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ce un grand courage & beaucoup de prudence, il le croioit Après J. C. feul capable de foutenir fon petit état contre les efforts Li-funde l'ufurpateur de l'Empire. Il mourut enfuite à Tai-yuen- hiu. fou dans le Chanfi fa Capitale.

Le nouvel Empereur de la Chine, à qui l'on donna dans la fuite le titre de Tai-tçou, ne poffeda pas tout ce vaste Empire. Le Honan & le Chantong formoient tous fes Etats, le refte étoit poffedé par la plûpart de ces grands Généraux, qui fur la fin de la Dynaftie précédente étoient parvenus à un fi haut degré de puiffance qu'ils s'étoient rendus les maîtres dans leurs gouvernemens. Li-meoutchin fous le titre de Roi de Ki regnoit à Fong - fiangfou dans le Chenfi. Yang-ou regnoit dans le Kiangnan pays qu'on appelloit alors Hoai-nan. Vang-kien étoit établi dans le Royaume de Cho où la Province de Sfe-tchuen: fa domination s'étendoit jufques dans une partie du Chenfi & du Hou-kouang.

Le Tche-kiang qui formoit alors le Royaume de Ouyoue appartenoit à Tfien-lieou. Ma-yn & Kao-ki-tchang étoient maîtres du refte de la Province de Houkouang & des environs, le premier fous le titre de Roi de Tçou; le fecond fous celui de Kim - nan. Lieou - in regnoit dans la Province de Canton. Enfin les Tartares Hoei - ke étoient maîtres de la partie la plus occidentale du Chenfi, les Kitans ménaçoient d'entrer dans le nord, & le fucceffeur de Li-ke-yong regnoit dans le Chanfi.

Kam-mo.

Li-ke-yong, pendant fa vie, avoit adopté un grand nom- Lie-tai-kibre de braves Officiers de fon armée qu'il regardoit com- fu. me fes propres enfans & leur avoit laiffé jouir d'une grande autorité auprès de lui. Ils en abuferent bientôt pour s'opposer à fes dernieres volontés. La plupart, après fa mort, fe raffemblerent dans le deffein de déthrôner Litfun-hiu; ils vinrent trouver fecretement Ke-ning, & s'efforcerent de l'engager à prendre les armes contre le nouveau Roi, fous prétexte qu'il avoit toujours été d'ufage chez les Tartares que les freres parvinffent à l'Empire, préférablement au fils du Prince qui venoit de mourir. Ke-ning resista d'abord ; mais s'étant enfin laiffé ébranTome II G

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Après J. C.
Li tfun-

hiu.

ler par les follicitations réiterées qu'on lui fit, ils refolurent
enfemble d'arrêter le Roi de Tcin, c'étoit le nom de la
Dynaftie que Li-ke-yong venoit de fonder & de l'envoyer
à l'Empereur mais la confpiration ayant été découverte, fans
que
les Conjurés en fuffent inftruits, Li-tfun-hiu fit faire
un grand feftin, au milieu duquel Ke-ning & fes compli-
ces furent arrêtés par des gens qui avoient caché leurs
armes, & on les condamna tous à perdre la tête.

Pendant ce tems-là Li-fu-gan, Général de l'Empereur, étoit occupé à faire le fiége de Lou-tcheou dans le Chanfi qui appartenoit aux Tcin. Il ne pouvoit fe rendre maître de cette place, & l'Empereur, qui craignoit que la nouvelle de la mort de Li-ke-yong ne fût fauffe, vouloit faire revenir fes troupes; mais il appréhendoit que les Tcin ne les inquietaffent dans leur retraite. Cette incertitude le détermina à venir en perfonne à Tce-tcheou, d'où il fit fommer plufieurs fois de fe rendre, Li-ffu-tchao qui fe deffendoit depuis longtems avec beaucoup de courage dans Lou-tcheou, mais celui-ci, quoique la ville manquât de tout, ne laissa pas de brûler la lettre de l'Empereur & de faire couper la tête à l'envoyé. Tai-tfou, voyant qu'il ne pouvoit ébranler la fermeté de cet Officier, refolut de lever le fiége ; fes Généraux qui efperoient que la mort de Li-ke-yong apporteroit du changement dans ce petit Royaume, & que les troupes du Roi des Tein feroient obligées de s'en retourner, l'engagerent à refter encore pendant quelque tems. Il y avoit en effet quelque apparence de troubles dans le Royaume des Tçin. Le Général Tcheou-te-goei étoit à la tête d'un corps d'armée, & les peuples appréhendoient qu'il ne fe déclarât contre Li-tfun hiu. Mais ce Prince ayant mandé Tcheou-te-goei, ce Général obéit auffi-tôt à fes ordres & fe rendit à Tcin-yam où il entra fans foldats & vint fe jetter aux pieds du nouveau Roi. Cette démarche produisit un double avantage, elle fervit à tranquilifer le peuple & en même-tems à faire croire aux ennemis que les Tein retiroient leurs troupes.

L'Empereur des Leam fe perfuada, en apprenant que Tcheou-te-goei s'étoit approché de Tcin - yam, que les

Tein ne viendroient point fecourir, Lou-tcheou & il s'en retourna; mais le Roi des Tcin, qui fentoit combien il étoit important de conferver cette place, & qui étoit en même-temps inftruit de la négligence de l'Empereur à maintenir l'ordre & la difcipline dans fon armée, choisit ce qu'il avoit de meilleurs foldats & alla furprendre, dans un tems de brouillards & à la pointe du jour, les troupes des Leam qui étoient encore enfevelies dans le fommeil. Elles furent mifes auffi-tót en déroute & obligées de fuir, laiffant tous les bagages & les machines du fiége. Tcheoute-goei alla se préfenter au pied des murailles de Lautcheou, annonça que Li-ke-yong étoit mort & que fon fucceffeur venoit de battre en perfonne les ennemis. Il demanda que l'on ouvrit la porte de la ville. Li-ffu-tchao qui n'étoit point inftruit de tous ces événemens & qui appréhendoit que Tchou-te-goei ne fe fût revolté & joint aux ennemis des Tcin, refufa d'abord d'obéir, il crut que c'étoit un piége que les ennemis des Tcin lui tendoient,& il n'ouvrit fes portes que quand il vit le Roi lui-même en habit blanc ; c'eft-à-dire en deuil. La levée de ce fiége jetta la confternation dans l'Empire des Leam.

Tcheou-te - goei alla auffi - tôt après cette expédition faire le fiége de Tce-tcheou; mais un Général de l'Empereur raffembla promptement des troupes, quoiqu'il n'eût pas d'ordre, & marcha au fecours de cette place. Il y arriva dans le tems que la ville alloit fe rendre; fa préfence ranima le courage des habitans il livra plusieurs combats aux Tcin & les obligea de fe retirer. Pendant ce tems-là le Roi des Tcin s'en retourna à Tcin-yam où il fit repofer fes troupes, & leur diftribua des récompenfes; il fit punir tous ceux de fes fujets qui s'étoient mal comportés & qui avoient envahi le bien d'autrui ; il fit foulager les pauvres, arrêta les voleurs & les libertins, fit des reglemens utiles pour la milice & ne voulut point que les foldats montaffent à cheval qu'ils ne fuffent en campagne. Il les divifa par troupes & établit entre elles le rang qu'elles devoient tenir. Après ces fages reglemens, il leva une nouvelle armée qu'il joignit à celles des Rois de Cho &

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Après J. C. Li-tfunhiu.

L'an 909.

fu.

Kam-mo.

de Ki, & alla attaquer Yum--tcheou (a) qui appartenoit à l'Empereur; mais il fut repouffé. Il envoya auffi des fecours à Pe-king qui étoit affiégée.

Dans le même-tems Liou-tchi-tçun général de l'EmpeLie-tai ki- reur fe révolta & vint demander du feccurs au Roi des Tçin, alors Li-tfun-hiu fe mit à la tête d'une armée, pendant qu'il envoya Tcheou-te - goei faire le fiége de Tçin -tcheou: les troupes impériales furent battues. D'un autre côté le Gouverneur de Hia-tcheou nommé Li-chi-tchang, un des ancêtres des Rois de Hia, avoit auffi pris les armes contre l'Empereur, & il avoit été tué; un de fes parens nommé Fou-gin-fou lui avoit fuccédé dans la même ville; ce fut contre lui que les Rois de Tçin & de Ki marcherent. Tcheou-te-goei affiégea Hia-tcheou ou Ning - hia; mais l'Empereur qui craignit que les Tcin ne s'emparaffent enfuite de la Cour occidentale envoya des troupes qui firent lever le fiége.

L'Empereur avoit cru devoir s'emparer de Chin-tcheou & de Ki-tcheou, dans la crainte que le Roi de Tchao, à qui ces places appartenoient, ne fe tournât du côté des Tcin. Mais cette précaution ne fervit qu'à faire décider plus promptement ce petit Roi, qui,mécontent d'avoir été chaffé de ces villes, s'adreffa au Roi des Tcin & implora fon fecours. Li-tfun-hiu raffembla fes troupes pour marcher contre l'Empereur; ce n'étoit point l'avis de fes Miniftres qui fe défioient du Roi des Tchao, fous prétexte qu'il avoit été attaché de tout tems à l'Empereur & qu'il étoit fon allié; mais le Roi des Tcin ne les écouta pas, il envoya le général Tcheou-te-goei qui vint camper à Tchaotcheou. Les troupes impériales s'avançoient en mêmetems. Tcheou-te-goei s'approcha du camp de l'Empereur pour engager le combat, les Leam n'oferent fortir; il les fit infulter enfuite par quelques troupes légeres qui furent repouffées. Comme ce camp étoit trop bien fortifié, & que l'armée impériale étoit munie de toutes fortes de provifions, Tcheou-te-goei qui n'ofa l'attaquer, resolut d'atten

(a) Dans le Chenfi, dans les environs de Si-gan-fou.

pour

Après J. C.

hiu.

dre qu'elle eût confommé fes vivres. Il représenta à Litfun-hiu qui vouloit qu'on les forçât, que les troupes de Li-tfunTcin-tcheou & de Tim-tcheou étoient affez fortes garder ces villes; mais qu'elles ne pourroient tenir dans une action générale en rafe campagne, que les meilleures troupes qu'il avoit à oppofer aux ennemis ne confiftoient qu'en cavalerie, qui ne pouvoit combattre avec avantage que dans la plaine, & qui ne pouvoit s'étendre dans une attaque de retranchemens.

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Le Roi rentra dans fa tente, peu fatisfait du confeil que fon Général venoit de lui donner, & aucun Officier n'ofoit parler. Tcheou te-goei alla trouver Tchang-tchingnie & lui représenta que le Roi couroit après la victoire & qu'il méprifoit trop fes ennemis ; que quoique fes forces ne fuffent pas fuffifantes, il demandoit avec empreffement le combat. Dans l'état où font nos affaires, dit-il, il faut pa» roître abandonner un grand terrain pour engager l'ennemi » à faire un pas. En le tenant ainfi il quittera fon camp & nous l'attaquerons avec plus d'avantage. Tchang-tchingnie revint dans la tente du Roi, & le détermina à fuivre les avis de Tcheou-te-goei. On n'eut pas plutôt refolu d'aller camper à Kao-ye, qu'on apprit par des transfuges que les Leam fe difpofoient à fe retirer, comme Tchang-tchingnie l'avoit prévû. Il n'y avoit point alors de fourages dans les environs, ils avoient été enlevés par les Leam qui en avoient fait de grandes provisions, mais les Tcin qui en manquoient, avoient trouvé le moyen de les leur enlever; & les foldats des Leam, qui n'ofoient plus fortir de leur L'ang11. camp, furent obligés de prendre les pailles qui couvroient les maifons pour en nourrir leurs chevaux. Cette difette de fourage détruifit une partie de la cavalerie. Alors Tchou-te - goei avec trois mille hommes fe préfenta à la porte des retranchemens du camp impérial, & fit une fauffe attaque : les Leam fortirent & fe rangerent en bataille: dans le tems qu'ils fe disposoient à passer un pont on les arrêta & on commença le combat. La vitoire balança long-tems entre les deux partis, Tcheou te-goei par fa prudence fçut retenir l'impétuofité du Roi & fit décider la victoire en fa faveur. Lorfque les Leam

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