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dans un acte, qui fut affiché à Rome. Le car- AN. 1563 dinal de la Bourdailiere, & celui de Lorraine s'y étoient inutilement oppofez.

Les préventions Romaines l'avoient emporté fur le droit & la juftice. Le cardinal de Lorraine aiant appris ce monftrueux jugement, fe crut obligé de le reprocher au pape: il lui en écrivit avec force avant que d'être arrivé à Trente. Le pape lui répondit que c'étoit une chofe faite, & qu'il ne tenoit qu'à la reine Jeanned'en empêcher les conféquences: Il parla fur le même ton au fujet du cardinal de Châtillon, & des autres prélats François citez à Rome; & foutint ce qu'il avoit fait.

pape de cette fen

tence.

De Then

35% no Sa

Le roi, la reine, & tous les grands duroïau- LXII. me de France, n'aïant pû fouffrir cette condui- Le roi fe te, l'on fit auffi-tôt expedier des ordres à Henry plaint au Clutin d'Oyfel, qui avoit fuccedé depuis peu au fieur de l'Ile dans l'ambaffade de Rome: & ces, ordres contenoient en fubftance, que le roi n'avoit pas cru les premiers bruits qui s'étoient répandus en France, jufqu'à ce qu'il eût vû lui- in hift. 1. même la fentence affichée & publiée à Rome, dont il avoit conçu tout le reffentiment poffible, par les raifons qu'il avoit fait mettre par écrit. 1°. Que la reine de Navarre étant égale en dignité aux autres rois, le danger les regardoit tous également, & que tous par conféquent étoient obligez de la foutenir; & le roi en particulier, qui, comme fon proche parent, devoit prendre les interêts d'une veuve dont il faifoit élever les enfans, & dont le mari étoit mort en defendant la religion contre les Proteftans. Que comme cette reine étoit feudataire du roïaume de France, à caufe des grands biens qu'elle y avoit, il étoit des interêts du roïaume qu'elle ne pût être attirée à Rome ni ailleurs, & qu'elle ne comparût point en perfonne ni par procureurs; puifque dans les caufes mêmes, dont la connoiffance appartient

AN. 1563. partient par appel au pape, les fujets de France ne pouvoient être contraints d'aller à Rome, & que fa fainteté étoit obligée de donner des juges. fur les lieux; que cela étoit donc contre la dignité roïale, contre le droit & la fûreté, & contre la réputation du roïaume, & du roi même. Que le roi à l'infçu duquel cette procedure avoit été faite, fe trouvoit extrêmement offenfé du mépris qu'on avoit fait de fa dignité; que fi cette accufation avoit été formée à cause de la religion & pour la gloire de Dieu, il falloit avant toutes chofes, que le pape fongeât au falut de l'ame de cette princeffe; & que fuivant la parole de Dieu, il fe fervit de remedes convenables, au lieu de profcrire fes roïaumes & fes biens; & de les donner en proie au premier ve nu. Que le pouvoir fouverain n'avoit été donné au pape qu'afin de pourvoir au falut des ames, & à la tranquillité du chriftianisme, & non pas. pour dépouiller les princes de leurs états, & difpofer de leurs biens à fa fantaifie. Que le roi le prioit donc avec toute la foumiffion & le refpect qu'il lui devoit, de révoquer la fentence qu'il avoit rendue contre cette reine, & d'ôter à fes miniftres par un acte public qui feroit fait fur ce fujet, la connoiffance de cette affaire. Que s'il le refufoit, il fe trouveroit obligé de se servir des remedes dont fes ancêtres avoient coutume d'ufer en de pareilles occafions, felon les loix de fon roïaume; mais qu'il proteftoit avant toutes chofes, que ce feroit malgré lui qu'il emploïeroit dans une caufe fi jufte, le pouvoir que Dieu lui avoit donné, & le fecours de fes amis, & qu'il en faudroit rejetter toute la faute fur ceux qui lui impofoient cette néceffité, par leur en treprise témeraire,

L'on envoïa féparément à d'Oifel d'autres ordres plus amples touchant la caufe des évêques; l'on rapporta auffi fur ce fujet des arrêts du par

le

lement de Paris, & Pexemple de Maxime évê- AN. 1563 que de Valence, qui avoit été accufé de plufieurs crimes, & au sujet duquel néanmoins Boniface I. prononça que la connoiffance de cette affaire appartenoit aux évêques de l'églife de France.

Malgré ces remontrances le pape ne laiffa pas d'excommunier la reine de Navarre, de quoi elle fe mit peu en peine; mais enfuite il révoqua & annulla cette fentence, & fit ceffer les pourfuites commencées contre les évêques citez.

pas retour

n. 10.

534.

Cependant les ambaffadeurs de France étoient LXIV. toujours à Venife, & malgré les inftances qu'on Les amleur faifoit de revenir à Trente, ils refuferent bassadeurs d'y retourner fans de nouveaux ordres du roi, de France Du Ferrier en écrivit à ce prince, & après lui ne veulent avoir expofé que les raifons qu'ils avoient euës ner à Trende fe retirer fubfiftoient toujours; il ajoute au te. fujet de la preféance fur l'ambaffadeur d'Efpa- Pallavis. gne, qu'il faut éviter que fa majefté ne fouffre ibid.ut fup. 1. 23.6.6. un préjudice femblable à celui de la derniere feffion, afin qu'il ne fe trouve pas deux actes pu- Memoires blics, dont la pofterité puiffe inferer quelque é- pour le conc. galité entre elle & le roi d'Efpagne. Mais il in- de Trente, fifte principalement fur les précautions qu'il croit ut fup. pag. néceffaires de prendre pour la conclufion du con- f cile. Car, dit-il, fi ce qu'on nous a dit est vrai, que la formule de la conclufion du concile envoïée de Rome, porte que les ambaffadeurs la figneront, afin d'obliger par ce moïen leurs princes à maintenir les décrets dudit concile, & faire la guerre à ceux qui feront d'une religion contraire; il eft à craindre que cette fignature, outre les troubles qu'elle caufera dans toute la chrétienté, n'augmente beaucoup le differend de la preféance, vu que cela ne peut fe faire fans ob. ferver quelque ordre entre les ambaffadeurs, qui ne peuvent figner dans le même lieu tous à la fois: & en cela nous vous fupplions d'être affu

AN. 1563.re qu'il n'eft pas à propos que nous nous trouvions au concile pour la confervation de vos droits, & de l'ancienne prérogative que vos prédéceffeurs ont toujours euë fur tous les rois & princes de la chrétienté: que fi vos ambaffadeurs ont quelque prétenfion fur ceux du roi Catholique, ils feront obligez de céder, ou consentir à quelque nouveau prejudice, qui eft plus à craindre dans la conclufion du concile, à caufe de cette fignature, qui demeurera que dans tout ce qui s'est paffé,

Que fi nonobftant ces raifons, & d'autres caufes à nous inconnuës, votre majesté prend un parti contraire, elle confiderera, s'il lui plaît, que le préjudice fera moindre en députant de nouveaux ambaffadeurs; d'autant qu'ils fe pourront mieux excufer d'affifter aux actes publics, au lieu que nous autres étant renvoïez à Trente, nous ne pourrions nous difpenfer de nous trouver aux feffions, fans que le monde ne publiât que ce feroit à raifon de la preféance; outre qu'étant abfolument inutiles à Trente pour le fervice de votre majesté, nous la prions de nous excufer, & de nous permettre de retourner en France, dont nous fommes abfens depuis fi long-temps. L'ambaffadeur dit enfuite, qu'il y alloit de l'honneur & de la réputation du roi de ne les point renvoyer à Trente, puifque fuivant fes ordres, ils avoient toujours maintenu dans les congrégations publiques & particulieres, que cette derniere indiction du concile fous Pie IV, devoit être regardée comme un nouveau conci. le, fuivant les demandes de l'empereur contre le roi Catholique, & autres princes, aufquels s'étoient unis tous les Espagnols, Italiens, & autres prélats, & le pape même. Ces raifons firent impreffion fur l'efprit du roi; & de l'avis de fon confeil, il fit écrire à fes ambaffadeurs de ne point revenir à Trente.

Tel

fuivante.

ibid. 1. 23.

cap. 7. n. 3.

Tel étoit l'état des affaires, lorfque le cardi- AN. 1563. nal de Lorraine arriva dans cette ville le cinquié. LXV. me de Novembre. Comme il n'y avoit plus Congrégations pour que trois ou quatre jours jufqu'au tems marqué regler les pour la feffion, on tint des congrégations fre- decrets de quentes, dans lesquelles on rapportoit les dé- la feffion crets aufquels on avoit mis la derniere main: & Pallavic. comme on étoit partagé fur plufieurs, on choifit quelques peres, lefquels marquoient à la marge les differences des avis, afin qu'ils fuffent con- & 2. nus à tous les prélats, aufquels on remettoit le nouveau modele qui devoit être porté dans la congrégation pour y être approuve. Par exemple, plufieurs fouhaitoient que dans le premier chapitre on renvoiât au pape la forme d'élire les évêques; dans le fecond, qu'on difpenfât les é vêques de l'obligation de prêter obéiflance aux archevêques; dans le quatrième, qui fut enfuite le cinquième, que les moindres caufes des évêques fuffent jugées par le concile provincial. Dans le neuviéme, felon le rang qu'ils avoient d'abord, que le droit de vifite dans les évêques ne s'étendit pas aux églifes qui étoient foumifes à des chapitres generaux; dans le dix-feptiéme, que les éxaminateurs ne fuffent point choifis par le concile provincial, mais par l'ordinaire, à qui il appartenoit de conferer les bénéfices aux pauvres, qui étoient fçavans, préferablement aux riches ignorans.

On difputa encore plus fur le cinquiéme ar- LXVI. ticle, qui fut enfuite le fixiéme: Quelques-uns On y parle étoient d'avis qu'on confervât les immunitez & de l'exem les exemptions des chapitres, qui étoient foumis ption des chapitres à des univerfitez, & cela en faveur de celle d'Al- & des 'pre cala. Celui qui appuïoit le plus ce fentiment é- mieres intoit André de Cuefta évêque de Leon, qui avoit attiré dans fon parti Mendoza & beaucoup d'au- Sup. 1. 23. tres: mais ceux qui favorifoient l'univerfité de c. 7. n. 240 Salamanque s'y oppoferent, & entr'autres l'ar-3.

che

stances.

Pallav. ut

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