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actions, mais encore par les fuffrages, & que plufieurs AN.1519. prétendoient qu'on ne pouvoit pas obliger un pénitent à recevoir une fatisfaction quand il offroit de fouffrir en Purgatoire; que les papes remettent ce qui doit être enjoint à la rigueur, & qu'en accordant les indulgences; ils donnent aux pénitens de quoi fatisfaire du bien d'autrui, enforte que leurs pechez ne demeurent pas impunis, parce qu'ils fatisfont de la furabondance des mérites de Jesus-Christ. Luther auroit pû répondre folidement à plufieurs des propofitions avancées par Eckius; il auroit pû trouver à redire, par exemple, qu'il y eût des docteurs qui cuffent enfeigné qu'on ne pouvoit obliger à des fatisfactions légitimes un pénitent qui offroit de fouffrir en Purgatoire, parce que le Purgatoire n'eft que pour ceux qui ont fait tout ce qu'ils ont pû fur la terre, pour expier leurs pechez par des fatisfactions proportionnées à leurs crimes, mais à qui il est encore resté quelques imperfections dont ils n'ont pas faitpénitence avant leur mort;mais au lieu de répondre en theologien à Eckius,il fe laiffa aller aux injures & aux emportemens contre ceux qui abufoient des indulgences, comme fi l'église autorifoit ces abus,elle qui ne recommande que la pénitence, & qui n'exhorte qu'à fatisfaire ferieufement à la justice de Dieu pour attirer fa mifericorde.

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Dans la conference du douzième Juillet on parla de la pénitence. Eckius foutenoit qu'elle commençoit par

crainte de la peine, & tâcha de le prouver par plufieurs autoritez de l'écriture & des faints peres,fans nier toutefois que la pénitence qui commençoit parl'amour de la justice, étoit plus parfaite, mais que notre foibleffe eft caufe qu'on fe fert de la crainte comme d'un

degré qui conduit à l'amour de la juftice. Luther expliqua tous ces paffages en fa faveur, pour foutenir AN.1519. qu'il n'y avoit point d'autre pénitence que celle qui commençoit par l'amour, & que tous ces œuvres faites fans la charité, étoient des pechez & des actions damnables. Il allegua l'autorité de Staupitz fon vicaire géneral, & il y joignit celle d'Ariftote. Eckius rejetta l'un & l'autre.

Le lendemain on disputa si l'absolution remettoit la peine & la culpe. Eckius prouva qu'elle ne remettoit pas la peine temporelle. Luther avoua que les pechez, quoique remis, étoient fuivis des peines qu'il plaifoit à Dieu d'impofer; mais il nia que les peines dûës à la juftice de Dieu fuffent remifes en vertu des clefs.On traita la même matiere dans la conference du quatorziéme de Juillet, & Luther ceffa d'entrer en dispute avecEckius. Carloftad reprit la difpute le quinziéme de Juillet. Le principal point de la queftion roula fur la matiere du libre arbitre&des bonnes œuvres, fçavoirfilejufte péche dans toutes fes bonnes actions.Eckius montra combien cette propofition étoit abfurde, & il n'eut pas de peine à le prouver.,, Si cette proposition eft véritable, (dit,,il,) il faut fupprimer prefque toute l'écriture: car ", par-tout elle promet des récompenfes à ceux qui feront le bien:elle fuppofe donc qu'on le peut faire avec la grace; par tout elle exhorte,elle perfuade, elle me,, nace, elle annonce des châtimens. D'où vient cela, ,, fi ce n'eft pour animer le jufte dans la vertu, & en"gager le pécheur à fortir de fes iniquitez. Elle diftin„gue donc les uns des autres; elle ne confond point „, l'injuste avec l'homme vertueux. Tout n'eft donc pas » peché dans l'homme de bien. "Carloftad ne fçut que

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XXXI.

Difpute entre loftad fur les

Bckius & Car

bonnes cuvres.

lemburg. c. so

Cochlaus, in act.

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Jerit. Luth.

Surius in com

ment.

Raynald. an. I510.n. 38.

Pallavic. hift. cap 17.

concil. Trid. lib.

an.1518.n.7.8. & feq.

repliquer, & ce qu'il dit n'eut rien de folide. Ainfi AN.1519. finirent ces fameufes conferences, & les actes conviennent affez clairement qu'Eckius remporta la victoire de l'aveu même de Luther, foit pour l'érudition, foit pour la force & la jeuneffe du raifonnement, Ce qu'il y eut de conftant, eft que le duc George de Saxe, après cette difpute, demeura plus ferme que jamais dans la foi Catholique,& perfevera conftamment dans la religion de ses peres, d'incertain qu'il étoit auparavant de ce qu'il devoit croire. Luther écrivit fur cette conference de Leipfick, & publia un ouvrage intitulé, Résolutions fur les propofitions difputées à Leipfick, contre la parole qu'on s'étoit donnée de tenir le tout fecret, jufqu'à ce que les univerfitez de Paris, d'Erford & de Leipfik, qu'on avoit prises pour arbitres, euffent rendu leur jugement. Il tâche dans cet écrit de diffimuler ce qui étoit contre lui; il reprend toutes les propositions agitées, & les explique& les tourne toutes dans un fens qui lui eft favorable.

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n'a

Luther adreffe fon ouvrage à Spalatin qui étoit feCochlaus,de act. cretaire de Frideric électeur de Saxe. Il lui dit qu'Eckius Script, Luth. pas raifon de fe glorifier du fuccès de cette difpute, qu'il n'a prefque jamais attaqué le point de la question, & qu'il n'a difputé que foiblement. Melanchton en écrivit à Oecolampade à la verité avec plus de retenue & de fincerité que Luther, mais en termes affez favorables à fon maître, pour obliger Eckius à lui répondre, & à en écrire auffi à Hochftrat pour lui apprendre les erreurs que Luther avoit avancées furlaprimautédupape, fur les indulgences & fur lePurgatoire; il fui envoye un exemplaire de la difpute, & le prie d'écrire à l'univerfité de Paris, pour prononcer fur cette affaire, quand

le

AN. 1519.

Cochlaus in

le prince George lui en aura envoyé les actes. Sur ce qu'on avoit publié que Luther avoit paru approuver la doctrine des Bohémiens dans ces conferences, Jerô- alt. & feript. me Emfer en écrivit à Jean Zach adminiftraretur de l'é- Lutheri,p.18. glife de Prague, & lui manda qu'il n'étoit pas vrai que Luther eût approuvé la doctrine des Bohémiens, qu'il l'avoit au contraire condamnée.

Luther. in epift.

Luther répondit à cette lettre intitulée, Le Capri- 2. ad Leonem X. Corne d'Emfer, à caufe des armes qu'il portoit. Cet écrit eft plein d'injures groffieres, ce qui procura une dispute entre eux, & quelques petits écrits de part & d'au

tre.

I

Cependant on attendoit impatiemment que les univerfitez qui avoient été prises pour juges, prononçâffent pour l'un ou l'autre parti. L'univerfité de Paris ne parla que deux ans après, & celle d'Erford demeura dans le filence. Celles de Cologne & de Louvain, qui n'avoient pas été prises pour arbitres, croyant avec raifon qu'elles avoient autant de droit qu'une autre de prononcer, donnerent leur jugement. Celle de Cologne donna le fien le trentiéme d'Août 1519. elle condamne l'écrit de Luther commecontenant beaucoup d'erreurs dans la foi & dans les mœurs, touchant les œuvres méritoires, le facrement de pénitence, la confeffion, la fatisfaction, les indulgences, le purgatoire, la primauté de l'église Romaine, & conclud que pour ces raifons on doit condamner, fupprimer & brûler le livre fcandaleux deLuther, & obliger l'auteur à fe rétracterpubliquement. L'univerfité de Louvain,après avoir confulté le cardinal Adrien qui étoit de fon corps, cenfura le même auteur le feptiéme de Novembre de cette année, & condamna vingt-deux propofitions extraites de fes liTome XXV. Ffff

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vres, comme fauffes, fcandaleuses, héretiques, ou ap AN. 1519. prochantes de l'hérefie,& declara que tous ces livres devoient être fupprimez & brûlez,comme étant nuifibles aux fideles, & contraires à la veritable & faine doctrine. Les principales propofitions condamnées furent :: ,, Que toutes les bonnes actions font des pechez au moins veniels, que nous n'avons aucune part aux mérites des Saints; que les indulgences ne font qu'une re.,laxation des peines impofées par le prêtre, ou par les ,, canons ; que la foi remet le peché plûtôt que l'absolution ou la contrition; que la confeffion de tous fes pechez mortels n'eft pas néceffaire; que la coulpe des pechez étant remife, Dieu n'exige aucune peine; que Dieu nous commande des chofes impoffibles; que la , concupifcence qui eft en nous, fait que nous péchons ,, toujours que les vertus morales font des pechez dans », les pécheurs; que les ames pechent dans le purgatoi,, re, & quelques autres au nombre de vingt-deux. Luther écrivit auffi-tôt contre ces cenfures, & les refuta en termes très-aigres, accufant ces univerfitez de témeraires d'avoir ofé condamner les premiers fes écrits fans attendre le jugement du pape auquel l'affaire étoit dé-ferée.

XXXIII.

Canonifation

de Paule.

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Il y avoit déja plus de deux mois que le pape Leon: de S. François X. avoit canonifé faint François de Paule inftituteur des Minimes. Dieu avoit operé beaucoup de miracless par fon interceffion, & ne ceffoit pas d'en operer tous les jours; & la voix du peuple le canonifoit long-tems avant que fon culte fût établi par aucune autorité publique : il avoit été béatifié en 1513. & Leon X. voulant confommer l'œuvre, le déclara au nombre des Saints,& fixa fa fête au deuxième jour d'Avril, qui étoit

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