Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dolfe. On convint de fe raffembler à l'heure de AN. 1184. none pour terminer ce fchifme; mais Volmar prevint l'heure, & fe fit élire & intronifer par une partie. Rodolfe venant avec les fiens à l'heure marquée, protefta de faire caffer l'élection de Volmar. Sur quoi l'empereur Frideric ayant assemblé les feigneurs à Coblens, ils jugerent qu'en cette division il pouvoit choisir une perfonne capable. Il donna l'inveftiture à Rodolfe, & Volmar fe pourvût devant le pape. Le pape & l'empereur foûtenoient chacun celui dont ils avoient pris la protection, ils se séparerent ainsi sans avoir pû convenir. Ce fchifme dans l'églife de Treves dura fept ans. L'empereur Frideric vouloit encore que le pape couronnât empereur fon fils Henri; mais le pape le refufa; difant Frideric devoit donc quitter la couronne, & qu'il ne pouvoit y avoir deux empereurs ensemble.

que

de

LVII. Amba Tadeurs

Jerufalem en

France.
Rad. de Dic.

Pendant la tenue du concile le quatrième jour de Novembre, comme le pape, l'empereur, les cardinaux & la plupart des évêques étoient affemblez dans la grande églife, Gerard archevêque de Raven- t. p. 634. ne expofa publiquement le trifte état du royaume de Jerufalem; exhortant toutes fortes de perfonnes à le fecourir pour la remiffion de leurs pechez. Le roi Baudouin IV. fentoit fon mal croître de jour en G. Tyr. xx11. jour, il avoit perdu la vuë, la corruption de la lepre lui ôtoit l'ufage des pieds & des mains, & de plus il fut attaqué d'une groffe fiévre à Nazareth. Il ne pouvoit toutefois fe refoudre à quitter la couronne; mais en prefence des feigneurs, de la rei

6.29.

AN. 1185. ne fa mere & du patriarche, il établit regent du royaume Gui de Lufignan comte de Joppé & d'Afcalon; fe refervant la dignité royale, la feule ville de Jerufalem & une penfion de dix mille écus d'or. Mais quelque tems aprés le roi connoiffant l'incapacité de ce jeune feigneur, & d'ailleurs mal fatisfait de lui, retira le pouvoir qu'il lui avoit donné; & pour lui ôter même l'efperance de la fucceffion à fa couronne, il fit couronner folemnellement Baudouin son neveu fils de Sibille & du marquis de Montferrat fon premier mari; quoique ce ne fut qu'un enfant, qui avoit à peine cinq ans. Il fut Couronné le vingtiéme de Novembre 1181. & les plus fages n'approuverent cette action, qu'entant qu'elle ôtoit l'autorité à Gui de Lufignan; car le royaume demeuroit toûjours fans gouvernement, par la maladie du premier roi & le bas âge du fecond. Gui de Lufignan s'enferma dans Ascalon, & refusa ouvertement d'obéir au roi fon beaufrere, qui donna la regence du royaume au comte de Tripoli.

lib. XXIII.

Rad de Dic. 2.623.625.

Alors ce pauvre roi voyant les progrés de Sala din & en craignant de plus grands, envoya en Occident Heraclius patriarche de Jerufalem, Arnaud maître des Templiers & Roger maître des Hofpitaliers. Ils arriverent heureusement à Brindes & ayant appris que le pape & l'empereur étoient à Veronne, ils s'y rendirent, mais ils ne reçûrent aucun fecours effectif de l'un ni de l'autre, Seulement le pape leur donna des lettres de recommandation pour les rois de France & d'An

gleterre. Le maître des Templiers mourut à Ve- AN. 1185. ronne, le patriarche & le maître de l'hôpital pafferent en France, & arriverent à Paris le feizié- Rigord. p. 14. me de Janvier 1185. Maurice évêque de Paris, les reçut en proceffion avec le clergé & le peuple; & le lendemain le patriarche celebra la mesfe dans Notre-Dame, & y prêcha. Le roi Philippe Auguste ayant appris l'arrivée des ambassadeurs quitta toutes fes autres affaires, pour venir promptement les trouver. Il les reçut avec honneur, leur donna le baiser de paix ; & ordonna à fes prevôts & à fes intendans de les défrayer par tout fur les terres. Ils lui prefenterent les clefs de la ville de Jerufalem & du faint fepulcre ; & quand ils eurent expliqué le fujet de leur voyage, le roi assembla à Paris un concile general des évêques & des feigneurs de fon royaume; & par leur confeil il ordonna à tous les prêlats d'exhorter fes sujets par de frequentes prédications à faire le voyage de Jerufalem pour la défenfe de la foi. Mais on ne lui confeilla pas d'y aller en perfonne, parce qu'il n'avoit pas encore d'enfans. Il y envoya feulement à fes dépens de braves. chevaliers avec une grande multitude de gens de pied.

LVIII. Ambaffadeurs de

Roger. Hoved.

Les deux ambaffadeurs de Jerufalem pafferent promptement en Angleterre, & y arriverent vers Jerufalem en Anle commencement de Février 1185. Le roi Henri gleterre. les reçût à Redingues ; ils fe jetterent à fes pieds & p. 28. lui prefenterent la banniere royale avec les clefs du S. fepulcre, de la tour de David & de la ville de Je

AN. 1184.

Epift. 2. o. 10.

Conc. p. 1737.

rufalem. Ils le faluerent de la part du roi Baudouin, des feigneurs & de tout le peuple de fon royaume;& lui expoferent avec larmes le fujet de leur voyage.Ils lui rendirent auffi une lettre du pape Lucius, quireprefentoit l'état déplorable où la terre fainte fe trouvoit reduite par les victoires de Saladin, & la maladie du roi de Jerufalem : recommandoit au roi d'Angleterre le patriarche & le maître de l'hôpital; & le faifoit fouvenir de la promeffe qu'il avoit faite, de donner du fecours à la terre fainte. C'eft quand Sup. liv. 1xx11. il reçut l'abfolution du meurtre de S. Thomas de Cantorberi. Le roi répondit, que Dieu aidant la chofe iroit bien ; & donna terme aux ambaffadeurs pour apprendre fa résolution au premier dimanche de Carême, qui cette année 1185. étoit le dixiéme de Mars.

37.

Ce jour fe trouverent à Londres le roi Henri,' le patriarche Heraclius, les évêques, les abbez, les comtes & les barons d'Angleterre, Guillaume roi d'Efcoffe avec David fon frere & les feigneurs Rad. Dic. p.626. du pays. Huit jours aprés on delibera fur la propofition des ambaffadeurs ; & on mit en question lequel étoit le plus à propos, que le roi allât en personne au secours de Jerusalem, ou qu'il demeurât en Angleterre, dont il avoit reçu la cou ronne en face d'église. Quelques-uns insistoient sur le ferment qu'il avoit fait à fon facre; & foûtenoient qu'il étoit plus obligé à maintenir la paix dans fon royaume, & le défendre contre les infultes des étrangers, qu'à marcher en personne à la défense de l'Orient. Car en quittant l'Angleterre

il

Brompt. chr.

avoit beaucoup à craindre & de la part des Fran- AN. 1185. çois & de la part des princes fes enfans. Le roi Girard. II. Hib. Henri fe rendit à cet avis, & répondit au patriar- exp. c. 25. c. J. che de Jerufalem, qu'il n'iroit point, mais qu'il aideroit de fon argent ceux qui voudroient y aller. Le patriarche mal content de cette reponse, dit : Vous ne faites rien, seigneur, nous cherchons un prince & non de l'argent: on nous en envoye de tous les pays, mais nous demandons un homme. Il infiftoit que le roi envoyât au moins un de ses fils; mais le roi répondit, qu'il ne pouvoit les engager au voyage en leur abfence. Le patriarche fruftré de fon efperance le menaça que Dieu l'abandonneroit, & s'emporta jufqu'à lui reprocher fes infidelitez envers le roi de France & la mort de faint Thomas de Cantorberi; & voyant le roi fort irrité de ce discours, il lui tendit le col en disant: Faites de moi ce que vous avez fait de Thomas: j'aime autant que vous me faffiez mourir en Angleterre, que les Sarrafins en Syrie, puisque vous êtes pire qu'un Sarrafin.

Enfuite le roi Henri, le patriarche & le maître de l'hôpital pafferent en Normandie, & firent à Rouen la fête de Pâques, qui cette année 118 5. fut le vingt-uniéme d'Avril. Le roi de France ayant appris l'arrivée du roi d'Angleterre, vint en diligence le trouver à Vaude-de-Reuil prés de Roüen, où ils confererent pendant trois jours; & promirent d'envoïer à la terre fainte un grand fecours, tant Roger. p. 630. d'hommes que d'argent. Comme le Roi d'Angleterre avoit permis à tous fes fujets de fe croiser Tome XV.

Yyy

« AnteriorContinuar »