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qui n'aiment point le travail, font des meubles qui gâtent une maison, il faut s'en défaire au plûtôt:la faineantise qui les affiege les fait fouvent tomber dans le défordre au préjudice de leur Maître; c'eft pourquoy on ne peut trop veiller fur ces fortes de défauts ; & quand on les a connus, on doit. changer ces mauvais Domestiques.

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L'art de regler une Maifon de Campagne par rapport à toutes fortes d'états, afin que tout s'y faffe avec economie; dans un tres bet ordre & pour l'intereft particulier du Maître, avec un Calcul pour Sçavoir à tant par an de dépense, combien par jour.

Uppofons icy que nous voulions faire la Maison d'un Gentilhomme fort aifé, dont l'inclination foit de demeurer à la Campagne, & de faire valoir fa terre par fes mains; il n'eft plus queftion que de luy donner autant de Domestiques qu'il luy en faut pour le fervir: n'écoutons point icy tout à fait l'ambition, ne confiderons avec fa naiffance, que le bien qu'il peut avoir, afin d'y proportionner fon train..

Donnons-luy un Maître d'Hôtel, un Valet de Chambre, un Officier d'Office, trois Laquais, un Cuifinier, un Cocher, & un Palfrenier; Voilà pour l'éclat, & pour foutenir fon nom. Il ne reste plus qu'à luy affigner les Domestiques pour les travaux de l'Agriculture; nous en parlerons en leur.

lieu.

Ce Gentilhomme aura donc, en fe comptant, dix bouches, & de plus quatre chevaux de caroffe, dont la dépense se reglera comme on le va dire; elle fera honnête, non fuperfluë, & digne d'un homme qui veut fe piquer de bien faire les chofes.

L'ordinaire pour la groffe viande eft une livre & demie par jour pour le Maître & chacun de fes Domeftiques, tellement que cela fera la quantité de quinze livres, à raifon que quatre fols la livre la meilleure en Province, font trois livres, cy

3. livres.

Ces fortes de viandes fe déguisent en plufieurs manieres, & felon qu'il en prend fantaisie au Cuifinier, qui obferve toûjours parmi cela de garder quelque groffe piece pour le rôt, telle que peut être une éclanche, une longe de veau, ou autre chofe de cette forte, le tout felon les faifons; on peut au lieu de viande de boucherie fervir quelque groffe volaille, qui tiendra licu de groffe piece de rôt. Quoiqu'on la prenne dans la baffe-cour, & qu'il femble que cela ne coute rien, cependant nous la ferons paffer pour le même pied de la groffe piece de boucherie qui fe fert à fouper, parce que nous regagnerons cela fur d'autres chofes qui feront d'augmentation, & que nous compterons pour rien.

Pour les légumes & autres provifions qu'on fait pour la table aux jours. maigres, feront comptez fur le même pied, quoique ce Gentilhomme prenne une partie de tout cela chez luy; mais s'il falloit compter les gages

dun

d'un Jardinier & autres dépenfes qu'il eft obligé de faire pour le potager, le grain qu'il donne pour les poules, & les gages des Servantes qui les gouvernent, on verroit que tout cela iroit bien auffi haut, fi bien donc que nous mettrons encore trois livres, cy

3. 1.

Nous donnerons pour deux fols de pain à chaque perfonne, y compris celuy pour les potages, cela montera à vingt fols, cy

I 1.

Le vin pour la table du Maître, qui va par jour à une pinte, mettons pour cela cinq fols en Province, cy

s.f..

Pour le vin des Domeftiques, on le comprend ordinairement parmi leurs gages, & pour le fel, poivre, mufcades, cloux, herbes pour mettre au pot; falades, racines & autres legumes, vinaigre, verjus, chandelle, bois, charbon, tant pour la chambre que pour la cuifine, trente fols jour; cette dépense va bien là, cy

par

1.1. 10. f.

De maniere que fi l'on veut fçavoir à combien par jour fe monte la dépenfe de bouche de nôtre Gentilhomme, on verra qu'elle va à huit livres quinze fols, cy

8.1. 15. f..

Il reste à prefent la nourriture de quatre chevaux de carroffe, aufquels il faut par jour fix bottes de foin, c'est à dire, une botte & demie à chacun, à deux fols la botte, à la campagne, font douze fols, quatre bottes de paille de quatre fols, & quatre boiffeaux d'avoine pefant chacun quinze livres, qui valent vingt-quatre fols, le tout fait quarante fols, cy

Pour le Maréchal & l'entretien des fers des chevaux, un fol pour chaque cheval quatre fols, cy

2.1.

par jour

4. f. Pour le Sellier & l'entretien des harnois deux fols par jour; pour le Charron & l'entretien des roues du carroffe, y compris les fournitures, quatre fols par jour, moyennant quoy il fera auffi obligé d'entretenir les charrues & autres harnois de labourage, le tout fait fix fols, cy

cy

6. f.

3001

Pour les gages & le vin d'un Maître d'Hôtel, trois cens livres

Le Valet de Chambre aura cent cinquante livres, cy
L'Officier d'Office cent cinquante livres, cy

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A chacun des Laquais, foixante & quinze livres, ce qui fait en tout deux cens vingt-cinq livres, cy

225.1. 200.1.

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Pour le Cuifinier deux cens livres, cy Pour le Cocher cent francs; pour le Palfrenier quarante cinq livres, en tout cela fait cent quarante cinq livres, cy

145.1

Joignons encore à tous ces premiers Domeftiques deux Valets pour la charrue, nous ne compterons pour eux qu'une livre de viande chacun, par ce qu'ils fe fauvent dans ce que les autres Domestiques peuvent avoir de trop, à quatre fols la livre, cela fait huit fols, une Servante de Cuisine, une Servante de baffe-cour, une autre Servante pour garder les Vaches, un petit Valet d'Ecurie pour foigner les chevaux du labourage, & les autres harnois, un Berger, un petit Dindonnier, tout cela fait huit autres Domestiques, à chacun une livre de viande par jour à quatre fols la livre, le tout vaut trente-deux fols, 1. l. 12. f. Ajoutons icy à prefent les gages de ces Domeftiques, & l'on donnera pour chaque Valet de charruë, quatre-vingt livres par an, & pour les deux

cy

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cent foixante livres,

1601. Pour la Servante de Cuifine quarante-cinq livres ; pour la Servante de baffe-cour trente fix livres; pour la Vachere vingt livres, cela monte en tout pour ces Servantes à cent & une livre, cy

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101.1.

100. 1.

Pour le petit Valet d'Ecurie vingt-cinq livres ; pour un Berger foixante livres ; pour un Dindonnier quinze livres le tout monte à cent livre, су Voyons maintenant à combien toute cette dépenfe monte; felon nôtre Calcul, la dépenfe par jour va à douze livres dix-fept fols : quand on compteroit treize livres & quelque peu davantage, on ne fe tromperoit pas ; fi bien que c'eft déja fur le pied de cinq mille livres par an, jointes à la fomme de treize cens foixante & une livre, font fix mille trois cens foixante & onze livres : & quand nous mettrions le tout à fept mille livres, nous ne nous tromperions de gueres, à caufe de quantité d'autres petites dépenfes qui furviennent lorfqu'on y pense le moins donc cy ›

7000. 1.

Nous ne comprenons point dans cette fomme l'entretien pour les habits du Maître & des Domeftiques, & pour ceux de la Dame, s'il y en a une, avec toute fa fuite, ce qui monte encore fort haut, pour peu qu'elle dépenfe ; fi bien qu'on voit à vue du pays que pour mener un train tel que celuy-là, il faut avoir quinze mille livres de rente pour ne rien devoir à perfonne, & vivre noblement; car il y a encore le Jardinier à payer, dont nous n'avons point parlé.

Autre Reglement pour une Maifon de Campagne de moindre confequence.

A

pour

&

U lieu d'avoir tant de Domeftiques pour la magnificence, il y en a aufquels le Valet de Chambre fert de Maître d'Hôtel, d'Intendant & d'Officier,qui n'ont qu'une Cuifiniere,deux Laquais,un Cocher & deux chevaux de carroffe, une Servante de baffe-cour, un petit Berger, une Bergere, un Valet de charruë, un petit Valet pour luy aider, & trois chevaux de harnois labourer les terres. Ces derniers Domestiques fe doivent regler fur le plus ou le moins de temps qu'on a à labourer: car par exemple, pour foixante arpens, il fuffit d'une charrue, & par confequent d'un grand Valet pour la conduire & d'un petit pour luy aider; car ce n'eft que vingt arpens par chaque tournûre, c'eft à dire, vingt arpens en bled, vingt en avoine, orges & autres grains des Mars, & les vingt autres qu'on referve pour la caffaille ou les fombres, comme on dit en certains pays.

S'il y avoit quatre-vingt ou quatre-vingt-dix arpens de terres à labou rer, il faudroit deux charrues à la verité, mais pour cela il ne feroit pas neceffaire de prendre deux grands Valets de charruë, on fe contenteroit dans les temps d'avoir un homme à la journée pour avancer l'ouvrage, & fur la charrue on pouroit y mettre pour attelage deux boeufs au lieu de chevaux ; on ne fçauroit dire combien tout cela ménage la bourse d'un Maître ; car, comme on a déja averti, il faut toûjours avoir moins de Domeftiques qu'on peut, le grand train mange le gain; mais fi le labourage eft de cent arpens, & davantage deux grands Valets alors conviennent fort bien.

Autre Reglement pour ceux qui n'ont pas tant de revenus, & qui par confequent fe contentent d'un plus petit train.

Els gens, par exemple, n'auront point de carroffe, ils n'auront qu'un Laquais qui fert de Valet de Chambre, une fille de Chambre pour la Dame, qui a foin de l'Office, une Cuifiniere, qui fouvent àl'oeil fur la baffe-cour le matin & aprés le repas ; un petit Vacher, un petit Berger, un Valet de charruë, trois chevaux de charruë, dont l'un fert de monture au Maître dans le befoin, & une petite chaife pour rouler & Monfieur & la Dame, & pour cela on y attelle les chevaux de charrue quand ils n'y font point occupez : c'eft ainfi que nous voyons bien des Gentilhommes vivre agreablement avec leurs voifins, & amaffer de quoy fe foutenir & pouffer leurs enfans dans les emplois qui leur conviennent..

Autre Reglement pour des Maifons Bourgeoifes à la Campagne..

Es bourgeois qui font bons ménagers à la Campagne fe paffent tres-bien de Laquais, de filles de Chambre & de Cuifiniere particuliere, une bon ne Servante forte & entendue fuffit pour la baffe-cour; le Maîtreffe, ou le Maître du logis font la cuifine,quelquefois cette Servante peut leur aider pour peu qu'elle y ait de génie : il faut un Vacher quand on a cinq à fix vaches, & une Bergere ou un petit Berger pour les brebis, & un Valet de charruë feulement; car on fuppofe que le labourage ne fuffife que pour occuper un homme qui fache labourer: fi dans l'occafion on a befoin de quelque ayde, on prendra quelque petit garçon à journée qui entende un peu fon: métier; il y aura deux chevaux de harnois, c'eft affez, dont le Maître: pourra fe fervir pour monter quand il fera mauvais temps, & que ces chevaux feront de repos.

Sur le plus ou le moins de Domestiques qu'on veut prendre, on n'a qu'à fe regler fur les prix des gages qui font taxez, voir à quoy cela monte, & juger fi l'on a les reins affez forts pour foutenir une telle dépenfe..

Nous ne parlons point icy de ces Seigneurs à gros équipage,& aufquels il convient avoir un Intendant, un Aumonier, un Secretaire, un Ecuyer, des garçons d'Office & de Cuifine, outre les chefs, plufieurs Cochers, des Poftillons, plufieurs Palfreniers, un Suiffe, quantité de Laquais, filles de Chambre,Precepteur, Valet de Chambre des enfans,Gouverneur & le refte; tout cela n'eft pas tout à fait convenable à la campagne,cela ne demande que la Cour; & il faut du moins cinquante, foixante, ou cent mille livres de rente & davantage, pour furvenir à un telle dépenfe; on s'y perd le plus fouvent, à moins qu'on ait un Intendant & un Maître d'Hôtel tres-fidele. Quoique nous ayons taxé les prix des Valets de charruë, appellez ordinairement Charetiers, on ne prétend pas cependant qu'on s'y arrête tout à fait, puifqu'il y a des endroits, comme dans la Beauce & dans la Brie, où ces Valets ont de gages depuis cent jufqu'à fix vingt livres, au lieu qu'en Bourgogne les meilleurs ne gagnent que foixante livres, & l'on y en a méme a quarante-cinq, cinquante & cinquante-cinq livres, c'eft pourquoy

il faut fe regler au pays où l'on cft.

Il eft vray que dans les pays vignobles on leur donne trois chopines ou deux pintes de vin par jour en Ete, outre leurs gages, dans les années que le vin n'eft pas cher; on n'en donne gueres aux fous-Valets, & le plus fouvent point du tout; le Valet Vigneron à caufe du fort travail de la vigne en a autant que le Charretier.

Voilà tout ce qu'on peut examiner pour l'Oeconomie d'une Maison de Campagne : telles font à peu prés les regles qu'on y peut apporter, & fur lefquelles neanmoins on peut augmenter & diminuer fi l'on veut : tout cela dépend de la prudence du Maître,& il feroit à fouhaiter pour fe faire une loy de ces réflexions, qu'on s'interrogeât foy-même, & qu'on confiderât au juste ce qu'on a de bien en fond, quel en eft le revenu, & que là-deffus on voulût établir à peu prés fa dépenfe; il eft vray que la providence eft bien grande, & que ce feroit en quelque façon, difent bien des gens, s'en méfier, point du tout, c'eft la fuivre pas à pas, & fi nôtre dépense furpaffe fouvent nos revenus fans alterer nos fonds, c'eft que cette même providence permet que d'ailleurs nôtre induftrie y fupplée, & cela eft fi vray que les gens bornez à leur feul revenu fans autre travail, s'abîment quand ils en agiffent autrement : ainfi donc qu'on fe fonde autant qu'ou pourra là-deffus, la Table qui fuit aidera ceux qui voudront entrer dans ce détail.

TABLE.

Où l'on peut voir ce que l'on a à dépenser par jour, à proportion du

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Si l'on en veut fçavoir davantage, on en viendra aifément à bout par

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