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Monfeigneur, ce que nous lui demanderons avec un foin & une application continuelle. Je vous conjure de n'en point douter ; je vous ai écrit avec liberté, & n'ai rien retenu de tout ce que le zele que j'ai pour votre service a mis au bout de ma plume, dans la confiance que j'ai, qu'il ne fe peut que vous ne trouviez bon, tout ce qui vient de la part d'une perfonne, qui n'a pour qui que ce foit au monde, plus de tendreffe & de respect, qu'elle en a pour Vous.

XI. LETTRE

A un Cardinal.

Que les biens éternels font feals dignes d'occuper un Chrétien.

E ne dis rien à voftre Eminence,
Monfeigneur,

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long-temps que je n'ai eu l'honneur de lui écrire, je n'en ai point trouvé d'occafion il ne fe paffe rien dans noftre Defert, qui merite de lui eftre mandé; & puis, je la crois tellement perfuadée de l'attachement que j'ai à fon fervice, que je ne pense pas avoir befoin de lui en donner de nouvelles affuran. ces. Je me contente donc, Monfeigneur, d'offrir à Dieu vostre Perfonne jour & nuit, avec tout le foin & l'application dont je fuis ca pable; & quoiqu'il foit écrit, que Dieu n'écoute point les pecheurs

je ne laifferai pas de continuer à lui demander par d'inftantes prieres, qu'il la comble de toute forte de benedictions & de profperitez, j'entens de celles qui ne font point fujettes à l'envie des hommes, à la revolution des temps, & à l'inconftance de la fortune: car pour les autres, Monfeigneur, elles ne meritent pas d'occuper un feul inftant un veritable Chrétien, qui doit vivre dans la foi, dans l'attente & dans la vûë des chofes éternelles & comme par la mifericorde de Dieu je n'en fais aucun cas, je n'ai garde de les defirer à voftre Eminence. Je ne puis lui expliquer dans une Lettre tout ce que je penfe fur ce fujet ; mais au nom de Dieu, je vous conjure, Monseigneur, de rappeller dans voftre memoire, ce que vous euftes la bonté de me dire la derniere fois que j'eus l'honneur de vous voir à Commercy: Il s'eft paffé plufieurs années, &

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l'affaire

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l'affaire, pour laquelle il me parut que vous aviez tant de paffion, toute importante qu'elle eft, n'est pas plus avancée qu'elle eftoit pour lors; cependant tout fuit avec une viteffe effroïable, & l'éternité de Dieu s'approche, dans laquelle, comme dans une Mer d'une étendue & d'une profondeur infinie, il faut que les vies des hommes les plus illuftres & les plus écla tantes fe perdent & fe confondent. Je m'affure que voftré Eminence ne condamnera point la liberté que je prens; Elle fait quel en eft le principe, & Elle connoift trop le fond de mon cœur je la fupplie tres-humblement de croire que rien n'y peut eftre plus avant, ni d'une maniere plus vive & plus inviolable, que le refpect & la fidelité que j'ai pour Elle.

Je m'imagine, Monfeigneur, que vostre Eminence a entendu parler de l'état present, auquel

Tome II.

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noftre Obfervance fe trouve doutant point que nos Abbéz, qui font à Paris, n'aïent eu l'honneur de la voir, & de l'entretenir. Il femble que la face en ait changé par la bonté que le Roi a eu, de nous accorder des Commiffaires, & que cela doive arrefter le cours des mauvais traitemens que nous recevons de Rome depuis tant de temps: Il nous feroit tout-à-fait utile, que voftre Eminence nous fift la grace d'en écrire fortement à Monfeigneur le Cardinal d'Etrées, & qu'Elle voulût bien auffi fe donner la peine d'en parler à Monfieur le Doïen de Paris, & de lui dire, ce qu'Elle fait du peu de justice,que Rome nous a rendu dans cette affaire. Je fupplie tres-humblement voftre Eminence, de nous donner encore cette marque de fa protection.

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