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Après J. C.

Li-ke-yong.

Lie-tai-ki

Ju.
Kam-mo.

reur fe laiffa toucher par cette apparence de foumiffion, & fit prier Li-ke-yong de ne point attaquer Li-meou-tchin, & de joindre au contraire les troupes à celles de ce général pour aller contre Vang-hing-yu. Li-ke-yong envoya fon fils Li-tfun-hiu, alors âgé de douze ans pour faluer l'Empereur. Tchao-tcong fit beaucoup de careffes à cer enfant, l'exhorta à fervir fidélement la famille Impériale & dit publiquement qu'il le regardoit comme le plus ferme appui de l'Empire. Il ne prévoyoit pas alors que ce jeune Prince Turc feroit un jour Empereur.

Vang-hing - yu après la perte de la bataille s'étoit fauvé à Ning-tcheou où Li-ke-yong le vint auffi-tôt affiéger. La ville fut prife, & Vang-hing-yu, en voulant fe fauver, fut arrêté par ceux de fon parti qui lui couperent la tête. Alors l'Empereur convaincu de la fidélité de Li-ke-yong, & touché de fes fervices, lui donna le titre de Roi de Tçin. Li-ke-yong, avant que de reprendre la route de Tçin-yam, ou Ta- yuen, écrivit à ce Prince une Lettre pour le remercier, & le prier en même-tems de lui laiffer profiter de fa victoire pour aller prendre Fong-fiang-fou, où les autres Généraux s'étoient retirés; l'Empereur qui n'étoit environné que des Ennemis de Li-ke-yong qui lui repréfentoient fans ceffe qu'il y avoit tout à craindre de ce Turc & de fes fujets, fi on lui laiffoit prendre la fupériorité, répondit que Li-meou-tchin & les autres Généraux, ayant reconnu leur faute, & étant venus auprès de lui, il falloit procurer aux foldats un repos dont ils étoient privés depuis fi long-tems. Li-ke-yong, peu fatisfait de cette réponse de l'Empereur, dit à l'Envoyé qui la lui apporta, qu'il voyoit bien que ce Prince fe déficit de lui, & qu'il ne cherchoit qu'à l'éloigner,pour s'abandonner entre les mains de fes plus cruels ennemis, que tant que Li-meou-tchin auroit du crédit, & qu'on le laifferoit maître de toute l'autorité dont il s'étoit emparé, l'Empire ne pourroit jouir de la paix pendant un feul jour. Comme il étoit de l'intérêt de ces Généraux d'empêcher que Li-ke-yong ne vint à la Cour, l'Empereur qui ne fuivoit que leurs confeils, fit fçavoir au prince Turc qu'il l'exemptoit de ce cérémo

Li ke

nial. Li-ke-yong irrité des foupçons injuftes que l'on avoit de fa conduite, dans le tems qu'il ne s'occupoit qu'à dé- Après J. C. livrer l'Empereur, emmena fes troupes & fe retira à Tein- yong. yam. Mais il ne fut pas plûtôt retiré que l'Empereur ne tarda pas à reconnoître la faute qu'il venoit de faire. Il ne lui reftoit aucune espérance de fecours, & il fe trouvoit seul au milieu d'une foule de Généraux qui ne cherchoient qu'à profiter de fa foibleffe pour lui enlever l'Empire. Li-meou-tchin & Han-kien, pendant tout le tems que Likeyong étoit campé dans les environs de Si-gan-fou n'avoient ofé remuer; après fon départ, Li-meou-tchin fe rendit maître de la plupart des Places, l'Empereur fut forcé de faire marcher le peu de troupes qui lui étoient attachées. En même-tems Tciuen - tchong faifoit la guerre à Li-ke-yong dans le Petcheli & battoit fes Généraux.

que

Pendant les chofes fe paffoient ainfi dans les provinces, la Cour étoit encore dans de plus grands troubles. Li-meou-tchin ofa venir trouver l'Empereur pour lui représenter que les Princes raffembloient des troupes fans aucun fujet, & demanda la permiffion d'aller les arrêter & de les conduire aux pieds de fon thrône pour obtenir leur pardon. Il feignoit de ne pas croire que ces troupes étoient levées par ordre de l'Empereur. Un Prince plus ferme eut fait arrêter le rebelle, mais on n'ofa tenter un coup fi hardi, & le Monarque ne trouva d'autre parti à prendre que celui d'avoir recours à Li-ke-yong; il le fit inftruire de fa fituation. Dans le même tems Li-meou-tchin s'approcha de Sigan-fou & battit l'armée Impériale. Dans cette extremité quelques Miniftres propoferent à l'Empereur de fe retirer vers Tai-yuen dans le Chanfi auprès de Li-ke-yong. L'Empereur s'avança dans ce deffein jufqu'au nord de la riviere Kuei, alors le traître Han-kien voulut engager ce Prince à fe retirer à Hoa-tcheou, Chao-tçong rejetta d'abord cette propofition & continua toujours fa route. Mais fa crainte augmentant de plus en plus, il délibéra de nouveau avec Han-kien, qui fe profterna à fes pieds & le fupplia de ne pas abandonner le Chenfi qu'il ne reverroit jamais s'il le quittoit. Ce Prince qui n'avoit pas la confiance qu'il de

L'an 896.

Kam-mo.

Li-tai-ki

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Tam-chou

Après J. C.

Li-ke-yong

L'an 897.

L'an 898.1

voit avoir dans Li-ke-yong, & que celui-ci méritoit, se détermina à aller à Hoa - tcheou, pendant que Li-meoutchin mit partout le feu dans Si-gan-fou où il étoit entré. Li-ke-yong, en apprenant cette nouvelle, fut au désespoir de ce qu'on n'avoit pas fuivi fes confeils, il leva des troupes de tous côtés, & fit offrir fes fervices à l'Empereur. Mais ce Prince qui fe laiffoit conduire par le traitre Hankien les refufa encore.

Li-ke-yong ne ne laiffa pas de fe préparer à marcher contre les rebelles. Il manda les troupes de Pe-king, place dont il avoit fait la conquête quelque tems auparavant; mais le Gouverneur qu'il y avoit laiffé refufa de marcher, & vint faire avec les Tartares Khitans, auxquels il s'étoit réuni, quelques courfes dans les pays occupés par Li - ke - yong. Ce Général des Turcs forcé d'aller attaquer le rebelle fe laiffa battre, pour ne s'être pas affez tenu sur ses gardes & s'être enyvré dans un feftin, dans le tems qu'il alloit livrer le combat. Il reconnut fa faute après l'action,. il l'avoua publiquement, mais il reprocha en même-tems à fes Généraux d'avoir manqué de courage. Ce revers donna le tems aux Généraux rebelles de fe préparer à se défendre, ils voulurent exiger de l'Empereur, dont ils étoient en quelque façon maîtres, la permiffion d'aller attaquer Li-ke-yong, mais ce Prince eut affez de fermeté pour ne la leur point accorder.

Li-meou-tchin fut informé dans ce tems-là que Tçiuentchong, qui s'étoit emparé d'une partie du Ho-nan, faifoit fortifier Lo-yam; dans la crainte que l'Empereur ne voulut fe rendre dans cette Place, il parut fe repentir de tout ce qu'il avoit fait auparavant, & fupplia ce Prince de permettre qu'on reparât Si-gan-fou. Han-kien fut chargé de veiller aux ouvrages, & ces deux Officiers propoferent en mêmetems la paix à Li-ke-yong, celui-ci l'accepta, & marcha en conféquence contre Tçiuen-tchong. L'Empereur, victime des divifions qui regnoient parmi tous ces grands vasfaux, fit fon poffible pour rétablir la paix. Li-ke-yong y étoit naturellement porté, mais Tçiuen- tchong rejetta toutes les propofitions qu'on lui fit, & continua la guerre

dans le Petcheli. Li-ke-yong fut contraint d'envoyer plu- Après J. C. fieurs corps de troupes pour arrêter les progrès que ce re- Li-ke-yong belle faifoit. Tçiuen - tchong s'emparoit toujours de nou- L'an 899. velles Places.

Telle étoit la situation de cet Empire, lorfque les Eunuques formerent le projet hardi d'arrêter l'Empereur, & fe réunirent à plufieurs autres Officiers pour le dépofer. Ce Prince, que les troubles de l'Empire ne rendoient pas plus attentif au Gouvernement, donnoit lui-même à fes ennemis les occafions d'en fufciter de nouveaux. Il étoit allé à la chasse où il s'étoit enyvré ; le vin lui fit commettre quelques violences qui exciterent une émeute confidérable dans fon palais. Lorfqu'il rentra, il fit mourir quelques filles, les cris qu'elles jetterent obligerent de fermer les portes. Le lendemain Lieou-ki-chou un des premiers Enuques raffembla mille hommes & s'étant informé du du fujet du tumulte, il réfolut avec Tfoui-in de dépofer ce Prince, ou au moins de donner le Gouvernement de l'Empire au Prince héritier. Tous ces Officiers forcerent le palais & y entrerent les armes à la main: ils fe faifirent de l'Empereur que le grand bruit avoit effrayé & le firent enfermer avec l'Impératrice & plufieurs autres femmes, dans un lieu féparé dont toutes les portes étoient bien gardées. Ils avoient fait écrire fur le fable, que ce Prince ne fe trouvoit dans ce malheur que pour n'avoir pas fuivi les confeils qu'on lui avoit donnés. On conferva seulement une ouverture par laquelle on donnoit à boire & à manger à ces prifonniers. L'Empereur demanda plufieurs fois du papier & des pinceaux pour écrire, mais on les lui refufa; les Princeffes dont les habits étoient déchirées, jettoient inutilement des cris qu'on entendoit au-dehors du palais. Lieou-ki-chou alla trouver le Prince héritier, lui préfenta un faux ordre de l'Empereur, par lequel ce Prince lui abandonnoit le thrône, & fit mourir enfuite tous les Officiers qui étoient attachés à l'ancien Empereur.

L'an 900.

Le Miniftre Tfoui-in n'avoit acquiefcé aux volontés de L'an ços: Lieou-ki-chou que parce qu'il ne pouvoit s'y oppofer, mais auffi-tôt qu'il s'apperçut que quelques Généraux fongeoient

Après J. C.

Li-ke-yong

à délivrer l'Empereur, il fe joignit fecretement à eux, & leur en facilita les moyens. Sun-te-tchao, qui étoit à la tête de ce parti, entra avec des troupes dans le palais, se saisit des Eunuques & furtout de Lieou-ki-chou, leur fit couper la tête, & l'Empereur fut rétabli. Lorfque les Généraux rebelles,qui étoient dans les provinces éloignées, eurent appris tous les défordres qui venoient de fe paffer à Si-ganfou, ils n'en devinrent que plus entreprenans. Tçiuentchong fe fit déclarer roi de Tong-pim, & Li-meou-tchin Roi de Ki. Li-ke-yong fut contraint de demander la paix au L'an 902. premier qui déchira fes lettres, & ne répondit qu'en envoyant contre lui des troupes qui s'emparerent de plufieurs Places. Tçiuen-tchong marcha enfuite vers la province de L'an 903. Chenfi où l'Empereur demeuroit, & quoique Li-ke-yong continua de lui faire la guerre, il s'approcha de Fongfiang-fou, & livra plufieurs batailles aux Généraux de l'Empereur. Ce Prince renfermé dans cette ville, qui étoit réduite aux plus grandes extrémités, fut obligé d'en sortir & d'aller fe rendre entre les mains du rebelle; il retourna enfuite à Si-gan-fou où d'autres rebelles le vinrent affiéger, & le forcerent d'abandonner de nouveau cette capitale pour L'an 904. fe retirer à Lo-yam dans le Honan. Tçiuen-tchong qui s'étoit emparé de toute l'autorité le tua dans la fuite, & fit donner le titre d'Empereur à Tchao-fiuen-ti, fils de TchaoL'an 905. tong. Tçiuen-tchong fut fait premier Miniftre, & obtint

le titre de Roi de Leang, Il étoit entré avec une armée dans L'an 906. le Petcheli, & menaçoit d'envahir toute cette province. Li

ke-yong, qui commençoit à craindre pour ses Etats, joignit L'an 907. fes troupes à celles du Gouverneur de Pe-king, & obligea Tçiuen-tchong à retourner dans le Honan où l'Empereur lui envoya les fceaux de l'Empire & fe démit en fa faveur de l'autorité Impériale. Ce Miniftre prit alors le titre d'Empereur des Leam.

Li-tfunhiu.

L'an 908.

La mort de Li-ke-yong fuivit de près la ruine de la Dynaftie des Tam. Ce Général Turc, fe fentant dangeLie-tai-ki- reufement malade, fit affembler toute fa famille & fes fu. officiers, & défigna en leur présence fon fils Li-tfun-hiu pour fon fucceffeur; il avoit remarqué dans ce jeune Prin

Nam mọ

ce

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