. Polycarpe que la lettre aux Philippiens: mais il eft certain qu'il en avoit écrit plufieurs autres aux églifes voifines, pour les confirmer dans la foi; & à quelques particuliers, pour les inftruire & les exhorter. Sa réputation étoit grande, même chez les payens. Il laissa plufieurs difciples, dont quelques-uns vinrent dans Adon. Martyr, les Gaules. Savoir S. Irenée qui fut évêque de Lion, & quiavoit été auprés de lui dés l'enfance: S. Andoche prêtre, S. Thyrfe diacre, & S. Felix, qui fouffrirent le martyre à Austun, & S. Benigne prêtre, qui le fouffrit à Dijon:

24. Sep.

Ce

L.

Martyre de S.

Prolonée, &c. x fuftino.

Ce fut alors que S. Justin écrivit la feconde apologie pour fe plaindre de l'injuftice des magiltrats envers les chrétiens, & voici quelle en fut 17. l'occafion particuliere. Il y avoit à Rome une femme dont le mari étoit extraordinairement débauché: & elle avoit accoûtumé d'avoir pour lui des complaifances criminelles. Etant devenuë chrétienne, elle ne fe contenta pas de fe corriger elle-même; elle voulut encore perfuader à fon mari, de quitter ses habitudes infames, par la confideration du feu éternel, dont font menacez, ceux qui ne vivent pas felon la raison. Ces remontrances n'ayant fait qu'aliener d'elle l'efprit de fon mari, elle étoit réfoluë de le quitter entierement, pour n'être plus expofée à fes paffions brutales: mais fes amis lui perfuaderent de se contraindre pour un temps; comme si le mari eût donné quelque efperance de correction. Cependant il s'en alla à Alexandrie, où elle apprit qu'il fe plongeoit dans le crime de plus en plus; ce qui la fit réfoudre à fe féparer, & elle lui dénonça le divorce, fuivant les loix. Le mari de retour à Rome l'accufa devant l'empereur d'être chrétienne. Elle de fon côté prefenta une requête, demandant qu'il lui fut permis de regler fes affaires domestiques, & promettant enfuite de répondre à l'accufation, ce qui lui fut accordé.

Son mari ne pouvant plus la poursuivre ; s'en prit à un nommé Prolomée, qui l'avoit inftruite dans les faintes lettres: l'accufa devant Urbicius Tome 1. Mmm

Euf. iv. hift. e.

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'An. 166.

LI. Seconde apolo

préfet de Rome, & perfuada au centurion qui l'avoit arrêtée, & qui étoit de fes amis: qu'il n'y avoit qu'à l'interroger feulement s'il étoit chrétien. Prolomée l'avoüa ingenuement, & le centurion le tint en prifon long-temps, avec de grandes rigueurs. Enfin il fut amené au préfet Urbicius, qui ne l'interrogea que de ce feul article, s'il étoit chrétien. Prolomée le confeffa conftamment, & Urbicius ordonna qu'il fût mené au fuplice. Alors un nommé Lucius, qui étoit auffi chrétien, s'adressant au préfet lui fit ce reproche : Pourquoi condamnez-vous un homme qui n'a commis, ni adultere, ni homicide, ni vol, en un mot qui n'eft convaincu d'aucun crime mais feulement qui confeffe le nom chrétien. Croyezmoi, Urbicius, ce jugement ne convient point aux maximes du pieux empereur, ni du philofophe fon fils, ni du facré fenat. Urbicius, fans autre réponse, dit à Lucius: Il me femble que tu és auffi de ce nombre; & Lucius ayant conftamment dit qu'oüi; le prefet commanda qu'il fût auffi mené au fupplice. Lucius dit, qu'il lui avoit une grande obligation, puifque non-feulement il feroit delivré de fi méchans maîtres; mais qu'il iroit à Dieu ce pere & ce roi fi bon. Il en furvint un troifiéme qui fut auffi condamné. Tout cela fe paffa à Rome, environ l'an cent foixante

& fix.

S. Juftin prit occafion de cet évenement, pour gie de S. Justin, montrer l'injustice des magiftrats, dans fa fecon

de apologie. On nous dira dit-il, Tuez - vous donc tous, & vous en allez trouver Dieu, fans nous embaraffer davantage. A quoi il répond, que la foi qu'ils ont en la providence ne leur permet pas de le faire. Enfuite il montre l'origine de l'idolatrie, dont les démons font les auteurs. Que le vrai Dieu n'a point de nom particulier. Que les mauvais démons ont toujours perfecuté ceux qui ont fuivi la droite raifon, comme Socrate. Je m'attens auffi, dit-il, à fentir les artifices de quelqu'un de ceux que l'on nomme philofophes, & d'être mis en croix : quand il n'y auroit que Crefcent le Cynique. Il ajoûte, que pour autorifer les calomnies que l'on impofoit aux chrétiens, on mettoit à la queftion des Fftin p. so. C. efclaves, des enfans, des femmes, & on leur faifoit fouffrir des tourmen's horribles, pour extorquer d'eux la confeffion des inceftes & des repas de chair humaine, dont on accufoit les chrétiens. Ceux qui nous accufent de ces crimes, ajoûte-t-il, les commettent eux-mêmes, & les attribuent à leurs dieux : pour nous, comme nous n'y avons point de part, nous ne nous en mettons pas en peine, ayant Dieu pour témoin de nos actions & de nos pensées.

Il conclut ainfi : Nous vous prions, que cette requête foit renduë publique,aprés que vous l'aurez repondue comme il vous plaira:afin que les autres connoiffent ce que nous fommes, & que nous puiffions être délivrez de ces faux soupçons, qui

nous expofent au fupplice. Tous les hommes ont naturellement l'idée de ce qui eft honnête ou honteux : & on ne fçait pas que nous condamnons ces infamies que l'on publie de nous : & que c'est pour cela que nous avons renoncé aux dieux, qui ont commis ces crimes, & en exigent de semblables. Si vous l'ordonnez ainfi : nous expoferons nos maximes à tout le monde, afin qu'ils fe convertiffent, s'il eft poffible. Car c'eft le feul motif que nous nous fommes propofez dans cet écrit. Notre doctrine, fi on en juge fainement, n'est point honteufe: mais au-deffus de toute la philofophie humaine. Du moins elle n'a rien de femblable à ce qu'enfeignent les écrits des Epicuriens, de Sotade,de Philénis, & les autres femblables, dont la lecture eft permife à tout le monde. On attriAthen. lib. 8. p. buoit à une certaine Philénis un écrit touchant les impudicitez les plus criminelles, dont les femmes foient capables. Sotade étoit un poëte Ioni620. F. Mariial. que, infame dans un autre genre, & médifant. S. Justin ajoûte: Nous finiffons, aprés avoir fait nos efforts & adreffé nos prieres, afin que tous les hommés fe trouvent dignes d'arriver à la connoiffance de la verité. Nous ne voyons pas que cette feconde apologie ait eu plus d'effet que la premiere.

pi

33.3. C. ex Chry

Sippo.

Athen. lib. 14 p.

2. pig. 86.

LII.

Dialogue de S.

S. Juftin écrivit encore un traité de controverfe ftin avec Tri- contre les Juifs. C'eft le récit d'une conversation qu'il avoit eûe avec un Juif nommé Tryphon : qui ayant été chassé par la guerre, s'étoit retiré

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