Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Theodote, & lui declara nettement, qu'il ne An. 795. pouvoit diffoudre fon mariage, & qu'il feroit obligé de lui défendre l'entrée du fanctuaire, c'est-à-dire, de l'excommunier. Le moine Jean, qui étoit un venerable vieillard, parla long-tems & auffi fortement à l'empereur, & s'attira l'indignation des preteurs & des patrices, dont il y en eut qui le menacerent de lui paffer l'épée au travers du corps. Enfin l'empereur brûlant de colere, les fit chasser l'un & l'autre, n'aïant rien à leur répondre.

Vita S.

Il perfifta dans fon deffein, obligea l'imperatrice Marie à fe rendre religieufe, & la fit ra- Theop.an ș fer au mois de Janvier de la troifiéme indi. &tion l'an 795. Au mois d'Août fuivant il declara imperatrice Theodote, & la fiança; mais n'aïant pû perfuader au patriarche de celebrer les nôces, il chercha un prêtre pour cette fonction; & la fit faire dans le palais de Mamas, par Jofeph abbé, & œconome de l'églife de C. P. le quatrième du mois de Septembre fuivant, l'indiction quatrième étant commencée. Cette Theod fired. action de l'empereur caufa un grand scandale non feulement à C. P. mais dans les autres villes & les provinces les plus éloignées, comme du Bofphore & de Gothie; les gouverneurs & les autres perfonnes puiffantes fuivoient l'exem ple de l'empereur: fes uns chaffoient leurs femmes, les autres en gardoient plusieurs à la fois & la débauche étoit publique.

S. Platon & S. Theodore fon difciple furent les feuls qui s'oppoferent ouvertement au fcandale, en fe feparant de la communion de l'empereur. Car le patriarche Taraife n'executa pas la menace, & ne crut pas devoir excommunier l'empereur: de peur de lui donner occafion de prendre le parti des Iconoclastes, qui étoient encore en grand nombre, ce que le

A 2

jeune

per Mich-n. 18.19. a

An. 795. jeune prince menaçoit déja de faire. Taraife crut donc à propos de diffimuler, & ne pas le pouffer à bout; & toutefois l'empereur ne lajffa pas de le maltraiter, en lui donnant des efpions pour l'obferver fous le nom de Syncelles; qui ne laiffoient approcher de lui perfonne fans leur permiffion. L'empereur fit encore maltraiter & exiler les domeftiques & les proches du patriarche.

[ocr errors]

cemens de

ton.

Platon, qui fe fignala en cette occafion, étoit Commen né l'an 735.à C. P. de Sergius & d'Euphemie ; faint Pla perfonnes nobles & riches. Il perdit l'un & l'au tre, & la plupart de fes parens, dans une pefte Vita ap. qui défola C. P. l'an 746. mais il fut élevé par un Eoll. toni 5 de fes oncles, qui étoit treforier de l'empereur; P.364 & comme Platon écrivoit très-bien en notes, il le foulageoit, & enfuite exerçoit fa charge dont il ne lui manquoit que le titre. Il étoit aimé de tous les grands & connu de l'empereur même. Dans cet emploi menant une vie reglée, & s'éloignant des divertiffemens ordinaires de la jeunelle: il amafla de grands biens, outre ceux que fes parens lui avoient laiflés, & on lui propofa plufieurs mariages avantageux. Mais l' amour de Dieu l'élevoit audeffus de la vie feculiere il faifoit fon plaifir de la lecture: il frequentoit les églifes & les monafteres & fe confelfoit à un abbé, à qui il découvroit fon interieur, & qui admiroit fa vertu.

Enfin refolu de tout quitter, il donna la liberté à fes efclaves ; & vendit tous les biens : dont il diftribua la plus grande partie aux pauvres, & en laiffa quelque peu à fes deux fœurs. Il quitta le voifinage de C. P. & paffa au mont Olympe en Bithynie, dans le monaftere des Symboles, fous la conduite de l'abbé Theoctifte. Platon avoit alors vingt-quatre ans, dont il avoit paffé douze chez fon oncle: ainfi c'é

toit l'an 758. Etant entré dans le monaftere il Am. 795. s'exerça à toutes les vertus; mais principale. ment à l'obéiflance, avec une confiance entiere à fon fuperieur: il s'appliquoit au travail des mains, particulierement à l'écriture, où il excelloit: toutefois il ne dédaignoit pas de paîtrir le pain, d'arrofer la terre & de porter du fumier.

Pour exercer fa vertu, Theoctiste le reprenoit quelquefois, fans qu'il eût fait aucune faute: ajoûtant aux reproches de paroles, les foufflets & les coups de poing; & Platon le prioit lui-même de le traiter ainfi. Enfin Theoctiste le goûta tellement & le trouva d'un fi grand fecours, qu'il ne pouvoit s'en paffer, & lui confioit toute la conduite & tous les biens du monaftere, fans que Platon en tournât une obole à fon profit. Theocifte étant mort, Platon pafla dans fa cellule, pour y vivre en anachorete, s'y étant fufilamment preparé par la vie commune: mais il lui fucceda auffi dans fa charge, & fut élû abbé des Symboles. C'étoit l'an 770. douze ans après fon entrée dans le monaftere, & il en avoit trente-fix. Sa nourriture étoit du pain, des féves, des herbes fans huile excepté les jours qu'il mangeoit avec la communauté, fçavoir les dimanches & les fetes: il ne buvoit que de l'eau, encore ra. rement, & pafloit quelquefois jufques à dix jours fans boire. Il faifoit dans la priere de fre quentes genuflexions, il travailloit affidûment, & c'étoit une de fes principales vertus: en forte qu'il laiffa à fes monafteres un très-grand nombre de livres écrits de la main, particulierement des extraits des peres.

Il demeura inconnu à Conftantin Copronyme lorsqu'il perfecutoit les moines; & après la mort de cet empereur, des affaires neceflai

A 3

res

An. 795.

ne

res l'aïant obligé de venir à C. P. il y étoit tellement oublié, que fes propres neveux fçavoient pas s'il étoit encore au monde : mais fa vertu le fit bien-tôt connoître, & par les exhortations il fit de grands fruits. Il réunit des familles divifées, abolit les juremens procura de grandes aumônes, & fit grand nombre de converfions. On le pria inftamment de prendre le gouvernement d'un monaftere à C. P. mais il le refufa, auffi-bien que l'évêché de Nicomedie, que le patriarche Taraife lui offrit, & retourna à sa chere folitude. Cependant l'imperatrice Irene aïant rendu la liberté d'embraffer la vie monaftique, toute la famille de faint Platon renonça au monde, & ils fonderent un monaftere près de C. P. qui fut nommé Saccudion, & dont il prit le gouver nement l'an 782. douze ans après qu'il eût été élû abbé des Symboles. Il ôta à fon monaftere les efclaves, à caufe de leurs femmes qui en étoient infeparables: joint qu'il trouvoit indecent, que des moines euffent d'autres hommes à qui ile fe fiflent craindre. 11 eut peine à changer la coûtume fur ce point; & toutefois d'autres monafteres l'imiterent Tandis que faint Platon gouvernoit cette derniere communauté, on tint le fecond concile de Nicée, où il affifta; & on y voit encore fa foufcription au huitiéme rang après les évêques, en qualité d'hegumene & d'archiA. 4. p. mandrite de Saccudion. Quelque tems après il fut attaqué d'une maladie qui parut mortelle : ce qui lui fut une occafion de fe décharger du gouvernement du monaftere, & d'en faire élire abbé Theodore fon neveu, fils de fa fœur. Saint Platon avoit été douze ans abbé de Saccudion, ainfi c'étoit Pan 794. la foixantiéme de fon âge.

.339% D

Theo.

[ocr errors]

S.Theo

Vita per

Michael.'n.

1.2.&c.

Theodore en avoit alors trente cinq, étant An. 795. né la dix-neuvième année de Copronyme, qui HI. eft l'an 759. & c'étoit la treizième année de dore St fa profeffion monaftique. Saint Platon étant dite. malade, affembla toute la communauté, & fuppofant que fa maladie étoit mortelle, il les conjura de lui declarer, qui ils vouloient avoir pour fuperieur après lui: affurant qu'il approuveroit leur choix, car il fçavoit bien leur inclination. Ils répondirent tous d'une voix, que c'étoit Theodore & faint Platon fans rien ajoûter, le chargea auffi-tôt du gouvernement. Theodore ne s'attendoit à rien moins; mais il ne pût refifter au confentemént unani

me.

[ocr errors]

Vita Theod.

Tel étoit donc faint Platon retiré & dégagé de tout, quand il crut devoir témoigner ouvertement, qu'il defapprouvoit le mariage de l'empereur Conftantin avec Theodote, juíqu'à fe feparer de la communion du patriarche Taraile. L'empereur irrité le fit menacer d'exil de foüet, de mutilation de membres : on lui envoïa des moines pour le folliciter, on lui écrivit des lettres, mais le tout inutilement. L'abbé Theodore fon neveu fe declara comme lui, & ne fe crut pas obligé au même ména- per Micke gement que le patriarche Taraife: mais après y avoir bien penfé, il excommunia publiquement l'empereur, & le dénonça à tous les moines. L'empereur diffimula fon reflentiment; & voulant gagner Theodore, il y emploïa fa nouvelle époufe Theodote, qui étoit parente du faint abbé; & qui s'efforça de le gagner par de grandes fommes d'argent & de grands prefens, & encore plus par la confideration de la parenté.

L'empereur voïant qu'elle n'avoit rien gagné, alla lui-même au monaftere de Saccudion, A 4

fous

12 20

« AnteriorContinuar »