fonda par ܙܙܶܙ une chaîne que lui avoit donnée faint Junien, Abbé & Prêtre dans le même païs; & elle lui donnoit des habits faits de fa main. Ce Saint la liberalité du Roi Clotaire, le moVita per nastere de Mairé depuis réduit en prieuré, & enBandoni:se . fin en paroisse. Quelque tems après la retraite 12927de fainte Radegonde, il courut un bruit que le Roi vouloit la reprendre , fe repentant d'avoir consenti à sà retraite. Elle redoubla fes austeriGrega de tez, & consulta un reclus nommé Jean , qui gl. conf. 6. demeuroit à Chinon, qui lui dit : que le Roi avoit veritablement ce deffein , mais que Dieu ne le permettroit pas. Ensuite elle vint à Poitiers où elle bâtit un monastere par les ordres du Roi Clotaire, qui furent promptement executez, par l'Evêque Pientius & le Duc Austrapius. Sainte Radegonde y assembla une grande communauté, & y fit élire Abbesse une fille nommé Agnés qu'elle avoit élevée, & qui reçut Epiß. Ras, la benediction de saint Germain de Paris. Sainte aps Greg. Radegonde se soûmit entierement à cette AbIX. 6.41. befle, sans se reserver la disposition de rien. 10.5.60n6.p. Qnelque tems après, le Roi Clotaire vint à Tours avec son fils Sigebert , sous prétexte de dévotion : mais à desfein de passer à Poitiers, & reprendre fainte Radegonde : qui l'aiant appris, écrivit à faint Germain qui accompagnoit le Roi , pour le prier de détourner ce malheur. Saint Germain aiant lu la lettre se profterna aux pieds du Roi , en pleurant devant le tombeau de faint Martin , & le conjura de la part de Dieu de ne point aller à Poitiers. Le Roi de son côté se profterna devant faint Germain, le priant que Radegonde obtînt de Dieu le pardon de ce qu'il avoit entrepris par mauvais conseil. Saint Germain alla pour cet effet à Poitiers , & obXV..., tint facilement ce que le Roi defiroit. du concile de Ce fut donc pour la conservation de ce mo nastere Tours. nastere de Poitiers, que sainte Radegonde écri- Ap. Greg. vit aux Evêques du concile de Tours. Leur ré- IX. hist. c. ponse ne porte les noms que de sept : Euphro- 39. tom. 5: ne, Pretextat, Germain, Felix, Domitien, Vi coní, p.8720 etorius & Domnole. Après avoir loué le zele de sainte Radegonde, ils lui accordent ce qu'elle demandoit, & ordonnent que les filles de leurs dioceses, qui se seront retirées dans son monastere, ne pourront plus en sortir, suivant la regle de faint Cesaire d'Arles ; que fi quelqu'une est assez malheureuse de le faire , elle sera excommuniée & anathématisée ; & que si elle passe 'jusques à fe vouloir marier , tant elle, que le mari facrilege , & les complices seront sujets à la même peine, jusques à ce qu'ils se separent pour faire penitence Ils obligent leurs Successeurs à maintenir cette discipline , sous peine de leur en répondre au jugement de Dieu. Quatre de ces mêmes Evêques , Euphrone, com.f.cons. nes æuvres les maux dont ils sont menacez. Sainte Radegonde avoit déja dans son Eglife XV!IT. des reliques de plusieurs Saints : mais elle deli- Croix de roit Poitiers. P 868. Y 5 *.17 que Baudonin. roit ardemment d'en avoir de JESUS-CHRIST même , c'est-à-dire , de la vraie croix. Elle refolut donc d'en demander à l'Empereur Justin. Mais comme elle ne faisoit rien sans conseil, elle écrivit au Roi Sigebert, dans le roiaume duquel elle étoit , pour avoir fa permission ; & Paiant obtenuë elle envoia des Clercs en Orient: à qui l'Empereur donna du bois de la croix, orné d'or & de pierreries, avec plusieurs reliques des Saints , & des évangiles ornez de même. Les reliques étant venuës à Poitiers, sainte Radegonde pria l'Evêque Merouée , fuccefleur de Pientius , de les placer dans son monaftere , avec le chant des pseaumes , & les honneurs convenables. L'Evêque fans avoir égard à fa priere monta à cheval pour aller à la maison de campagne. Sainte Radegonde fort affligée, envoia au roi Sigebert, le priant d'ordonner le premier Evêque qui se trouveroit, transferât ces reliques. Cependant elle redoubloit les jeûnes, fes veilles & les prieres avec toute la communauté. Le Roi envoia le comte Justin à Euphrone Archevêque de Tours, pour le charger de > certe commission. Euphrone vint à Poitiers, & en l'absence de l'Evêque il porta les reliques dans le monastere avec un grand appareil de Greg.gl. cierges, d'encens & de pfalmodie. Il y eut deMars.c.s. puis un grand concours de peuple à cette Egli fe, & il 'y fit plusieurs miracles. Ce fut à cette occasion, que le prêtre Fortu nat composa l'hymne celebre en l'honneur de la Paul. diasi croix , qui commencé par ces paroles : Vexilla regis prodeunt. Il étoit né en Italie près de Trevise, & avoit fait ses études à Ravenne, où il s'étoit rendu sçavant dans la grammaire, la retorique & la poëtique. Ayant un grand mal aux yeux, il fut gucri par l'huile d'une lampe qui brûloit près d'un autel de Saint Martin; & pour pour reconnoiffance il quitta fon païs, & vint -rega hift. 6. 40. gner les bonnes graces de l'Evêque Merouée , alla avec fon Abbesse Agnés à Arles, pour y prendre la regle de saint Cefaire , & étant revenue à Poitiers fe mit fous la protection du Roi , ne pouvant avoir celle de l'Evêque. En Espagne faint Martin de Dume devenu XIX. Conciles Archevêque de Brague, tint un Concile des deux de Galice. provinces de Galice : c'est-à-dire , de Brague & de Lugo, l'ere 610. la feconde année du Roi com.s.com6. Miron ou Ariamir, que l'on croit être le fils de po 894. Theodemir : c'eft-à-dire , Pan 572. le premier jour de Juin. Le Concile se tint dans l'Eglife métropole de Brague, & il y allista douze Evê ques, fix de chaque province. Saint Martin y Sup. 1.5i fit lire ce qui avoit esté reglé au premier Concile , où il témoigne avoir affifté avec eux ; & propose d'achever ce qu'on n'avoit pû faire alors. Puis il ajoûte: Par la grace de JESUS-CHRIST, il n'y a point en cette province de difficulté toųchant la foi; il ne reste qu'à regler la discipline, suivant l'écriture & les canons. Lisons donc premierement les preceptes de S. Pierre. On lut le 1, Peer. V. paffage de sa premiere Epitre , où il marque les 1. 2. 3. 4. devoirs des Pasteurs, que tous les Evêques pro Y6 mirent An. 572. : 1 AN. 572. mirent d'observer : puis on dreffa dix canons. Le premier porte, que les Evêques en visitant leurs Eglises, examineront premierement les Clercs , pour sçavoir comment ils administrent le Baptême, comment ils celebrent la Mefle, & les autres offices de l'Eglise. Ils leur ordonneront Suy.xxx. sur tout, de faire venir les catecumenes à l'exor7.39. cisme vingt jours avant leur baptême, c'est-à dire , le quatriéme Dimanche de Carême ; & de leur apprendre particulierement le Symbole pendant ce tems-là. L'Evêque aiant examiné ses Clercs, assemblera le peuple un autre jour, pour l'instruire de fuir l'idolatrie , l'homicide, l'adultere , le parjure , le faux témoignage , & les autres pechez mortels : de croire la resurrection & le jour du jugement : puis il passera à une autre Eglise. L'Evêque en la visite ne prendra que le droit nommé cathedratique : c'est-à-dire, deux fols d'or , non pas la troiliéme partie des offrandes , qu'il doit laisser pour le luminaire & les reparations. Il n'emploiera point les Clercs des Paroisses à des cuvres serviles. 0.7. Toute simonie est défenduë. Les Prêtres pourront prendre ce qui sera offert volontairement pour le Baptême : mais ils n'exigeront rien, peur de détourner les pauvres de faire baptiser 6.4. leurs enfans. Les Evêques ne prendront plus le tiers du fou que l'on exigeoit pour le faint Chrêpretexte du peu de beaune qui y en6.3. tre. Ils ne prendront rien non plus pour l'ordi nation des Clercs ; & ne les ordonneront qu'après un soigneux examen , & sur le témoignage de 6.5. plusieurs. Ils n'exigeront rien des fondateurs, pour la confecration des Eglises : seulement ils prendront garde qu'elles soient suffisamment 6. 6. dotées , & par écrit. Si quelqu'un pretend fon der une Eglise, à la charge de partager les oblations avec les Clercs : aucun Evêque ne la con de me , sous sacrera, |