voix,favoir l'évêque de Durham & le doyen d'Yorc. AN. 1189. Les chanoines ne laifferent pas de paffer outre ; mais le duc Richard ordonna, que toutes chofes demeureroient dans l'état où elles étoient à la mort du roi son pere; c'est-à-dire, que le spirituel seroit gouverné par le doyen, & le temporel par les offi ciers du duc. Rianlf p. 648. Le duc Richard, car on ne lui donnoit que ce titre avant fon facre, vint enfuite à Londres, où fe trouverent les prélats & les feigneurs du royaume; & il y fut facré folemnellement dans l'églife de Ouestminster le dimanche troifiéme jour de Septembre, par Baudouin archevêque de Cantorberi, assisté de trois archevêques, Gautier de Rouen, Jean de Dublin & Volmar de Treves. Ce dernier étoit chaffé de fon fiège par l'empereur Frideric, Sup. n. 3. qui foûtenoit Rodolfe fon competiteur, comme j'ai dit. Volmar mourut en Angleterre cette même année, & fut enterré à S. André de Northampton. Au facre de Richard affifterent auffi quatorze évêques, & presque tous les abbez & les prieurs d'Angleterre. Il fit ferment devant l'autel de conserver toute fa vie la paix & l'honneur de l'églife, de rendre bonne juftice à fon peuple, d'abolir les mauvaises loix & les mauvaifes coûtumes, & en établir de bonnes. Enfuite l'archevêque Baudouin lui fit les onctions, & aprés qu'il fut revêtu des habits royaux, il lui donna l'épée pour reprimer les ennemis de l'églife. Le roi prit lui-même la couronne fur l'autel & la remit à l'archevêque qui la lui mit fur la tête. AN. 1189. XX. Sedition contre les Juifs 128. Jo. Bromp. p.1159. rang, Aprés la meffe fuivit le festin folemnel, où les évêques étoient à table avec le roi felon leur & les Seigneurs fervoient. Il avoit fait publier par Matth Paris la ville, que ce jour il n'entrât dans fon palais ni Juifs ni femmes, pour éviter les malefices dont on les foupçonnoit. Toutefois pendant le repas les premiers d'entre les Juifs vinrent apporter au roi des prefens: dequoi un Chrétien indigné, donna un foufflet à un Juif pour l'empêcher d'entrer. D'autres à fon exemple commencerent à repouffer les Juifs avec infulte; le peuple y accourut, & croyant qu'on le faifoit par ordre du roi, ils fejetterent fur les Juifs qui étoient en grand nombre à la porte du palais; on commença par les coups de poing d'où l'on vint aux pierres & aux bâtons, il y en eut de tuez & de laiffez pour morts. Un d'entreeux nommé Benoît le Juif d'Yorc fut fi maltraité, qu'on defefperoit de fa vie ; & la crainte de la mort le fit refoudre à recevoir le batême de la main du prieur de N. Dame d'Yorc. Cependant le bruit se répandit par toute la ville de Londres, que le roi avoit commandé d'exterminer tous les Juifs; ce qui fit accourir en armes une infinité de peuple, tant de la ville que de ceux qui étoient venus des provinces pour le facre. On tuoit donc les Juifs, & comme ils fe retiroient dans les maifons fortes on y mettoit le feu. Le roi qui étoit encore à table ayant appris ce defordre, envoya pour l'appaiser quelques-uns des principaux feigneurs ; mais n'étant point écoutez par le peuple en furie, ils furent contraints de fe retirer. Le Brompt. Le lendemain le roi fit prendre quelques-uns AN. 1189. des coupables, dont trois furent pendus pour avoir mis le feu, dont des maifons de Chrétiens avoient été brûlées. Puis il fe fit amener le Juif qui avoit été baptifé, & lui demanda s'il étoit Chrétien. Celui-ci répondit que non, mais que pour éviter la mort, il s'étoit laiffé faire par les Chrétiens ce qu'ils avoient voulu. Le roi demanda à l'archevêque de Cantorberi, en prefence de plufieurs autres évêques, ce qu'il falloit faire de cet homme; & le prélat répondit en colere : S'il ne veut pas être à Dieu, qu'il foit au diable. Benoît retour- Roger. p. 657. Jožk na donc au Judaïfme & mourut peu de tems aprés : mais ni les Juifs ni les Chrétiens ne voulurent l'enterrer parmi eux. Enfuite le roi envoya fes lettres par toutes les comtez d'Angleterre, pour défendre que l'on fit aucun mal aux Juifs; mais avant que cet ordre fut publié, plusieurs villes avoient fuivi l'exemple de Londres, plûtôt par avidité du gain que par zele de religion. Plufieurs Juifs, pour éviter ces violences, reçurent le batême, & épouferent leurs femmes à la maniere des Chrétiens. Tous les Juifs d'Yorc perirent au mois de Mars de l'année fuivante 1190. Le vendredi avant le dimanche des Rameaux, qui étoit le feizième du mois, ces Juifs au nombre de cinq cens, fans compter les femmes & les enfans, par la crainte des Chrétiens s'enfermerent dans la tour malgré le capitaine & le vicomte à qui ils refuferent de la rendre ; & ceuxci exciterent le peuple à les attaquer. Les Juifs se voyant preffez jour & nuit offrirent une grande Tome XV. Eeee Roger. p. 665. AN. 1189, fomme d'argent pour se retirer la vie fauve ; & comme le peuple ne voulut pas le permettre, un d'entre eux leur confeilla de fe tuer les uns les autres, ce qui fut executé. Chaque pere de famille prit un rafoir dont il coupa la gorge à fa femme, à fes enfans, ensuite à ses domestiques & enfin se la coupa lui-même.Quelques-uns jetterent les corps morts dehors fur le peuple, d'autres les enfermerent dans la maifon du roi, où ils les brûlerent avec les bâtimens. Ceux qui refterent aprés avoit tué les autres furent tuez par le peuple. Cependant quelques Chrétiens pilloient & brûloient les maisons des Juifs. Ainft perirent tous les Juifs d'Yorc, & leurs papiers étant brûlez, les Chrétiens fe crurent quittes de ce qu'ils leur devoient. XXI. gleterre. ax. Rog. Le roi Richard aprés fon facre vint à l'abbaye Evêque d'An- de Pipevel, & y affembla un grand concile, où se 10. 10.rone p.1766. trouverent Baudouin archevêque de Cantorberi, Gautier de Rouen, Jean de Dublin, Volmar de Treves, qui mourut la même année en Angleterre, & prefque tous les évêques, les abbez & les prieurs du royaume. En ce concile qui fe tint à Jo. Brompt. p. la mi-Septembre, le roi donna plusieurs évêchez & plufieurs dignitez ecclefiaftiques; entre-autres à Richard archidiacre d'Eli & grand tréforier du royaume, l'évêché de Londres vaquant depuis deux ans & demi par le decés de Gilbert Foliot, mort le Goduin p. 237. dix-huitiéme Février 1187.Le roi donna encore l'évêché d'Eli à Guillaume de Long-champ son chancelier, & l'évêché de Sarisberi à Hubert Gautier doïen d'Yorc, pour le démouvoir de l'opposition qu'il avoit formée à l'élection de Geofroi frere na- A N. 1189. turel du roi pour l'archevêché d'Yorc. Mais Baudouin archevêque de Cantorberi s'oppofa au fa- Jo. Brompe. cre de Geofroi, prétendant qu'il n'appartenoit qu'à p.1161. lui; comme primat d'Angleterre de le facrer; & 23. 35. il produifit une charte du roi Guillaume le bâ- Sup. liv. exti tard, par laquelle il paroiffoit qu'il avoit été ainsi jugé entre Lanfranc archevêque de Cantorberi & Thomas archevêque d'Yorc, & le jugement confirmé par Alexandre II. Cependant le roi Richard Rog. p. 659 envoya au pape Clement, & obtint de lui des lettres par lesquelles tous ceux qu'il voudroit laisser pour la garde de fes terres, feroient dispensez de la croifade; ce qui lui donna moyen d'amasser des fommes immenfes. Il en amaffa encore de grandes par les terres qu'il vendit à des évêques, & par fes droits & ceux d'autrui qu'il vendit à quiconque les vouloit acheter. C'est ainfi que ce prince se préparoit à la croifade. XXII. Voyage de l'em pereur Frideric. Arnold. Lub, 111, c.29 Chr. Rei Otto S. Blaf.c.32 chersp. an. 1189. L'empereur Frideric partit dés la même année 1189. incontinent aprés Pâques, qui fut le neuviéme d'Avril. Il étoit accompagné de fon fils Frideric duc de Suaube, & s'étant embarqué fur le Danube, il arriva à Presbourg où il tint une cour folemnelle le jour de la Pentecôte vingt-huitiéme de Mai, & y raffembla fon armée. Il fut parfaitement bien reçû par Bela III. roi de Hongrie, qui mourut l'année suivante le mardi premier jour de Chr. J.-Thevorez. Mai, aprés avoir regné vingt-trois ans. L'empereur Frideric traverfa enfuite la Bulgarie, où il fut fouvent obligé de s'ouvrir le paffage l'épée à la c. 69. |