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pouffé par les Tein & obligé de prendre la fuite. Il n'avoit Après J. C. pû s'empêcher de blamer devant fes Officiers les ordres Li-tun-h qu'il recevoit de l'Empereur, qui du fond de fon palais où il ignoroit la véritable fituation des ennemis, décidoit avec plufieurs jeunes-gens fans expérience,de la conduite que fes Généraux devoient tenir.

Ce Général appellé Lieou-fin s'étoit renfermé dans un endroit dont il n'ofoit fortir; mais lorsqu'il apprit que le Roi des Tcin s'en retournoit à Tcin-yam, il demanda à l'Empereur la permiffion d'affiéger la ville de Goei-tcheou. Pour foutenir cette armée l'Empereur ordonna au Gouverneur de Tan-tcheou de fuivre Lieoufin avec dix mille hommes; celui-ci en choisit cinq cens qu'il mit dans une ambuscade; mais les Tcin les battirent, & lorfque Lieou-fin fe fut lui-même approché de Goei-tcheou, if trouva toutes les troupes des Tcin raffemblées : Li-tfun-hiu y étoit en perfonne, il fe donna un grand combat; les Leam furent vaincus, & leur Général, après avoir paffé le Hoam, fe retira à Hoa-tcheou (a). Mais pendant que les Tcin remportoient cette victoire, Vam -tan autre Général des Leam, ayant levé à la hâte quelques troupes, vint attaquer Tcin-yam, & la furprit pendant la nuit ; il lui étoit d'autant plus facile de s'emparer de cette place qu'une partie des murailles étoient détruites. Le Général Gan-kin-tciuen fe rendit auffi-tôt à Tai - yuen où il alla trouver Tchangtching-nie qu'il informa de cet événement, il lui représenta la néceffité de deffendre Tcin - yam dont la perte entraînoit celle de la Dynaftie des Tcin. Ces deux Officiers raffemblerent toute leur famille qui montoit à une centaine de perfonnes, & avec cette petite troupe ils allerent attaquer pendant la nuit les troupes des Leam auxquelles la crainte fit prendre la fuite. Li-ffu-tchao envoya en mêmetems cinq cens cavaliers qui firent une diligence incroyable, ils entrerent dans Tein-yam. Ces troupes firent une fortie pendant la nuit & obligerent les Leam à lever le fiège.

(4) Autrement Kou-tcheou, aujourd'hui Pe-ma-hien qui dépend de Ta-mim-fox.

L'an 916.

Le Roi des Tcin étoit plus occupé à faire la guerre Après J. C. Lit-fun-hiu qu'à récompenfer fes foldats; plufieurs en murmuroient, L'an 616. quelques-uns même fe retirerent chez les Leam; mais Tchang - tching-nie fit arrêter leur chef auquel il fit couper la tête dans la crainte qu'il ne les fuivit. l'Empereur des Leam ayant appris alors la déroute de fon armée regarda cette perte comme un des plus grands malheurs qui pût arriver à sa famille. Les Tein prirent Goei - tcheou Tfetcheou & enfuite Lo-tcheou. Li-tfun - hiu vint lui-même affiéger Ling-tcheou, pendant ce tems-là le Gouverneur de Siam-tcheou pour les Leam abandonna cette place & prit la fuite. Le Roi des Tcin s'en rendit maître & en donna le gouvernement à Li-ffu-yuen.

Dans le même tems les Tartares Kitans dont la puiffance augmentoit confidérablement dans le nord de la Chine vinrent attaquer Goei-tcheou qui appartenoit aux Teine leur Roi nommé A-pao-ki, pénétra enfuite jufqu'à Yuntcheou (b). Mais ayant appris que les Tein venoient au fecours de cette ville, il fe retira. Le Roi des Tein alla prendre aux Leam Tfang-tcheou (a) & enfuite Poei-tcheou: une partie des habitans fe fouleva contre le commandant fe rendit aux Tcin & les aida à foumettre le refte. Alors tout ce qui étoit au nord du Hoam paffa fous la domination des Tcin. Li-tfun-hiu fit enfuite alliance avec le Roi de Ou,qui déclara la guerre aux Leam;& avec celui de Tçu; il faifoit en même-tems fes efforts pour engager dans fon parti le chef des Kitans qui venoit de prendre le titre d'Empereur; mais l'ambaffadeur nommé Yen - tching qu'il ‘lui avoit envoyé fut mal reçu d'A-pao-ki: on le retint pendant quelque tems, & il ne fut relâché dans la fuite qu'à la follicitation de la Reine des Kitans. Ce Chinois eut une conférence avec A-pao-ki, il essaya de civilifer ces Barbares; il fit conftruire dans leur pays une ville environnée de murailles, avec un marché où les Chinois avoient des loge

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mens. Ses confeils ne contribuerent pas peu à rendre les Kitans formidables à tous leurs voisins.

Après J. C.
Li-tfun-his

Ces peuples fentirent le befoin qu'ils avoient d'adopter les reglemens qu'il leur propofoit, & refuferent de le laiffer repaffer à la Chine; mais cet ambaffadeur ayant trouvé dans la fuite le moyen de s'échapper, il revint à Tcin-yam: fa conduite y fut blamée, & dans la crainte qu'on ne le fit mourir, il prit le parti de retourner chez les Kitans qui le firent premier Miniftre de l'empire. Ces Barbares ne tarderent pas à entrer dans la Chine, à la follicitation même des Chinois. Li-tfun-kuei frere du Roi L'an 917. des Tcin & Gouverneur de Sin-tcheou (a) faifoit par fa conduite, un grand nombre de mécontens. Un Officier nommé Liu-ven-tcin le tua & paffa enfuite chez les Kitans ; ce fut lui qui attira ces Barbares dans l'Empire.

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A fept cens li au nord de Pe-king on trouve un défilé nommé Yu-kouan où eft le fleuve Yu-choui (6) qui va fe rendre dans la mer. Depuis ce défilé, vers le nord-est en fuivant la mer, il y a un chemin fort étroit, environné de montagnes inacceffibles, où l'on avoit placé d'efpace en espace des fortereffes qui fervoient à contenir les Kitans: on avoit alors négligé de les entretenir, les Kitans y pénétrerent & parvinrent jufqu'à Pe - king. Ils apportoient avec eux une matiére inflammable (c), dont le Roi de Ou (d) leur avoit donné la connoiffance; c'étoit une matiére graffe qui s'enflammoit & qui brûloit au milieu des eaux. C'eft ce que nous appellons le feu gregeois qui avoit été inventé par Callinicus & dont apparemment les Chinois auront eu connoiffance, par le commerce qu'ils avoient depuis long-tems avec les peuples doccident. Les Kitans abandonnerent. bientôt le fiége dePe-king pour ferendre avec Liu-ven-tcin vers Sin-tcheou, ils battirent le Gouverneur nommé Gan-kin-tciuen,& avec leur armée qui étoit (a) aujourd'hui Pao-gan-tcheou.

(b) Riviere éloignée de za li à l'orient de Fou-ning-hien dans le pays d'Yum-pim fou.

(c) On la nomme en Chinois Mem-ho-yeou, c'eft à-dire huile du cruel feu. (d) Où étoit un Royaume de la Chine fitué dans la province de Tche-kiam ; ilya des ports dans lefquels les étrangers fe rendoient pour le commerce.

Après J. C.

forte de trois cens mille hommes, ils obligerent Tcheou Litfun-hiu te-goei à prendre la fuite. Enfuite ils retomberent fur PeL'an 91. king. Liu-ven-tcin les dirigeoit dans le fiége. Tcheou-te

goei demanda du fecours, mais le Roi des Tein avoit peu de troupes. On raffembla à la hâte toutes celles que l'on put trouver & on courut au fecours de Pe-king. Il y avoit déja deux cens jours que cette place étoit inveftie, & elle commençoit à fouffrir beaucoup du fiége. Li-ffu-yuen se mit en marche avec foixante-dix mille hommes, appréhendant de rencontrer à chaque inftant les Kitans, dont la cavalerie nombreuse pouvoit envelopper facilement toute fon infanterie. Il craignoit encore plus pour les bagages & les provifions dont la prife acheveroit de ruiner fon armée. Lorfqu'il fut près de Pe - king avec fon avantgarde qui étoit de trois mille hommes il rencontra les Kitans, les troupes commençoient à craindre : ce Général se détacha avec cent cavaliers, marcha vers les ennemis, ôta fon cafque & fit du bruit avec fon fouet pour fe faire entendre. Il reprocha aux Kitans d'être venus fans fujet ravager les frontiéres des Tçin, & leur dit que le Roi fon maître l'envoyoit à la tête de cent mille hommes pour détruire toutes leurs Hordes. Ces fortes de harangues font fréquentes dans les armées Chinoises, les ennemis les entendent & y répondent, le combat ne commence qu'après que ceux qui les font fe font retirés. Elles ne font point en ufage chez les Européens; mais plufieurs peuples barbares imitent à cet égard les Chinois. Dans le combat qui fe donna enfuite, les Kitans furent repouffés de toutes parts, & les troupes des Tcin entrerent dans Pe-king qui fut délivrée du danger dont elle étoit ménacée.

Pendant que Li-tfun-hiu ne s'occupoit qu'à faire des courfes chez les voifins, tout le gouvernement de fon Royaume étoit entre les mains de Tchang - tching - nie, Miniftre fage qui ménageoit fes finances, & ne les prodiguoit que pour faire des provifions de toutes efpéces, cafin que les troupes ne manquaffent de rien. Son économie déplaifoit fouvent au Roi, qui épuifoit fes thrésors en

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L'an 917.

faveur des Muficiens & des Comédiens. Ces folles dé- Après J. C. penfes faifoient naître entre le Prince & le Miniftre des Li-fun-hig divifions; mais elles n'éclattoient point : le Prince reconnoissoit sa faute, & le Miniftre dont les vues étoient juftes n'en étoit que plus récompenfé. Les approvisionnemens que Tchang-tching- nie avoit faits, mirent le Roi en état de profiter de ce que le Hoang étoit pris, & de ce qu'on pouvoit marcher fur les glaces, événement que l'on regarda comme une faveur du Ciel, pour aller fe rendre maître de Goei-tcheou. Il fe mit en marche, s'empara de quelques places & obligea l'Empereur de fe retirer à Lo-yam. Les Leam voulurent enfuite faire quelques tentatives pour reprendre leurs places; mais le Roi des Tcin s'étant apperçu qu'ils n'avoient aucun deffein d'en venir aux mains, & qu'ils ne cherchoient qu'à fatiguer fon armée, alla les attaquer, & les battit. Tout le grand fleuve Hoam fut couvert de fang, & on prit la plûpart des fortereffes qui étoient fur fes bords. Ces fuccès engagerent le Roi des Tcin à faire de nouvelles levées & à rentrer dans l'Empire des Leam. Tcheou-te-goei vint de Pe-king avec trente mille hommes : quatre autres Généraux envoyerent chacun dix mille hommes ; il y avoit encore différens corps des Tartares Kitans, Che- goei, & Tou-ko-hoen. Cette formidable armée fe mit en marche & rencontra celle de l'Empereurà Po-tcheou. Le Roi des Tcin' fe plaifoit à quitter le gros de fes troupes pour aller avec un petit nombre de cavaliers reconnoître l'ennemi. Ses Généraux l'arrêtoient autant qu'ils le pouvoient; mais il trompoit fouvent leur vigilance, & il courut plus d'une fois dans cette expédition le danger d'être fait pri

fonnier.

La méfintelligence regnoit alors parmi les Généraux des Leam : l'Empereur, dans la crainte qu'il avoit que quelques-uns ne paffaffent chez les Tcin, en fit tuer plufleurs. Il refulta de-là plufieurs troubles qui donnerent à Li-tfun - hiu l'espérance de pouvoir fe rendre maître facilement de la capitale de l'Empire: ce fut dans ce dessein qu'il vouloit s'avancer lui-même à la tête de dix mille

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