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CIDALISE.

Ce jour que nous revinsmes à huit heu

res au matin.

MARTO N.

Celuy-là même. Ne vous fouvient-il point non plus que Monfieur voftre oncle nous attendoit dans la cour, qu'il se promenoit en long, en large; qu'il prenoit le Ciel à témoin, qu'il tempeftoit, qu'il menaçoit? Oh! pour moy il y a long-temps que je ne crois plus aux Sorciers; mais je ne croiray bien-toft plus à l'apoplexie. Deux doigts de col! n'en pas crever! un homme maigre en feroit mort.

- CIDALISE. Oh! pour ce jour là je t'avouë que j'en eus pitié.

MARTON.

Madame voftre tante ne vous fift-elle point de pitié auffi, qui le contrefaisoit en tout, & l'adouciffoit d'une maniere à l'irriter mille fois davantage.

CIDALIS E.

Je croy qu'elle s'évanoüit auffi

MARTON.

Elle en fift femblant du moins, mais je luy jettay une aiguierée d'eau par le nez, nez, qui luy fift bien-toft changer de refolution, mort de ma vie, je n'aime point les hypo

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crites; elle n'eftoit fâchée que de n'avoir pas efté avec nous.

CIDALISE.

Il n'en faut point douter.

MARTON.

Oh ça donc, croyez-moy, ne vous allez point mettre de fariboles dans la tefte, qui ne font bonnes à rien. Que Monfieur voftre oncle fe fâche ou ne fe fâche point, tout cela eft la même chose à vostre égard.

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CIDALISE,MARTON, UN LAQUAIS.

UN LAQUAIS.

Monfieur Baffet, Madame.

Μ

CIDALIS E.

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Faites monter la vifitte de cet homme m'embaraffe: on n'aime point à voir les gens à qui l'on a de certaines obligations.

***********

SCENE III.

CIDALISE, Mr BASSET, MARTON.

HE

CIDALISE.

'E' bon jour, Monfieur Baffet, j'ay bien des remerciemers à vous faire. Mr BASSET.

Je fuis ravy, Madame, d'avoir eu une occafion en ma vie de vous faire un petit plaifir.

CIDALIS E.

Il eft certain que peu de gens aiment auffi delicatement que vous: la plufpart ne vous difent que des fottifes; ils croyent avoir bien, rencontré de vous dire qu'ils vous adorent, & qu'ils vont mourir pour vous, fi vous ne les aimez. Que fi vous leur faites cette grails vous ferviront toute leur vie, comme fi l'on avoit bien affaire de leurs fervices & dans les chofes effentielles, ils demeu

ce,

rent tout court.

Mr BASSET.

Pour moy, Madame, je ne m'amuse point à la bagatelle. Vous me trouve

rez toujours mon coffre fort ouvert.

CIDALISE.

Je ne crois pas, Monfieur, que je vous mette fouvent à de pareilles épreuves, vous eftes bien perfuadé qu'auffi-toft que mes affaires feront terminées

M BASSET.

Ne parlons plus de cela, Madame, je vous prie; ce font des bagatelles, vous dis-je, qui ne meritent pas qu'on s'en fouvienne. CIDALISE.

Vous avez l'ame belle, Monfieur.
Mr BASSET.

Point du tout, Madame, cela ne me coûte rien, mes droits de prefence me valent cela en une année.

CIDALISE.

En verité, Monfieur, je ne fçaurois assez yous témoigner..

.....

M BASSET.

Si vous aviez autant d'envie de reconnoiftre la tendreffe que j'ay pour vous, qui meriteroit bien mieux d'eftre recompensée. CIDALISE.

Oh! Monfieur Baffet, je vous prie laiffez-moy terminer mes affaires, je n'ay plus qu'une année à paffer pour eftre abfolument naiftreffe de mes volontez, donnez-vous patience jufques-là, s'il vous plaift; alors

je

je vous permets de vous plaindre fi vous n'avez pas lieu d'eftre content de moy.

Mr BASSET.

Vous me faites une belle promeffe, Ma dame, vous me permettez de me plaindre, CIDALISE.

. Oh! Monfieur Baffet, que vous donnez un mauvais sens aux chofes qu'on vous dit. ME BASSET.

Hé bien, Madame, je prendray patience, pourvû que vous ne voyez plus Monfieur Durcet.

CIDALISE.

Ah! vrayement j'oubliois bien de vous en parler; c'est un homme qui me defefpere, il eft icy prefque tous les jours; j'ay découvert ce qui l'ameine; mon oncle l'a prić d'obferver ceux qui viennent icy, & dans la pensée que mon pere & luy ont de me faire époufer un Gentilhomme de leur Province: Ils veulent m'oster la liberté de voir qui que ce foit. Ils vous redoutent plus qu'un autre, c'est pourquoy je vous prie bien fort d'éviter autant que vous pourrez la presence de Monfieur Durcer.

Mr BASSET.

En verité, Madame, vous me readez la vie.

E

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