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raifon qu'en rapporte Euphorion, qui dit auffi que les Béotiens F'appelloient Candaor. Les Arabes ont fait une femme d'Orion, qu'ils nommoient Algiauza, dont le mari, appellé Sokeil, étoit extrémement amoureux (a).

d'Orion,

La Fable des filles d'Orion, qui felon Ovide, fe dévoue- Les Filles rent pour le falut de Thebes, affligée de la pefte, & dont les cendres furent changées en garçons, fignifie fans doute que leur exemple donna du courage aux jeunes Thebains, qui ayant mené jufques-là une vie molle & effeminée, n'avoient ofé pour le falut de leur patrie fe livrer à la mort.

(a) Voyez Thomas Hyde, Religion des anciens Perfes, d'après Oulug-Bec.

CHAPITRE VIII.

Explication des Fables de Biblis & de Caunus; d'Iphis & de Iante, d'Anaxarete; d'Arion, &c.

L

Biblis &

(1) Met. 1.

E monde offre fouvent des fcenes, que des paffions mal combattues dès leur commencement, rendent également criminelles & dangereufes. Telle fut la paffion infensée de Biblis pour fon frere Caune, dont Antoninus Liberalis, & Ovide (1) nous ont donné l'Hiftoire, & qu'ils ont embellie Caune. d'une circonftance qui n'eft que le fruit de leur imagination. Ils font traverfer plufieurs pays à cette fille, pour chercher fon frere qui la fuyoit, & la font enfin arriver dans la Carie où, felon le premier, elle fut changée en Hamadryade, dans le temps qu'elle alloit fe précipiter du haut d'une montagne ; & felon le fecond, en une Fontaine qui a depuis porté fon nom. Ils devoient dire au contraire, que cette avanture étoit arrivée dans laCarie même,puifqu'il eft sûr, felon le témoignage d'Apollodore (2), & de Paufanias (3) qui Milet leur pere, (2) Liv. 3. étoit forti de l'Ifle de Crete pour aller conduire une Colonie (3) In Acai dans la Carie, où il conquit une ville, qu'il embellit & augmenta, & à laquelle il donna fon nom: Paufanias ajoute que

cis.

2..

(1) Loc. cit.

tous les hommes qui étoient dans cette ville ayant été tués pendant le fiége, les vainqueurs épouferent leurs femmes & leurs filles. Milet eut pour fon partage Cyanée, fille de Méandre; & c'est de ce mariage que naquirent Caunus & Biblis. Cette Princeffe ayant conçu pour fon frere une flamme criminelle, chercha par toutes fortes de moyens de le rendre senfible; Caunus ne paya tous les empreffemens de fa fœur, que d'indifference & de mépris, & fe voyant fans ceffe perfécuté, il alla chercher dans des lieux éloignés une tranquillité qu'il ne trouvoir plus dans la maifon de fon pere. Biblis ne pouvant vivre fans lui, ni fouffrir un fejour où elle ne voyoit plus fon frere, se retira dans les bois où elle mourut de chagrin. Ovide qui n'échappoit point les occafions de peindre les foiblesses & les défordres du cœur, s'eft beaucoup étendu fur cette Hiftoire, car cette avanture n'eft que trop veritable.Biblis fut changée en Fontaine; fymbole des larmes qu'elle avoit verfées en abondance, & il est vrai qu'il y avoit prés de Milet une fontaine qui portoit fon nom.

Paufanias (1) qui en Hiftorien ne dit rien de la métamorphofe, nous apprend feulement que dans le pays des Milefiens étoit une Fontaine de Byblis, près de laquelle étoit arrivée l'avanture célebre des amours de cette Princeffe. Conon, (2) Dans (2) qui n'eft pas toujours conforme à Ovideni aux autres MyPhotin, Narr. thologues, dit que c'étoit Caunus qui étoit amoureux de fa foeur, & quoiqu'elle eût auffi de l'inclination pour lui, elle ne fit jamais paroître que des fentimens vertueux. Caunus défefperé de fa réfiftance, chercha dans la fuite un remede à fa paffion; & Biblis ne pouvant plus vivre fans lui, fe retira, comme on vient de le dire, au milieu d'un bois, où après avoir verfé un torrent de larmes, elle attacha fa ceinture à un noyer, & s'y pendit.

Cependant Caunus arriva en Lycie, & là une Naïade étant (3) Elle s'ap- fortie du fond d'un fleuve (3), tâcha de le confoler, & lui propelloit Pro- pofa la fouveraineté de cette contrée, dont elle pouvoit difpofer. Caunus la crut, l'époufa, & en eut Egiale, qui lui fucceda, & qui pour raffembler les peuples qui lui étoient foumis, & qui jufques-là avoient mené une vie errante & vaga

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bonde,

bonde, bâtit une ville qu'il appella Caune, du nom de fon pere. Ovide qui a fuivi dans fes Métamorphofes la tradition commune, convient dans fon Art d'aimer, que Biblis fe pendit.

Arfit, & eft laqueo fortiter ulta nefas.

Milet vivoit du temps de Minos premier, & il avoit époufé, felon quelques Auteurs, Acacallide fa fille ; mais s'étant brouillé avec fon beau-pere, il fut obligé de fortir de l'Ile de Cre& de fe retirer dans la Carie. Ainfi l'époque du regne de Minos que j'ai marquée ailleurs, fervira à faire voir le temps auquel on doit rapporter l'Hiftoire que je viens de raconter.

te,

Ovide a écrit cette Fable avec tout l'art d'un homme qui connoiffoit parfaitement les foibleffes du cœur humain; mais il entre dans des détails trop délicats pour des oreilles chaftes.

Iphis & Ian

(1) Ovid.

Met. 1.9.

L'avanture d'Iphis qui change de fexe par la puiffance d'Ifis (1), pour poffeder une Maitreffe qu'il aimoit tendrement, té eft un de ces faits que la Medecine peut revendiquer fur l'Hiftoire; & dès-là je dois me contenter de dire que je n'ai rien trouvé dans l'Antiquité fabuleufe, qui eût le moindre rapport avec cette avanture, mais on peut confulter Ovide, qui l'a décrite avec beaucoup d'art.

Iphis &

Le même Poëte, qui avoit voulu recueillir toutes les fictions, raconte auffi l'avanture d'un autre Iphis, que l'infen- Anaxarette. fibilité d'Anaxarette qu'il aimoit, obligea de fe pendre de défefpoir, pendant qu'Anaxarette fut changée en Rocher; symbole de la dureté de fon cœur.

Mais ne nous arrêtons point à ces bagatelles; venons à la Arion. Fable d'Arion qui offre un fait plus intereffant & plus hiftorique. Arion (1) étoit, fuivant Hygin & Probus, de la ville de Methymne dans l'Ifle de Lesbos: c'étoit un Poëte Lyrique, & un habile joueur de luth. Etant allé en Italie à la fuite de Periandre Roi de Corinthe, fon protecteur & fon ami, il y gagna beaucoup de bien pendant le fejour qu'il y fit. Comme il s'en retournoit, les Matelots qui conduifoient le Vaiffeau où il étoit, ayant voulu le tuer pour avoir fes richesses, il Tome III. Bbbb

(1) Liv. 9. (2) No&. Attic. lib. 16.

Nv&imene, & Epopée.

(3) Hygin,

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les pria de lui permettre avant de mourir, de jouer quelques airs, efperant peut-être de les attendrir par la douceur de la fymphonie. On dit que plufieurs Dauphins s'étant affemblés. autour du Vaiffeau, il fe jetta dans la mer, & que l'un d'eux l'ayant chargé fur fon dos, le porta jufqu'au Cap de Tenare, d'où étant allé chez Periandre, il lui apprit fon avanture: ce Prince ayant fait venir les Matelots, les fit mettre en Croix.

Pline (1) & Aulugelle (2) affûrent, après Herodote, que: cette Hiftoire eft arrivée de la forte, & ils s'étendent fort fur l'amitié des Dauphins pour les hommes, dont il eft vrai qu'ils. fuivent les Vaiffeaux fans s'épouvanter (a): mais il eft plus vraifemblable, qu'Arion, pour éviter d'être tué par les Ma telots, fe jetta dans la mer affez près des côtes, d'où il fe fauva à la nage, & qu'il publia lui-même pour fe donner de la reputation, la fable du Dauphin. Quoiqu'il en foit, on croit que c'eft ce Dauphin d'Arion qu'on a placé parmi les Aftres... Arion vivoit du temps de Periandre, & vers la vingt-huitiéme Olympiade..

Je dois ajouter cependant, qu'il y a des Auteurs qui difent que le Signe du Dauphin eft compofé d'un certain Delphinus, qui fit confentir Amphitrite à époufer Neptune ; d'autres d'un de ces Mariniers que Bacchus changea en Dauphins.

Mais puifque je viens de parler de Lesbos, je dois joindre ici la Fable de Nyctimene,fille d'Epopée Roi de cette Ille(3),Fab. 204. qu'Ovide & les autres Mythologues appellent Ny&téus,laquelle fut changée en Hibou. Le fait eft que fon pere avoit conçu pour elle une paffion criminelle, & qu'elle alla fe cacher dans fond des forêts; ce qui donna lieu à fa métamorphofe. Latance (4) tranfporte la scene de cet événement dans l'Ethiopie, dont felon lui, Nyctéus étoit Roi.

(4) Ad 3. Theb. v. 507.

Harpalice.

La Fable d'Harpalice (5) offre un fait également odieux, (5) Hygin, plus tragique encore, & malheureufement plus autorifé dans l'Hiftoire mais je dois tirer le rideau fur ces fortes d'infa mies.

Fab. 206.

Dryope.

Celle de Dryope eft plus touchante & moins affreufe. Com

(a) Voyez Lucien dans le Dialogue de Neptune:

3

me elle étoit un jour dans un bois avec fon enfant (1), elle (1) Ovid.
voulut arracher une branche de l'arbre appellé Lotos, & fut Met. liv. 10.
dans l'inftant changée en arbre; ainfi que le décrit Ovide
d'une maniere fort touchante : mais c'eft un de ces faits peu
intereffants, qui n'a pour fondement que la conformité du
nom de cette Nymphe, avec celui du Chêne que les Grecs
appelloient Drys, & qui a beaucoup de reffemblance avec le
Lotos. Que fi on vouloit le rapporter à l'Hiftoire, on pourroit
dire que cette Princeffe fut punie pour avoir voulu profaner
un arbre de quelque bois confacré aux Dieux.

garan

Olene & fa

thée.

Celle d'Oléne, changé en Rocher, offre à peu près une femblable avanture. On dit que pour garantir fa femme Le- femme Lethée du châtiment que fon impieté meritoit, il vouloit fe mettre à fa place; mais il ne fut pas en fon pouvoir de l'en tir (2), & tout ce qu'il gagna fut d'avoir part à fa peine, & (2) Met. L.10. il fut changé en rocher comme elle. Cette avanture n'a fans doute d'autre fondement, finon que ce Prince périt avec fa femme dans les Rochers où ils s'étoient retirés pour fe garantir des pourfuites des Prêtres qui accufoient Lethée de quelque profanation.

des.

Les Ceraftes, dont Ovide raconte les métamorphofes (3), Les Ceraftes peuples de l'Ifle de Cypre, n'ont été changés en Taureaux, & les Propetique pour nous marquer les mœurs barbares & ruftiques de ces (3) Met. 1.1. Infulaires, qui faifoient rougir les Autels du fang des Etrangers. Une fimple équivoque a donné lieu à cette Fable; car Cerafte veut dire cornu:

Unde etiam nomen traxere Ceraftæ (4);

& la raifon pourquoi on leur donnoit ce nom, c'est que
I'Ifle de Cypre eft environnée de Promontoires qui s'élevent
dans la mer, & font voir de loin des pointes de rochers; ce
qui la fit nommer Cerafte, ou Cornue: voilà la fource de la
Fable (5).

(4) Ovid. ib.

(5) Bochart, Les Propetides qui habitoient dans la même Ifle, étoient Chan.l.1.c.3. des femmes fort débauchées. Juftin & plufieurs autres Auteurs difent des chofes étonnantes fur la coutume qu'on avoit dans cette Ifle, de proftituer dans le Temple même de la Déesse

Bbbb ij

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