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mirent que le Roi d'Angleterre & celui de France, feroient garder par deux mille hommes, Ravenne & Cervia, dont il demandoit la reftitution aux Venitiens, qui · la lui refufoient.

AN. 1528.

LI.

Autres propo

voyez d'Henri

Cette garde de deux mille hommes pouvoit bien mettre obstacle aux deffeins, que les Venitiens euf- fitions faites sent pû avoir sur ces deux places, mais ne les remet- par les entoit pas entre les mains du pape, comme celui-ci le viíí. fouhaitoit. Les envoyez fentoient bien, qu'une telle propofition ne le fatisferoit pas pleinement, c'eft pourquoi ayant envie de la faire paffer, ils lui repréfenterent en même-tems, qu'il devoit fe défier de l'empereur plus que jamais, & ne point penser à traiter avec lui, parce que le deffein de ce prince étoit de le faire dépofer comme bâtard, d'élever en fa place le cardinal Quignonés, qu'on appelloit de Angelis, & de fe faifir de tout l'état eccléfiaftique; qu'ainfi le moyen de se foutenir, & de fe défendre contre ces pernicieux projets, c'étoit de demeurer toujours uni aux rois de France & d'Angleterre, & d'accepter les fecours que ces princes lui offroient. Après avoir fait au pape ces propofitions, ils lui demanderent comme d'eux-mêmes, fi fuppofé que la reine entrât en religion, il donneroit dispense au roi pour un nouveau mariage, & ne légitimeroit pas les enfans des deux lits : ou bien, fuppofé que la reine ne voulût

pas

fe faire religieufe, à moins que le roi ne fît la même chofe, fçavoir, fi après que la reine auroit fait fes vœux, sa sainteté difpenferoit Henri des fiens, & ne lui accorderoit pas la liberté de fe remarier. Et comme Clement VII. étoit d'un naturel fort timide, ils lui firent entrevoir que s'il n'étoit pas favorable à Tome XXVII,

G

Henri, il pouvoit compter que l'Angleterre étoit perAN. 1528. due pour lui, & que les Anglois étoient déja tout dispofez à fe fouftraire au faint fiége.

LII.

Réponse du

d'Angleterre.

Le pape répondit en gémiffant, qu'il fe trouvoit pape aux en entre l'enclume & le marteau, que de quelque côvoyez du roi té qu'il fe tournât, il ne voyoit que des précipices, & qu'il ne mettoit fon espérance que dans la protection de Dieu, qui n'abandonneroit pas fon églife. Qu'au refte il avoit fait pour le Roi d'Angleterre plus que ce prince ne pouvoit raisonnablement attendre, en commettant le jugement de fa cause à deux légats, qui lui étoient dévoüez. Que non content de cela, il le preffoit de faire encore davantage, & de paffer par-deffus les regles, que l'église avoit accoutumé d'observer en pareille occasion, & de lui facrifier ouvertement l'empereur, l'archiduc fon frere, la reine Catherine, l'honneur, la dignité & les intérêts du faint fiége. Que c'étoit lui demander trop, & que du moins le roi devoit fouffrir que cette affaire paffât par le jugement des légats, qui avoient été commis à cet effet. Que ce n'étoit pas fa faute, fi elle avoit été retardée, & que fi c'étoit par la négligence de Campege, ce légat avoit agi contre fes ordres. Cette réponse fit affez comprendre aux envoyez ce que le pape penfoit, auffi firent-ils entendre au roi qu'il ne devoit rien attendre de lui, & que toute la reffource qui lui restoit, étoit de faire inceffamment juger l'affaire par les légats.

LIII.

Le pape Cle

En effet le pape qui voyoit les affaires de France ment VII.par- entierement ruinées en Italie, craignoit plus que jamais d'offenfer Charles V. & il ne le diffimuloit pas.

che du côté de Charles V.

Campege difoit publiquement en Angleterre que

tant que les impériaux feroient les plus forts en Italie, AN. 1528. & qu'on ne feroit point raison au pape de Ravenne & de Cervia, on ne devoit guéres attendre de grace de fa fainteté. Et l'on n'en douta plus, lorfque l'on vit arriver à Londres Vincent Casali, cousin germain du chevalier, & du protonotaire du même nom, avec une grande lettre de ce dernier, où il rendoit un compte fort exact de tout ce qui s'étoit paffé entre Clement VII. & lui au fujet de cette bulle fecrete, dont il faifoit tant de bruit, & qu'on prétendoit avoir été brûlée sur un ordre que le protonotaire Gambara en apporta en même tems à Campege, quoique toutes les dépêches qu'on a de ce tems-là, faffent bien mention de l'arrivée de Cafali & de Gambara, & ne difent rien de cette bulle.

vorce,

LIV.

Le cardinal

preffion de

nafteres pour

Pendant que le roi d'Angleterre pensoit à son dile cardinal Wolfey s'occupoit avec beaucoup Wolfey obde soin aux fondations d'Oxford & d'Ipfwich, & tient la fuptrouvant qu'elles étoient très-agréables, tant au roi plufieurs moqu'à tout le clergé, il réfolut de n'en point demeu- fon college. rer là, mais de fupprimer d'autres couvents, d'ériger de nouveaux évêchez, & de convertir des abbayes en cathédrales. Tout cela fut propofé dans le college des cardinaux qui en approuverent le deffein, comme on le voit par une lettre de Cafali du trentiéme d'Octobre. Wolfey demanda encore pouvoir de faire la vifite de tous les couvents d'Angleterre ; & le quatriéme de Novembre, le pape lui en expédia la bulle. Cependant il eut peine à la lui accorder ; car quand Gardiner lui eut dit, que la fuppreffion qu'on lui demandoit étoit nécessaire, & qu'il falloit qu'on la fit, le faint pere fut quelque tems à rêver,

AN, IS 28.

LV.

ment de fon

royaume.

HISTOIRE ECCLESIASTIQUE, n'ofant peut-être irriter de nouveau les religieux. Néanmoins comme il caufoit affez de chagrin au roi par fes délais, il tâcha de le confoler d'ailleurs en accordant à fon favoritout ce qu'il lui demandoit en faveur de ses fondations.

En Ecoffe les affaires changerent entierement de Jacques V. roi face dans cette année; la reine Marguerite, qui avoit d'Ecoffe prend le gouverne- fait caffer fon mariage avec le comte d'Angus, s'étoit remariée avec Henri Stuart, & le forma un puissant parti. Mais ce qui l'inquiétoit, étoit de voir toujours le roi fon fils fous la tutelle du comte d'Angus, de George Douglas fon frere, & d'Archibald leur oncle, qui gouvernoient abfolument. Pour s'en défaire, elle fit infinuer au roi de s'échapper & de fe retirer à Sterling. Le prince exécuta ce deffein, & fçut fi bien prendre fon tems, qu'il fe fauva, & fit publier à Sterling une défense de reconnoître les Douglas pour régens, & en même-tems leur défendit de s'approcher de la cour. Le comte d'Angus fit quelques tentatives pour remettre en fon pouvoir la perfonne du roi; mais il ne put réüffir. Les Douglas firent des courfes jufqu'aux portes d'Edimbourg fans aucun fuccès ; le jeune prince y affembla fon parlement le quatriéme de Septembre, & s'y rendit lui-même. Là on ren1 dit un arrêt, par lequel les biens des Douglas furent confifquez. Henri VIII. envoya au roi ses ambassadeurs pour faire la paix, mais le tout fe termina à une tréve de cinq ans, qui fut concluë à Barvich, & fignée le quatorziéme Décembre 1528. Par un article féparé, les Douglas pouvoient être reçus en Angleterre, à condition qu'ils livreroient à leur fouverain,les places qu'ils tenoient en Ecoffe, & que s'ils ren

troient dans le royaume, & y commettoient quelques AN. 15 28. défordres, Henri feroit tenu de les réparer comme s'ils avoient été commis par fes propres fujets.

LVI. Différend en

Eppendorf.
Erafm. epift.

pag. 19.40.

p. 46.

lib. 30. pag.

Le célébre Erafine, qui étoit toujours l'objet de l'admiration de tous ceux qui le connoiffoient bien, tre Erafme & & de la contradiction de ceux, à qui fa franchise & fon mérite déplaifoient, étoit encore en différend 53. lib. 30. avec un nommé Eppendorf, gentilhomme allemand, qui feroit aujourd'hui fort inconnu dans la républi-1633. que des lettres fans ce démêlé avec Erafme: voici ce qui y donna occafion. Ulric Hutten poëte des plus mordans, & des plus fatyriques, étoit venu à Basle en 1524. malade & manquant de tout, & fit dire à Erafme, par Eppendorf, qu'il fouhaitoit de le voir. Erafme que cette vifite pouvoit rendre odieux, & qui craignoit que cet homme, qui n'avoit point de retraite, ne vint fe loger chez lui, pria Eppendorf d'engager honnêtement Hutten à ne lui point rendre de vifite. Hutten prit cette excufe d'abord en affez bonne part, cependant il fit de nouvelles tentatives pour voir Erafme, & n'ayant pû y réüffir, il se retira à Mulhaufen fort irrité de ce refus. Pour s'en vanger, il fit contre Erasme un écrit affez sanglant, qui ne fut pas fans réponse. Eppendorf prit le parti de Hutten avec chaleur, ce qui fâcha beaucoup Erasme qui avoit regardé ce gentilhomme comme son ami, & qui ne voyoit pas d'ailleurs quel intérêt il avoit à fe ranger du côté de Hutten. Une telle conduite lui fit beaucoup de peine, il s'en plaignit, mais on envenima fes plaintes, & l'on rapporta même à Eppendorf, qu'Erasme avoit écrit contre lui au prince Geor ge de Saxe. Quoiqu'il n'y eût aucune preuve de la vérité

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