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ne.

X V. Decime Saladi

Rigord p. 24. eger p. 641. 23. to. 10 cone.

G. Neub. 111.

C.

P. 1759.

& des Chrétiens retenus captifs chez les Sarrafins AN. 1188. Cependant les deux rois de France & d'Angleterre eurent une conference entre Gifors & Trie, depuis la faint Hilaire treiziéme de Janvier, jusques à la fainte Agnés qui eft le vingt-un, où affifterent les évêques & les feigneurs des deux royaumes. Là fe trouva Guillaume archevêque de Tyr, le même qui dix ans auparavant, étoit venu pour le concile de Latran. Il parla fi fortement en cette affemblée de la defolation de l'église d'Orient, & des maux dont elle étoit encore menacée, que les deux rois laiffant leurs differends, qui étoient le fujet de la conference, fe reconcilierent & reçurent la croix de fa main. Avec eux fe croiferent Gautier archevêque de Rouen & Richard de Cantorberi, ou plûtôt ils renouvellerent le vœu qu'ils en avoient déja fait. Les évêques de Beauvais & de Chartres fe croiferent auffi, avec Hugues III. duc de Bourgogne, Richard comte de Poitou fils aîné du roi d'Angleterre, Philippe comte de Flandres, Thibaud comte de Blois & plufieurs autres feigneurs. Pour se distinguer, le roi de France & fes sujets prirent la croix rouge, le roi d'Angleterre & les fiens prirent

la croix verte.

Enfuite le roi d'Angleterre vint au Mans, où il Roger. p. 642. ordonna que chacun donneroit pendant cette année 1188, la dîme de fes revenus & de fes meubles pour le fecours de la terre fainte: excepté les armes, les chevaux les habits des chevaliers; les chevaux, les livres, les habits & les chapelles des clercs, & les pierreries des uns & des autres. On

AN. 1.187. publia des excommunications contre ceux qui ne païeroient pas cette decime, pour en faire la collecte en chaque paroiffe on établit des commiffaires, entre lesquels étoient un Templier & un Hospitalier, un fergent du roi & un clerc de l'évêque.Les croifez étoient exempts de cette decime & recevoient celle de leurs vassaux; mais les bourgeois & les païfans qui fe croifoient fans la permiffion de leurs feigneurs ne payeroient pas moins la decime.

Gervas p. 1521.

On défendit les juremens énormes, les dez ou autres jeux de hazard, les fourrures de verd, de petit gris ou de martes zebelines, l'écarlate & les habits découpez; de fe faire fervir à table plus de deux mets achetez, & de mener en voyage des femmes, finon quelques lavandiere à pied, hors de soupçon. Celui qui avant de fe croifer a engagé ses revenus, ne laiffa pas de jouir du revenu de cette année ; & la dette ne portera point d'interêt pendant tout le voyage depuis la croix prife. Tous les croifez peuvent engager pour trois ans leurs revenus, même ecclefiaftiques. Ceux qui mourront dans le voyage difpoferont de l'argent qu'ils auront avec eux pour leurs domestiques, pour le fecours de la terre sainte & pour les pauvres. C'est l'ordonnance que le roi d'Angleterre fit au Mans de l'avis des prélats & des feigneurs.

Aprés avoir établi les Commiffaires pour recevoir la decime deça la mer, il paffa en Angleterre où il arriva le trentiéme de Janvier, & l'onziéme de Février il tint à Gaintingon prés Northampton une grande affemblée de prélats & des fei

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gneurs, où il fit lire l'ordonnance faite aux Mans: enfuite Baudouin archevêque de Cantorberi & Gilbert évêque de Rocheftre fon vicaire, prêcherent la croisade, & plufieurs fe croiferent. Alors le roi envoya fes officiers par tous les comtez pour lever la decime; ce qui fut executé avec rigueur à l'égard des bourgeois, jufques à emprisonner ceux qui refiftoient. On leva même fur les Juifs; & le roi amaffa par ce moyen des fommes immenfes. Il envoya Hugues évêque de Durham pour faire la même levée en Ecoffe, dont le roi offrit pour s'en racheter cinq mille marcs d'argent ; mais le roi d'Angleterre ne s'en contenta pas.

AN. 1188.

Rigard. p. 52.

to. 10. conc.

Le roi de France Philippe de fon côté tint à Paris une grande affemblée de prélats & des seigneurs de P-1763. fon royaume le dimanche de la mi-Carême, qui cette année 1 188. fut le vingt-feptiéme de Mars. On

y

fit une ordonnance femblable à celle du roi d'Angleterre, portant que tous ceux qui n'étoient pas croifez, donneroient cette année au moins la dîme. de tous leurs meubles & de tous leurs revenus: excepté les trois ordres de Câteaux, des Chartreux, & de Fontevraud & les lepreux. On accorde aux croifez un repit pour le payement de leurs dettes, en donnant les fûretez qui font fpecifiées. La decime fe levera avant les dettes. On nomma cette fubvention la decime Saladine.

Pierre de Blois écrivit fur ce fujet à Henri de Dreux évêque d'Orleans, cousin germain du roi: Philippe Augufte, l'exhortant à remontrer à ce prince,que les ecclefiaftiques devoient être exemts

&

AN. 1188. de cette fubvention. Il est tems, dit-il, de parler; & vous ne devez pas fuivre l'exemple des autres évêques qui flattent vôtre roi. Si le refpect vous retient, prenez avec vous quelques-uns de vos confreres, qui foient pouffez par l'efprit de Dieu, parlez avec force mêlée de douceur. Si le roi veut faire ce voyage, qu'il n'en prenne pas les frais fur les dépouilles des églifes & des pauvres; mais fur fes revenus particuliers, ou fur les dépouilles des ennemis, dont on devroit enrichir l'églife, loin de la piller elle-même fous prétexte de la défendre. Le prince ne doit exiger des évêques & du clergé que des prieres continuelles pour lui. Reprefentez au vôtre, qu'il a reçû le glaive des mains de l'églife pour la proteger, & que s'il a maintenant befoin de fes prieres, il en aura encore plus grand befoin aprés fa mort, à laquelle s'évanouira toute fa puiffance. Mais on ne voit pas que cette remontrance ait eu d'effet, non plus que ce que Pierre écrivit fur le même fujet à Jean de Coutances doyen de l'églife de Rouen, & neveu de l'archevêque Gautier. Il l'exhorte d'employer le credit qu'il avoit auprés du roi d'Angleterre pour maintenir la dignité de l'église. Elle est libre, dit-il, GALVI.31. par la liberté que J. C. nous a acquife, mais si on l'accable d'exactions, c'est la reduire en fervitude comme Agar. Si vos princes, fous pretexte de ce nouveau pellerinage, veulent rendre l'église tributaire; quiconque eft fils de l'église doit s'y oppofer, & mourir plûtôt que de la foûmettre à la fervitude. On voit ici les équivoques ordinaires en

ep. 121.

ce

ce tems-là fur les mots d'église & de liberté, comme fi l'églife delivrée par J. C. n'étoit que le clergé, ou qu'il nous eût delivré d'autre chofe que du peché, & des ceremonies legales.

Pierre de Blois dit encore un mot contre la decime Saladine, dans le traité du voyage de Jerusalem. Les ennemis de la croix, dit-il, qui devroient être fes enfans, annéantiffent leur vou par leur avarice, fous pretexte d'une damnable collecte, & tournent la croix en fcandale. Ce traité tend principalement à hâter le départ des croisez ; & à blâmer les feigneurs qui differoient pour leurs interêts particuliers.

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AN. 1188.

p. 428.

Chr. Reichersp. . 1188.

Chr. Clareval.

cod. Otto. & S.

Blaf.c.31.

Le même jour que le roi Philippe tenoit fon parlement à Paris, l'empereur Frideric tint à Maïence une diette folemnelle, c'eft-à-dire, le dimanche de la mi-Carême vingt-septiéme de Mars. A cette assemblée se trouva le cardinal Henri évêque d'Albane, on y lut publiquement la relation de la prise de Jerufalem, & l'empereur se croisa avec son fils Frideric duc de Souabe, & foixante-huit des plus grands feigneurs tant ecclefiaftiques que feculiers. On exhorta generalement tout le monde à la croifade; & on fixa le rendez-vous pour le dé- Anon. tom.s. part à Ratisbonne à la saint George vingt-troifiéme d'Avril de l'année fuivante. Pour éviter la trop grande multitude, l'empereur fit défendre fous peine d'excommunication à ceux qui ne pouvoient pas faire la dépenfe de trois marcs d'argent, de marcher avec fon armée.De Maïence le legat Henri vint à Liege, où il prêcha fi fortement contre Tome XV.

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Canif

Chr. Claravce. urval. de A pie. Leod. c. 56.

an. 1187. Egid.

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