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doient que la paix, qu'ils étoient difpofez à fatisfaire AN, 1529. fa majefté impériale, & accepter la convocation d'un

LXII.
La meffe eft

bourg. Sleidan. 1. 6.

pag. 192.

concile.

Le fujet des plaintes de Ferdinand,

étoit que

le

abolic à Straf. Vingtiéme de Février, environ un mois avant la tenuë de la diéte, ceux de Strasbourg avoient fait un decret, figné par le confeil de trois cens, par lequel ils aboliffoient la meffe, jufqu'à ce que leurs adverfaires fiffent voir que ce facrifice étoit un culte agréable à Dieu; ce decret fut publié par l'ordre du fénat dans toute l'étenduë de la jurifdiction, pour être observé par tous fes fujets. Et le fénat enfuite en donna avis à l'évêque, qui reçut cette nouvelle avec beaucoup de chagrin, mais qui fut contraint de la prendre en patience. Wolfgang Capiton, & Martin Bucer, dont les sentimens prévaloient à Strasbourg, furent les moteurs de ce decret.

LXIII.

me chofe à

Bafle,

Sleidan. lo o

fitato.

La meffe fut encore abolie à Bafle à peu près dans On fait la mê- le même tems, fur la demande des citoyens, qui, fur le refus du fénat, s'affemblerent dans l'églife des cordeliers le huit de Février, & s'emparerent des lieux publics de la ville, pour obliger les fénateurs qui favorifoient le parti des Catholiques, à fe démettre de leurs charges ; & fur le refus qu'on leur en fit, ils prirent les armes, abattirent les images & les ftatuës des Saints, les brûlerent, obligerent le fénat à dépofer douze confeillers, parmi lefquels étoient Henri Meltinger & Luc Ziegler, & à faire un decret par lequel la messe & les images feroient abolies dans toute l'étendue de fa jurifdiction. Le douziéme Février le confeil des deux cens foixante approuva le decret du sénat : une pareille conduite fut le fujet des reproches que

fic

Ft Ferdinand aux députez des villes impériales dans la diéte de Spire.

AN. 1529.

On y contefta long-tems pour remettre en vigueur l'édit de Wormes: Ferdinand vouloit qu'on s'en tînt à fon exécution, & fit exclurre de l'aflemblée le député de Strasbourg, qu'on nommoit Daniel Miége. Les autres villes que cette conduite regardoit, intercederent pour lui, & requirent qu'on obfervât les coutumes de l'empire, qui ne permettoient pas qu'on troublât les députez dans leurs droits, jusqu'à ce que le différend eût été terminé dans un concile libre & légitime; fans quoi ils refuferoient abfolument de contribuer aux frais de la guerre contre les Turcs. Mais toutes leurs remontrances furent inutiles; le député de Strasbourg ne fut point rétabli; & pour trouver quelque forme d'accommodement, on fit à la pluralite des voix le treiziéme d'Avril un nouveau decret pour expliquer celui de la précédente diéte de Spire, par lequel il étoit ordonné, que pour ce qui regardoit l'exécution de l'édit de Wormes, les membres de l'empire se gouverneroient de maniere qu'ils puffent te de Spire. rendre compte de leur conduite à Dieu & à l'empereur, & pour réprimer l'abus qu'on en avoit fait, en prenant occafion par-là de foutenir toutes fortes de 19. Cochless nouveaux dogmes, par le mauvais fens qu'on lui avoit donné.

Le nouveau decret ordonnoit 1°. Que dans les lieux où l'on a reçu l'édit de Wormes contre le Luthéranifme, il ne fera permis à perfonne de changer de créance, & que l'on continuera à obferver cet édit, en y obligeant pareillement le peuple jusqu'à la tenue du concile que l'empereur fait espérer bien

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LXIV. Elit de la dié

Pallavic. hift. conc. lib. 2. c.

8.

Sleidan. lib. 6.

hoc anno.

ger

tôt. 2°. Que dans les endroits où l'on a embraffé la AN. 1529 nouvelle religion, qu'on ne peut quitter fans un danévident de fédition, on y pourra perfifter dans les mêmes pratiques, jufqu'à ce qu'on ait affemblé le concile. 30. Que dans ces endroits-là l'on ne pourra abolir la messe, ni empêcher que les Catholiques ne joüisfent du libre exercice de leur religion, ni même permettre qu'aucun d'eux embraffe la fecte Luthérienne. 4°. Que les Sacramentaires feront bannis de l'empire, & les Anabaptiftes punis de mort fuivant l'édit de l'empereur qui avoit été ratifié. 5o. Que les prédicateurs obferveroient les decrets des deux dernieres diétes de Nuremberg, qu'ils feront circonfpects, en s'abftenant d'offenfer perfonne dans leurs difcours, & de donner sujet au peuple de se soulever contre les magiftrats. Qu'ils ne propoferoient aucuns nouveaux fentimens, à moins qu'ils ne fuffent fondez sur l'écriture; qu'ils prêcheroient l'évangile suivant l'interprétation approuvée par l'églife: Et que pour les articles qui étoient en dispute, l'on attendroit la décifion légitime du concile. 6°. Qu'enfin tous les membres de l'empire vivroient en paix, & n'exerceroient aucune hoftilité les uns fur les autres, fous prétexte de religion.

LXV.

quelques

Sleidan. lib. 6.

Quelque modéré que fût cet édit, & quelque faOpposition devorable qu'il parût aux princes qui n'avoient pas la ces à cet edit. même créance, il ne laiffa pas de trouver des con-pag. 196. Pal-tradicteurs. Les électeurs de Saxe & de Brandebourg, Ernest & François ducs de Lunebourg, Philippe landgrave de Heffe, & Wolfang prince d'Anhalt s'y oppoferent comme étant contraire, difoient-ils, aux véritez c'aires de l'évangile. Ils prétendoient qu'il

lavic. liv. 2.

cap. 18. p.216.

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ne falloit point déroger au decret de la diéte précé- AN. 1529. dente, qui avoit accordé la liberté de religion jufqu'au tems du concile: puifque ce decret ayant été fait du confentement de tous, il ne pouvoit de même être altéré & réformé que d'un commun avis. Que dans la diéte de Nuremberg, l'on s'étoit très-bien apperçû de l'origine & de la caufe des diffenfions, du propre aveu du pape, mais qu'avec tout cela, l'on n'y avoit apporté aucun remede, quoiqu'on eût envoyé à fa fainteté le mémoire des abus qui étoient à réformer. Que l'on avoit conclu dans toutes les délibérations, que le meilleur moyen de terminer les controverfes, étoit de tenir un concile. Que d'accepter le nouveau decret, c'étoit rejetter la parole de Dieu pure & fimple; & d'accorder l'ufage de la meffe, c'étoit renouveller tous les défordres paffez. Qu'ils approuvoient la clause de prêcher l'évangile, felon les interprétations reçues dans l'églife; mais qu'il reftoit à fçavoir quelle étoit la vraye églife. Que de publier un decret fi obscur, ce feroit ouvrir la porte à beaucoup de troubles & de divifions. Ils ajoutoient qu'ils ne pouvoient donc y confentir; qu'ils en rendroient compte à tout le monde, & à l'empereur même ; & qu'enfin ils ne feroient rien que de jufte & de raisonnable jufqu'au concile général, ou national d'Alle

magne.

LXVI. Quatorze vil

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Cette déclaration fut appuyée par les députez de quatorze villes impériales, qui deux jours après pro-les Impériales testerent contre le decret de Spire, mirent leur proteftation par écrit, & la publierent le 19. d'Avril par un acte, dans lequel ils appelloient de tout ce qui venoit d'être fait, à l'empereur, au futur concile

joignent à sleidan. ib d.

Pallavic. loco

citato

AN, 1529.

général ou national, & à tous juges non fufpects; & en conféquence nommoient des députez pour envoyer vers l'empereur, afin d'obtenir la révocation de ce decret. Ces quatorze villes furent Strasbourg, Nuremberg, Ulme, Conftance, Reutlingen, Windsheim & Menningen, Linda & Kempten, Heilbron, Ifne, Weiffenbourg, Nordlingue, & faint Gal. L'article de. cette proteftation qui concernoit la préfence réelle, étoit conçu avec beaucoup de ménagement à caufe de la divifion qui étoit fur ce fujet entre les Luthériens & les Zuingliens. Ceux-là y difoient qu'on fçavoit quels étoient les sentimens de leurs églises couchant la préfence du corps & du fang de JESUS-CHRIST dans l'euchariftie; mais qu'il ne falloit point faire de decret contre ceux qui n'étoient pas de cet avis, parce qu'ils n'avoient été ni appellez, ni entendus. C'eft de cette célébre proteftation qu'eft venu le fameux nom de Proteftans, qui fut donné aux Hérétiques d'Allemagne,, & dont les Calviniftes fortis de la même origine fe font depuis accommodez, afin d'être traitez un peu hunc an. N°. plus honorablement qu'ils ne l'étoient par d'autres ti tres qui ne leur plaifoient pas, quoique les bons Pro. teftans foient peut-être autant leurs ennemis que les. Catholiques mêmes...

LXVII. Orig ne du

nom de Trote

ftans donré

aux Luthé

riens.

Sleid. l. 6. pag.

198.

Rayrald. ad

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Ferdinand étoit forti de l'affemblée avant que les princes euffent fait leur proteftation : & comme il s'agiffoit d'empêcher les Turcs de conquerir le refte de la Hongrie, & de fauver l'Autriche, la Stirie & la Carinthie de leurs incurfions, l'archiduc ne pou voit y réuffir fans donner quelque, fatisfaction aux Proteftans; c'étoit pour lui que les armes Catho liques devoient agir; & l'intérêt d'une couronne.lu

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