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AN. 1178.

Vita ap. ur. 17.
Sept.

p. Alb. Stad.

continua de les écrire avec un homme fidele qui lui aidoit à rendre ses penfées en Latin, suivant les regles de la grammaire, qu'elle ignoroit abfolument. Ses revelations font recueillies en trois li vres & commencent d'ordinaire par quelque image fenfible, qu'elle dit avoir vûë & dont elle explique les fignifications myftericufes; puis elle en tire une morale pure & folide exprimée d'un stile vif & figuré, où elle reprend les vices de fon tems & excite fortement à la penitence. Elle écrivit auffi plufieurs lettres pour répondre à ceux qui la confultoient; entre lefquelles il y en a une grande au clergé de Cologne, mêlée de plufieurs an. 1152. fol. 169. prédictions. Car on croyoit qu'elle avoit le don de prophetie, & Richer moine de Senones en Loraine, qui écrivoit environ trente ans aprés; dit qu'elle avoit parlé de l'ordre des Prêcheurs & des freres Mineurs. Car, ajoûte-t-il, elle a dit clarement, qu'il viendroit des freres portant une grande tonfure & un habit religieux, mais extraordinaire, qui dans leur commencement feroient reçûs du peuple comme Dieu : qu'ils n'auroient rien de propre & ne vivroient que d'aumônes, fans en rien referver pour le lendemain; qu'ils iroient dans cette pauvreté prêchant par les villes & les villages, & feroient d'abord cheris de Dieu. & des hommes ; mais qu'étant bien-tôt déchûs de leur inftitut, ils tomberoient dans le mépris ; & leur conduite a verifié cette prédiction. Ce font les paroles de Richer.

Chr. Senon. lib. VI. c. 15. 1o. 3. Spi

cil.

Lib. 3.

Sainte Hildegarde avoit auffi le don des mira

Prafat

Martyr. R. 17

XVI. Alexandre III; rentre à Rome. Acta A ex

n. L.

cles; elle en fit une infinité, dont l'auteur de fa AN. 1178. vie raporte en particulier jufques à vingt. Elle mourut le Dimanche dix-feptiéme de Septembre C. 17. 1178. âgée de quatre-vingt ans. Sa vie fut écrite par Thierri abbé Benedictin quelque trente ans aprés fa mort, fur les mémoires d'un nommé Godefroi aufquels il ajoûta les revelations & les miracles. L'églife honore la fainte le jour de fa mort. Cependant tout le clergé & le peuple de Ro- Sept. me voïant que l'empereur Frideric s'étoit foûmis au pape Alexandre & que le fchifme étoit fini : jurerent par deliberation commune de rapeler le p.Bar.an.1178, pape pour faire ceffer les maux que fa longue abfence avoit caufez, tant au temporel qu'au fpirituel. Ils envoïerent donc à Anagni fept des principaux citoïens Romains avec des lettres du clergé, du fenat & du peuple, pour le prier de revenir: mais le pape confiderant qu'aprés l'avoir rappellé de France ils avoient bien tôt recommen- Sup. liv. Lxach cé à le maltraiter, ne crut pas devoir rentrer a Rome fans avoir pris fes fûretez. Pour cet effet il envoïa avec les fept députez des Romains Hubalde évêque d'Oftie, Rainier prêtre cardinal de S. Jean & S. Paul, & Jean diacre cardinal de S. Ange: qui aprés une longue negotiation firent regler par déliberation de tout le peuple : que les fenateurs à leur élection feroient foi & hommage au pape : que les Romains lui reftitueroient l'églife de faint Pierre & les droits regaliens, dont ils s'étoient emparez: qu'ils obferveroient inviolablement la paix & la fûreté, tant à l'égard du pape, que des car

n. 17:

AN. 1178. dinaux, leurs biens & tous ceux qui viendroient vers le pape, ou qui en retourneroient.

Enfuite les fenateurs vinrent trouver le pape avec les trois cardinaux; & aprés lui avoir bailé les pieds, ils jurerent publiquement l'observation de toutes ces conventions. Alors le pape fe prepara à retourner à Rome, & le jour de S. Gregoire douzième de Mars qui cette année 1178. étoit le troifiéme dimanche de Carême, il partit de Tufculum aprés la meffe. Le clergé de Rome vint bien loin au devant avec les banieres & les croix, ce quon ne fe fouvenoit point qui eût été fait à aucun pape les fenateurs & les magiftrats venoient au fon des trompetes, les nobles & la milice en bel équipage, le peuple à pied avec des rameaux d'olivier, chantant les acclamations ordinaires de loüanges. La preffe étoit fi grande à lui baiser les pieds, qu'à peine fon cheval pouvoitil marcher, & fa main étoit laffe de donner des benedictions. On le conduisit ainsi jusques à l'églife de Latran, où aprés avoir congedié le peuple & les cardinaux, il monta au palais & fe mit au lit avant le repas, tant il étoit fatigué: car il étoit avancé en âge. Le lendemain il tint confif toire & reçût au baiser des pieds une multitude infinie de clercs & de laïques: puis il fit les ftations ordinaires du carême, & le dimanche fuivant qui étoit Latare, il alla en proceffion à fainte Croix : Enfin le jour de Pâques il porta la tiare avec la couronne nommée le Regne.

Dés la fin de l'année precedente l'antipape Jean

XVII. Soumiffion de

lifte.

Bar. an. 1177.

Romu. Chr.

de Strume autrement Callifte aïant apris la recon- AN. 1177. ciliation de l'empereur avec Alexandre quitta fecrettement fa refidence de Viterbe & vint au mont l'antipape Cad'Albane fous la protection de Jean feigneur du Ata. cad ap. château. Mais l'empereur pour montrer qu'il n'y prenoit point de part, defia & mit au ban de l'empire l'antipape & fes deffenfeurs, s'ils ne venoient au plûtôt à l'obéiffance du pape. Etant donc retabli à Rome comme il étoit à Tufculum, le jour de la Decolation de S. Jean vingt-neuviéme d'Août 1178. Jean de Strume vint le trouver avec quelques-uns de ses clercs, & en prefence des cardinaux & de plufieurs autres, confeffa publiquement son peché, demanda pardon & abjura le schifme. Le pape Alexandre fuivant fa douceur naturelle ne lui fit aucun reproche, & lui declara que l'églife Romaine le recevoit avec joïe pour fon fils & lui rendoit le bien pour le mal. En effet le pape le traita toûjours depuis avec honneur dans fa cour & le reçut même à fa table. Toutefois le vingtneuvième de Septembre quelques fchifmatiques Jo. de Cece. 1178. élurent encore pour antipape Lando Sitino de la famille des Frangipane's qu'ils nommerent Inno- 179. cent III. Un chevalier frere de l'antipape Octavien le prit fous fa protection en haine du pape Alexandre, & lui donna une fortereffe qu'il avoit prés de Rome.

Ada.

Aquicinct, an.

XVIII.

Convocation

ner.1.

Le pape Alexandre voulant remedier aux abus qui s'étoient introduits ou fortifiez pendant un fi d'un concile gelong fchifme, indiqua un concile general à Rome pour le premier dimanche de Carême de l'année

AN. 1179.

fuivante 1179. Comme il paroît par la lettre à l'archevêque de Pife & à tous les évêques & les abbez to x. one p.156. de Tofcane dattée de Tufcului, pour appeller nommément à ce concile tous les évêques de l'églife Latine & les principaux abbez, mais comme il s'en trouva plufieurs à qui il étoit impossible de faire le voïage, on les difpenfa pour de l'argent. Ce qui donna lieu de croire que cette convocation étoit une invention intereffée de la cour de G. Neubv. li. Rome. C'est ainsi qu'en parle Guillaume de Neubrige auteur du tems.

III. c. 2.

c. 26.

Dés l'année precedente 1177. le pape avoit appellé au concile les prelats Latins d'Orient : qui Guil. Tyr. xx. partirent au mois d'Octobre de cette année 1178. cinquième du regne de Baudouin IV. roi de Jerufalem. Il y avoit deux archevêques, Guilleaume de Tyr, Heraclius de Cefarée; & quatre évêques Albert de Betlehem, Raoul de Sebafte, Joffe, d'Acre, Romain de Tripoli: avec Pierre prieur du S. Sepulchre député du patriarche de Jerusalem & Rainald abbé du mont de Sion.

XIX.

chevêque de

Tyr.

Bongars traf

F. n. XI.

que

Le plus fameux de tous ces prelats est GuilGuillaume ar- laume de Tyr auteur de la meilleure histoire nous aïons du roïaume Latin de Jerufalem. Il étoit in Geta Deper. né dans le païs, mais de parens François & avoit fait en France fes études. Frideric archevêque de Tyr le fit archidiacre de fon église vers l'an 1167. à la priere du roi Amauri & de plufieurs autres perfonnes confiderables. Aussi-tôt il fut envoïé en ambassade à l'empereur de C. P. touchant une entreprise fur l'Egypte ; & s'aquitta trés-bien de

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