AN. 1157 une fortie d'Italie ; &i nous ne prétendons point la fer des causes raisonables, avec le témoignage par peinture , on y ajoûte l'écriture : nous ne le soufa frirons pas , nous quitterons plûtôt la couronne. Qu'on efface les peintures & qu'on retracte les écrits afin qu'il ne reste pas des monumens éternels d'inimitié entre le royaume & le sacerdoce. Après ce discours de l'empereur , les évêques viennent à la satisfaction que le pape demandoit du comte Palatin de Baviere & du chancelier Reinald, & ils disent : Le comte Palatin est absent, & le chancelier ne nous a rien dit qui ne tende à la paix : Coûtenant qu'il a défendu de tout son pouvoir les legats contre le peuple, qui en vouloit à leur vie ; & tous ceux qui étoient presens en rendent témoignage. Au reste nous fupplions vôtre sainteté d'appaiser l'empereur par des écrits qui adoucissent les premiers :afin que l'église soit tran quille sans que l'empire perde ricn de la dignité. Le pape appaise. Cependant l'empereur Frideric résolu de retour ner en Italie campa près d’Ausbourg où ses troupes chancelier l'empereur. g. 17 aïant apris chancelier & Otron comte Palatin de Bavicre , qui s'avancerent en Lombardie, faisant par tout rc An. 1158. connoître l'empereur. Ce que le pape il envoïa à ce prince deux nouveaux legats , Henry prêtre cardinal du titre de S. Nérée , & Hyacinthe diacre cardinal de sainte Marie en l'école greque, hommes prudens & plus propres que les premiers au maniment des affaires. Ils vinrent trouver à Modene les envoyez de l'empereur ausquels ils se presenterent avec humilité ; & après qu'ils eurent c. 2; exposé le sujet de leur légation, qui étoit de procurer la paix & l'honeur de l'empire , on les faisla passer. Étant arrivez à Trente ils prirent avec eux l'évêque pour plus grande sûreté : car comme on favoit que l'empereur n'étoit pas content du pape, plusieurs vouloient prendre ce prétexte pour piller les legats au palsage des montagnes. En effet deux comtes puissants en ces quartiers-là prirent les cardinaux & l'évêque, les dépouillerent & les mirent aux fers, jusques à ce qu'un noble Romain frere du cardinal Hyacinte les délivra en se rendant en ôtage. Mais Henry duc de Baviere & de Saxe , vengea peu de tems après cette violence. Les legats étant donc arrivez au camp de l'em-c. et pereur près d'Ausbourg , furent admis à son audiance ; & après l'avoir salué respectueusement de la part du pape & des cardinaux, comme feigneur cmpereur de Rome & du monde : ils lui témoignerent le déplaisir que sentoit le pape d'avoir encouru son indignation , quoi qu'il ne crut pas l'avoir meritée ; & presenterent une lettre qui fup Tome XV. G & luë & interpretée par Orton évêque de Frisingue , An. 1158. à qui cette division entre l'empire & le sacerdoce, causoit une douleur singuliere, comme témoigne Epif. 4. Radevic son disciple. La lettre portoit en subftancc, que l'empereur n'avoit pas dû être choqué du mot de benefice , beneficium, employé dans la premiere lettre du pape, parce qu'il ne l'avoit point employé pour signifier un ficf, comme il étoit ordinaire en ce temps-là , & n'avoit point voulu dire que l'empereur fut son vassal : mais il avoit employé ce mot selon l'usage commun de la langue latinc, pour signifier un bienfait , comme il se trouve dans les saintes écritures. Il explique de mê. me cette expression : Nous vous avons conferé la couronne , contulimus , & déclare qu'il n'a voulu dire autre chose sinon: Nous vous l'avons imposée. Il attribuë à des gens mal intentionnez ces mauvaises interpretations , & finit en recommandant à l'empereur ses nouveaux legats Henry & Hyacinthe , qu'il dit avoir envoyez par le conseil de Henry duc de Baviere & de Saxe. L'emperçur fut content de cette lettre : mais il expliqua aux legats quelques autres articles , qui pourroient causer de la discorde , si on n'y mettoit ordre : furquoi les légats lui répondirent suivant son defir, & promirent que le pape conferveroit en tout les droits & la dignité de l'empire. Alors l'empereur déclara , qu'il rendroit son amitié au pape & au clergé de Rome , en ligne de quoi il donna aux legats le baiser de paix , tant pour eux que pour les absens. Il leur fit des prelens , & les renvoya pleins de joye. C. 23. XXVI. Radov. 11. 6. 11. Otton évêque de Frisingue devoit suivre en Italie l'empereur Frideric son neveu , à qui il étoit An. 1155. très-utile pour les affaires de l'empire : mais il le pria de lo dispenser de ce voyage , & en le quittant Frifingue: il lui recommanda les interests de son église : particulierement la liberté de l'élection après sa mort, qu'il croïoit proche , à cause des avis qu'il en avoit reçûs,fondez sur quelques revelations. Etant retourné chez lui, il partit pour se rendre au chapitre de Citeaux , & arriva malade à Morimond , dont il avoit été abbé. Il s'y arrêta, & la maladie augmentant , après avoir reçû l'extrême-onction & fait son testament, il se fit apporter le livre qu'il avoit composé de l'histoire de l'empereur Frideric; & le donna à des hommes doctes & pieux, pour y corriger ce qu'il pouvoit avoir dit en faveur de l'opinion Lib.7,6.57. de Gilbert de la Poirée , dont quelqu'un pût être scandalisé : déclarant qu'il vouloit solltenir la foi catholique suivant la regle de l'église Romaine ) ou plûtôt de l'église universelle: ce qui lui donnoit du scrupule étoit apparemment la maniere dont il avoit parlé de S. Bernard , comme prévenu contre Gilbert. Après cette déclaration Otton reçut le viatique , & mourut au milieu d'une multitude d'évêques & d'abbez le vingt-uniéme de Septembre 1158. Il avoit gouverné vingt ans l'église de Frisingue. Nous avons de lui deux ouvrages historiques : premierement une chronique divisée en sept livres, Sup. liv. LXIX qui commence à la création du monde, & finit à l'an 1146. L'auteur y a ajoûté un huitiéme livre , v11. c. 33. qui est un traité theologique de la fin du monde. Il Sup.l. cxix. n.32. n. 20. XXVII. Assemblée de Roncaille. Otto, Morena edit. Leib. Radev. II. 6.2. entreprit ensuite l'histoire de l'empcrcur Frideric An. 1158. dont il composa deux livres , commençant à l'an 1076. & au schisme de Guibert contre Gregoire par Radevic son disciple & chanoinc de son L'empereur Frideric avoit convoqué une assem blée générale à Roncaille , entre Plaisance & res: taud. p. 818. Cremone , pour la S. Martin de l'année 1158. & elle commença en effet le vingt-troisiéme de No- cette |