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condamnées; & il ne trouve pas d'image plus parfaite de l'ancienne Eglife Liv. X. qu'en celle d'Ethiopie. De même cet Anglois qui n'avoit jamais rien lu CH. VIII. que l'Hiftoire d'Alexis de Menefès, fouvent fans l'entendre, fuppofant de même que les Neftoriens rejetoient la Tranffubftantiation, ce que fon Auteur ne dit point, veut que nous regardions l'Eglife des Neftoriens de Malabar comme ancienne & apoftolique, en forte qu'il n'y en a pas une, fans excepter celle des Vaudois, qui ait moins d'erreurs dans la doctrine, excepté celle de Neftorius, & cela parce qu'on n'y croit ni la Primauté du Pape, ni la Transsubstantiation, hi l'adoration des images. Dans ce peu de paroles, l'Auteur a fait affez voir que l'ancienne Eglife, les Neftoriens & les Vaudois lui étoient également inconnus: & on reconnoît en même temps qu'il ne croit pas que l'héréfie de Neftorius foit fi dangereufe, puifqu'il dit qu'un Auteur de la Communion de Rome les en a juftifiés. Il ne le nomme pas; mais quel qu'il puiffe être, il n'y a pas de Catholique, ni même de Proteftant, qui puiffe juftifier ceux qui difent anathême au Concile d'Ephefe & à S. Cyrille, & qui honorent cet héréfiarque comme un Saint.

quent hé

pas fur

Il faut donc convenir avec tous les Anciens & avec tous les Orientaux, Ils font qu'on ne peut regarder les Neftoriens autrement que comme des héréti- par conféques, déclarés pour tels non feulement par l'Eglife Univerfelle, mais en rétiques; particulier par les Jacobites, qui néanmoins affurent, aufli-bien que les mais non orthodoxes ou Melchites, que les Neftoriens croient fur l'Euchariftie ce l'article que croient les autres Chrétiens. Quand même on recevroit comme vé- de l'Euch.. ritables les cenfures de ceux qui drefferent les Décrets du Synode de Diamper, & fi on pouvoit croire qu'ils euffent extrait fidellement ce qu'ils rapportent de quelques Auteurs, ce qui eft fort douteux, puifque leur Act. 3. Deignorance paroît prelque par-tout cela pourroit prouver que les Nefto- Cret 14. riens de Malabar font tombés dans l'erreur, mais non pas que tout le fol. 13. corps de l'Eglife Neftorienne l'eût adoptée. Il faut des autorités plus fûres que celle de ces Portugais, pour croire qu'il fe trouvât dans les livres dont ils parlent des chofes entiérement contraires aux Liturgies & aux autres prieres publiques. Jofué fils de Nun Catholique XLV. fucceffeur immédiat de Timothée, auquel on attribue de pareilles erreurs, attaqua fa mémoire par divers Ecrits, & voulut ôter fon nom des Diptyques; mais les Evêques le juftifierent, ce qu'ils n'auroient pas fait fi on avoit trouvé dans fes livres une propofition contraire à ce qu'enseignoit verent la leur Eglife.

Fd. Con.

Ils obfer

difcipline

ecclefiaf

On trouve encore cette uniformité de principes & de difcipline bien tique dans prouvée par les Miffions que les Neftoriens envoyerent dans le Coraffan, l'envoi de le Cowarzem, la Tranfoxiane, le Turqueftan jufqu'aux extrêmités de la fionaires..

Liv. X. Haute Afie; dans les Indes & jufqu'à la Chine. Ils ne se contenterent CH. VIII. pas d'envoyer des Prêtres; ils jugerent que l'Eglife ne pouvoit fubfifter fans Evêques ainfi ils en établirent par-tout où ils firent des Chrétiens; & quand le nombre en fut affez grand, ils érigerent de nouvelles Métropoles, dont nous avons donné la Notice. Ils n'avoient donc rien changé à la discipline de l'ancienne Eglife; & le Catholique qui s'en réfervoit la Confirmation & l'Ordination, exerçoit le pouvoir de fuprémacie que les Proteftants conteftent au Pape mais c'étoit la même chofe, puifque ce qui eft une tyrannie dans l'un, ne peut être l'exercice d'une autorité légitime dans l'autre.

Langue inconnue

dans les

Offices.

Vie Mo

&c.

L'Auteur Anglois ne pouvoit traduire le Synode de Diamper, & ne pas voir presque à chaque page que par-tout où les Neftoriens s'étoient établis, ils avoient introduit les Offices en langue fyriaque, quoiqu'en Syrie & en Méfopotamie on entende moins cette langue depuis plus de mille ans que le Latin en Occident. Mais pourquoi la porter dans le Turquestan, dans les Indes & dans la Chine, où elle n'avoit jamais été entendue ?

On voit auffi la vie Monaftique pratiquée dès les premiers fiecles parmi natique, les Neftoriens, & ils honorent parmi leurs Saints un grand nombre de Religieux. La plupart de leurs Catholiques ont été tirés des Monafteres, & l'habit Religieux eft appellé l'habit Angélique, ainfi que parmi les autres Orientaux. Ce n'eft pas des Latins ni des Miffionnaires que cela leur est venu, non plus que toutes les autres pratiques religieufes touchant les Fêtes, les jeûnes de chaque femaine, outre ceux du Carême, & d'autres abftinences beaucoup plus grandes & plus fréquentes que celles de l'Eglife Latine; mais l'Auteur Anglois n'en dit mot.

Les lettres écrites

aux Papes

ne prou

cu de

ment.

Enfin quiconque voudra fuppofer que quelques réunions, & des lettres écrites aux Papes peuvent fervir à prouver que les Latins aient introduit quelque nouveauté parmi les Neftoriens, n'a pas la moindre connoif vent pas fance de leur hiftoire ni de la nôtre. Pierre Strozza dit qu'avant le Ponqu'il y ait tificat de Jules III. on connoiffoit à peine le nom du Patriarche des Nef change toriens, & que dans les Archives des Papes il ne trouve pas qu'il soit De Dogm. parlé d'eux ni de la Nation des Chaldéens. Que ce Pape ayant appris que quelques Neftoriens s'étoient fouftraits de l'obéiffance du Patriarche hérétique, avoit ordonné Simon Sulacha appellé autrement Sind, qui est la même chose que celui-ci avoit été tué par les Turcs, & qu'Abdifus ou Hebedjefu lui avoit fuccédé. Ce fut lui qui vint en Europe vers la fin du Concile de Trente, & enfin long-temps après Elie envoya fon Archidiac re Adam, qui vint à Rome fous Paul V. Ces Orientaux furent reçus avec toute forte de démonstrations d'honneur & de charité: ils obtinrent des

Chald.

Pref.

fecours confidérables pour leurs Eglifes, & toute la protection qu'ils pou- Liv. X. voient espérer. Mais dans le fond ces converfions ne produifirent pas Cн. VIII. un grand changement, & elles n'ont eu aucunes fuites; puifque les lettres qui fe trouvent écrites à quelques anciens Papes, & celles qui furent adreffées à Paul III. & à Paul V. n'ont pas empêché les Chrétiens de ce pays-là de conferver les mêmes erreurs & les mêmes abus qu'ils paroiffoient avoir abandonnés.

connoît

encore

nent de

C'est ce qui fe reconnoît encore tous les jours par les Miffels & les autres On le relivres de prieres que portent avec eux les Prêtres qui viennent de ces pays-là, où on trouve les dogmes Neftoriens fans aucune altération. dans ceux Jefus Chrift appellé Temple de la Divinité: la Sainte Vierge toujours qui vien Mere de Chrift, & jamais Mere de Dieu: des louanges de Neftorius, Levant. des injures atroces contre S. Cyrille, jufqu'à l'appeller Serpent maudit, & d'autres chofes femblables. Tel a été le fruit de ces réunions, qui n'a guere été plus confidérable depuis le Pontificat de Grégoire XIII. quoiqu'il dépenfât beaucoup, tant pour envoyer des Miffionnaires fur les lieux, que pour établir des Séminaires & des Colleges où les Orientaux puffent. être inftruits. Les chofes font toujours au même état: il vient de temps en temps des Levantins avec des lettres de leurs Patriarches pour le Pape & ils témoignent qu'ils embraffent toutes les vérités enfeignées. dans l'Eglife Catholique, dont ceux qui parlent à leur nom font profeffion en la maniere qui leur eft prefcrite. Ils demandent le Pallium pour leurs Prélats, & on le leur accorde: ils s'en retournent, & tout le termine à ce que ces mêmes Prélats difent en particulier aux Miffionnaires, qu'ils. font bons Catholiques, & qu'ils travaillent à convertir ceux qui leur font foumis. Mais on ne voit aucun changement extérieur, & la plupart confervent la communion avec les autres hérétiques, ce que jamais l'EglifeRomaine n'a approuvé ; & fi quelques Miffionnaires l'ont toléré, ils ont violé toutes les loix eccléfiaftiques, & leur exemple ne peut être tiré à conféquence.

cune preu

Il est très-important de remarquer que dans les lettres qui nous reftent Il n'y a au de ces Patriarches aux Papes, ou des Papes à eux, il ne fe trouve pas vedans les une feule parole qui donne lieu de foupçonner que les Chrétiens Orien- anciennes. taux aient eu aucune opinion particuliere touchant l'Euchariftie, ni qu'on écrites par lettres, leur ait donné la moindre inftruction pour leur apprendre qu'elle étoit vé les Papes, ritablement & réellement le corps & le fang de Jefus Chrift; au lieu qui marqu'il fe trouve divers paffages par lefquels il paroît qu'on penfoit à leur quelque infpirer la véritable créance fur le Myftere de l'Incarnation: que quel- erreur fur ques-uns dans leurs réponses tâchoient à juftifier la doctrine de leur Eglife. C'est ce qu'on ne remarque pas touchant la créance de l'Euchariftie, & ce

quent

l'Euchar.

Liv. X. qui fait voir en même temps que les Théologiens Orientaux ne s'étoient CH. IX. pas trompés lorfqu'ils avoient dit que tous les Chrétiens s'accordoient

fur cet article. Si cependant les Calvinistes perfiftent dans leur hypothefe infoutenable, il faut, comme on a dit ailleurs, qu'ils prouvent que les Papes & leurs Miffionnaires ont été uniquement occupés du foin d'introduire l'opinion de la préfence réelle, fans fe mettre en peine des autres articles de foi, même de ce qui concerne la Primauté du S. Siege; puifqu'il eft certain que parmi les Neftoriens on ne connoiffoit point d'autorité fupérieure à celle de, leur Catholique. Il faut enfuite nous faire comprendre comment un des plus difficiles myfteres de la Religion a pu être reçu fans conteftation, fans la moindre oppofition, fans qu'il reste aucun veftige d'un tel changement, pendant qu'on n'a jamais pu réduire fur des articles qui ne font rien en comparaifon de celui-là.

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parmi les

que parmi

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Que le changement de doctrine fur la préfence réelle n'a pas été moins impoffible parmi les Jacobites que parmi les Grecs & les Neftoriens.

STO

I on a fait voir que le changement de doctrine fur la préfence réelle ment plus étoit une fuppofition infoutenable à l'égard des Grecs & des Neftoriens, difficile il est encore plus facile de montrer qu'il n'y avoit pas lieu de fuppofer Jacobites qu'il pût être arrivé rien de femblable parmi les Jacobites. On a marqué les Grees, au commencement de cet ouvrage, que les Jacobites étoient ceux qui ne reconnoiffoient qu'une feule nature en Jefus Chrift, & qui par cette raifon difoient anathême au Concile de Calcédoine & à S. Léon: qu'ils avoient depuis le commencement de leur féparation une fucceffion de Patriarches à Alexandrie & à Antioche : qu'ainfi cette Secte comprenoit tous ceux qu'on appelle Cophtes, & les Abyffins ou Ethiopiens: les Syriens, qui n'étoient ui Neftoriens ni orthodoxes: les Arméniens & quel ques autres Chrétiens répandus en différentes Provinces d'Orient. On croit auffi avoir prouvé bien clairement que ces Chrétiens croient la préfence réelle, & qu'ils obfervent toutes les parties de la discipline ecclé fiaftique, qui, felon l'aveu de M. Claude, fuivent naturellement de cette créance. Il faut préfentement examiner fi on peut trouver qu'elle y ait été La difci- portée d'ailleurs, & particuliérement par les Miffionnaires Latins.

pline fait

connoître

de

Nous avons prouvé, & on ne peut en difconvenir, que par la feule la créance forme extérieure d'une Eglife, on reconnoît certainement une partie ce qu'elle croit, particuliérement fur les Sacrements & fur l'Euchariftie.

d'une

Eglife.

Suivant

Suivant ce principe, Grotius & de favants Luthériens rejeterent d'abord Liv. X. la Confeffion de Cyrille, parce que chacun reconnoiffoit que la forme CH. IX. du gouvernement de l'Eglife Grecque, & fon culte extérieur, étoient incompatibles avec la doctrine qu'il y expofoit. Il en eft de même de l'Eglife Jacobite. Celle des Cophtes a pour Chef le Patriarche d'Alexandrie, & par leurs hiftoires on voit qu'il tire fa fucceffion de Diofcore & de ceux que les Monophyfites établirent après lui: cela fuffit pour reconnoître que la hiérarchie y a toujours fubfifté; ce qui eft encore prouvé parce qu'on la voit gouvernée de tout temps par des Evêques, des Prêtres, des Diacres, des Lecteurs, ordonnés fuivant l'ancien Rite Oriental. De même on reconnoît dans leur Liturgie l'ancienne forme de célébrer les faints Myfteres, & le fens fimple & littéral des prieres porte d'abord à croire le changement réel des dons propofés au corps & au fang de Jefus Christ. Les cérémonies qui accompagnent ces prieres prouvent encore plus fortement cette créance: & fi les Calvinistes ont tâché de leur donner des interprétations contraires, jamais aucun n'a ofé s'en fervir dans l'adminiftration de la Cene.

ces Offices

Les Jacobites, Egyptiens ou Syriens, n'ont pas compofé ces Offices, Ils ont pris puifqu'ils font conformes à ceux dont les Catholiques fe fervoient dans dans l'Eles mêmes pays, enforte que dans le douzieme fiecle la Liturgie de S. glife CaMarc étoit en ufage parmi les Grecs orthodoxes du Patriarchat d'Alexan- tholique. drie, & celle de S. Jacques dans celui d'Antioche & en Jerufalem. Les Grecs l'ont quittée, mais les orthodoxes Syriens ont toujours confervé celle de S. Jacques, & s'en fervent encore. Ils s'enfuit qu'ils les avoient prifes de l'Eglife Catholique lorfqu'ils s'en étoient féparés ; & par conféquent ces prieres, qui fuppofent la foi de la préfence réelle, étoient plus anciennes que le Concile de Calcédoine, avant lequel on ne croit pas que perfonne puiffe fuppofer qu'il foit arrivé aucun changement.

rémonies.

On en doit dire autant des cérémonies: car quoiqu'on ne les trouve De même pas marquées dans les Liturgies, on en trouve ailleurs des veftiges cer- que les cétains, comme de la maniere refpectueufe de recevoir la Communion marquée dans les Catéchefes de S. Cyrille de Jerufalem, & en plufieurs endroits de S. Jean Chryfoftôme. De plus on ne peut prouver que ce qui eft reçu & pratiqué dans plufieurs Eglifes, avec l'approbation de toutes les autres, foit une nouveauté, lorfqu'on n'en peut montrer l'origine. Or aucun Proteftant n'a pu encore faire voir celle de toutes les prieres facrées & des cérémonies qui compofent les Liturgies: car la zizanie femée par l'homme ennemi dans le champ de l'Eglife, eft un lieu commun ufé, & qui peut être prêché à des femmes ou à des fanatiques ignorants, non pas employé dans une difpute férieufe. On a aufli fait voir Perpétuité de la Foi. Tome IV.

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