Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cre avoit volé des Pierreries à une Image de Notre-Dame. Le Grand-Maître le condamna pareillement à la mort, & cette féverité remit la paix & la tranquillité dans cette Ifle.

L'Empereur propofa au Grand-Maître de lui remettre Coron. Il l'en remercia & lui répondit que la Religion ne pouvoit pas fe foûtenir dans tant d'endroits diffe

rens.

Coron étoit entourré des ennemis, & la garnifon ne pouvoit pas fortir dans la Campagne qu'elle ne rifqua d'être taillée en pieces. Les Turcs en firent le fiége. Mendoça écrivit à l'Amiral Doria de fe hâter de le fecourir. Doria fe mit en mer avec les Galeres de Naples & de Meffine. Salviati le fuivit avec celles de la Religion; il n'avoit en tout que vingt-deux Galeres & quelques petits Bâtimens. Luci Bei Amiral des Turcs avoit une Flote de quatrevingt Bâtimens, & fe tenoit vers la Morée pour empêcher le fecours.Doria alla droit aux ennemis. Luci Bei n'ofa pas l'attendres il prit la route de Modon & entra dans le Port.Doria alla débarquer à Coron. Mendoça ayant reçu ce fecours,fortit fur les ennemis,en paffa un grand nombre au fil de l'épée, il prit leur Canon, combla leurs travaux,& les contraignit à lever le Siége.

Après une action fi glorieuse, Mendoça fe démit de fon gouvernement, & l'Empereur le donna à Maceco.

Les Turcs parurent du côté de Malte. Le Grand-Maître fit faire des fortifications, & le Commandeur de Nous fit armer un Galion pour aller du côté des Salines, & pour les incommoder.

Veft qui étoit en prifon, écrivit en Angleterre qu'il fouffroit cette-peine, parce qu'en qualité de Turcepolier il faifoit porter devant lui, aux jours de Ceremonie,une Maffe d'argent aux armes d'Angleterre. Ses ennemis le raporterent au Roy; fa Majefté Britanique ordonna au Chevalier Cotet de demander la délivrance du Turcepolier. Cotet vint à Malte, & raporta au Grand-Maître les plaintes de Veft, & la demande du Roy. Le Grand-Maître dit à Cotet qu'il étoit furpris de l'impudence de Veft qui étant en prifon à caufe de fes blafphêmes & de fon infolence, avoit la hardieffe de mentir au Roy d'Angleterre, & commettoit la Religion avec fa Majefté Britanique. Il fit faire une information qui prouvoit clairement la fauffeté de la rélation du Turcepolier, & qui juftifioit le jugement du Chapitre. Le Grand-Maître le fit pourtant fortir hors de prifon, parce que le

Roy le fouhaitoit. Dom Louis Infant de Portugal & Prieur Docrate, fit une fondation de trente Chapelenies de l'Ordre à Fiofde Rofes, & d'un Monaftere de filles à Eftremos. Le Grand-Maître approuva ces établiffemens, quoi qu'il eut mieux aimé que ce Prieur eut employé fon argent aux fortifications de l'Ile de Malte.

Barberouffe paroiffoit fur mer avec 15 3 4. une Flotte de quatre vingt bâtiments; le Grand-Maître fit détacher un Brigantin pour observer la route qu'il prendroit; mais il n'eut pas le temps de fçavoir ou les deffeins de ce Corfaire aboutiroient, il fut attaqué de la fievre, & mourut le vingt-cinquième d'Aouft. Perrein du Pont de Lombiafe ou de Caftel gras, Prieur de Sainte Euphemie en Piémond, fut fon fucceffeur. Ön nomma le Chevalier de Boniface Baillif de Manofque Lieutenant de la Grande-Maîtrife, à caufe de l'absence du nouveau Grand-Maître.

Maceco Gouverneur de Coron fut contraint d'abandonner cette place; il avoit une Garnifon de trois mille hommes, & il n'avoit point de vivres pour l'entretenir. Ses Soldats furent attaquez de la pefte; il en mourut un grand nombre. Maceco voyant qu'ils periroient tous, ou

de mifere, ou de maladies, fit embarquer ce qui lui reftoit, quitta la place, & vint le préfenter au Port de Malte. On donna des vivres à Maceco fans youloir permettre que fes Soldats entraffent dans l'Ifle, de peur qu'ils n'y communicaffent leur maladie, & enfuite ce Gouverneur fe retira à Meffine.

Barberouffe vint mettre le Siége devant Tunis, Mulei-Affam qui en étoit Roy, abandonna la Ville,& fe retira. Mulei Rafcit fon Lieutenant s'enferma dans la Citadelle, où il fe deffendit longtemps avec les fix Canons que les Chevaliers avoient donnez au Roy. Barberouffe fit dreffer les Bateries, & attaqua la Citadelle du côté de la Ville; il fit bien-tôt une bréche qui étoit affez grande pour recevoir un Régiment de front. Rafcit voyant cette bréche, & qu'on ne lui propoloit pas de capituler, fe mit à la tête de la Garnifon, l'exhorta à bien faire & à fuivre son exemple & fondit tout coup fur les Turcs qui l'affiégeoient;il renverfa tout ce qui pouvoit s'oppofer à son paffage, traversa la Ville & le camp, & le retira honorablement après avoir tué mille hommes des ennemis.

Cajardin s'étoit révolté, Ali Aga des Janniffaires, & Affambei Chef des Eunu

ques,que Barherouffe avoit fait Roy d'Alger,avoient pratiqué une faction dans Tagiora en faveur de Soliman. Ils y entrerent fecretement par le fecours de leur faction & s'en rendirent maîtres. Cajardin avoit fuï; il fit alors propofer un Traité à Barberouffe qui voulut bien le laiffer moyennant le Tribut auquel il fe foumit en faveur de Soliman.

ce que

Le nouveau Grand-Maître s'étoit rendu à Malte le dixiéme de Novembre ; & après avoir pris poffeffion de fa dignité, il affembla fon Confeil, & approuva tout fon Prédeceffeur avoit ordonné & il fut reglé par le Confeil,pour conferver le fouvenir de fes actions héroïques, qu'on lui feroit un Mausolée demarbre qui reprefenteroit la figure & des marques de fa dignité & de fa valeur,avec une Epitaphe latine où toutes fes belles actions y feroient raportées en peu de mots. On chargea le Chevalier de Grolé d'y faire travailler. Ce Maufolée fut placé quelques temps après à la Chapelle du Château S. Ange, où le Grand-Maître étoit enterré, & dans la fuite du temps le Grand-Maître de la Caffiere le fit tranfporter dans l'Eglife de S. Jean de la Cité Valete. La prife de Tunis & de Tagiora ne préfageoit rien de bon aux Chevaliers de

71

« AnteriorContinuar »