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exemple, fait baiffer la liqueur dans la longue branche,
elle paffe neceffairement dans la boule, & diminuë le
volume de l'air qui y eft enfermé. Elle ne peut diminuer
ce volume fans en augmenter le reffort, & cet air ayant
acquis par-là plus de force, ne permet pas à la liqueur de
la longue branche de defcendre autant qu'elle l'auroit

par la feule pefanteur de l'air exterieur. Mais fi la bou-
le eft fi groffe par rapport au peu de capacité de la lon-
gue branche, que la quantité de liqueur qui paffe de la
branche dans la boule ne caufe qu'une diminution insen-
fible au volume de l'air de la boule, alors on peut conter
que le mouvement de la liqueur fuppofée 14 fois plus le-
gere que le Mercure,
le Mercure, parcourra les 28 pouces dans toute
leur étenduë. Si cette hauteur de 28 pouces eft incommo-
de dans l'ufage, & qu'on veuille accourcir l'Inftrument
il n'y a qu'à prendre une liqueur plus pesante, ou un tube
dont la longue branche ait plus de capacité par rapport
à celle de la boule.

V. les M. P. 75. *p: 12

*PHift.

SUR LA DILATATION DES

I

VAISEAUX PAR LA CHALEUR.

la

L a été dit dans l'Hiftoire de 1704. * que quand on échauffe avec la main la boule d'un Thermometre, liqueur qui devroit monter auffitôt dans le tuyau, ne monte qu'après avoir un peu baiffé. Cette defcente fi contraire à ce qu'on auroit dû attendre de la chaleur étoit rapportée par M. Amontons à la dilatation de la boule, dont la chaleur augmente la capacité, avant qu'elle ait pû agir fur la liqueur même, d'où il fuit neceffairement que cette liqueur doit baiffer quelques instants avant que

de monter.

M. Geofroy donnoit une autre raifon d'un semblable de 1700. p. fait. Il prétendoit qu'à la premiere approche de la cha

53. & 54.

*

leur, les liqueurs commencent par fe condenfer, & enfuite fe dilatent, & en imaginoit même quelque raison Phifique, qui avoit fa vraisemblance.

Pour démêler la veritable raison, M. Amontons jugea qu'il faloit faire l'experience avec deux liqueurs inégalement fufceptibles de rarefaction, telles que l'Efprit de vin & l'Eau feconde. La rarefaction & la condensation n'étant que la même chofe prise en differents degrés, l'Efprit de vin qui fe rarefie plus aisément que l'Eau feconde, fe condenfera plus aisément auffi, & fi la condenfation des liqueurs à la premiere approche de la chaleur caufe leur defcente dans le tuyau du Thermometre,lorsque la boule eft échauffée, l'Esprit de vin defcendra plus vite & plus bas que l'Eau feconde. Au contraire, fi la dilatation de la boule caufe cette defcente, l'Efprit de vin baiffera moins que l'Eau feconde, parcequ'il recevra plus vîte l'impref fion de la chaleur, & que la grandeur & la promptitude de fa rarefaction repareront & furmonteront l'effet de la dilatation de la boule. Il pourra même arriver qu'il ne baiffera point du tout, parce que cet effet de la dilatation de la boule fera reparé dans le même instant par la rarefaction de l'Esprit de vin.

L'experience décida pour M. Amontons. On la tourna même encore autrement pour plus d'affurance, la defcente des liqueurs,& la viteffè de la defcente furent toûjours telles que les demandoit le Siftême de la dilatation des Vaiffeaux, & M. Geofroy, qui ne cherchoit que la verité, fe rendit fans peine.

SUR LAIMAN ET SUR
L'AIGUILLE AIMANTE E.

'Aiman eft une source inépuisable de Phenomenes v. les M.

Lfurprenant un finguliers, dient nomiotis ...

té de ceux même, qui ont le moins d'attention à obser

ver la Nature; mais de plus ces Phenomenes font devenus importants par le rapport qu'ils peuvent avoir à la Bouffole, & à la Navigation. L'eftime du chemin d'un Vaiffeau fe regle fur la déclinaifon de l'Aiguille aimantée, & fi dans un même lieu & dans un même temps, cette déclinaison peut être differente par des causes particulieres, on fera expofé à tomber dans des erreurs dangereuses. C'est par cette raison que M. de la Hire le fils a éxaminé fi une même Aiguille, ou plûtôt deux Aiguilles parfaitement femblables, pouvoient avoir differentes déclinaifons pour avoir été touchées par differents Aimans. Heureusement il a trouvé que non, & c'est une caufe d'erreur que l'on a de moins à craindre, mais il a trouvé auffi que la differente fabrique des Aiguilles, ou leur differente figure, pouvoit mettre quelque varieté dans leur déclinaifon.

M.

Ce refultat des expériences paroît affés conforme au Siftême qu'on s'est fait de l'Aiman, fur les veuës que Defcartes a données. La matiere qui paffe au travers de chaque Aiman, & qui entrant & fortant par fes Poles, & rentrant d'où elle eft fortie, forme un Tourbillon alentour, a la même direction de mouvement que celle qui forme un Tourbillon général autour de la Terre, le premier de tous les Aimans, & par conféquent elle a la même direction en differents Aimans, foit forts, foit foibles; car leur force ou leur foibleffe ne vient que d'une plus grande ou moindre quantité de cette matiere magnetique, & la direction du mouvement ne change pas felon cette quantité. Mais il eft clair qu'elle peut changer felon que les differentes parties d'une Aiguille de fer dans laquelle la matiere magnetique s'ouvre un paffage, feront differemment difpofées à la recevoir, ou, ce qui eft la même chofe, heterogenes, ou même felon que l'Aiguille fera d'une figure capable de modifier differemment en fes differentes parties le cours de la matiere magnetique. On verra fur cela dans le Memoire de M. de la Hire le fils ses experiences, & des détails de pratique affés délicats,

On reconnoît pour Aiman toute matiere ou masse, autour de laquelle la matiere magnetique forme naturellement un Tourbillon, & l'on découvre fenfiblement ce Tourbillon par fes deux Poles qui ont des vertus & des effets contraires. Si une maffe revêtue d'un semblable Tourbillon attire par un certain bout une Aiguille de fer, elle la repouffera par le bout oppofé. Tout Tourbillon, dés qu'il exifte, a néceffairement ces deux effets contraires; mais il peut d'ailleurs être fi foible qu'il ne foutiendra pas le plus petit morceau de fer ou de limaille, attaché à la maffe qu'il envelope. Ainfi le caractere effen, tiel, & la marque fûre d'un Aiman, ce font les deux Po les, fuppofé qu'il les ait par lui-même. Une Aiguille ai. mantée n'eft pas un Aiman, quoiqu'elle ait deux Poles: car elle ne les a que parce qu'elle a été aimantée ou touchée d'une Pierre d'aiman. Mais on a observé, il y a déja du temps, que ce que le fer n'eft pas par lui-même, la rouille de fer l'étoit quelquefois, je veux dire, un veritable Aiman. M. de la Hire le pere ayant enfermé dans une Pierre qu'il laiffa à l'air, des fils placés dans le plan du Meridien, de maniere qu'ils faifoient avec l'horifon de ce païs-ci le même angle que la matiere magnetique qui circule autour de la Terre, a trouvé au bout de dix ans, que ces fils, qu'il avoit pris affés déliés, étoient en tierement changés en rouille, & en même temps étoient devenus des aimans veritables. Il en avoit aimanté quelques-uns, avant que de les enfermer dans la pierre, & ceux-là n'acquirent pas une plus forte vertu d'Aiman que les autres, tant le paffage feul de la matiere magnetique du Tourbillon de la Terre dans ces fils bien difpofés à la recevoir felon fa direction, eut de force pour les aimanter.

Du fer entiérement roüillé étant friable, & propre à fe mettre en pouffiere, au lieu qu'il étoit auparavant mou, & malleable, il doit être devenu par-là plus semblable à une Pierre, & par consequent à un Aiman, dont il tient toûjours beaucoup par la configuration de fes pores. Auffi Ms. de la Hire croyent-ils qu'une Pierre ferrugineuse, ou

fuiv.

*p. 9. &

de la Mine de fer eft prefque toûjours un Aiman, quoifouvent affés foible.

que

Nous avons parlé dans l'Hiftoire de 1701. * du Sistême de M. Halley fur la déclinaifon de l'Aiman, & de cette Courbe qui felon ses obfervations étant éxempte de déclinaison, embraffe le Globe de la Terre, & qui eft le terme d'où l'on doit conter toutes les déclinaifons Orien tales & Occidentales. M". de la Hire ont representé le Globe terreftre par une Pierre d'Aiman qu'ils ont entre les mains, mediocrement bonne, qui pefe 100. livres, & a prés d'un pied de diametre. Ils l'ont arrondie, & aprés avoir trouvé fes Poles, ils ont tracé sur sa surface un Equateur & des Meridiens. Une Aiguille de Bouffole placée fur ces differents Meridiens, a tantôt une déclinaifon vers l'Eft, tantôt vers l'Ouëft, & tantôt elle n'en a point; ce qui est tout à fait conforme au Siftême de M. Halley, & en donne une image sensible.

Il est plus que vraisemblable que la variation & l'iné

galité des déclinaifons fur l'Aiman de M". de la Hire, viennent de ce que les parties veritablement magnetiques de cette Pierre font mêlées avec d'autres parties heterogenes, irrégulierement femées & répandues. Il en va de même de la Terre qui eft un Aiman encore plus mêlé. Mais il se fait dans la Terre des générations nouvelles, & non pas dans la Pierre d'Aiman, & de-là vient que les déclinaisons qui feront toûjours les mêmes aux mêmes endroits de cette Pierre, font changeantes fur le Globe terreftre.

La lenteur des générations qui fe font dans le fein de la Terre,& celle des changements de déclinaison qui ne font guére que de 12 minutes par an dans un même lieu, conviennent affés ensemble; mais il paroît que quand quel qu'une de ces générations, qui dans le temps qu'elle fe formoit & fe perfectionnoit, détournoit toûjours de plus en plus l'Aiguille du Nort vers l'Ouest, par exemple, eft enfin parvenue à fa derniere perfection, l'Aiguille devroit être quelque temps ftationnaire & arrêtée au même point

de

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