me serment. Ce serment fut le fi gnal d'un soulevement général. II : est bien yrai-femblable que le peuple d'abord regarda comme un prodige, & comme une preuve sensible que le Ciel s'interessoit à la vengeance de Lucrece, ce chan'gement si prompt qui venoit de se faire en apparence dans l'esprit de Brutus. La pitié pour le fort de cette infortunée Romaine , & la haine des tyrans, firent prendre les armes au peuple. L'armée rouchée des mêmes sentimens se révolta ; & par un décret public les Tarquins furent bannis de Rome. Le Sénat pour engager le peuple plus étroitement dans la révolte, & pour le rendre plus irréconciliable avec les Tarquins, souffrit qu'il pillât les meubles du Palais. L'abus que ces Princes avoient fait de la puissance souveraine; fic proscrire la Royauté même. On dévoüa aux Dieux des Enfers, & on condamna aux plus cruels supplices ceux qui entreprendroient Depuis la de rétablir la Monarchie. L'Etat Fondation Républicain succéda au Monare de Rome chique; le Sénat & la Noblesse 244 ans complets. profiterent des débris de la Royau té ; ils s'en approprierent tous les Cic. 1. 3. droits ; Rome devint en partie un de legibus. Erat Aristocratique , c'elt-à-dire D. H. 1. 5. que la Noblesse s'empara de la Ti . liv. plus grande partie de l'autorité Dec. 1. 1. 2. fouveraine. Au lieu d'un Prince Cic. Or.pro Sexrio, perpétuel, on elut pour gouverIdem. de ner l'Etat, deux Magistrats anLegibus 1.3. nuels tirez du Corps du Sénat, aufVal. Max. quels on donna le titre modeste 1. 4. 6.8. de Consuls , pour leur faire connoître qu'ils étoient moins les Souverains de la République, que ses Conseillers , & qu'ils ne devoient avoir pour objec que fa conservation & fa gloire. Brutus l'auteur de la liberté fut élû pour premier Consul, & on lui donna pour Collegue, Collatin mari de Lucrece, dans la vûë qu'il seroit plus interessé que toue autre à la vengeance de l'outrage qu'elle avoit reçû. Mais cette République naissante pensa être détruite dès son origi. ne. Il se forma dans Rome un parti en faveur de Tarquin : quelques jeunes gens des premiers de la Ville, élevez à la Cour, & nourris dans la licence & les plaisirs, en- D. H. 1. s. admira la triste fermeté avec laquelle il avoic, présidé lui-même à leur supplice. Son autorité en devint encore plus grande ; & après la mort des deux fils du Consul, il n'y eut plus aucun Romain qui osât seulement penser au retour de Tarquin. Collatin Collegue de Brutus , par une conduite opposée à la sienne, & pour avoir youlu fauver ses neveux , se rendit suspect & fut déposé du Consulat. Le peuple jaloux, & comme furieux de la liberté, le bannic de Rome ; il n'osa se fier à la haine Cic. 1. 3. déclarée que ce Romain faisoit Offic, paroître contre Tarquin. Il crai gnit justement qu'étant parent du Tit. Liv. Prince, is n'en eût l'esprit de doDec 1. 1. 2. mination, & qu'il ne fût plus enD. H. 1. s. nemi du Roi que de la Royauté. Publius Valerius fut mis en la place, & Tarquin n'esperant plus rien du parti qu'il avoit dans Rome, entreprit d'y rentrer à force ouverre. Les Romains s'y opposerent toujours avec une constance invincible ; on en yint aux armes , & dans la premiere bataille qui fut donnée auprès de la Ville, contre les Tarquins, Brutus & Aroncefils Tit, Liv. pour en faire le siege de sa tyrannie. Mais ce grand homme diflipa la malignité de ces difcours, & les fit tomber par sa modération & la sagesse de la conduite. Il fit abatre lui-même cette maison, l'objet de la jalousie de ses concitoyens,& le Consul des Romains fut obligé de loger dans une maison d'emprunt. Avant que de se donner un Collegue, & pendant qu'il avoit seul toute l'autorité, il changea par une seule Loi faite en faveur du peuple , toute la forme du Gouvernement; & au Lieu que sous les Rois, les Plébisci. CS |