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y avoit fait de grands efforts. Le Pape Gelafe s'attribuë ici en commun, ce qu'avoit fait Felix fon predeceffeur, qui furvéquit à Acace. Gelafe continue Je leur demande, où pretendentils que s'exerce le jugement qu'ils propofent? chez eux en forte qu'ils foient les parties, les P. 1171. témoins & les juges. S'il s'agit de la religion, la fouveraine autorité de juger n'eft dûë felon les canons, qu'au Siege Apoftolique. S'il s'agit de la puiffance du fiecle, elle doit être jugée par les Evêques, & principalement par le vicaire de faint Pierre. Perfonne, quelque puiffant qu'il foit dans le fiecle, pourvu qu'il foit chrétien, ne s'attribue le pouvoir de juger des choses divines, s'il ne perfecute la religion.

Vers le même tems le Pape Gelafe reçut une lettre des Evêques de Dardanie, où ils le nompi1165. ment Pere des Peres; declarant qu'ils veulent obéir en tout à fes ordres, & que dès avant qu'ils les euffent reçûs, ils avoient renoncé à la communion d'Eutychez, de Pierre, d'Acace & de tous leurs fectateurs : enfin, qu'ils veulent demeurer inviolablement attachez au faint Siege. Ils prient le Pape de leur envoier quelqu'un des fiens, en prefence duquel ils puiffent regler ce qui concerne la foi catholique. Cette lettre eft foufcrite par Jean Evêque de Scopia, metropole de la province, & par cinq autres Evêques. Le Pape leur envoia un Evêque nommé Urficin avec une lettre, où il marque qu'il n'a pû leur donner part, fuivant la coûtume, de fon entrée au Pontificat, auffi-tôt qu'il auroit defiré, à caufe des troubles de guerres : ce qui marque la revolution d'Italie, & la conquête de Theodoric. Il dit : que l'herefie d'Eutychez a commencé depuis environ quarante-cinq ans, ce qui revient à l'an 493.à comSup. liv. pter depuis la condamnation d'Eutychez au Concile de C. P.en 448. Il les inftruit de cette heresie,

XXVII.

n. 29.

&

& de la condamnation d'Acace, les confirme dans l'attachement au faint Siege, & les charge de faire part de cette lettre aux Evêques des Provinces voifines.

écrit con

D'autre côté, le Pape Gelafe aiant avis que l'on XXIX recommençoit en Dalmatie à femer l'herefie de Le Pape Pelage, écrivit à un Evêque du païs, nommé Ho- tre les Pe norius: pour avertir fes Confreres de s'éloigner de lagiens. ceux qui en feroient infectez, & de les defabufer. Epift. 5. Il marque fix Papes qui ont condamné cette herefie: Innocent, Zofime, Boniface, Celeftin, Sixte & Leon. L'Evêque Honorius envoia des Députez. au Pape, & témoigna s'étonner du foin qu'il prenoit des Eglifes de Dalmatie; marquant au refte, qu'il avoit toûjours tenu fur ce point la faine dotrine. Le Pape lui répondit: que de tout tems le Epift. 6. faint Siege avoit pris foin de toutes les Eglifes du monde, & lui envoia des réponses à quelques articles, pour une plus grande inftruction. L'heresie avoit paffé la mer, & gagné la partie d'Italie la plus voifine, qui étoit le Picenum. Là un vieillard, nommé Seneque, enfeignoit le Pelagianifme: fçavoir, Epift.7. qu'il n'y avoit point de peché originel; que les enfans morts fans baptême ne pouvoient être condamnez, que l'homme, par le bon ufage de fon libre arbitre, pouvoit devenir heureux. D'où paffant à la pratique, il permettoit aux Clercs & aux Moines, de demeurer avec des filles confacrées à Dieu, comme n'ayant rien à craindre s'ils ne vouloient. Il parloit indignement de faint Jerô- AN. 493. me & de faint Auguftin, & avoit excommunié un Prêtre qui refiftoit à fes erreurs.

Ce vieillard fut amené au Pape Gelafe, qui le trouva fort ignorant, & même d'un efprit bas & groffier; en forte qu'il n'avoit que de l'opiniâtreté fans raifon. Après donc avoir effaié en vain de le Epift.7. convaincre, il écrivit une grande lettre aux Evêques de cette Province : où il refute ces erreurs

& reprend fortement les Evêques de leur negli AN. 493. gence à s'y oppofer. Elle fut envoiée par un Diacre, nommé Romulus, & eft datée du premier

P. 1240.

de Novembre fous le Confulat d'Albin, c'est-àTraft. 3. dire, en 493. Le Pape Gelafe fit auffi un traité to.4.cone. contre les Pelagiens, où il montre principalement que l'homme ne peut vivre fans peché. Il y explique le myftere de la Refurrection, & cette pa1.Cor. VII. role de l'Apôtre : Que l'homme infidele eft fan&tifié par la femme fidelle.

XXX. Il y avoit auffi des Gaulois qui favorifoient le Gennade Pelagianifme, ou du moins n'approuvoient pas la

de Mar

feille.

doctrine de faint Auguftin, touchant la grace. Tel étoit Gennade Prêtre de Marseille, qui dans fon Catalogue des Auteurs ecclefiaftiques, loue extrê mement Faufte de Riez. Au contraire il blâme S. Profper d'avoir attaqué Caffien: & ne laisse pas même faint Augustin fans atteinte. Il écrivit cet ouvrage vers l'an 493.& le dernier Auteur dont il parle eft faint Honorat Evêque de Marseille. Il est éloquent, dit-il, & declame fur le champ dans l'Eglife. Il a été élevé dès l'enfance dans la crainte de Dieu, & eft exercé aux affaires ecclefiaftiques: Sa bouche eft comme un tréfor des Ecritures divines: il compofe plufieurs homelies très-utiles pour expliquer la foi, & convaincre les heretiques. Ce ne font pas feulement les Evêques & les Prêtres de fon voifinage, qui fe plaisent à l'entendre: Ceux qui font éloignez l'obligent à parler dans leurs Eglifes, quand quelque neceffité l'attire chez eux. Même le faint Pape Gelafe Evêque de Rome, aiant connu par fes écrits l'integrité de sa foi, 2 témoigné par fa réponse comme il l'approuvoit. Il écrit les vies des faints Peres pour l'édification de la pofterité, principalement de faint Hilaire d'Arles, qui l'a élevé, & il fait autant qu'il peut avec fon peuple des Proceffions pour implorer la mifericorde de Dieu. C'est ainfi que Gennade parle de faint

Hona

Honorat de Marseille. Le feul ouvrage qui nous refte de ce faint Evêque eft la vie de faint Hilaire d'Arles.

Gennade pårle auffi de Sidonius, mort quelque tems auparavant fous l'Empereur Zenon. Il étoit, dit-il, parfaitement inftruit des lettres divines & humaines, & fes écrits en profe & en vers, font voir la beauté de fon efprit. Mais il avoit auffi la vigueur du Chriftianifme, qui le fait regarder comme un Pasteur catholique & un Docteur infigne, au milieu de la ferocité des barbares, dont la Gaule étoit alors accablée. Sidonius étant exhorté par un de ses amis à écrire l'histoire temporelle, s'en ex- IV. Epift. cufa, principalement fur fa profeffion, foûtenant "". que cette compofition ne convient pas à un ecclefiaftique. Il prédit que fon Succeffeur feroit Aprun- Greg. Tur culus, qui étant Evêque de Langres, avoit été ll hist.c.az. obligé d'en fortir, parce qu'il étoit fufpect aux Bourguignons, comme souhaitant la domination des Francs. L'Eglife de Clermont honore la me- Sirm. praf. moire de Sidonius, le vingt-uniéme d'Août. On attribue à Gennade un livre des dogmes eccleTo. 8. op. 8. fiaftiques, qui s'accorde peu à la doctrine de faint Auguftin, quoiqu'il fe trouve avec fes œuvres.

Aug. Ap.

P.75.

Pape Gela

Les Ambaffadeurs du Roi Theodoric, Faufte & XXXI. Irenée étant revenus à Rome, dirent au Pape Ge-Lettre du lafe, que l'Empereur Anaftafe demandoit pour- fe à l'Emquoi il ne lui avoit point écrit. Le Pape lui écri- pereur. vit fur ce fujet en ces termes : Ce n'eft pas de Epift.8. mon choix ; mais comme ceux que vous avez envoiez à Rome, dirent par toute la ville, que vos ordres ne leur permettoient pas même de me voir j'ai cru devoir m'abftenir de vous écrire, pour ne me pas rendre importun. Il dit enfuite ces paroles remarquables: Il y a deux moiens par lefquels ce monde eft principalement gouverné; l'autorité facrée des Évêques, & la puiffance roiale. La charge des Evêques eft d'au

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tant plus grande, qu'ils doivent rendre compte des Rois mêmes au jugement de Dieu. Car vous fçavez, qu'encore que vôtre dignité vous éleve au-deffus du genre humain, vous baiffez la tête devant les Prélats, vous recevez d'eux les facremens, & leur êtes foumis dans l'ordre de la Religion vous fuivez leurs jugemens, & ils ne fe rendent pas à vôtre volonté. Que fi les Evêques obeïffent à vos loix, quant à l'ordre de la police, & des chofes temporelles; fçachant que vous avez reçu d'en haut la puiffance: avec quelle affection devez-vous être foumis à ceux qui font établis pour diftribuer les facremens? Et fi les fideles doivent être foumis generalement à tous les Evêques, qui traitent dignement les chofes divines combien plus doit-on fe conformer à l'Evêque de ce Siege, que Dieu a établi au-dessus de tous les Evêques : & qui a toûjours été reconnu pour tel par toute l'Eglife? Il preffe enfuite l'Empereur, par la pieté qu'il avoit témoignée jufques alors, étant fimple particulier & montre la neceffité d'éfacer le nom d'Acace, par les mêmes raifons que contiennent fes autres lettres. Et comme on objectoit la resistance du peuple de C. P. il répond: que ce peuple a bien fouffert que l'on ait rejetté Macedonius & Neftorius; & que l'Empereur a fçu reprimer ce peuple, quand il a voulu remuer à l'occafion des jeux publics. Enfin, dit-il, si l'on craint d'irriter p. 1183. E. le peuple d'une feule ville: combien doit-on plus P.1185.D. craindre de bleffer la foi de tous les peuples du monde, qui feroient scandalisez de nôtre pré

XXXII. varication?

tion de S.

Deputa- Le Roi Theodoric pour affermir fa dominaEpiphane tion fit une loi, par laquelle il ne laiffoit la liberté de Pavie. entiere qu'à ceux qui avoient pris fon parti; déEnnod. clarant ceux qui avoient fuivi le parti d'Odoacre Vita Epiph. P. 394. ed. & des Herules, incapables de tefter, ni de difpoSirm.

fer

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