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life tout le refte du texte dans des exemplaires corrects, jufques à fe le rendre très-familier: eftimant heureux ceux qui peuvent le fçavoir par cœur. Il exhorte à étudier par ordre, & donne le plan de fon ouvrage, divifé en deux livres : le premier de l'Ecriture fainte, le fecond des arts 6.1.1.3. liberaux. Entrant en matiere il marque en particulier les écrits des peres fur chaque livre de l'Ecriture, qu'il confeille de lire, & qu'il avoit dans fa Bibliotheque. Ce n'étoit pas feulement des Peres Latins, mais des Grecs, qu'il avoit .3. pris soin de faire traduire. En parlant d'Origene, il marque que plufieurs Peres l'ont noté comme heretique, & qu'il vient d'être condamné par le Pape Vigile. Ce qui peut faire croire qu'il écrivoit cet ouvrage peu de tems après le cin4. II. quiéme concile. Toutefois en parlant des concigeneraux, immediatement après l'Ecriture, il ne nomme que les quatre premiers: foit que le cinquiéme ne fût pas encore fini, foit que Sup. n. 54. Caffiodore doutât de fon autorité, voiant que plufieurs Evêques ne le recevoient pas, particulierement en Italie.

c.17.18.

les

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Il indique les principaux auteurs de la science ecclefiaftique, foit theologiens, foit historiens, foit moraux entre lefquels il n'oublie pas Caf fien mais il avertit de le lire avec précaution, & fuivant la correction de Victor Evêque de 6.29. Martyrit en Afrique. Entre les hiftoriens, il fait

mention de l'hiftoire Tripartite qu'il avoit fait c. 17. compofer par fon ami Epiphane. C'est une traduction des trois hiftoriens Grecs, Socrate, Sozomene & Theodoret, recueillis en un feul corps, divifé en douze livres ; & elle fervoit de continuation à celle de Rufin, qui avoit traduit les dix livres d'Eufebe, & y en avoit ajoûté un onziéme. Auffi depuis ce tems-là, les Latins n'ont guere connu d'autre hiftoire de l'Eglife.

Caffio

Caffiodore finit le dénombrement des auteurs ecclefiaftiques, par deux faints Abbez qu'il avoit connus particulierement, fçavoir, Eugippius & Denis le petit.

Comme Caffiodore étoit homme de lettres, il propofe à fes moines pour principale occupation, l'étude de l'Ecriture fainte, & de tout ce qui peut y fervir, ce qu'il étend affez loin. Pour . 30. travail corporel, il exhorte fur tout à transcrire des livres ; & recommande avec grand foin l'ortographe, dont il donne plufieurs regles : particulierement pour la correction des anciens n. 15, exemplaires de l'Ecriture fainte, que l'on alteroit fouvent, par des corrections temeraires. Il avoit cette matiere tellement à cœur, qu'à l'âge de quatre-vingts-treize ans il fit un traité particulier de l'ortographe, extrait de douze auteurs, dont le dernier étoit Prifcien. Quant aux c. 18, Moines moins propres aux lettres, Caffiodore approuve qu'ils s'appliquent à l'agriculture & au jardinage, pour le foulagement des hôtes & des malades il leur indique les livres qui traitent de cette matiere, & les livres des medecins à ceux qui prenoient foin des malades. Le fecond .31. livre de l'inftitution de Caffiodore comprend les traitez abregez des quatre arts liberaux : fçavoir, la Grammaire, la Rhetorique, la Logique, la Mathematique, qui en comprend quatre autres: fçavoir, l'Aritmetique, la Geometrie, la Mufique, & l'Aftronomie, ce qui fait fept en tout; & ce font les fept arts liberaux, fi fameux depuis dans les écoles chrétiennes. C'est ainsi que Caffiodore finit faintement fa vie vers l'an 565. On lui attribuë un petit traité du compute pafcal, compofé en 562.

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AN. 561.

I. Mort du

Roi Clotaire 1.

LIVRE TRENTE-QUATRIÈME. CHildebert étant mort, Clotaire fon frere

qui regnoit avec lui depuis quarante-neuf ans fe trouva feul Roi des François pendant deux ans qu'il vécut encore ; & c'est à ces derniers tems de fon regne que l'on rapporte une ordonnance generale adreffée à tous fes agens, to. 5 conc. pour l'obfervation de la juftice. Elle porte entre P.87.

Greg. IV.

hift. c. 10

Martii chr.

autres chofes que l'on jugera fuivant les loix Romaines, les affaires entre les Romains: ainfi nommoit-on les anciens habitans des Gaules, pour les diftinguer des Barbares, Francs, Bourguignons & Goths, entrez depuis cent cinquante ans. L'ordonnance ajoûte: Si le juge a condamné quelqu'un injuftement contre la loi, il fera corrigé en nôtre abfence par les Evêques. Perfonne n'abufera de nôtre autorité pour époufer une veuve ou une fille malgré elles, ou pour les enlever. Perfonne ne fera affez hardi pour époufer des religieufes, ou ôter aux Eglifes ce qui leur a été donné par les défunts. Nous remettons à l'Eglife les droits fur les terres & fur les troupeaux. Cette ordonnance a un rapport manifefte aux canons du troifiéme concile de Paris.

Le Roi Clotaire la derniere année de fon re

gne vint à faint Martin de Tours avec de grands prefens. Il y repaffa tous fes pechez, & pria avec beaucoup de gemiffemens le faint confeffeur d'implorer pour lui la mifericorde de Dieu. Il mourut peu de tems après, la vingtiéme année depuis le confulat de Bafile, indiction neuviéme : c'est-à-dire, l'an 561. Il en avoit regné cinquante depuis la mort de fon pere Clovis. Il voulut être enterré comme lui, & comme fon frere Childebert, en une Eglise de fa fondation :

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AN. 561.

fçavoir, celle de faint Medard près de Soiffons qu'il avoit commencée, & qui fut achevée par E fon fils Sigebert. D'abord Clotaire avoit fait couvrir le tombeau de faint Medard d'une cabane de menuës branches, en attendant que l'Eglife fût Greg.gl. bâtie; & les fideles prenoient des brins de ce conf.c.95. bois pour guerir diverfes maladies. Ce Roi difoit en mourant: Qu'en pensez-vous? Quel eft ce Roi celefte, qui fait ainfi mourir de fi grands Rois? Ses quatre fils partagerent le roiaume comme avoient fait ceux de Clovis. Charibert fit fa refidence à Paris, Gontran à Challon ou à Lion, Sigebert à Mets, Chilperic à Soiffons.

IX. 6. 30.

La ville de Tours étoit dans le partage de Charibert, qui aiant reçu le ferment des habi- Greg. lib. tans, leur jura de fon côté qu'il les laifferoit en l'état où ils avoient vécu fous fon pere, fans les charger d'aucune nouvelle impofition. Mais le Comte Gaifon prenant un ancien état des tributs, l'envoia au Roi qui le mit au feu, en gemiffant & craignant la puiffance de faint Martin. Il fit rendre à fon Eglife l'argent qui avoit été exigé déclarant que perfonne du peuple de Tours ne paieroit aucun tribut.

La ville de Saintes étoit auffi du roiaume de

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Concile de

Charibert, & Leonce Archevêque de Bourdeaux Saintes. y affembla un Concile des Evêques de fa pro- Id. IV hift. vince, où il dépofa Emerius Evêque de Saintes, c. 16. comme n'étant pas ordonné canoniquement : car il avoit eu un decret du Roi Clotaire, pour être facré fans le confentement du Métropolitain, qui étoit abfent. Le Concile aiant dépofé Emerius, élut à fa place Heraclius Prêtre de l'Eglife de Bourdeaux; & les Evêques envoierent au Roi Charibert, le decret de l'élection, souscrit de leur main. Le Prêtre qui le portoit étant arrivé à Tours, raconta à l'Archevêque Eufronius la chofe comme elle s'étoit paffée, le priant de Sou

X 3

foufcrire auffi le decret: mais Eufronius le refufa ouvertement : prévoiant fans doute le fcandale que cauferoit cette élection. Quand le Prêtre fut à Paris, & en presence du Roi, il dit : Seigneur, le Siege apoftolique vous faluë. C'étoit le file du tems, de nommer apoftoliques tous les Sieges épifcopaux, principalement les Métropolitains, & tous les Evêques Papes. Mais le Roi feignant de ne pas l'entendre, dit au Prêtre: Avez-vous été à Rome, pour me faluer de la part du Pape? Il répondit: C'eft vôtre pere Leonce qui vous falue avec les Evêques de fa province, vous faifant fçavoir qu'Emerius a été déposé de l'évêché de Saintes, qu'il avoit obtenu par brigue contre les canons. C'eft pourquoi, ils vous ont envoié leur decret, pour en mettre un autre à la place: afin que le châtiment de ceux qui violent les canons attire la benediction fur vôtre regne. A ces mots le Roi fremiffant de colere commanda qu'on l'ôtât de fa prefence, qu'on le mît dans une charette pleine d'épines, & qu'on l'envoiât en éxil; & ajoûta Penfes-tu qu'il ne refte plus de fils du Roi Clotaire, qui maintienne ses actions, pour chaffer ainfi fans nôtre ordre un Evêque qu'il a choifi? Il envoia auffi-tôt des Ecclefiaftiques pour rétablir Emerius dans le Siege de Saintes, & des Officiers de fa chambre, qui firent paier à l'Archevêque Leonce mille fous d'or, & aux autres Evêques du Concile à proportion de leurs facultez. Emerius demeura donc Evêque de Saintes ; & il y a apparence qu'il fe Fortun. lib. reconcilia avec Leonce, puifque Leonce à fa priere acheva l'Eglife de faint Bibien, commencée par Eufebe prédeceffeur d'Emerius. Placidine femme de l'Archevêque Leonce contribua à fournir l'argent, pour l'ornement du fepulchre de ce Saint; & prit part avec fon époux à la

1.Germ. 11.

déco

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